Un activiste âgé de 17 ans nommé Ali Kab Aamir, habitant la ville d’Ahvaz, a été arrêté à son domicile par des agents en civils du Ministère des Renseignements. Cette arrestation a été tellement brutale que les poignets du jeune homme ont été brisés et que sa mère choquée par la violence du raid, a dû être hospitalisée. La famille Kab Aamir s’est rendue au bureau du Ministère des Renseignements d’Ahwaz pour demander des nouvelles de leur fils, mais celle-ci n’a pas pu obtenir d’informations sur les charges retenues ou son lieu de détention. Peu de temps avant son arrestation, Ali Kab Aamir avait participé à des manifestations et à des chaines humaines, afin de protester contre les pompages des eaux du fleuve Karun qui entrainent des dégâts écologiques majeurs dans la province arabe du Khuzestân.

Ali Kab Aamir

Ali Kab Aamir

La célébration du Newroz (une fête commune aux Kurdes et aux Iraniens) a été interdite dans de nombreuses villes et localités du Rojhelat (Kurdistan iranien). Les villes étaient complètement quadrillées militairement par les forces répressives et anti-émeutes du régime. Lundi 20 mars, alors que la population de la ville de Merivan commençait à se rassembler, la police iranienne a brutalement chargé la population, en essayant de diviser et de nasser la foule présente dans les rues. De violents affrontements s’en sont suivis et ont continué jusqu’à minuit. De nombreux coups de feu ont été entendus dans plusieurs quartiers de la ville. Malgré l’interdiction, les populations ont réussi malgré tout à célébrer le Newroz dans plusieurs ville et villages du Rojhelat.

Kurdistan iranien: Affrontements pour le Newroz

Une soixantaine de travailleurs du port d’Asalouyeh qui ont fait grève pour protester contre le non-paiement de leur salaire et d’autres problèmes de travail ont été renvoyés… L’entrepreneur, pour lequel ces ouvriers travaillaient, avait promis que s’ils arrêtaient leur grève, leur salaire impayé leur serait versé, mais au lieu de payer leur salaire, il a renvoyé les soixante travailleurs.

Zone industrielle d’Asalouyeh

Zone industrielle d'Asalouyeh

La Cour suprême en Iran a confirmé la peine de mort et de lourdes peines de prison pour six détenus politiques à la prison d’Oroumieh, dans le nord-ouest de l’Iran. Ils ont été reconnus coupables d’avoir tué un milicien du Bassidj (les Bassidj sont une forces paramilitaires créée en 1979 par l’ayatollah Khomeini, elles sont une branche des gardiens de la révolution, et ses membres en civils jouent les supplétifs dans le maintien de l’ordre). L’an dernier, le principal suspect de cette affaire, Kamal Ahmadnejad, avait été arrêté avec cinq hommes : Helmat Abdollahi, Soleyman Kurdi, Miladi Abdi, Saïd Siahi et Mostafa Tahazadeh. Il a écrit une lettre ouverte aux organisations des droits humains et au Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains en Iran, concernant les tortures qu’il a endurées pour lui arracher des aveux forcés dans les médias nationaux. Condamnés également pour avoir « coopéré avec les partis d’opposition kurde », les cinq n’ont pas eu la possibilité de faire appel de cette décision.

Bassidji agressant un manifestant (archive)

Bassidji agressant un manifestant (archive)

En juin 2016, des affrontements armés avaient éclaté non loin du village de Ghoreh Saghl entre les guérilleros du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI) et les « Gardiens de la révolution » Iraniens. Sept villageois, qui ne sont pas des guérilleros mais qui étaient soupçonnés d’être lié à l’opposition, ont été arrêtés peu après: Rassoul Azizi, Mohamad Zaher Faramarzi, Yaghoub Baakram et deux frères Jalal Masrouri et Kamal Masrouri. Ils ont été torturés et interrogés pendant plus de 45 dans un centre de détention secret du Ministère des Renseignements Iranien de la ville d’Orumiyeh. Quelques semaines plus tard, Hedayat Ghaderi, originaire de la même localité était arrêté et transféré dans ce même de centre de détention secret du Ministère des Renseignements, alors qu’ils n’était même pas dans la région de Ghoreh Saghl quand se sont produits les affrontements. Il a été torturé pendant deux mois par des suspensions de son corps la tête vers le bas, des chocs électriques à l’aide de tasers, des coups de fouet et de câbles électriques sur la plante des pieds.

Les procès de ces six hommes détenus à la prison centrale d’Orumiyeh ont eu lieu le mardi 17 janvier 2017 devant « Tribunal Révolutionnaire » de la ville. Hedayat Abdullah Ghaderi a été condamné à mort, Rassoul Azizi à 25 ans de prison, Mohamad Zaher Faramarzi à 20 ans, Yaghoub Bakram à 15 ans, les frères Masrouri à 15 ans pour Jalal et 10 ans pour Kamal. Ces peines ont été confirmées il y a quelques jours.

Prison centrale d’Orumiyeh.

Prison centrale d’Orumiyeh.

