Le 1er avril, le Conseil des deux quartiers kurdes d’Alep, la seconde ville de Syrie, les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafiyah, ont passé un accord avec le nouveau gouvernement de Damas. Selon cet accord, les forces de sécurité kurdes (assayeshs) continueront d’assurer la sécurité de ces deux quartiers, mais les forces militaires kurdes (YPG et YPJ) se retireraient à l’Est de l’Euphrate. Depuis le début de la guerre civile, ces deux quartiers se sont auto-organisés et auto-défendus, parvenant presque toujours à rester en dehors des combats entre l’opposition islamiste et le régime baasiste (mais en combattant épisodiquement l’une et l’autre). Ces quartiers ont par ce fait servi de refuge aux habitants des autres quartiers de la ville.

Conformément à cet accord, les forces YPG et YPJ qui était stationnées à Alep ont quitté la ville et sont arrivées à Tabka hier 5 avril (pĥoto). L’accord a aussi permis un échange de prisonniers: 146 membres des Forces démocratiques syriennes (FDS), des YPG et des YPJ ont été libérés jeudi 3 en échange de 97 miliciens islamistes proches du gouvernement de Damas.

La guérilla kurde a déclaré que l’armée turque avait mené 11 585 attaques terrestres et aériennes contre les forces kurdes. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a déclaré un cessez-le-feu le 1er mars, en réponse à l’appel d’Abdullah Öcalan. La direction du Centre de défense du peuple a donné instruction à toutes les forces principales, aux unités indépendantes et aux unités d’autodéfense en Turquie et au Kurdistan du Nord, de respecter la décision de cessez-le-feu et d’agir en conséquence. Malgré cela, l’État turc a poursuivi ses attaques contre le Kurdistan du Nord et les zones de défense tout au long du mois mars. Le centre de média de la guérilla kurde a publié le bilan de ces attaques.

Extrait du bilan en lien ici

Le militant kurde, Nasır Yağız, ancien employé du bureau de représentation du parti HDP (Parti démocratique des peuples) à Erbil, avait fait une demande d’asile politique en Russie pour échapper aux prisons turques, il a été livré par les autorités russes à la Turquie. Le militant kurde, était sous un mandat d’arrêt émis en Turquie.  Il s’est récemment rendu en Russie pour  y demander l’asile, sa demande a été refusée et il a été arrêté. Yağız était détenu à Moscou depuis 4 jours, il a été amené à l’aéroport d’Istanbul le lundi 24 mars au matin, la police turque a procédé à son interpellation et l’a conduit immédiatement au palais de justice de Gaziosmanpaşa.

Joakim Medin, journaliste suédois, a été arrêté et placé en détention à Istanbul, il est accusé par les autorités turques de «terrorisme» et «d’insulte au président» Recep Tayyip Erdogan. Le journaliste a été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Istanbul le 27 mars où il devait couvrir le mouvement de contestation et incarcéré le 28 mars. Son interpellation et incarcération font suite à sa participation à une manifestation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) à Stockholm.

Leyla Pashaei, Soheyla Motaei, Soma Mohammad-Rezaei et Baran Saedi ont été arrêtées par des agents du ministère du Renseignement à Sanandaj et Dehgolan ces derniers jours. Malgré les demandes répétées de leurs familles, les autorités sécuritaires et judiciaires n’ont fourni aucune précision sur les conditions de détention ni sur le lieu de détention. Mohammad-Rezaei et Saedi ont été arrêtées le 9 mars à Sanandaj, tandis que Pashaei et Motaei ont été arrêtées le lendemain à Sanandaj et Dehgolan. Les quatre femmes auraient été transférées au centre de détention du ministère du Renseignement à Sanandaj. Leur arrestation est intervenue peu après leur participation aux manifestations organisées à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes à Sanandaj, le 8 mars.

Pashaei avait déjà été arrêtée à Sanandaj le 23 septembre 2022 lors des manifestations antigouvernementales « Femmes, Vie, Liberté », puis libérée sous caution le 4 octobre 2022. Motaei a également été arrêtée à deux reprises lors des mêmes manifestations, le 1er octobre et le 12 novembre 2022. Le 5 décembre 2022, elle avait été condamnée à 18 mois de prison pour « trouble à l’ordre public », 15 mois pour « propagande contre l’État », 13 mois pour « diffusion de fausses informations visant à troubler l’opinion publique », neuf mois pour « propagande en faveur de groupes et d’organisations hostiles à l’État » et cinq mois pour « résistance aux forces de l’ordre ». Elle a été de nouveau arrêtée le 22 janvier 2025 lors d’une grève générale pour protester contre les condamnations à mort prononcées contre les prisonnières politiques kurdes.Par ailleurs, Saedi avait déjà été arrêtée le 20 septembre 2023 lors du soulèvement antigouvernemental « Femme, Vie, Liberté » à Sanandaj et avait été libérée sous caution après environ deux mois de détention.

