La dernière audience du procès engagé contre le journaliste irlandais Mark Campbell et la militante kurde Beritan Slemani s’est tenue à Londres mardi. Le tribunal a condamné Campbell et Slemani à 12 mois de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables d’avoir “exhibé un drapeau d’une manière ou dans des circonstances de nature à éveiller des soupçons raisonnables quant à leur appartenance à une organisation interdite, à savoir le PKK, en violation de la loi sur le terrorisme de 2000”. Campbell et Slemani ont indiqué qu’ils allaient faire appel de la décision et continuer à faire campagne pour la décriminalisation du mouvement kurde.

Les prisonniers politiques kurdes Mohsen Mazlum, Mohammad Faramarzi, Wafa Azarbar et Pzhman Fatehi, ont été exécutés lundi matin après avoir été été détenus pendant 19 mois. Après une rencontre émouvante et unique avec leurs familles dimanche dernier, les prisonniers ont ensuite été transférés de la prison d’Evin à la prison de Qzalhisar à Kraj, où l’exécution a eu lieu. Les quatre militants avaient « disparu » il y a un an et demi, enlevés et torturés par le Service Secret iranien dans la métropole kurde orientale d’Urmia (Ûrmiye) en juillet 2022. Bien que l’organisation Komala ait nié que les quatre hommes aient planifié un attentat à la bombe à Ispahan, qu’aucune arme ni explosif n’ait été trouvé sur eux, et qu’ils n’aient pas été impliqués dans des activités d’espionnage mais actifs politiquement au sein du mouvement de gauche, ils ont été condamnés à mort sans preuve concrète. Aucune représentation légale n’a été autorisée lors du procès. Tous les appels ont été rejetés, menant à l’exécution de ces hommes lundi matin.

Jeudi 18 janvier, Firyal Sileman Xalid (nom de guerre Zelal Zagros), une révolutionnaire kurde, a été assassinée par balles devant une école de Kirkouk (ville du Bashur – Kurdistan Sud – Irak). L’attaque a été menée par deux personnes à l’aide d’une arme avec silencieux. Faryal Suleiman Khaled, née à Amûdê (Rojava) en 1975, a commencé à militer dans le mouvement kurde au Rojava au début des années 1990 . Elle a a participé à la guérilla dans les montagnes pendant 15 ans et à par la suite travaillé huit ans auprès de la société kurde d’Arménie. Elle a participé à la résistance armée au Rojava lorsque l’État islamique a envahi le nord de la Syrie, et à partir de 2016, a poursuivit son travail au sein de la société civile et politique du Rojava en tant que membre du mouvement des femmes Kongra Star. Elle travaillait récemment au Kurdistan du Sud pour le mouvement des femmes où elle a été assassinée ce 18 janvier.

Firyal Sileman Xalid (Zelal Zagros)

Firyal Sileman Xalid (Zelal Zagros)

La prisonnière politique kurde Gülser Özbay, 68 ans, a été libérée de la prison de Sakran, à Izmir, après une détention de 31 ans et 6 mois. Elle avait été arrêtée en juillet 1992 à Agirî et, après plusieurs semaines de torture, condamnée à la prison à vie pour avoir attenté à  « l’unité et à l’intégrité » de la Turquie. En détention, elle a développé un cancer de l’utérus. En Turquie, les « condamnés à vie » sont normalement libérés après trente ans, mais de nombreux prisonniers politiques sont exemptés de cette règle. L’été dernier, lorsque Gülser Özbay a refusé une nouvelle fois de prendre ses distances avec le mouvement kurde, la date de sa libération a de nouveau été repoussée de six mois. De retour retour à Doğubayazıt, sa ville natale, elle a assisté aux élections primaires du Parti de l’Égalité et de la Démocratie du Peuple (Parti DEM) à la salle des fêtes Mem û Zin, un événement marquant dans le calendrier politique local. Gülser Özbay a souligné la situation précaire des nombreux détenus qui restent incarcérés, insistant sur la nécessité de prêter attention aux prisonniers malades et à leur lutte.

