Comme chaque année, une journée de solidarité avec le militant éco-anarchiste Marius Mason et les prisonniers anarchistes de longue durée est organisée le 11 juin prochain (voir notre article). Dans son appel, la solidarité avec plusieurs prisonnier·es anarchistes est mise en avant comme Nikos Maziotis, Alfredo Cospito ou encore Mónica Caballero. En France, plusieurs initiatives sont organisées comme à Toulouse et à Saint-Auban.

De par la nature de leur position, les prisonniers anarchistes renforcent le mouvement dans son ensemble en éclairant son analyse, ses méthodes et ses priorités. En les incluant dans l’espace anarchiste, nous démystifions l’incarcération et nous nous enseignons mutuellement les meilleures pratiques et les techniques de survie. En retour, cela permet aux autres de prendre les risques nécessaires, sachant qu’ils ne sont pas seuls. Notre engagement à soutenir nos prisonniers nous permet de rester fidèles à notre valeur de confrontation avec le pouvoir de l’État, même là où il est le plus puissant.

Lire l’appel à la journée du 11 juin 2025

Le 3 mai, à 5 heures du matin, Snizana Paraskevaidou a perdu la vie à cause de la détonation prématurée d’un engin explosif qu’elle était en train de placer devant une agence de la Banque nationale de Grèce, à Thessalonique. Cette mort tragique a été suivie,  jusqu’à maintenant, de deux arrestations et à la perquisition de la cellule du prisonnier anarchiste Fotis Tziotzis. Fotis avait été arrêté en 2015, accusé de braquage et de tentative d’homicide sur des policiers. Après sept ans de prison, il n’est pas rentré d’une permission, mais avait été rattrapé peu après. La police l’accuse absurdement d’avoir « commandité » l’attentat. La police affirme avoir trouvé les empreintes d’une des personnes arrêtées sur un sac trouvé sur le lieu de l’explosion. D’origine géorgienne et issue des quartiers populaires de Thessalonique, Snizana était une révolutionnaire connue et appréciée. Elle avait participé à de nombreuses luttes, occupation et émeutes, et avait été arrêtée pour détention d’une Kalashnikov. En savoir plus

 

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L’anarchiste Ruslan Sidiki était jugé pour avoir attaqué une base aérienne militaire avec un drone (et l’aide logistique des services secrets ukrainiens) et fait exploser un train de marchandises dans la région de Riazan, à l’ouest de la Russie, C’est vendredi 23 mai que le juge du Deuxième tribunal militaire du District ouest, lors d’une audience hors site au tribunal militaire de la garnison de Riazan, a condamné Sidiki, de 37 ans, à 29 ans de détention dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité. Il purgera les neuf premières années en prison, ensuite il sera transféré dans une colonie à régime strict. Dans sa déclaration finale, Sidiki a une fois de plus affirmé qu’il avait été torturé après son arrestation et il a précisé que son but était de mettre hors d’usage l’infrastructure militaire russe. Le procureur avait requis une condamnation à trente ans, dans une colonie à régime strict.

En savoir plus et lire la déclaration finale de Sidiki devant la cour

Alexey Rozhkov avait mené la troisième attaque incendiaire connue contre un bureau de recrutement de l’armée, après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Il a réalisé ce geste le 11 mars 2022 : « J’ai juste compris que je ne pouvais pas rester indifférent. (…) Chaque guerre signifie la mort, pour les gens ordinaires et simples. La guerre, au 21e siècle, me semble quelque chose de complètement étranger. Surtout avec des raisons si absurdes [que celles qu’ils ont données. » 

Jusqu’à l’automne 2022, de tels incendies n’étaient pas toujours classés comme du terrorisme. C’est pourquoi, après six mois de détention préventive, Rozhkov a été libéré, avec une interdiction de sortir du pays, car au début il avait été accusé d’un délit de gravité moyenne, une dégradation de la propriété d’autrui. Alexey a réussi à s’échapper au Kirghizistan, espérant aller dans un pays de l’Union européenne. Mais après six mois, le FSB et les autorités kirghizes ont organisé une opération secrète pour enlever Rozhkov, le ramener en Russie, le torturer et le renvoyer en détention préventive. Le chef d’accusation a été re-classifié comme « terrorisme ». Rozhkov a été accusé aussi d’ »apologie de terrorisme » et de diffuser des « fausses informations » sur l’armée russe, en raison d’une interview qu’il a donnée. La sentence : seize ans.

