Avec Servet Turgut, 55 ans, Osman Şiban a été détenu le 11 septembre 2020 près du district de Çatak par des soldats turcs. Après de graves tortures, ils ont été poussés hors d’un hélicoptère militaire en vol. Après cette épreuve, Osman Şiban et Servet Turgut ont été conduits dans différents hôpitaux. Les militaires ont déclaré au personnel médical que les deux hommes étaient des terroristes et qu’ils avaient été blessés lorsqu’ils ont tenté de s’échapper d’un hélicoptère. Şiban a survécu à cette épreuve tandis que Servet Turgut est mort après vingt jours de coma.

Le procès intenté à Osman Şiban s’est tenu jeudi au 2e tribunal pénal supérieur de Mersin. Şiban est accusé d' »appartenance à une organisation terroriste », ce qui est passible de 15 ans de prison. Deux témoins étaient connectés à la salle d’audience via le système sonore et vidéo. Le procureur accuse Osman Şiban d’être membre du PKK parce que trois bidons de carburant qui auraient été découverts en terrain proche de la maison qu’il n’habite que pendant l’été. Il se base aussi sur le survol du hameau où se trouve la maison de Şiban par un drone de reconnaissance le 9 septembre 2020. L’évaluation des données du vol concluaient à des activités qui « ne s’inscrivaient pas de manière cohérente dans le flux habituel de la vie ». Enfin, l’accusation se réfère aux déclarations d’un témoin qui a déclaré que la maison d’Osman Şiban avait accueilli des membres du PKK il y a 20 ou 30 ans. Prochaine audience en avril.

 

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Des cocktails Molotov ont été lancés sur le consulat général de Turquie à Marseille la semaine passée, dans la nuit de jeudi à vendredi. Survenue aux alentours de deux heures du matin, l’attaque, menée par quatre personnes, est signalée à la police par des témoins, alertés par le bruit du verre brisé et les flammes s’élevant des murs de l’édifice, situé dans le 8e arrondissement. Ainsi alertés, deux agents de la BAC de la division sud de Marseille abordent deux personnes et entreprennent alors leur interpellation. Les deux hommes résistent, l’un d’eux parvient à s’échapper. Il rejoindra deux autres personnes et ce petit groupe fera l’objet d’une nouvelle intervention de la BAC qui ne parvient à arrêter qu’une de ces trois personnes. Les deux personnes interpellées sont des Kurdes inconnus de la police. Une enquête a été ouverte.

Ahmet Şoreş (Zeki Gürbüz), l’un des principaux responsables du MLKP a été tué dans une opération des services secrets turcs au nord de la ville de Hasakah. Un jeune commandant de la guérilla, Fırat Neval (Özgür Namoğlu), a également été tué dans cette opération. Cette double exécution extra-judiciaire a été revendiquée par l’Organisation nationale du renseignement, le MIT. Le MIT accusait Zeki Gürbüz d’avoir notamment planifié plusieurs opérations de guérilla dont l’attaque contre un véhicule transportant du personnel pénitentiaire à Bursa le 20 avril 2022 (un gardien de prison avait été tué) ou une attaque au missile contre les forces de sécurité à la frontière le 16 août 2022. Zeki Gürbüz avait été arrêté en Grèce en février 2013. Après avoir rejeté la demande d’extradition turque, la Grèce l’avait libéré en avril 2013. Plus tard, Zeki Gürbüz avait quitté la Grèce pour l’Irak, puis pour le Rojava. Zeki Gürbüz est le deuxième commandant militaire du MLKP a avoir été assassiné par une opération du MIT. En mars 2019, Baran Serhat (Bayram Namaz) avait été tué par une bombe placée dans sa voiture.

 

Depuis le début de l’invasion le 14 avril 2022 par voie aérienne et le 17 avril 2022 par voie terrestre, la résistance de la guérilla kurde a montré que les changements opérés en son sein (dans le cadre de la doctrine dite de la « guérilla du 21e siècle) lui avait fait gagné en puissance et en efficacité. Combinant les principes de la guerre populaire et le déploiement d’unités hautement spécialisées (équipés de missiles guidés, d’armes lourdes de sniping, de puissants IED), utilisant la mobilité, les camouflages multicouches (optiques et infrarouges), et d’innombrables tunnels creusés dans un reliefs déjà riche en grottes et cavernes, les Forces de défense du peuple (HPG) ont empêché l’armée turque de « nettoyer » le territoire et lui ont infligé de lourdes pertes. Ces résultats sont d’autant plus spectaculaires que la Turquie déploie ses unités d’élites, supportées par des centaines d’avions, de drones et d’hélicoptères, et utilisant des armes de destruction massive (bombes thermobariques) ou carrément interdites (gaz toxiques).