Pars Khodro est une société contrôlée à 48 % par le régime et les Pasdarans. Pars Khodro collabore activement avec le groupe Renault Nissan, puisque c’est une joint-venture qui fabrique des Renault sous licence iranienne. Le syndicaliste arrêté est Davood Rafiei, il a tout d’abord été transféré dans la prison de Varamin après son arrestation, puis placé en détention préventive dans la nouvelle prison centrale de Téhéran, connue sous le nom de Fashafooyeh Prison.

Ses deux autres camarades arrêtés ont été libérés sous caution, mais devront passer devant un tribunal ultérieurement. Ils camarades étaient déjà menacés de licenciements suite à leurs participations à des mouvements sociaux dans l’usine Pars Khodro en 2014 et 2015. Avant d’être arrêtés ils avaient participé à des protestations avec d’autre de leur camarades parce que le Chef de la sécurité, un ancien Pasdaran, avait ordonné les licenciements de Davood Rafiei et de plusieurs syndicalistes.

L’usine Pars Khodro

L'usine Pars Khodro

Le 4 décembre, un rassemblement des chauffeurs de bus devant l’Hôtel de ville de Téhéran a été violemment attaqué par les forces répressives et anti émeutes. Le rassemblement avait été organisé par le Syndicats des travailleurs chauffeurs de Bus de Téhéran et sa Banlieue connu aussi sous le nom de Vahed Syndicate, afin de protester contre des retards de salaires, des refus d’accès à des logements sociaux promis de longue date, et la corruption à la Mairie de Téhéran. Le maire de Téhéran, corrompu notoire, ancien chef de la police qui fut candidat ultraconservateur lors des dernières élections présidentielles, a donné l’ordre aux forces anti-émeutes d’encercler et de matraquer les manifestants. Des syndicalistes comme Hasan Saeedi, Naser Moharamzadeh et Iraj Fadayee ont été sévèrement battus, tandis que trois autres de leurs camarade étaient grièvement blessés.

En protestation contre cette attaque brutale, les membres du Syndicat des chauffeurs ont tous gardé leurs phares allumés et n’ont roulé qu’à 30 Km/heure. Les forces anti-émeutes ont alors investi les dépôts de bus, en obligeant les protestataires à éteindre leurs phares, menaçant ceux qui refusaient d’obéir. Rappelons que le vice-président du syndicat, Ebrahim Madadi, son trésorier Reza Shahabi et son porte-parole Davood Razavi, sont toujours emprisonnés (voir notre article);

Ebrahim Madadi, dirigeant emprisonné du syndicat des chauffeurs

Ebrahim Madadi, dirigeant emprisonné du syndicat des chauffeurs

Le prisonnier politique Kurde Syrien Mostafa Ali Ahmad, originaire de la ville de Kobane, a été transféré le 23 novembre dernier dernier vers le Quartier du centre de détention réservé aux étrangers de la prison centrale d’Orumiyeh en Iran, où il avait purgé une peine d’emprisonnement de 11 ans et 6 mois pour son appartenance présumée au PKK. Il a été transféré le 27 depuis ce Centre vers l’aéroport Imam Khomeini de Téhéran pour être déporté vers la Syrie. Des responsables de l’administration pénitentiaire iranienne ont annoncé à Mostafa Ali Ahmad qu’il serait déporté vers Damas parce que le gouvernement syrien exigeait son extradition après qu’il ait fini de terminer de purger sa peine de prison en Iran.

Les forces de sécurité iraniennes avaient arrêté Mostafa Ali Ahmad en juillet 2005 dans village près d’Orumiyeh. Après cette arrestation il avait été immédiatement transféré dans un centre de détention secret des service de renseignements des Gardiens de la Révolution de la ville Orumiyeh, où il a été interrogé et torturé pendant plus d’un mois. Quelques mois plus tard, une branche de la Cour du « Tribunal Révolutionnaire » d’Orumiyeh l’avait fait condamner à mort pour des accusations d’appartenance au PKK. Mostafa Ali Ahmad avait appel de la décision et son affaire avait été renvoyée devant la Cour suprême Iranienne qui avait finalement commuée la peine initiale, en une peine de 11 ans de prison.

Mostafa Ali Ahmad,

Mostafa Ali Ahmad,

Un nouveau quartier a été construit dans la zone de quarantaine de la prison centrale de Dastgerd à Ispahan, appelé le « Service des renseignements du Corps des Gardiens de la Révolution ». Une quinzaine de prisonniers accusés de charges politiques et sécuritaires sont détenus dans cette section à haute sécurité. Il n’y a aucune information sur l’identité de ces prisonniers.

La prison de Dastgerd à Ispahan

La prison de Dastgerd à Ispahan

Esmaïl Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran et prof de math en banlieue de Téhéran, avait fait un premier séjour en prison pour avoir organisé les multiples manifestations réclamant un salaire aligné sur le seuil de pauvreté et non pas en-dessous comme c’est le cas, et le retrait de l’accusation d’atteinte à la sécurité nationale pour les militants syndicaux. Après une longue grève de la faim en prison, il avait été libéré sous caution (voir notre article). Le 9 novembre, six membres des services de renseignements ont débarqué chez lui sans le moindre mandat et ont procédé à une arrestation brutale. La cour d’appel venait peu avant de confirmer la peine de six années de prison.

Esmaïl Abdi

Esmaïl Abdi