Condamné à 22 ans de prison en 2009, Marius Mason est un prisonnier politique écologiste et anarchiste. À l’occasion de l’appel annuel pour la Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et toustes les prisonnier·es anarchistes de longue durée (voir ici), qui a lieu chaque année le 11 juin, le militant a publié une déclaration (lire en intégralité).

[…] L’année a été intense pour toutes les communautés de résistance, qu’il s’agisse de la guerre contre Gaza ou de la guerre contre les immigrés. Nous avons eu du mal à apporter notre soutien à ceux d’entre nous qui ont souffert des attaques croissantes contre les femmes, les immigrés, les trans et les personnes queers. Les six derniers mois ont été une marche militaire en arrière dans l’évolution humaine, car même les accords sociaux les plus fondamentaux sur les droits des individus dans une société ont été violés à maintes reprises. Les droits garantis lors de la signature de la Magna Carta — droits qui étaient au cœur du conflit entre l’Angleterre et les anciennes colonies — sont systématiquement éventrés. Il a été dit que si nous ne tirons pas les leçons de l’histoire, nous sommes condamnés à la répéter. Nous avons déjà vu les prémices du fascisme et nous devrions les reconnaître aujourd’hui. Ces temps sont donc un défi pour tous ceux qui aspirent à une véritable liberté, qui épousent passionnément la justice, qui honorent et respectent la dignité humaine et qui persistent à croire que nous sommes responsables les uns des autres, les uns envers les autres et envers notre maison commune, cette Terre. La force de relever ce défi viendra de la solidarité… c’est toujours notre arme secrète contre les brutalités vénales du fascisme. […]

A l’occasion du 11 juin – Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et toustes les prisonnier·es anarchistes de longue durée, le Secours Rouge Toulouse organise une soirée de solidarité  le mercredi 11 juin à 19H au Chat Noir (270 avenue de Muret). Après la projection de “Jusqu’au dernier souffle” sur la grève de la faim de 180 jours d’Alfredo Cospito contre ses conditions de détention en Italie, nous proposons une discussion sur les mobilisations à construire aujourd’hui ainsi qu’un atelier d’écriture aux prisonnier·es. L’ensemble des bénéfices de la soirée seront reversés à un fond de solidarité avec des militant·es anarchistes réprimé·es.

La journée du 11 juin a été initiée par les soutiens à Marius Mason, militant anarchiste et écologiste condamné en 2009 à 22 ans de prison suite à des actions de sabotage aux États-Unis. Chaque année, le 11 juin vise à organiser la solidarité et l’entraide avec toustes les prisonnier·s anarchistes.

Depuis quelques mois, Alfredo fait face à une limitation progressive des possibilités déjà exiguës de viabilité, dans le régime de détention 41-bis où il a été envoyé en 2022, comme le blocage pratiquement total du courrier de/vers l’extérieur, l’impossibilité d’accès à la bibliothèque interne (même s’il en avait reçu l’autorisation par la Direction), le blocage des livres achetés en librairie par le biais de la prison, conformément au règlement (comme prévu par le régime 41-bis), et d’autres denrées d’usage quotidien, comme la farine ou les vêtements.

Quelques prisonniers en 41-bis ont le droit de passer du temps ensemble ; la composition de chaque groupe est décidée par l’Administration pénitentiaire. Les discussions d’Alfredo avec d’autres détenus, condamnés pour mafia, étaient enregistrées par l’AP. Début 2023, pendant la grève de la faim d’Alfredo, Giovanni Donzelli, député de Fratelli d’Italia, avait fait écouter au Parlement des extraits des enregistrements, obtenus illégalement grâce à son camarade de parti Andrea Delmastro, secrétaire d’État à la Justice. Le durcissement des conditions de détention d’Alfredo surviennent, comme par hasard, au même moment que la condamnation en première instance de Delmastro, pour violation du secret professionnel pour les écoutes d’Alfredo. Signalons aussi le retour au commandement de la section 41-bis de Bancali de l’officier des GOM (unités de gardiens anti-émeutes) qui avait été transféré à cause de son implication dans la divulgation des écoutes.

