La guerre s’est cristallisée dans le nord de la province d’Alep. En cause, l’avancée d’un troisième belligérant à cet endroit (en plus des QSD et de Daesh), la « Chambre d’Opération Fateh Alep » composée de groupes islamistes soutenus par la Turquie et issus de l’Armée Syrienne Libre. L’enjeu est à présent la prise de la ville d’Al Bab, occupée actuellement par Daesh. Cette ville est essentielle à l’unification du Rojava, c’est donc à présent l’objectif principal tant des QSD que de Fateh Alep, qui relaient la crainte turque de voir émerger un état kurde en Syrie. Al Bab est également au cœur des contradictions impérialistes, située à portée de frappes aériennes tant américaine que russe (mais hors de portée des frappes aériennes turques).

Depuis quelques heures, c’est de l’ouest d’Al-Bab que les lignes de front se sont remises à bouger, les Forces Démocratiques Syriennes ont libéré plusieurs villages et ne sont plus qu’à 18km à l’ouest et à 20 à l’ouest. Les QSD ont été visés plusieurs fois par des tirs d’artillerie de la part de l’Armée Syrienne Libre tout en combattant Daesh, village après village. La perspective de véritables affrontements directs entre les QSD et les islamistes soutenus par la Turquie est de plus en plus plausible.

En noir Daesh, en rouge le régime (qui n’est pas dans la course à Al Bab), en jaune les QSD et en bleu l’Armée Syrienne Libre.

Les QSD repartent vers Al-Bab depuis le front d’Afrin

Mise à jour:
Il y a quelques heures, des blindés turcs ont fait une nouvelle incursion en Syrie, au sud d’Afrin cette fois, via la frontière entre la Turquie et l’ouest de la Syrie, pour tenter d’ouvrir un nouveau front contre les QSD.

Nouvelle incursion turque par l’ouest de la Syrie, au sud d’Afrin. Le point rouge marque l’incursion.

Les QSD repartent vers Al-Bab depuis le front d'Afrin
Nouvelle incursion turque par l'ouest de la Syrie, au sud d'Afrin. Le point rouge marque l'incursion.

Mardi matin, les policiers de la sous-division antiterroriste de Paris se sont rendus dans le quartier du Blosne, à Rennes, pour interpeller un Kurde d’une trentaine d’années. Le suspect est arrivé en Bretagne, de Marseille, il y a quelques mois et est actif dans l’association des Kurdes de Rennes et éditait un hebdomadaire. La police l’accuse d’avoir organisé système de financement du PKK à travers des activités menées à Rennes. Ce vendredi, l’homme a été présenté vendredi en fin de matinée au parquet antiterroriste de Paris. Il a été ensuite mis en examen par un juge d’instruction pour « participation à une organisation terroriste », et placé en détention provisoire.

Manifestation des Kurdes à Rennes, la semaine passée

Manifestation des Kurdes à Rennes, la semaine passée

Les forces armées du Gouvernement Régional du Kurdistan (les Peshmerguas irakiens donc) et celles de l’état irakien ont fraichement annoncé que les préparatifs visant à la libération de Mossoul, la place forte de Daesh en Irak, étaient terminés. Le PKK (dont la guérilla tient plusieurs endroits en Irak, notamment l’ouest du Mont Shengal, Qandil et Camp Makhmour) a plusieurs fois réitéré sa volonté de participer à la libération de cette ville, en envoyant un nombre important de combattants (par le passé, ce nombre avait tourné autour de 1,000 à 1,500 combattants). Vu l’apparente imminence de la libération de Mossoul, un journaliste a demandé à un porte-parole du pentagone qu’elle serait l’attitude américaine face à la participation du PKK: le porte-parole est resté vague en annonçant que les USA « s’opposeraient bien sûr » sans préciser le genre d’opposition qui serait manifestée, mais en précisant que les USA faisaient une distinction claire entre le PKK et son homologue syrien le PYD. Un porte-parole des HPG (guérillas du PKK) dans le district de Shengal a annoncé que le PKK participerait à la libération de Mossoul malgré l’opposition de la Turquie et du Gouvernement Régional Kurde. Mossoul est occupée depuis juin 2014 par Daesh à la suite d’une campagne éclair d’une semaine, c’était avant la guerre une ville de plus de 2 millions d’habitants.

Les YBS, milices affiliées au PKK dans le Mont Shengal

Les YBS, milices affiliées au PKK dans le Mont Shengal

Les soldats de l’armée turque ont investi les villages environnants l’avant-poste de Durak, dans le district de Şemdinli (province de Hakkari) suite à l’attaque qui, la semaine passée, a dévasté ce poste (voir notre article). Les unités des forces spéciales de la gendarmerie ont raflé 30 personnes des villages de Tise, Melaya, Helank et Deman. Les villageois ont été détenus, interrogés et torturés pendant trois ou quatre jours. A leurs libération, tous portaient des traces de coups et plusieurs avaient des os fracturés. Le siège sur les villages se poursuit, la route menant aux quatre villages ont été fermés à la circulation avec des tranchées.

