La première audience qui devra traiter du meurtre de Mawda aura lieu le jeudi 6 aout au tribunal de Mons. À cette occasion, le Comité Mawda – Justice et Vérité ainsi que le groupe Montois de soutien aux sans-papiers appelle à un rassemblement devant le tribunal de Mons. Les deux organisations, rappelle que les luttes contre les violences et les meurtres policiers ici en Belgique, comme ailleurs en occident, dans le sillage de Black Lives Matter ont révélé le rôle de la justice dans la construction de l’impunité policière.

Il rappelle également le meurtre de Akram, le 19 juillet, décédé après une interpellation policière, suite à un placage ventral. Un policier s’était agenouillé sur lui pendant une dizaine de minutes. Des pièces à conviction ont disparue et des témoins ont été intimidés alors que le corps d’Akram présentait des marques de coups.

Pour rappel, Mawda n’avait que deux ans lorsqu’elle a été tuée d’une balle dans la tête par un un tir policier au cours d’une course poursuite. L’enquête a également été continuellement sabotée (voir nos articles ici et ici). Plus d’infos ici.

Mawda

La prison de Saint-Gilles et le ministère de la Justice ont été tagué dans la nuit de jeudi à vendredi pour demander au ministre fédéral de la Justice Koen Geens le retour des visites hors surveillance (VHS) dans les établissements pénitentiaires.  « VHS Now! » et « Koen, rends les visites ! » ont été inscrits à l’entrée des deux bâtiments. Les détenus et leurs proches ont dû supporter l’interdiction des visites puis le prolongement de l’imposition d’une vitre de plexiglas empêchant les contacts physiques. Le manque de considération des familles dans la gestion des visites pendant la crise sanitaire a été flagrant.

Le tag sur la prison

Mercredi 1er juillet, le ministre de l’intérieur a déclaré en Commission de l’Intérieur que la police et les services de renseignement suivaient actuellement neuf groupes d’extrême gauche et 1.315 personnes qui seraient liées à un ou plusieurs de ces groupes. La nature du suivi est déterminée individuellement au niveau du district en consultation avec tous les services. En outre, dix personnes sont actuellement enregistrées dans la base de données commune sous l’étiquette « propagandiste de la haine inspiré par l’idéologie d’extrême gauche ». Il y a peu la Sûreté de l’État prétendait ne s’intéresser qu’à une partie de l’extrême gauche qui ne regrouperait « guère plus d’une centaine de militants et sympathisants qui sont surtout localisés à Bruxelles. »

Les activités des groupes et collectifs « extrémistes » de gauche connus sur les forums Internet, les médias sociaux et les sites web sont activement surveillées. À cette fin, la police fédérale dispose d’une Unité d’orientation Internet au sein de la Direction centrale de la criminalité grave et organisée, qui est chargée, entre autres, de détecter les infractions sur Internet, y compris les médias sociaux, notamment les messages « extrémistes ». Toutes les informations jugées pertinentes sont communiquées aux structures de la chaîne de sécurité, y compris à l’Organisme de Coordination de l’Analyse des Menaces. Au niveau international, les services compétents de la police fédérale échangent activement des informations avec leurs homologues étrangers des services de police et de renseignement. Les informations peuvent être communiquées directement via des réseaux sécurisés. En outre, il est fait appel à un vaste réseau d’officiers de liaison (LO).

Le siège de la Sûreté de l'État

Lundi 29 juin dans la matinée, une vingtaine de policiers liégeois ont investi le centre social autogéré Entre-Murs Entre-Mondes. La police a utilisé la « loi anti-squat » pour entrer sans mandat sur les lieu (voir notre article). Le commissaire Jadoul, en charge de l’opération, a, à ce titre, répété plusieurs fois qu’il reviendrait dans le centre social, le matin, la nuit, demain ou la semaine prochaine, si bon lui semblait. La police a contrôlé les identités de tout le monde et deux personnes ont été arrêtées avant d’être libérées plus tard dans la journée. Un rassemblement, d’une cinquantaine de personne, s’était tenu devant le commissariat Natalis pour les soutenir. Une des deux personnes étant sans-papier, la police a pris ses empreintes et envoyé son signalement à l’office des étrangers. Une vidéo du raid ici.

Raid policier contre un centre social autogéré

Une douzaine de manifestant-es qui se dirigeaient vers le rassemblement contre l’annexion (qui avait lieu à Trône à 15h) ont été nassés et intimidés par la police durant 45 minutes, devant le cinéma Toison d’Or, après les avoir suivi depuis Saint-Gilles. Les policiers ont invoqué des motifs comme « vous n’avez pas des têtes de Palestiniens », « vous allez tout casser comme Black Lives Matter », « si ça tourne mal on a vos photos »,… Les manifestant-es ont fini par pouvoir rejoindre le rassemblement pour les 20 dernières minutes.

