Menacé d’extradition vers la Suède qui le livrerait immédiatement aux Etats-Unis, le fondateur de Wikileaks vit reclus depuis 2012 dans l’ambassade londonienne d’Equateur. Une commission spéciale chargée de donner un avis de l’ONU sur cette situation a déclaré ce jeudi que le gouvernement britannique « doit libérer Assange ».

Dans l’attente de ce rapport, le principal intéressé avait lui-même déclaré que si le rapport de l’ONU était défavorable, il se rendrait rapidement aux autorités. Dans le cas contraire, il attendrait qu’on l’autorise à quitter le territoire du Royaume-Uni. Il est en fait assez peu probable que les gouvernements suédois, britannique ou états-unien n’abandonne leur chasse à l’homme contre Julian Assange, ceux-ci s’exprimeront probablement ce vendredi à ce sujet.

Julian Assange à la fenêtre de l’Ambassade d’Equateur à Londres. Archive.

Ce 14 novembre, plusieurs manifestations auront lieu en solidarité avec les personnes arrêtées lors de l’Opération Ice, opération policière qui s’inscrit dans une suite d’actions répressives contre le mouvement anarchiste espagnol: les opérations Pandora et Pinata. Deux manifestations auront lieu à Londres et à Minneapolis.

Affiche solidaire états-unienne.

Affiche solidaire états-unienne.

Des affrontements ont éclaté jeudi soir entre police et manifestants anti-capitalistes dans le centre de Londres, où ont défilé des milliers de personnes pour la «Marche des millions de masques». 28 personnes ont été arrêtées pour troubles à l’ordre public et trois policiers blessés ont été transférés à l’hôpital.

Les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, divisés en plusieurs groupes, ont eu lieu devant le palais de Buckingham et le bureau du Premier ministre. La marche avait lieu à l’occasion de la nuit de Guy Fawkes, célébrée chaque 5 novembre en Grande-Bretagne pour fêter l’échec de l’attentat contre le Parlement britannique en 1605. «Une solution: la révolution» ou «A qui sont les rues? A nous», scandaient les manifestants qui étaient nombreux à porter un masque à l’effigie de Guy Fawkes. Ils ont lancé des feux d’artifice et des bouteilles sur les policiers, dont certains ont été jetés à bas de leurs chevaux, tandis que plusieurs manifestants en sang ont été pris en charge par les secours. Certains manifestants se sont aussi engagés dans le principal quartier commerçant de Londres, autour de Oxford Street, brisant plusieurs vitrines. La police avait décrété des mesures de sécurité spéciales avant la manifestation, qui avait également donné lieu à des affrontements et des arrestations l’an dernier.


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Grande-Bretagne: Affrontements à la « marche des masques »
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« L’ignorance coûte plus cher que l’éducation » ou « Le désespoir est la nouvelle norme », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les quelques milliers d’étudiants qui ont manifesté, mercredi 4 novembre à Londres, pour réclamer la gratuité des études et un recul du gouvernement sur son projet de transformer les bourses universitaires en prêts. Le défilé, parti de l’University of London, s’est terminé par de violents affrontements devant le ministère de l’intérieur, contre lequel un petit groupe a lancé de la peinture. Certains manifestants ont aussi essayé de pénétrer dans le ministère des entreprises, de l’innovation et des compétences (BIS), lançant des œufs et des bombes fumigènes sur les forces de l’ordre. Plusieurs arrestations ont eu lieu.

Les droits universitaires ont triplé (passant de 3 000 à 9 000 livres pour chaque année de la licence) quelques mois après l’arrivée au pouvoir, en 2010, de David Cameron, réélu en mai pour un deuxième mandat. Dans le cadre de sa politique de réduction du déficit, l’exécutif a annoncé qu’à compter de la rentrée 2016, les bourses, jugées trop coûteuses, seront remplacées par des prêts.

Arrestation hier à Londres

Arrestation hier à Londres

Le gouvernement britannique présente mercredi un projet de loi sur le renseignement destiné à actualiser les techniques d’interception des communications. Ce texte devrait à terme octroyer de nouveaux pouvoirs aux agences de renseignement britanniques pour obtenir les données personnelles d’internautes, et notamment celles provenant de plateformes populaires comme Facebook ou WhatsApp.

