Dimanche, le quartier industriel de Hlaing Tharyar, à Rangoun, a été le théâtre d’affrontements entre forces armées et manifestants, parmi les plus sanglants depuis le coup d’État du 1er février. Accusant la Chine de soutenir la junte militaire, les manifestants ont volontairement incendié plusieurs dizaines d’entreprises chinoises dans ce quartier pauvre de la ville. Face aux manifestants, les militaires ont ouvert le feu, tuant au moins 22 civils, auxquels s’ajoutent 16 décès dans différentes villes du pays, ainsi que celui d’un policier, le deuxième depuis le coup d’État. Ces 39 morts font de dimanche la journée la plus sanglante depuis le début du mouvement de protestation. Ils portent à 138 le bilan humain officiel de la répression. Après avoir décrété la loi martiale dans deux quartiers de Rangoun dimanche soir, la junte militaire a fait savoir lundi matin que cinq autres de l’ex-capitale étaient désormais concernés, ainsi que certains quartiers de la ville de Mandalay.

Construction d’une barricade à Rangoun

Sarah Everard, une jeune femme de 33 ans a été tuée le 3 mars à Londres. Elle a été enlevée, violée puis assassinée. Les soupçons se sont rapidement portés sur un policier de 48 ans qui habite à proximité des lieux où les restes humains ont été découverts. Samedi 13, en réaction à la mort de Sarah Everard, une dizaine de rassemblements ont eu lieu partout à travers le Royaume-Uni, à Glasgow, Nottingham ou encore Bristol. Une commémoration en 32 endroits avait également été organisée à Londres par le groupe « Reclaim these streets » avant d’être annulée suite au refus de la police d’autoriser l’événement. Les organisatrice risquait donc 10 000 £ d’amende pour chaque rassemblement organisé pour un total de 320 000 £. La Haute de Justice, saisie d’un recours, avait refusé de contredire la décision policière. Une veillée spontanée a cependant rassemblé au moins une centaine de personnes. La police est intervenue pour réprimer le rassemblement. Plusieurs femmes ont été menottées et violemment arrêtées. Quatre personnes ont été interpellées pour infractions aux règles anti-coronavirus et à l’ordre public.

Répression d'un hommage rendu à une victime d'un féminicide commis par un policier

Vendredi 12, les gardes-côtes des  Gardiens de la révolution ont ouvert le feu sur de petits contrebandiers de carburant dans le secteur du port de Kouhestak, dans la province méridionale d’Hormozgan située sur les rives du golfe Persique et du détroit d’Ormuz. L’un d’eux a reçu une balle dans la tête et un autre a été blessé à la jambe. En signe de protestation, la population locale a affronté les Gardiens de la révolution et incendié deux de leurs vedettes. Les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants depuis la terre et la mer, et des informations indiquent qu’il y a eu plusieurs blessés. Redoutant la propagation des manifestations, le régime a immédiatement envoyé des renforts depuis Minab et Sirik.

La contrebande de carburant vers l’Afghanistan est un moyen de subsistance pour de nombreuses familles sunnites de la région, discriminés par le pouvoir chiite. Le mois dernier, des émeutes ont eu lieu dans la ville frontalière de Saravan, dont la plupart sont des membres de la minorité baloutche, après que les gardiens de la révolution ont ouvert le feu sur des passeurs de carburant et en ont tué trois (voir notre article).

Samedi 13 mars, une manifestation se tenait à Liège pour dénoncer l’arrestation violente d’une aide-soignante noire survenue quelques jours plus tôt. Des affrontements avaient eu lieu entre policiers et manifestant·es tandis qu’un restaurant de la multinationale Mac-Donald et un commissariat avaient été attaqués. Dix personnes avaient été arrêtées ce jour là (voir notre article).

Parmi les arrêtés, deux personnes majeures ont fait l’objet d’un mandat d’arrêt et un mineur a été placé en régime fermé. Les quatre autres majeurs ont été remis en liberté parce qu’il a été, pour l’instant, impossible d’établir des lien avec les manifestant·es dans la mesure où ils ont été interpellés de nombreuses heures après. Les trois autres mineurs ont fait l’objet de mesures éducatives par un juge de la jeunesse après avoir été accusé de recel d’objets volés. L’enquête se poursuit et compte bien exploiter les images des caméras de surveillance et les images privées prises durant l’événement. La police compte notamment utiliser les images postées sur les réseaux sociaux. Le parquet affirme sa détermination à réprimer les responsables tandis que la presse bourgeoise se charge déjà du procès médiatique des manifestant·es.

Le palais de justice fédéral de Portland, dans l’Oregon a été attaqué par des manifestants jeudi. Des militants révolutionnaires ont réussi à pénétrer de force dans le palais de justice. Des affrontements les ont opposés aux policiers fédéraux du Département de la sécurité intérieure qui essayaient de les dégager du bâtiment. Plus tard dans la soirée, des militants ont mis le feu devant l’entrée du palais barricadé.