Le commandement de la guérilla kurde a fait l’annonce suivant : « Après l’action du 5 décembre dans la zone de résistance de Saca, au cours de laquelle un major et d’autres officiers supérieurs ont été punis, l’armée turque s’est retirée du sommet du mont Kurojahro, du village de Saca dans la ville de Sheladize à Amadiya, des environs du village, de Girê Şehîd Sîpan et de Dola Şehîd Kuncî, où le major a été puni. En outre, l’armée turque a fui de tous les fronts dans la zone de résistance de Girê Cûdî, où elle a brûlé les corps de ses propres soldats sur les ordres de Hulusi Akar. Les 11 et 12 décembre, l’armée turque a subi des coups durs suite aux bombardements intenses de la guérilla sur les collines de Şehîd Kendal, Şehîd Şîlan, Şehîd Çekdar, Şehîd Baxtiyar, Şehîd Savuşka et Şehîd Leşker et a battu en retraite. L’armée turque a apporté divers matériels pour l’occupation de Girê Cûdi et une station permanente dans la région. Afin d’éviter que ces objets ne tombent entre nos mains, ils ont été brûlés et jetés depuis les affleurements rocheux. Pendant la retraite paniquée de l’armée turque, de nombreux objets ont également été abandonnés. Actuellement, l’armée turque s’est retirée du village de Saca et de ses environs à l’est du Zap et des zones à l’ouest du Zap à l’exception de Girê FM et Girê Hekarî. »

 

 

Près de vingt personnes ont été placées en garde à vue dans la région kurde de Diyarbakir en début de matinée aujourd’hui. La police turque a fait irruption dans de nombreux appartements et brutalisé les personnes présentes. L’opération qui a a été marquée par des violences policières serait basée sur une dénonciation. Le photographe Suphi Orhan (photo) fait partie des personnes placées en garde à vue. Ses proches ont fait savoir qu’il avait subi des mauvais traitements lors de l’arrestation. Une autre personne arrêtée, un homme du nom de Muhsin Acar, a également été battu au sang par la police. Son nez est fracturé et son visage couvert d’hématomes. On ne connaît pas encore les noms des autres personnes visées par les arrestations à Diyarbakir. Aucune information n’est disponible sur les faits reprochés, le dossier étant placé sous le sceau du secret.

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Trois personnes sont décédées et trois blessées (dont deux en urgence absolue) après avoir été touchées par des tirs, aujourd’hui vendredi, peu avant midi, dans le Xe arrondissent de Paris. Les faits se sont déroulés rue d’Enghien, au niveau d’un centre culturel kurde, le Centre Ahmet Kaya, dans un quartier commerçant et animé et notamment prisé de la communauté kurde. Un homme a été interpellé et placé en garde à vue. Ce conducteur de train à la retraite de nationalité française et âgé de 69 ans, est connu pour deux tentatives d’homicide commises en 2016 et décembre 2021. L’homme s’en était pris avec un sabre à une dizaine de migrants d’un camp situé dans le 12e arrondissement de Paris, en décembre 2021. Une agression intervenu peu avant son jugement dans une autre affaire : un coup de couteau donné à une autre personne à son domicile en 2016, pour lequel il a finalement été condamné avant que le parquet fasse appel. Le suspect se trouvait en prison jusqu’au 12 décembre, et restait sous contrôle judiciaire. Des rassemblements solidaires de la communauté kurde ont immédiatement eu lieu et sur les lieu même de l’attaque, le rassemblement a tourné en affrontement avec la police (photo).

