Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier soir, samedi à Bilbao et à Bayonne, des deux côtés de la frontière franco-espagnole. Elles réclamaient « la fin de la dispersion » de plus de 400 détenus liés à ETA et leur rapprochement du Pays basque. A Bilbao, la ville la plus importante de la communauté autonome du Pays basque en Espagne, les manifestants étaient plus de 70.000. Dans le même temps, ils étaient près de 10.000 à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques.

Sur la banderole de tête du défilé à Bilbao, était écrit en basque et en castillan : « droits de l’homme, résolution et paix. Prisonniers basques au Pays basque ». Les familles de prisonniers ouvraient le défilé où a résonné le slogan « les détenus basques à la maison ». Plus de 400 prisonniers basques membres ou proches d’ETA sont dispersés dans 73 prisons en France comme en Espagne.

La manifestation de Bayonne

La manifestation de Bayonne

Le procureur a demandé une peine extrêmement lourde contre Monica Caballero et Fransisco Solar, dans l’affaire de la Basilica del Pilar. Le 2 octobre 2013, un engin incendiaire constitué d’une bouteille de butane et de deux kilos de poudre noir avait explosé en début d’après-midi après que des avertissements téléphoniques aient été passés vers les autorités. La Basilica del Pilar est l’un des symbole du fascisme et de l’impérialisme espagnol, déclaré « sanctuaire de la race » par le régime franquiste, elle porte le nom de la Vierge de Pillar, sainte-patronne de la « nation espagnole » et de la gendarmerie.

Le procès fait suite à un montage autour d’un groupe anarchiste qui n’existe pas et qui n’a pas revendiqué l’attaque (l’attaque a été revendiquée par le commando Mateo Morral). La peine de 44 ans consiste en 9 ans pour appartenance à une organisation terroriste, 12 ans pour les dommages auditifs d’une personne qui se trouvait à proximité, 18 ans pour attaque terroriste et 5 ans pour conspiration.

Monica et Francesco avaient déjà été menacés par des peines très lourdes dans l’affaire des Caso Bombas (20 et 25 ans) dont ils avaient finalement été acquittés.

Francisco et Monica

Francisco et Monica

Arantza a été de nouveau admis en urgence à l’hôpital d’Alicante le jeudi 31 décembre, de nouveaux problèmes intestinaux (les parois se collent, ce qui conduit à des occlusions). Depuis qu’elle a été libéré après 9 ans et demie de détention, pour des raisons médicales, le 18 décembre (voir notre article), Arantza n’a passé que deux jours hors de l’hôpital.

Arantza Díaz à sa sortie de prison

Arantza Díaz à sa sortie de prison

Aujourd’hui vendredi 18 décembre à 15h30 Arantza téléphoné à ses proches et avocat que les autorités espagnoles lui accordaient une libération conditionnelle pour raison médicale. Née à Vitoria-Gasteiz, le 23 mai 1971 dans un milieu ouvrier, elle a passé deux ans au Chiapas dans une communauté zapatiste, et a été impliquée dans les luttes sociales et féministes à son retour. Elle est entrée dans le PCE(r) en 1999 et est passé à la clandestinité en 2002. A son arrestation le 9 juin 2006, à Reus, elle a été torturée par les membres de la Garde civile et de la police nationale. Elle a été condamnée à 11 ans de prison pour « appartenance à un groupe armé », avec une année supplémentaire pour « outrage à la cour », et emprisonnée en régime FIES. Elle souffre d’une complexe et couteuse maladie dentaire.

Arantza Diaz

Arantza Diaz

Le 28 octobre, la justice espagnole a prolongé de deux ans la détention de Monica et Francisco. Arrêté le 13 novembre 2013, ils n’ont toujours pas été jugés. Si la détention provisoire est normalement limitée à deux ans, le code pénal espagnol permet à l’état d’allonger ce délai pour des « raisons spéciales ». Monica et Francisco sont accusés de participation à une organisation terroriste, de destruction et de conspiration. Ils ont récemment été transférés dans une prison dans les Asturies.