Une manifestation devait avoir lieu, ce samedi 13 mars après-midi, dans le centre de Liège entre la Place de la République française et la place Saint-Lambert. Cette manifestation fait suite à l’arrestation violente d’une aide soignante qui s’était déroulée lundi dernier et qui avait suscité l’indignation après la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux. La manifestation a rapidement tourné à l’affrontement avec la police. Les manifestant·es ont notamment attaqué un Mc-Donald situé place la République française et le commissariat du centre (rue de la Régence). Des pelotons de maintien de l’ordre et une autopompe sont intervenus vers 16h. L’autopompe est entrée en action aux alentours de 16h45 pour disperser les manifestants. Le nombre de manifestant·es blessé·es ainsi que le nombre d’arrestation ne sont pas encore connus.

Mise à jour du 14/03/2021 :

La police déclare 36 blessés dans ses rangs dont 9 policiers hospitalisés dont un qui se trouverait toujours à l’hôpital pour une clavicule cassée. Du coté manifestant, il y aurait 4 personnes hospitalisées ainsi que 10 arrestations.

En octobre 2020 dans plusieurs villes italiennes plusieurs manifestations et affrontements ont eu lieu pour protester contre le couvre-feu (voir notre article). À Turin le 26 octobre des milliers de personnes, la plupart de la périphérie populaire qui entoure la ville, s’étaient mobilisé en centre-ville. Le bilan : affrontements violents avec la police et vitrines de magasins de luxe cassées. Mardi 9 mars, une importante opération de police a notifié 30 mesures conservatoires à des jeunes et à des adolescents qui auraient participé à cette manifestation. Le délit reproché est celui de « dévastation et saccage », réminiscence du code pénale d’époque fasciste.

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Ce lundi 8 mars, en Colombie, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la capitale Bogotá pour revendiquer plus de droits au travail, la fin du travail féminin gratuit, l’arrêt des violences sexuelles et des inégalités salariales et des féminicides. Des affrontements se sont déroulés entre les manifestantes et la brigade mobile anti-émeute. Par ailleurs, des manifestantes cagoulées ont mené des attaques contre des établissements commerciaux et l’église de San Francisco.

Au Mexique, les affrontements se sont déroulés à Mexico, Oaxaca, Puebla et Cuernavaca (Morelos). Dans la capitale, au moins 20.000 manifestant·es protestaient contre les féminicides (phénomène endémique dans le pays) et contre l’insécurité vécues par les femmes dans l’espace public. 1700 policiers avaient été déployés pour les contenir. Certaines manifestantes ont réussi à abattre les clôtures métalliques protégeant le Palais National. Les policiers anti-émeute ont alors utilisé leurs boucliers pour empêcher les manifestantes d’entrer dans le palais. Celles-ci auraient alors mis le feu aux boucliers de certains policiers, mais les flammes se seraient vite éteintes. Les policiers ont a plusieurs reprise utilisé du gaz lacrymogène. On dénombre plusieurs arrestations parmi les manifestantes ainsi que parmi les journalistes couvrant les événements. À Cuernavaca, capitale de l’état de Morelos, des groupes de manifestantes cagoulées ont attaqué des bâtiments publics. Le siège du pouvoir judiciaire a été attaqué au cocktail Molotov tandis que les fenêtres du palais du gouvernement ont été brisées. Un église a également été attaquée. Des affrontements ont également été signalés dans la ville de Xalapa située dans l’état de Veracruz. Les policiers anti-émeutes ont tenté de scinder le cortège mais n’y sont pas parvenus. Dans la ville de Oaxaca de Juárez, les féministes ont attaqué une église ainsi qu’un bâtiment du ministère de la santé. Enfin des affrontements ont été signalé dans la ville de Puebla, capitale de l’État de Puebla.

Les manifestantes essayent de pénétrer dans le palais national à Mexico à l'occasion du 8 mars 2021

Les manifestantes essayent de pénétrer dans le palais national à Mexico à l’occasion du 8 mars 2021

Tôt dans la journée de lundi, trois manifestants ont été tués et plusieurs blessés. Des images diffusées de Myitkyina (centre) sur les réseaux sociaux ont montré des contestataires inanimés et couverts de sang, l’un d’entre eux gisant face contre terre, une partie du crâne arrachée. Fonctionnaires, agriculteurs et salariés du privé étaient descendus en nombre lundi dans les rues, en réponse à l’appel des principaux syndicats à intensifier la grève générale. Des usines de textile, un secteur en plein essor avant le coup d’Etat du 1er février, des magasins et les banques sont restés fermés. La junte a pour sa part mis en garde les fonctionnaires : ceux qui n’auront pas repris le travail à partir de lundi seront licenciés.

Dans la nuit de lundi à mardi, des centaines de contestataires, dont de nombreuses Birmanes sorties célébrer la Journée internationale des droits des femmes. Ces rassemblements épars ont eu lieu dans le pays, écourtés à l’aide de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes. Les manifestantes ont été acculées pendant des heures dans le quartier de Sanchaung à Rangoun. Les forces de sécurité ont fouillé les appartements à la recherche de manifestants et des détonations ont été régulièrement entendues. Quiconque sera surpris en train de cacher des protestataires sera puni, avaient averti les médias d’Etat. 60 civils ont péri depuis le putsch. Plus de 1800 personnes auraient en outre été arrêtées ces dernières semaines.