Sema Altin, chanteuse du groupe engagé Yorum, et Ezgi Dilan Balci ont été arrêtées vendredi dernier alors qu’elles participaient à un rassemblement devant l’institut médico-légal d’Istanbul pour réclamer la restitution du corps de l’auteur présumé d’une attaque à l’explosif contre un commissariat. Libérées mardi soir (mais faisant néanmoins l’objet de poursuites), elles ont immédiatement porté plainte contre la police d’Istanbul pour tortures. Leur avocat a déclaré que les deux femmes ont subi des violences dès leur arrestation et encore durant leur détention. La chanteuse a été frappée aux deux oreilles alors qu’elle avait les mains menotées dans le dos, ce qui lui a percé les tympans. La violoniste s’est quant à elle fait casser le bras. L’avocat a accusé la police ‘les policiers étaient probablement au courant des activités musicales de mes clientes et les ont torturées de façon à mettre fin à leurs activités’.

Le tribunal de Rabat a rejeté lundi 10 septembre la demande de libération sous caution du syndicaliste Said Elhairech, détenu depuis deux mois pour « des accusations montées de toutes pièces », selon l’ITF (Fédération internationale des ouvriers du transport).

Saïd Elhairech, secrétaire général du Syndicat national des dockers professionnels et assimilés des ports du Maroc et Président du Comité régional Monde arabe de l’ITF, a été arrêté le 16 juin pour « sabotage et d’atteinte à la sûreté de l’État». Il est incarcéré à la prison de Salé, près de Rabat. L’ITF estime qu’il est accusé à tort « suite à l’excellent travail qu’il a accompli à sa demande pour aider les équipages abandonnés après la cessation d’activités de la société de ferries Comarit-Comanav ».

Maroc: Le représentant des marins et dockers reste en prison

A la fin du mois d’août, nous évoquions la situation de deux militants russes de l’Union de la Jeunesse Communiste Léniniste qui, après avoir purgé une peine en Ukraine pour avoir ‘organisé un groupe terroriste stable secret dans le but d’un renversement de l’ordre constitutionnel de l’Ukraine et de la prise du pouvoir de l’état’ avaient été extradés vers la Russie et condamnés à une nouvelle peine (notre article du 27 août). Or, deux autres inculpés devraient subir le même sort dans un nouveau procès à Moscou. Andrey Yakovenko et Oleg Alekseev sont accusés, comme Smirnov et Danilov, d’avoir mené des expropriations à Moscou entre 2000 et 2002. Au cours de l’audience, un ‘témoignage’ transmis par le service fédéral de sécurité de la Russie a été rendu public. Il s’agit d’une déclaration faite par un des membres du groupe qui, après avoir subi la torture, s’est repenti. Ce témoignage est le seul élément dont le tribunal dispose, mais il semblerait que cela soit suffisant pour que les autorités russes imposent une seconde peine à Yakovenko et à Alekseev alors qu’ils ont déjà tous deux purgé neuf ans en Ukraine.

Il faut noter que suite aux violences subies en prison en Ukraine, un des inculpés dans cette affaire d’Odessa est décédé le 1er novembre 2003 alors que tous les autres ont souffert de multiples fractures et autres séquelles (perte d’un oeil, …)

Quelques inculpés dans l’affaire d’Odessa

Au mois d’août dernier, le détenu basque Iosu Uribetxebarria s’était vu accorder la semi-liberté, première étape avant de pouvoir bénéficier de la liberté conditionnelle. Incarcéré depuis 1998, l’etarra souffre d’un cancer à un stade avancé, justifiant la nécessité de sa libération. Malgré sa grève de la faim, ainsi qu’un vaste mouvement de solidarité de l’ensemble des prisonniers basques en Espagne et en France, le ministère public avait fait appel de la décision de l’audience nationale de lui accorder la liberté conditionnelle. Finalement, la principale audience pénale espagnole a confirmé, par quatre voix contre et une pour, la liberté conditionnelle, ce qui signifie que Iosu Uribetxebarria va sortir de prison.

En avril 2011, Joaquin Perez avait été arrêté au Venezuela, puis extradé et emprisonné en Colombie où les autorités l’accusent d’être le chef du ‘front international des FARC en Europe’. D’origine suédoise, Perez est depuis 1995 le directeur de l’agence Anncol (Agence d’information nouvelle Colombie) dont le site internet relaye régulièrement les messages de la guérilla. Hier, il a été condamné à Bogota pour ‘association de malfaiteurs à des fins terroristes’. Sa peine, qui pourrait s’élever à huit ans de prison, n’a pas encore été fixée, mais le juge a déclaré qu’un ‘lien avait été établi’ entre son site et les FARC.