Mise à jour 24/12

Des rassemblements de protestation ont eu lieu dans de nombreuses villes européennes. De nouveaux affrontements ont eu lieu à Paris (où onze personnes ont été interpellées et d’importants dégâts matériels ont été signalés) mais aussi à Marseille où des véhicules de police qui ont été incendiés devant le commissariat de Noailles, dans le 1er arrondissement, et où quatre personnes ont été arrêtées.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a statué négativement dans l’affaire de la demande de retrait du PKK de la liste des « organisations terroristes » de l’UE. Sa résolution affirme que le PKK est une « organisation terroriste », faisant référence aux résolutions du Royaume-Uni de 2014 et des États-Unis interdisant le PKK en 1997 et 2001. Elle indique que les actions du PKK ne peuvent être considérées comme relevant du « droit du peuple kurde à l’autodétermination » et qu’il ne pouvait être considéré comme légitime de recourir à la force armée pour l’exercice général de ce droit.

En 2018, la CJUE avait pourtant donné raison au PKK, considérant que celui-ci avait été inscrit à tort sur la liste terroriste entre 2014 et 2017. Le Conseil européen avait fait appel de ce jugement. Le PKK avait par la suite introduit un nouveau recours, cette fois-ci contre les listes de 2018 à 2020. Dans un arrêt du 30 novembre 2022, la CJUE a confirmé la décision de la juridiction de première instance s’agissant de la liste de 2014, mais l’a annulée concernant les listes de 2015 à 2017. De surcroît, elle a rejeté les recours contre les listes suivantes jusqu’en 2020.

 

Une embuscade a frappé un bus blindé de la police anti-émeute dans le bazar de Hayvan, sur la route d’Amed (Diyarbakır) et Mêrdîn vers 05h00 ce matin. Une voiture piégée a explosée au passage du bus du service de police anti-émeute en service dans le quartier de Çarıklı du district de Sur, une voiture piégée a explosé. Les 9 policiers occupant le bus ont été blessés. Les forces de sécurité et les équipes médicales ont été dépêchées dans la zone. Deux personnes suspectées d’être les auteurs de l’attaque ont été placées en détention.

La grande opération d’occupation et de ratissages anti-guérilla lancée au Kurdistan irakien par l’armée turque le 15 avril se heurtent à des difficultés importantes. La guérilla kurde a produit plusieurs vidéos montrant ses combattantes et combattantes infliger des pertes aux unités turques, avec des actions de sniper, des tirs de missile et des embuscades (voir ici ou ici). Les combats sont particulièrement acharnés dans la zone de Medya. Pour atteindre les guérilleros dans les grottes et anfractuosités, les militaires turcs font un usage de plus en plus larges d’armes chimiques interdites par les conventions internationales. Les 7, 8 et 9 décembre, les positions kurdes dans la zone de résistance de Çemço ont ainsi été attaquées avec des armes chimiques des dizaines de fois.

Combattants du PKK munis de masque à gaz

Le demandeur d’asile kurde Mahmut Tat, qui a migré en Suède en 2015, était un membre actif du Parti démocratique des peuples (HDP). Il a été jugé et condamné à six ans et dix mois de prison en Turquie il y a sept ans. « Le terrorisme est mentionné à de nombreuses reprises tout au long de votre dossier. Le PKK est également une organisation terroriste pour nous. La République de Turquie vous a jugé équitablement. Vous êtes une menace pour notre pays et vous ne pouvez pas rester ici », lui ont déclaré les institutions suédoises. Le 22 novembre, elles l’ont placé en détention, puis l’ont emmené au centre de détention de Märsta le 1er décembre, d’où il a été transféré en Turquie.

L’extradition de Tat vers la Turquie a eu lieu au milieu des négociations de l’OTAN entre la Turquie, la Suède et la Finlande. Après l’invasion de l’Ukraine, les deux pays scandinaves ont demandé à adhérer à l’OTAN. Toutefois, Erdoğan avait déclaré qu’il gèlerait le processus d’adhésion si les deux pays ne prenaient pas de mesures contre l’exil politique kurde. Le nouveau Premier ministre suédois, qui s’est récemment rendu à Ankara, a promis de respecter toutes les obligations que son pays a contractées envers la Turquie, notamment l’extradition de dissidents, en échange de l’approbation de la candidature de son pays à l’OTAN. Le parlement suédois a également annoncé un vote le 16 novembre sur des amendements constitutionnels qui pourraient conduire à un renforcement des lois antiterroristes, une autre étape vers le respect des exigences de la Turquie. La Suède accueille une diaspora kurde dont les estimations varient entre 85 000 et 100 000 personnes, soit 1% de la population suédoise.