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Nouvelles inquiétantes de la colonie pénitentiaire IK-10 de Krasnokamensk, où est incarcéré Alexandr Snezhkov, l’un des accusé.es dans l’affaire des « anarchistes de Tchita », condamné à  des peines de prison en avril 2024 avec Lyubov Lysunova pour des tags anti régime et avoir administré des canaux anarchistes sur Telegram ( notre article ici ). Depuis plus de 58 jours, il est détenu en isolement en SHIZO, un quartier d’isolement punitif. Durant les premières semaines, Alexandr a été maintenu en isolement complet, ensuite, un autre détenu l’a rejoint. De faux rapports sur des « violations » présumées du règlement maintiendrait l’anarchiste en isolement, l’administration pénitentiaire souhaite faire transférer Alexander au SUS, sous conditions de détention strictes, c’est le régime le plus sévère d’une colonie à régime général.

Pour lui écrire ( en russe obligatoirement ):
Snezhkov Aleksandr Evgenevich (né en 2003) [Снежков Александр Евгеньевич (2003 г.р.)]
FCU IK-10 UFSIN [Service pénitentiaire fédéral] de Russie [ФКУ ИК-10 УФСИН России]
674673, Krasnokamensk, kraï de Transbaïkalie [г. Краснокаменск, Забайкальский край] (Russie)

La nuit 14 au 15 février, une interpellation met un terme, après environ deux ans, à la cavale de Salvatore « Ghespe » Vespertino (voir notre article). Les coups et les menaces subis en détention l’ont porté à faire un geste extrême: pour pouvoir quitter la section de la prison de Soto del Real, à Madrid, il s’est coupé les veines des bras et a été transféré à l’hôpital psychiatrique où il a encore subi de mauvais traitements. La règle est que celui qui met en danger sa propre vie est soumis à une hospitalisation et à des médications sous contrainte. Ghespe précise que son geste n’a pas été accompli avec une volonté suicidaire.

Après sa sortie de l’hôpital, il a été extradé en Italie, le 4 mars (voir notre article) et enfermé à la prison de Rebibbia, à Rome. Le 20 mars, il a été transféré dans la prison de Spoleto et placé de manière provisoire dans la section infirmerie. Suite à un différend avec un gardien, il a subi une autre hospitalisation sous contrainte en psychiatrie. Ghespe est en cellule, seul et attend l’autorisation de pouvoirs se rendre à des parloirs pour y voir sa compagne. Ses camarades invitent toutes les personnes solidaires à lui envoyer lettres et livres (en italien et en castillan): Salvatore Vespertino / Casa di Reclusione Spoleto / Località Maiano, 10 / 06049 – Spoleto (PG) / Italie.

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Le 8 avril est tombée la sentence du procès avec jugement immédiat en cours à Massa contre quatre anarchistes, inculpés pour la publication du bimensuel anarchiste internationaliste Bezmotivny. Les inculpés – visés par l’opération avec six autres, pour lesquels la procédure est restée dans la phase d’enquête – étaient accusés de provocation aux crimes et délits et d’apologie de délits de terrorisme, avec la circonstance aggravante de la finalité de terrorisme, pour la publication de la soixantaine de numéros de Bezmotivny, ainsi que d’offense à l’honneur ou au prestige du Président de la République (art. 278), pour un article précis.

Tous les inculpés ont été acquittés du chef d’inculpation de provocation aux crimes et délits avec des circonstances aggravantes, « parce que les faits n’ont pas eu lieu », tandis que le seul Luigi a été condamné à huit mois, sans application de la récidive, pour offense à l’honneur ou au prestige du Président de la République (les trois autres inculpés ont été acquittés de cette accusation aussi, « pour ne pas avoir accompli le fait »). En outre, la demande d’indemnisation des dommages-intérêts présentée par l’avocat de l’État a été rejetée. A l’audience précédente (voir notre article), le 1er avril, le procureur avait demandé sept ans de prison pour Gino, six ans pour Luigi, ainsi que cinq ans et six mois chacun pour Gaia et Paolo.

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