Les manifestations se sont étendues en Iran pour la cinquième nuit consécutive contre le décès brutal de Masha Amini, une jeune femme arrêtée par la police des mœurs chargée de faire respecter le port du voile obligatoire pour les femmes. Des hommes et des femmes, dont beaucoup avaient ôté leur foulard, sont sortis dans les rues d’une quinzaine de villes, notamment à Téhéran, Mashhad (nord-est), Tabriz (nord-ouest), Rasht (nord), Ispahan (centre) et Kish (sud), bloquant la circulation, incendiant des poubelles et des véhicules de police, lançant des pierres sur les forces de sécurité, détruisant les portraits des ayatollahs, et scandant des slogans hostiles au régime. La police est intervenue partout brutalement. Au total, six personnes ont trouvé la mort lors des manifestations selon le bilan officiel, probablement sous-estimé.

En soutien aux luttes du peuple iranien et en hommage à Mahsa, un rassemblement se tiendra ce vendredi 23 septembre, de 16h à 18h devant l’ambassade d’Iran, 15 avenue Franklin Roosevelt (à hauteur du campus ULB Solbosch).

Les forces de sécurité ont dispersé samedi à coup de gaz lacrymogènes et de balles réelles une manifestation dans le Kurdistan iranien après l’assassinat d’une jeune femme arrêtée à Téhéran par la police des mœurs. Mahsa Amini, 22 ans, a été arrêtée mardi par l’unité de police chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique pour les femmes. Elle a été inhumée samedi dans sa ville natale de Saghez, dans la province du Kurdistan. Lors des funérailles, les femmes ont retiré leurs voiles dans une foule scandant « À mort la dictature ». Du cimetière, la foule s’est dirigée vers le bureau du gouverneur local. Des manifestants ont jeté des projectiles sur le portrait du guide suprême iranien Ali Khameneï. Un rassemblement du même ordre a eu lieu à Sanandaj, la capitale de la province du Kurdistan.  Comme à chaque manifestation, la foule a été violemment réprimée, les forces de sécurité ayant tiré à balle réelle. 38 personnes ont été blessées, dont au moins une par balle, tandis que treize ont été arrêtées. A Téhéran, des étudiants se sont également rassemblés. Les partis politiques kurdes ont donc appelé à la grève générale ce lundi dans la région.

Mahsa Amini avait quitté le Kurdistan, où elle vivait, pour rendre visite à sa famille à Téhéran, lorsqu’elle a été arrêtée par une unité spéciale de la police iranienne chargée notamment de faire appliquer l’obligation pour les femmes de porter le voile. Dans un communiqué, la police de Téhéran a confirmé que Mahsa Amini avait été arrêtée, ainsi que d’autres femmes, pour se voir donner des “explications et des instructions” sur le code vestimentaire. Selon son frère, Kiarash Amini, qui l’attendait devant le commissariat, il aurait aperçu des ambulances emmener sa sœur à l’hôpital. La jeune femme de 22 ans aurait fait une attaque cardiaque et cérébrale et serait tombée dans le coma après avoir été passée à tabac. Mahsa Amini est décédée à l’hôpital.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Hier, quatre personnes ont été tuées et d’autres blessées dans une frappe de drone sur la route de Hîzam dans le nord de Qamishlo, au Rojava. Plus tôt, quatre personnes avaient été tuées dans une attaque de drone dans le quartier résidentiel de Sîna à Qamishlo. Parmi les blessés qui ont été hospitalisés figure Yusif Mehmud Rebanî, membre du commandement du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK). Il est décédé des suites de ses blessures. Rebanî était venu au Roajva pour voir sur le terrain les réalisations de la révolution et rencontrer la population. Le PJAK quiu mène la résistance en Iran a été créé 2004. Depuis 2007, il fait partie de la structure faîtière organisationnelle de la Koma Civakên Kurdistan (« Union des communautés du Kurdistan »), au même titre que le PKK, le PYD, le Parti de la solution démocratique du Kurdistan irakien, ainsi que de nombreuses autres organisations de la société civile kurde.

