La justice turque a bloqué l’accès à 7 sites d’information ayant une ligne éditoriale socialiste. La censure frappe la Gazete Patika, ETHA, Union de lutte, Kızıl Bayrak, Özgür Gündem, le journal Umut et le journal Yeni Demokrasi. Cette décision du 8 janvier, prise par le 10e juge pénal de paix d’Ankara, évoque « la protection de la sécurité nationale et de l’ordre public ». Il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux, les comptes X des journaux kurdes: MA, JINNEWS et Yeni Yaşam ont également été bloqués par la justice turque.

Amir Reisiyan, l’avocat de la prisonnière politique kurde Pakhshan Azizi, a annoncé que la Cour suprême iranienne avait confirmé la condamnation à mort de sa cliente. Dans une déclaration sur son compte de médias sociaux, l’avocat a indiqué que les documents soumis à la Cour pour la défense de Pakhshan Azizi ont également été rejetés.
Le 23 juillet, accusée d’être membre du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), elle sera condamnée à la peine de mort par pendaison pour « rébellion armée contre le système » (voir notre article). Son dossier a ensuite été transmis à la Cour suprême.
Début août 2024, Aziz Azizi (le père de Pakhshan), Parshang Azizi (sa sœur) et Hossein Abbasi (son beau-frère) ont été condamnés dans une affaire commune avec Pakhshan Azizi. Chacun d’entre eux a été condamné par la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran à un an de prison pour avoir « aidé un criminel à se soustraire à son procès et à sa condamnation ». Le 26 septembre, la cour d’appel a confirmé ces décisions. Aziz Azizi, Parshang Azizi et Hossein Abbasi avaient été arrêtés en même temps que Pakhshan Azizi, puis libérés sous caution.

Le 19 décembre, une audience s’est tenue dans le cadre de la procédure à l’encontre de Sharifeh Mohammadi. Cette audience fait suite à l’annulation de sa condamnation annoncée le 12 octobre 2024. Lors de l’audience, faite en partie en ligne, Sharifeh Mohammadi a dû se défendre contre les accusations portées contre elle.  Le 22 décembre, elle et Pakshan Azizi, une autre prisonnière politique kurde, ont été autorisée à rencontrer leur famille lors d’une visite d’une heure. Le 31 décembre, Sharifeh Mohammadi, souffrant d’une infection au pied non soignée et qui se propageait, a finalement pu être transféré pour un traitement médical externe.

Ce Samedi 28 décembre, une délégation du parti turc pro-kurde DEM (Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie) s’est entretenue avec le fondateur du PKK, Abdullah Öcalan. Ce dernier est emprisonné à vie sur une île au large d’Istanbul. Il s’agit de la première visite de ce parti, le prédécesseur du DEM, le parti HDP, a rencontré Öcalan pour la dernière fois en avril 2015. Un déplacement autorisé par le gouvernement turc après la demande du DEM de pouvoir rendre visite à Öcalan, âgé de 75 ans.

Le principal changement de ces derniers jours est qu’après avoir repoussé, en lui infligeant des lourdes pertes, l’ANS dans ses tentatives de passer à l’Est de l’Euphrate, les Forces Démocratiques Syriennes sont passées à leur tour à l’offensive. Elles ont établi de nouvelles têtes de pont sur la rive Ouest, et repris plusieurs localités perdues il y a deux semaines (sur la photo – deux combattants des SDF sur un char pris à l’ANS). Il semblerait que les forces turques soient intervenues aujourd’hui directement sur le terrain, pour aider leurs supplétifs en difficulté. Les bombardements turcs par avions, drones et artillerie, meurtriers, ne cessent pas tandis que les USA tentent toujours de négocier un cessez-le-feu et ont augmenté leurs effectifs sur place. Les puissances occidentales et la Turquie ont ouvert des négociations avec le nouveau pouvoir islamiste de Damas.

Ces derniers jours, les opérations militaires se limitent à des accrochages répétés et meurtriers entre les Forces Démocratiques Syriennes et l’ANS (supplétifs de la Turquie), les premières repoussant les tentatives répétées de la seconde de franchir l’Euphrate, notamment au barrage de Tichrine (photo). Il y surtout de nombreux bombardements turcs par avions, drones et artillerie sur tout le Rojava. Les USA tentent de négocier un cessez-le-feu.