Un des villageois interrogé par les gendarmes turcs

Un des villageois interrogé par les gendarmes turcs

Une vidéo réalisée par Submedia.Tv et sous-titrée par la Campagne de Soutien au Bataillon International de Libération. Plus d’info sur rojava.xyz (et sur Facebook ici)

Militariser la Solidarité, Entretien avec le Bataillon International de Libération

Militariser la Solidarité, Entretien avec le Bataillon International de Libération

Le 10 octobre 2015, alors qu’une manifestation allait se mettre en branle pour demander l’arrêt de la guerre au Kurdistan, deux kamikazes islamistes avaient actionné leurs charges explosives, tuant 103 personnes et en blessant 500 autres. Des manifestants se sont rassemblés aujourd’hui lundi à l’heure précise de l’attentat, aux abords de la gare d’Ankara, encerclée par les forces de l’ordre équipées de camions munis de canons à eau. Les manifestants, tenus à distance de la place, criaient « Etat assassin », dénonçant la complicité du pouvoir d’Erdogan avec le Daesh, tout en jetant des projectiles en direction des forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et tiré des balles en caoutchouc pour disperser la foule. Hier, dimanche, au cours d’un premier rassemblement organisé à Bursa (nord-ouest de la Turquie) en mémoire des victimes de l’attentat, des échauffourées avaient éclaté entre la police et les manifestants.

Les affrontements à Ankara

Les affrontements à Ankara

Au moins 18 personnes dont dix militaires et 8 civil) ont été tuées hier dimanche, en matinée, dans l’explosion d’une voiture piégée contenant environ 5 tonnes d’explosifs devant un poste de gendarmerie du district de Semdinli, dans la province kurde de Hakkari. Au moins 26 personnes – 10 militaires et 16 civils – ont été blessées dans cette attaque. La déflagration a été telle qu’un cratère de 10 à 15 mètres de large, et 6 à 7 mètres de profondeur, s’est formé sur les lieux de l’attaque. Le nombre de civils tués ou blessés s’explique par le fait que l’explosion a eu lieu non loin d’un endroit où plusieurs personnes attendaient un minibus. L’attaque a très probablement été menée par la guérilla kurde, et sans doute par un kamikaze. La région a été bouclée par l’armée qui effectue, avec l’appui de l’aviation, une opération de ratissage.

A Cukurca, la guérilla du PKK a tiré une grenade contre la base Hantepe, tuant un militaire. Les forces de séucirté revendiquent la mort de combattants kurdes dans les environs. Dimanche soir, le vice-président de la section Özalp (sous-préfecture de Van) du parti AKP a été abattu par un commando kurde. Samedi, un homme et une femme, soupçonnés d’être proches du PKK, ont fait exploser leurs bombes près d’Ankara à l’arrivée de la police venue les arrêter.

Le cordon de sécurité

EDIT 12/10
Le responsable de l’AKP pour le district de Cicle, à Diyarbakir, la plus grande ville du Kurdistan, a été abattu par un commando du PKK à son bureau le 11 octobre vers 22h30 locales.

Le cordon de sécurité

Deux militaires (un officier et un sous-officier) ont été tués et trois autres ont été blessés, aujourd’hui mardi, lors d’une attaque de la guérilla du PKK, dans le district de Lice de la province kurde de Diyarbakir. Les combattants du PKK ont ciblé une base de gendarmerie de Kıllıh, en utilisant des armes longues et des roquettes. Les forces de la sécurité ont répliqué et un accrochage a éclaté. Les soldats blessés ont été emmenés par ambulance dans les hôpitaux de Diyarbakir. Des renforts appuyés par les hélicoptères Cobra ont été envoyés pour essayer d’accrocher le commando.

Combattants du PKK

Combattants du PKK

Un groupe de militants du PKK a attaqué une base de l’armée turque ce samedi soir dans le district de Cukurca, dans la province kurde d’Hakkari, tuant un soldat et en blessant cinq autres. Une opération de l’armée turque, soutenue par des forces aériennes, a été lancée dans la zone pour accrocher le commando. Les forces armées turques affirment avoir « neutralisé » (ce qui peut vouloir dire tué ou capturé) trois militants du PKK vendredi dans une opération dans le même district de Cukurca.

Combattants du PKK (archive)

Combattants du PKK (archive)

L’Administration du Développement du Logement de la Turquie (TOKI) a entrepris la construction des 700 kilomètres restants du mur en cours de construction à la frontière syrienne, après que la construction des 200 premiers kilomètres ait été achevée par les services du Ministère de la Défense et les autorités provinciales. Les 700 km seront bordés d’un mur de béton de deux mètres de large et trois mètres de haut. Les sections des murs dans les provinces kurdes de Hatay et de Şanlıurfa sont déjà en majorité achevées. Les blocs préfabriqués constituant le mur pèsent sept tonnes chacun, et leurs sommets est garni de concertina (barbelés en lames de rasoir). Le TOKİ construit également une route derrière le mur.

Modèle du mur turc

Modèle du mur turc