Baptisé « Loi sur les pouvoirs d’enquête », le texte permettrait au renseignement britannique d’intercepter les communications, de voir qui a échangé avec qui et quand, mais sans avoir toutefois accès dans un premier temps au contenu. Les opérateurs internet devraient conserver les échanges ainsi que l’activité sur les réseaux sociaux pendant un an, et les autorités pourraient se voir contraintes d’obtenir un mandat d’un juge pour accéder à ces données dans le détail et lire les messages. Actuellement, ces mandats sont délivrés par le ministère de l’Intérieur. Le gouvernement pourrait aussi interdire les techniques de chiffrement impénétrables.

Street art à proximité du siège de l’agence chargée des écoutes à Cheltenham

Street art à proximité du siège de l'agence chargée des écoutes à Cheltenham

Lundi 5 octobre 2015, dans le quartier de Kentish, au nord de Londres, des policiers locaux et des bailiffs (sortes d’huissiers assermentés) se sont présentés pour expulser le squat Mamelon Tower, qui avait été occupé par le collectif Squatters & Homeless Autonomy. Ils se sont retrouvés bloqués aussi bien depuis l’intérieur que depuis l’extérieur.

Incapables de faire tomber les barricades de plusieurs portes, la police locale et les huissiers ont bénéficié du renfort de deux escadrons des brigades anti-émeutes du TSG (Territorial Support Group). Ces derniers ont fait irruption dans le bâtiment en arrêtant immédiatement tout le monde à l’exception d’une personne à l’intérieur. Il leur a fallu quatre heures supplémentaires pour réussir à déloger le dernier occupant. Il leur aura fallu six heures pour entrer dans le bâtiment. Six personnes ont été arrêtées pour rébellion. Une manifestation s’est ensuite devant le commissariat où les personnes arrêtées étaient détenues.

L’expulsion du squat Mamelon Tower

L'expulsion du squat Mamelon Tower

Julian Assange, l’un des fondateurs de Wikileaks et l’un des organisateurs de la plus grande fuite de données confidentielles de l’histoire est depuis 2012 confiné à Londres, dans l’Ambassade d’Equateur, pays qui lui a offert le statut de réfugié politique. Il n’a toutefois jamais pu rejoindre ce pays vu la surveillance colossale dont il fait l’objet. La police attendait en effet 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 devant les portes de l’établissement dans le but de lui passer les menottes aussitôt qu’il serait sortit. Cette surveillance a eu un coût : 17 millions d’euros. Face à ce coup astronomique, la police londonienne a annoncée qu’elle levait la garde permanente devant l’ambassade mais que s’il s’avisait d’en sortir « les policiers londoniens fourniront tous les efforts possibles pour l’arrêter ».

Officiellement, le Royaume-Uni veut arrêter Assange pour des accusations d’agressions sexuelles et de ‘non-port du préservatif’ émises par la Suède. S’il venait à être arrêté, il serait immédiatement extradé vers la Suède et aussitôt ré-extradé vers les Etats-Unis. Si certaines accusations sont à présent prescrites, l’accusation de ‘non-port du préservatif’ (crime propre à la Suède) ne sera prescrite qu’en 2020.

Le bras de fer se poursuit donc entre le Royaume-Uni et l’Equateur, les premiers demandant qu’il soit expulsé de l’ambassade, les seconds demandant l’ouverture d’un corridor diplomatique jusqu’à l’aéroport où il serait exfiltré vers l’Equateur. Julian Assange poursuit ses activités depuis l’ambassade qu’il n’a pas quitté depuis le 19 juin 2012.

Julian Assange à la fenêtre de l’Ambassade d’Equateur à Londres. Archive.

En juillet 2013, au beau milieu des scandales révélés par Edward Snowden, le GCHQ (services de renseignements intérieurs britanniques) se présente au siège de The Guardian, le journal anglais dans lequel étaient publiées toutes les révélations du whistleblower américain à l’époque. Les agents du GCHQ sont venus sur place pour détruire les deux ordinateurs sur lesquels étaient stockés les révélations, le Guardian a finalement accepté (voir l’article que nous avions écrit à l’époque).