Cependant les menaces se précisent :
– La Turquie et ses supplétifs de l’ANS préparent une offensive sur la ville de Kobané à partir de la frontière turque et à partir de l’enclave de Serekanie (occupée par l’ANS). Des engins de l’armée turque ont déjà démonté des segments du mur-frontière pour favoriser l’invasion.
– Le nouveau pouvoir islamiste de Damas s’est lui aussi montré menaçant. Leur dirigeant a déclaré que « la Syrie ne sera pas divisée et il n’y aura pas d’entités fédérales”, et que  “la région que contrôlent actuellement les FDS sera intégrée à la nouvelle administration du pays”.
– Il y a une recrudescence des activités de terrorisme et de guérilla des cellules clandestines du Daech.

Par ailleurs, les forces islamistes de Damas ont attaqué les forces du Front populaire de libération de la Palestine qui voulaient les empêcher de démanteler le centre du FPLP dans la ville de Qousaya.

« Les Filles de Kobanê : une histoire de rébellion, de courage et de justice » dédié aux combattantes kurdes lors la lutte contre DAECH à Kobanê, a été interdit en Turquie pour la deuxième fois (voir article ici) . Un tribunal a ordonné l’interdiction et la confiscation du livre accusé de faire de la propagande pro PKK. Publié à l’international, « The Daughters of Kobanê » s’appuie sur des centaines d’heures d’entretiens et de reportages de terrain menés par Gayle Tzemach Lemmon. Il raconte l’histoire de femmes combattantes kurdes qui ont joué un rôle crucial dans la lutte contre l’EI dans la ville kurde syrienne de Kobanê en 2014 et 2015.

Des négociations ont lieu dans tous les sens, mobilisant aussi bien les acteurs syriens que la Turquie ou les États-Unis. Il est impossible pour l’instant de savoir vers quoi tendent les accords définitifs – plusieurs fausses informations circulent. La Turquie continue à exprimer ses intentions hostiles envers le Nord-Est syrien autonome et démocratique. Ses supplétifs de l’ANS ont remporté une victoire dans la région de Manbij après 15 jours de combats (un cessez-le-feu a permis le retrait des FDS qui y résistaient encore) mais comptent aussi plusieurs échecs en tentant de progresser à l’ouest de l’Euphrate (avec plus de 200 tués et la perte de plus de 70 véhicules dont six tanks).

Dans les pourparlers entre le nouveau pouvoir islamiste de Damas et l’administration autonome du Nord-Est syrien, le premier exige le passage sous son contrôle de toutes les villes à majorité arabe et la seconde la reconnaissance de l’autonomie de la région.

Dimanche 15/12 à 16H le Secours Rouge et Classe contre classe vous invitent à un point d’information sur la situation au Rojava, en Syrie et dans la région. Nous reparlerons également de la campagne Celox et les bénéfices de la journée iront dans la caisse de celle-ci. Pour rappel, cette campagne permet de financer des pansements hémostatiques « Celox » qui réduisent largement le taux de mortalité des combattantes et combattants des Forces Démocratiques Syriennes ainsi que des civils.

IBAN: BE12 8919 6407 1892
BIC: VDSPBE91
Communication: “Medic support”
Plus d’informations sur la campagne : https://shengal.xyz/donate/

16h au local Sacco-Vanzetti, 54 chaussée de Bruxelles à 1060 Saint-Gilles (Bruxelles)

Les combats entre les FDS et les proxys turcs de l’ANS continuent dans la région de Manbij – démentant ceux qui prétendent que les FDS ont évacué ou ont été chassées de la zone. Les forces de l’ANS sont bien dans la ville et dans toute la région, la situation est donc mauvaise, mais les forces des FDS (principalement celles du Conseil Militaire de Manbij et de la Brigade kurde) continuent à s’y battre dans la profondeur. Les membres de l’ANS ont posté des vidéos qui trahissent leur origine (plusieurs portent un patch avec le drapeau du Daech, cf. photo) et leurs méthodes (prisonniers abattus, membres des FDS blessés achevés dans l’hôpital de la ville voir la vidéo ici). L’ANS a tenté de forcer le passage de l’Euphrate sur le pont-barrage de Tichrine et sur le pont de Qereqozak, mais elle a été repoussée à chaque fois avec de lourdes pertes en véhicules et en hommes. L’aviation turque bombarde et les zones de combats et l’arrière – tuant de nombreux civils. Plus au sud, là où ce n’est pas l’ANS mais les forces d’al-Nosra et de ses alliés qui sont face aux SDF, aucun incident n’a été signalé.