Le 12 janvier à 17h10, la guérilla kurde a mené une attaqué complexe contre une base turque dans la zone de Girê Amediyê, au Kurdistan irakien. Les guérilleros ont tout d’abord désactivé toutes les mines et dispositifs d’alertes, et ont attaqués plusieurs points de la base ennemie avec des armes lourdes et des armes individuelles. Plusieurs dizaines de militaires turcs ont été tués et 20 d’entres eux identifiés, les guérilleros ayant saisis leurs documents. Un important butin a été emporté par les guérilleros, et ce qui n’a pu être emporté a été incendié

Comme à son habitude, le régime a caché à l’opinion publique turque l’étendue réelle des pertes. Mais les forces kurdes ont filmé leurs opérations mais elles ont montré les papiers d’identité de 20 soldats tués. L’Etat turc a mené des opérations de police politique dans 32 villes tôt ce matin. Des maisons ont été perquisitionnées par la police à Adana, Adıyaman (Semûr), Agri (Agirî), Amasya, Ankara, Antalya, Aydın, Balıkesir, Bingöl (Çewlîg), Amed, Antep (Dîlok), Hakkari (Colemerg), Hatay, Îdir, Maraş, Kastamonu, Kayseri, Kilis, Konya, Malatya (Meletî), Manisa, Mêrdîn, Mersin, Muğla, Mûş, Osmaniye, Sakarya, Siirt (Sêrt), Sivas, Şirnex, Dersim et Wan. Quelque 113 personnes ont été placées en garde à vue jusqu’à présent. Il semble que plusieurs de ces arrestations soient liées à la diffusion sur les réseaux sociaux d’informations sur les pertes turques (notament les noms des soldats tués) que le régime essaie de cacher.

Combattants du PKK

Combattants du PKK

 

Les domiciles de plusieurs Kurdes vivant dans la ville de Hanovre et les villes environnantes ont été perquisitionnées par la police du Land de Basse-Saxe ce mercredi. Parmi les maisons perquisitionnées figure celle de l’artiste Ciwan Çewliq. Une telle opération avait déjà visé les milieux militants kurdes de Hanovre en juin 2019; le domicile de Ciwan Çewliq y avait déjà été perquisitionné.

Dossier(s): Allemagne Tags: ,

La police allemande a interrompu prématurément une manifestation à Berlin samedi soir et a dispersé le rassemblement de plusieurs centaines de participants au motif que des images d’Abdullah Öcalan avaient été montrées et que des slogans avaient été scandés en faveur du dirigeant kurde. Pour protester contre la manifestation empêchée, les participants ont organisé un sit-in spontané.

Des milliers de personnes venues de toute l’Allemagne ont participé à une manifestation dirigée contre l’interdiction faite au PKK d’opérer en Allemagne depuis près de 30 ans. Les manifestants protestaient aussi contre la visite du président turc Erdogan à Berlin hier et le silence du gouvernement allemand sur la guerre au Kurdistan. Dès le rassemblement initial sur l’Oranienplatz, quelques personnes ont été arrêtées pour avoir prétendument arboré des symboles interdits ou crié des slogans. La police a ensuite pénétré à plusieurs reprises dans la foule pendant la marche pour arrêter des personnes, la situation s’est envenimée sur le lieu du rassemblement final. La police a pénétré dans la foule et a frappé les manifestants sans discernement pour procéder à d’autres arrestations.

Après des années d’interdictions policières et d’arrestations hebdomadaires (voir notre dernier article), les Mères du samedi et leurs sympathisants ont pu accéder pour la première fois à leur lieu de rassemblement traditionnel devant le lycée Galatasaray sur l’avenue Istiklal à Istanbul. Depuis plus de 28 ans, les Mères du samedi réclament des informations sur leurs proches disparus en détention par l’État. Il s’agit de la plus ancienne campagne de désobéissance civile en Turquie, qui a débuté le 27 mai 1995 avec le sit-in de la famille de Hasan Ocak, un enseignant assassiné sous la torture. On estime que 17 000 personnes ont « disparu » en Turquie dans les années 1980 et 1990, en particulier dans les régions kurdes. Leurs corps ont souvent été jetés dans des fosses communes secrètes sur des bases militaires, mais aussi dans des décharges ou des puits. Ni la police ni la justice n’ont pris de mesures pour enquêter.

Quatorze régions de la province kurde de Şırnak ont été déclarées « zones de sécurité spéciales temporaires » par les autorités turques. La mesure ordonnée samedi par le bureau du gouverneur a pour contexte les opérations anti-guérilla militaires de l’armée turque dans la région. Pour la population locale, cette mesure signifie de facto un état d’urgence. Les zones interdites en question, notamment les montagnes Cudi et Gabar et la région de Besta, sont situées dans les districts de Cizre, Silopi, Uludere, Güçlükonak et Beytüşşebap. L’ordonnance est initialement valable pour la période du 12 au 26 novembre.

 

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: ,