En 2014, deux hackers, Mustafa Al-Bassam et Richard Tynan ont visiter les locaux du Guardian pour examiner les restes des deux ordinateurs détruits. Les agents du GCHQ ont détruit chaque endroit où pouvait se trouver de l’information, par le même coup, ils ont révélé tous les endroits où de l’information peut être stockée, mis à part le disque dur. Sur les enregistrements vidéos, on peut voir que des meuleuses, perceuses et des masques sont utilisés, ainsi qu’un démagnétiseur très cher fournit par le GCHQ. Ce que le Guardian avait prit alors pour un pur acte d’autorité serait en fait révélateur. En plus du disque dur, les journalistes ont du détruire les pavés tactiles, les prises d’alimentation, les claviers, les processeurs, les convertisseurs et plus encore dans une opération qui a duré plus de trois heures. Ces manœuvres de destruction ont été standardisées dans un document classifié en 2001 et dévoilées par Wikileaks, elles sont utilisées par les Five Eyes (les services secrets états-uniens, anglais, néo-zélandais, australien et canadien) et censées les protéger contre les « services secrets étrangers, les groupes extrémistes, les journalistes et les criminels ».

Des pièces comme les pavés tactiles des deux Macbook Air détruits peuvent en fait stocker 2Mb d’information, et donc stocker des clés de chiffrement qui peuvent ensuite être uploadées via une mise à jour du firmware. Les services secrets des Five Eyes considèrent donc qu’il est extrêmement difficile d’être certain à 100% qu’un appareil est totalement effacé. S’il était très improbable que les journalistes du Guardian aient stocké des clés de chiffrements dans les pavés tactiles de leur ordinateur, il est en fait assez probable que les agents de renseignements le fassent de leur coté.

Les deux hackers ont demandé à plusieurs marques de PC (comme Dell et HP) s’ils pouvaient développer la façon dont les données sont stockées ailleurs que dans le disque dur, ceux-ci ont refusé de répondre, démontrant à quel point il est difficile de savoir où se trouve les données sur un ordinateur.

Les deux hackers ont présenté le résultat de leurs recherches lors du Chaos Communication Camp il y a quelques semaines, vous pouvez voir la vidéo en anglais ci-dessous.

Un contrôleur d’alimentation détruit lors de l’opération.

Un contrôleur d'alimentation détruit lors de l'opération.

200 fascistes participant à une manifestation anti-immigration hier à Douvres organisée par le National Front et la Ligue de défense anglaise. Une contre-manifestation a été organisée par le Réseau anti-fasciste (APN). A midi, 150 antifa ont marché sur le pub où la manifestation fasciste devait commencer. Quelques fascistes dont le dirigeant du NF du Kent, organisateur de la manifestation, ont été pris à partie. La police est intervenue rapidement pour isoler les deux groupes. Briques, bouteilles, fusées d’artifices et projectiles divers ont été échangés par les deux groupes. Plusieurs fascistes ont été blessés à cette occasion. Les renforts de police ont alors éloignés les deux groupes.
Le même jour, des dizaines de milliers de personnes ont pris part à un rassemblement dans le centre de Londres en faveur des réfugiés.

Les antifas tentent de percer un cordon policier

Les antifas tentent de percer un cordon policier

Des manifestants pro-palestiniens et pro-israéliens se sont affrontés mercredi devant la résidence du Premier ministre britannique au 10, Downing Street alors que le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu devait arriver dans l’après-midi à Londres. La police a dû séparer les deux groupes et a arrêté au moins deux manifestants après quelques légères échauffourées.

Côté pro-palestinien, ils étaient environ 400 à protester contre la visite à Londres de Benjamin Netanyahu qui doit y rencontrer David Cameron jeudi. Les manifestants scandaient des slogans comme « Arrêtez Netanyahu » ou « criminel de guerre ». En face, une centaine de militants agitaient le drapeau d’Israël. Plus de 108.000 personnes ont signé une pétition en ligne sur le site du Parlement britannique réclamant l’arrestation du Premier ministre israélien pour « crimes de guerre », notamment lors de la dernière guerre à Gaza.

Le face à face à Londres

Le face à face à Londres