 

 

Le 14 juillet, Hamid Nouri a été condamné à Stockholm à la prison à perpétuité pour « violations criminelles et flagrantes des lois internationales » – léquivalent de crimes de guerre – et « meurtres intentionnels ». Âgé de 60 ans, Hamid Nouri avait été arrêté en Suède en 2019, alors qu’il voyageait d’Iran en Suède pour rendre visite à des proches. Des militants iraniens en exil avaient préparé un dossier contre lui, révélant son rôle dans les exécutions en masse de prisonniers politiques à la fin de la guerre Iran-Irak.

Nouri a été membre des gardiens de la révolution avant de devenir un employé du ministère de la justice. Lors de la vague d’exécutions de prisonniers politiques de 1988, Hamid Nouri officiait comme représentant du procureur dans la prison de Gohardacht, dans la ville de Karadj, proche de Téhéran. L’identité de Nouri a été révélée au grand jour après qu’un prisonnier qu’il battait impitoyablement a vu sa carte d’identité lorsqu’elle a glissé de sa poche pendant l’agression. Le détenu l’a vue sous son bandeau et a publié, des années plus tard, des détails sur le rôle de Nouri dans la torture de prisonniers, dans un livre relatant ce qu’il avait vécu. Le procès de Nouri a des implications pour le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi, qui est connu pour avoir participé au grand massacre de 1988.

voir ici notre dossier sur le massacre des prisonniers de 1988

Pendaison en masse à Tabriz, été 1988

 

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: ,

Plusieurs pays développent des services de répression transnationale online. Cette répression va bien au-delà du simple cyberespionnage et utilise diverses techniques relevant du piratage, de la désinformation et du harcelement. La Russie, Israël, la Chine, la Turquie, l’Iran, le Rwanda, l’Arabie Saoudite opèrent de la sorte pour réduire au silence, dissuader ou décrédibiliser leurs opposants. Même si l’existence de ces services ne fait pas de doute (certains ont même une existance reconnue), leur action reste toujours anonyme. Il est difficile de distinguer le troll professionnel du cybernaute ordinaire fan de Poutine ou d’Erdogan, puisque le premier prend soin de se faire passer pour le second. Le harcèlement en ligne peut prendre diverses formes: menaces, désinformation, polémiques oiseuses, attaques contre la crédibilité, etc.

Une autre technique consiste a effectuer massivement des « signalements » des messages sur les médias sociaux, ce qui entraîne des suppressions ou des suspensions de compte. Exploitant le mode de fonctionnement des outils de modération de contenu automatisés, tels que l’utilisation d’algorithmes, cette technique peut conduire à la suppression ou au blocage des comptes militants. Ne sont pas uniquement signalés les messages postés par la cible mais aussi des messages ou commentaires postés leur communauté ; au besoin, des messages provocateurs sont postés (typiquement un commentaire antisémite pour faire fermer un site pro-palestinien).

D’autres techniques nourrissent une véritable guerre émotionnelle et psychologique, génératrice de paranoïa et d’anxiété, comme celle consistant à poster les informations personnelles de la cible dans des annonces en ligne sollicitant des services sexuels. Les attaques contre les opposantes ont souvent une composante sexiste (diffusion de photos et de vidéos intimes, authentiques ou fabriquées, insultes sexistes, menaces de viol etc.). Enfin, les piratages et attaques par déni de service distribué (DDoS), programmés pour empêcher ou entraver l’accès aux sites web, font également partie des techniques utilisées contre les militants et les dissidents à l’étranger.

Vendredi 27 mai, au cinquième jour du soulèvement d’Abadan, les habitants de plusieurs villes, dont Ahwaz, Khorramchahr (photo), Omidiyeh, Chiraz, Behbahan, Chahinchahr, Ispahan, Yazd, Bouchehr, Bandar Abbas, Mahshahr, Sar-Bandar et Baghmalek sont descendus dans la rue en solidarité avec les habitants d’Abadan, en scandant des slogans contre le régime clérical. A Abadan, des habitants se sont à nouveau rassemblés devant la municipalité. Les forces répressives sont intervenues en ouvrant le feu, blessant plusieurs manifestants.