L’agence Europol a publié un nouveau rapport intitulé « L’état du terrorisme dans l’Union européenne en 2020 ». Le rapport recense 26 attaques de groupes issus de la gauche révolutionnaire pour 2019. Ces attaques ont toutes eu lieu en Grèce, Italie ou Espagne. Le nombre d’arrestations sur suspicion d’infractions « terroristes » a plus que triplé (111 en 2019 contre 34 en 2018), par rapport aux années précédentes. La majorité des arrestations étaient liées à des « manifestations violentes » et à des confrontations avec les forces de sécurité en Italie. Le rapport signale également que le soutien au Rojava reste un sujet important pour les groupes de gauche et annonce qu’un certain nombre de militant·es sont suspecté·es d’avoir rejoint les organisations militaires du Rojava. En Belgique, le rapport annonce que « des groupes et des individus des anarchistes et ainsi que des mouvements extrémistes de gauche constituaient une menace persistante pour l’ordre public, en particulier lors des manifestations violentes des Gilets Jaunes ».

Le rapport mentionne également l’utilisation des moyens informatiques par les mouvements de la gauche révolutionnaire qui ont une haute sensibilité à la sécurité informatique. Ils utilisent des téléphones mobiles « propres » et des applications cryptées pour la communication. Les mouvements utilisent leur propres infrastructures tels que Riseup.net, Espiv, Noblogs, ainsi que des infrastructures commerciales plates-formes telles que Signal et Telegram. Inversement, certains groupes adoptent délibérément des méthodes rudimentaires. Ils évitent tout ordinateur ou communication téléphonique, ainsi que l’utilisation de voitures ou les GPS pour éviter le traçage de leurs mouvements.

Au niveau de la Turquie, le rapport mentionne le DHKP-C qui continuerait d’utiliser l’Union Européenne comme base pour soutenir ses opérations en Turquie. Il indique également que le PKK « n’a encore commis aucune attaque terroriste sur le territoire de l’Union européenne », et qu’il « organise des rassemblements et des manifestations en Europe sur les questions liées aux Kurdes, dont la plupart sont pacifiques ». Le rapport souligne que les membres et sympathisants du PKK continuent à participer à des activités légales pour collecter des fonds de soutien, et dit : « Il semble que la principale source de revenus soit la campagne annuelle de collecte de fonds et les événements culturels ».

Le rapport complet ici.

L'agence Europol sort un nouveau rapport sur le "terrorisme"

L’instruction concernant le meurtre de Mawda est terminée. le dossier sera examiné, vendredi 26 mai, par la chambre du conseil. Le parquet demandera le renvoi de trois personnes, dont le policier qui a tiré sur la petite fille. Après 2 ans, de marche lente, le processus semble très surprenamment s’accélérer. Alors que le dossier est considéré comme terminé par l’instruction et par le parquet de Mons, les différentes parties doivent pouvoir avoir accès à l’intégralité du travail réalisé par la juge d’instruction afin de vérifier si les différents devoirs d’enquête complémentaires, demandés pour éclairer les nombreuses zones d’ombre de cette affaire, ont été réalisé. Toutefois, on ne leur laisse guère de temps : les convocations pour la chambre du conseil ont été envoyée le vendredi 19 juin, la consultation des pièces par les avocats sera possible à partir de mardi 23 juin et la chambre du conseil se réunit le 26 juin. Pour rappel, Mawda n’avait que deux ans lorsqu’elle a été tuée d’une balle dans la tête par un un tir policier au cours d’une course poursuite (voir notre article).

Mawda

Ce jeudi 25 juin à 19h30, un rassemblement aura lieu devant l’hôtel de ville de St-Gilles, en appui à l’interpellation relative aux violences policières commises par la brigade Uneus. Cette brigade de police « de proximité », comptant 30 policiers, dépend de la zone de Midi et couvre essentiellement la gare du Midi, la place Bethléem, le square Jacques Franck et le parvis de Saint-Gilles. Cette brigade, qui est un projet pilote de la commune de Saint-Gilles, est connue dans le quartier pour ses nombreux abus: coups, gifles, insultes racistes ou homophobes, contrôles d’identité abusifs, arrestations arbitraires, usage disproportionné de la force sur des jeunes déjà menottés, étranglements ou étouffements… C’est la troisième interpellation à ce propos, dont la principale demande est une évaluation externe de l’action de la brigade jusqu’à présent systématiquement couverte par les politiques.

Une patrouilleuse d'Uneus parvis Saint-Gilles