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À de nombreuses reprises, la prison de Silivri n° 5 d’Istanbul a fait l’objet de révélations de violations des droits des prisonniers kurdes. Ces dernières sont à nouveau mises en avant, les détenus kurdes ont transmis leurs témoignages à l’Agence de Mésopotamie (MA) par l’intermédiaire de leurs avocats. Depuis l’appel d’Abdullah Öcalan à la « paix et à la société démocratique » ( voir notre article ), ils déclarent être victimes d’attaques directes, d’insultes, d’intimidations, de manquements et de pressions de la part des agents pénitentiaires. De multiples comptages sont effectués sous la présences de 30 à 40 agents, de nombreuses confiscations allant de leurs oreillers aux articles achetés à la cantine ont lieu lors des fouilles de cellules sous le motif « d’usage non prévu ». Des procès-verbaux ont été conservés en raison des objections lors de demandes, les prisonniers déclarent des falsifications de ceux-ci et font état d’enquêtes disciplinaires ouvertes pour les empêcher de bénéficier de leur droit à la probation. Actuellement, 12 prisonniers sur 30 n’ont pas été libérés. Certains prisonniers, résistants aux pressions ont été physiquement attaqués par les gardes de la « Team Ready Force » ( Force d’intervention rapide).

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)  a rejeté le recours du PKK contre la décision du Conseil de l’Europe de maintenir le PKK sur sa liste des organisations terroristes. Dans son arrêt du 13 mars, la CJUE a déclaré que ce maintien était légal et a rejeté cinq objections principales soulevées par les avocats du PKK. Les avocats du PKK avait fait appel de la décision du Conseil de l’Europe, arguant qu’elle contenait des erreurs de droit, que les motifs invoqués étaient obsolètes et que les mesures prises étaient disproportionnées. La Cour a rejeté le recours, arguant qu’il existait suffisamment de preuves pour maintenir le PKK sur la liste. Avec cette décision, le PKK restera sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne. C’est la cinquième fois que la Cour de justice confirme la décision de l’UE concernant la liste des organisations terroristes.

Les attaques turques contre les zones tenues par le PKK dans les régions montagneuses du Nord du Kurdisan irakiens se sont intensifiées depuis l’annonce du cessez-le-feu unilatéral par le PKK. Ce cessez-le-feu faisait suite à l’appel d’Abdullah Öcalan (voir notre article) et ne concernait pas les actions d’auto-défenses, et se voulait une ouverture vers une solution négociée. Mais depuis le début de ce cessez-le-feu, l’armée d’occupation turque a intensifié son action et bombardé les zones de guérilla 14 fois avec des avions de combat, 9 fois avec des hélicoptères d’attaque et 692 fois avec de l’artillerie. L’armée turque pilonne ainsi tout périmètre où elle croit déceler la présence d’une unité de guérilla, en fonction des informations recueillies par les drones, par des postes militaires, et par des caméras camouflées dans les montagnes et opérées à disstance.

À Kiel et à Lübeck, des policiers se sont présentés aux domiciles de ressortissants kurdes et au centre communautaire kurde de Kiel vers 5h30 du matin ce mercredi 12 mars, ils étaient accompagnés de chiens policiers. Une intervention policière impitoyable, ils ont enfoncé les portes des appartements, saccagé des logements et confisqué les  téléphones portables et des documents écrits. Plusieurs personnes ont été arrêtées, les détenus sont accusés, en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand, d’avoir soutenu et agi en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation reconnue comme « criminelle » en Allemagne. Les accusations portent sur des activités militantes légales, telles que l’appel à manifester, l’organisation d’événements culturels ou la collecte de dons. Le principal interpellé est accusé d’avoir agi en tant que dirigeant régional du PKK.

Lundi 17 février, la députée du Parti DEM, Newroz Uysal, a été victime de violences policières lors d’une manifestation contre la confiscation de la municipalité kurde de Van. Les forces de l’ordre l’ont roué de coups devant les caméras. L’Assemblée des femmes du DEM Parti a publié un communiqué qui déclare que des dizaines de personnes ont été violemment arrêtées par la police lors de manifestations et dénonce les attaques contre les citoyens et les élus qui exercent leur droit démocratique de manifester.