 

Le jeudi 12 mai au soir, de nombreuses villes iraniennes ont été témoins d’un soulèvement populaire contre l’augmentation astronomique des prix du pain et des biens de première nécessité et les projets de mesures du cabinet d’Ebrahim Raisi. À Ahvaz, les gens ont protesté contre les prix élevés dans toute la ville. A Izeh, les forces répressives du régime ont ouvert le feu sur la population, faisant plusieurs blessés. Les habitants de Dorud ont également manifesté contre le régime. Les affrontements entre les jeunes et les agents de la répression se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Des manifestations ont aussi eu lieu à Chahrekord, à Juneqan, à Bakhtiari et à Andimeshk contre la flambée des prix. Dans cette dernière ville, les forces de sécurité de l’État ont ouvert le feu sur la population. Les jeunes ont résisté et les affrontements avec les forces répressives du régime se sont poursuivis pendant des heures. Le régime a coupé ou ralenti l’Internet pour contrer les manifestations dans de nombreux secteurs.

Le vendredi soir, de nouvelles manifestations ont eu lieu, notamment à Khorramabad, Ardabil, Boroudjerd, Dehdacht, Dorud, Chahinchahr, Junaqan, Farsan, et Cholicheh à Chaharmahal et Bakhtiari. À Chahinchahr, des jeunes ont incendié un bâtiment de l’État à côté du poste des Forces de Sécurité de l’État (SSF). Dans de nombreuses villes, telles que Boroudjerd, Dorud et Farsan, les forces répressives du régime ont ouvert le feu pour réprimer les soulèvements populaires. Il y a eu de nombreuses arrestations et au moins un mort.

Les enseignants ont manifesté dans plusieurs villes du pays à l’occasion de la Fête du travail, pour revendiquer des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. Des affrontements ont éclaté dans les provinces de Fars, Kermanshah, Kurdistan, Markazi, Ardabil, Isfahan et Bushehr, où la police est intervenue violemment contre les manifestants. Dans le port de Bushehr, la police aurait arrêté au moins six enseignants. Les enseignants iraniens ont observé une grève nationale de plusieurs jours en décembre dernier, obligeant le Parlement à adopter une loi prévoyant une augmentation de leurs salaires.

Les manifestations de dimanche avaient pour but de faire pression sur le président Ebrahim Raisi et sur Mohammad Bagher Ghalibaf, président du Parlement iranien, pour qu’ils prennent les mesures nécessaires à l’application de cette loi. D’autres revendications ont été formulées par les manifestants, portant notamment sur l’assurance maladie et les prestations de retraite, la limitation des privatisations et le maintien de l’enseignement public gratuit, le recrutement d’enseignants pour les maternelles et la libération des dirigeants syndicaux et des enseignants emprisonnés.

Haydar Qorbani a été arrêté à son domicile le 16 octobre 2016 avec son beau-frère. Il avait été contraint de faire des aveux télévisés après avoir subi des tortures extrêmes pendant des mois. Sa condamnation avait été prononcée par le « tribunal révolutionnaire » de Sine (Sanandaj) en janvier 2021 pour appartenance au Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDK-I). Qorbani n’a pas été autorisé à communiquer avec sa famille pendant 20 mois. Quelques mois seulement après les aveux télévisés, il a pu passer un appel téléphonique avec sa famille.

La peine de mort de Haydar Qorbani a été secrètement appliquée la prison centrale de Sine à 4 heures du matin ce dimanche 19 décembre. Sa famille a été informée à 5 heures du matin que Haydar Qorbani était transféré à Téhéran, et qu’elle pourrait lui rendre visite avant son départ. Mais quand elle est arrivée à Sanandaj, elle a été emmenée au cimetière où on lui a montré sa tombe. Hossein Qorbani, un frère de Haydar, a été arrêté par les forces de sécurité iraniennes après avoir protesté contre les violations commises dans les procédures.