Mónica Caballero Sepúlveda
Francisco Solar Domínguez
C.P Villabona-Asturias
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias) España/Spain

Francisco et Monica

La justice espagnole a ouvert aujourd’hui le grand procès, plusieurs fois reporté, de 35 militants de la gauche indépendantistes basques – dont deux de nationalité françaises – accusés d’avoir perpétué entre 2005 et 2008 l’activité de Batasuna, un parti interdit par la justice espagnole mais légal en France. Les militantes basques françaises Aurore Martin, 36 ans, et Haizpea Abrisketa, 37 ans comparaissent libres devant l’Audience nationale – juridiction spécialisée dans les affaires de terrorisme – aux côtés de dirigeants historiques du mouvement Batasuna et de deux autres partis indépendantistes.

Avant l’audience, les 35 militants se sont présentés à la presse, en rang serré derrière une banderole où était écrit: « Plus de procès politiques ». Ce procès est en préparation depuis huit ans et doit s’achever en mars 2016. Jugés pour « participation à une organisation terroriste », les 35 militants doivent répondre d’activités politiques (signatures d’articles, conférences de presse, meetings…) menées après l’interdiction de l’organisation. Ils encourent jusqu’à dix ans de prison et l’interdiction d’exercer des mandats publics pendant au moins dix ans. En janvier, les audiences avaient été repoussées après l’interpellation d’avocats de la défense, également accusé de complicité avec ETA.

Les inculpés avant l’audience

Les inculpés avant l'audience

La 15e chambre de la Cour provinciale de Madrid a condamné Fran Molero, l’un des participants de la manifestation « Encerclez le Congrès », membre du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT), à une peine de 5 ans de prison. La manifestation avait eu lieu le 25 avril 2013. Selon la Cour, l’accusé avait participé au rassemblement devant la Chambre des députés, puis suivi la manifestation vers le Paseo del Prado, et participé aux jets de pierre contre la police. Il a été condamné à trois ans et un jour de prison pour « attaque avec des moyens dangereux », et à deux fois un an de prison pour « blessures ». En outre, il a été condamné à indemniser les trois policiers blessés à hauteur de 5.700 euros, 10.300 euros et 810 euros. Le 19 novembre, une manifestation de solidarité avait rassemblé 150 personnes à Malaga.

Le rassemblement de Malaga

Le rassemblement de Malaga

Ce 14 novembre, plusieurs manifestations auront lieu en solidarité avec les personnes arrêtées lors de l’Opération Ice, opération policière qui s’inscrit dans une suite d’actions répressives contre le mouvement anarchiste espagnol: les opérations Pandora et Pinata. Deux manifestations auront lieu à Londres et à Minneapolis.

Affiche solidaire états-unienne.

Affiche solidaire états-unienne.

Le 30 octobre dernier, la garde civile espagnole a perquisitionné et arrêté neuf personnes membres du mouvement indépendantiste galicien Causa Galiza. Huit personnes ont été transférées à Madrid, la neuvième souffrait de problèmes de santé. Les arrêtés sont accusés d’apologie du terrorisme pour avoir participé à la « Día da Galiza combatente ». Tous ont été relâchés le novembre, la police a saisi les passeports et interdit aux arrêtés de quitter le territoire. Les activités de Causa Galiza sont également interdites pour une durée de deux ans.

Causa Galiza

Causa Galiza

Après avoir passé deux jours au poste de police, quatre des six membres du collectif Straight Edge de Madrid arrêtés ont été libérés aujourd’hui à midi contre caution de 20.000 euros par la troisième cour de l’Audience nationale. Les deux autres personnes restent en détention provisoire. La somme des dépôts des quatre personnes libérées montants à un peu plus de € 20,000.

Lors de l’opération la police nationale a accusé les détenus d’être « responsable de l’attaque avec des engins incendiaires de quatre succursales de banques à Madrid ». Une vidéo diffusée par la police montre que les détenus avaient des vis, des écrans d’ordinateur mais pas les « dispositifs incendiaires » que la police prétend avoir trouvés. Pour sa part, le collectif Straight Edge de Madrid a publié aujourd’hui sur sa page Facebook un communiqué annonçant sa dissolution.

Affichage du Straight Edge Madrid

Affichage du Straight Edge Madrid