Mercredi, trois des quatre jeunes anarchistes connus sous le nom des « Cleveland 4 », Brandon Baxter, Doug Wright et Connor Stevens, ont conclu un accord avec la justice en acceptant de plaider coupables pour tous les chefs d’accusations portées contre eux, mais pas à celui de terrorisme fédéral. Ils sont accusés d’avoir tenté de détruire un pont avec des explosifs le 31 avril dernier. Joshua Stafford, un quatrième accusé dans cette affaire, est l’objet d’une évaluation de la santé mentale. Son procès a été reporté sine die. Anthony Hayne, le cinquième de l’accusé, a accepté de plaider coupable à toutes les accusations en juillet. Brandon Baxter, Connor Stevens, Douglas L. Wright, et Joshua Stafford ont été piégés par un provocateur du FBI qui les a poussé à l’action et leur a fourni finance et matériel (notamment du faux explosif C4). il avait même menacé l’un des accusés de vouloir se retirer du projet peu de temps avant les arrestations!

Le Comité Cleveland Support 4 continue de soutenir Brandon, Doug, Connor et Josh mais se déclare « désemparé » de les voir plaider coupables. Selon lui, les accusés font face à un système de justice pénale qui punit les gens pour aller au procès et les récompense pour avoir plaidé coupable, même quand ceux-ci en savent qu’ils sont innocents. La condamnation de ces trois n’aura pas lieu avant, après une audience prévue pour les 5 et 6 novembre. On ne sait pas si Brandon, Doug et Connor ont encore la possibilité de présenter des preuves devant les tribunaux en ce qui concerne la provocation du FBI. Leur peine peut aller de cinq ans à trois vies.

Lien vers le Comité Cleveland Support 4

USA: Des nouvelles des 4 de Cleveland

Le procureur de l’Audiencia nacional espagnole avait jusqu’à vendredi prochain pour faire appel de la décision de libérer Iosu Uribetxeberria, prisonnier basque atteint d’un cancer en stade terminal. Il l’a fait hier. Le prisonnier devra donc rester sous les écrous, car sa liberté conditionnelle ne pourrait être appliquée qu’après une décision définitive de la justice. Le représentant du ministère public reconnaît que Iosu Uribetxeberria “est atteint d’une maladie grave et incurable”. Il affirme, cependant, que sa vie n’est pas en jeux dans l’immédiat et lui exige sa repentance, condition de sa mise en liberté. Le procureur a demandé que la cour arbitre rapidement.

Manuel Contreras, 83 ans, a été reconnu coupable du meurtre de Ramon Martinez, un militant de gauche âgé de 23 ans décédé en garde à vue en 1975. Il avait été torturé avant d’être abattu. A la tête de la police secrète chilienne sous la dictature de Pinochet, Contreras est déjà actuellement en prison où il purge une peine de plus de 200 ans pour enlèvement et meurtre. Hier, le juge a également condamné quatre officiers de l’ancienne police secrète dans le cadre de la même affaire. Chacun a été condamné à quinze ans de détention alors qu’ils sont déjà tous derrière les barreaux pour d’autres crimes. Ramon Martinez, membre du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) avait été arrêté par la police le 6 janvier 1975 alors qu’il se rendait à un rendez-vous avec un camarade. S’opposant à son arrestation, il avait été violemment battu avant d’être emmené au célèbre centre de détention Villa Grimaldi dans un ‘état monstreux’ selon d’autres détenus. Sept jours plus tard, son corps avait été remis au centre médico-légal qui avait conclu à une mort violente suite à des blessures par balles.

Manuel Contreras

Manuel Contreras

Lundi, 162 des 270 mineurs incarcérés depuis le 16 août suite à la fusillade dans la mine de platine de Marikana ont été relâchés après la suspension de leur inculpation pour meurtre de 34 de leurs collègues qui avaient été abattus, selon toute vraisemblance, par la police. Les 108 autres devraient être remis en liberté jeudi. Peu après les violences de la mi-août, une grande partie des personnes interpellées avaient porté plainte contre les abus des forces de l’ordre. Abus qui se sont poursuivis en détention. Plusieurs mineurs se sont exprimés en ce sens à leur sortie de prison: ‘Ils nous ont frappés et nous ont giflés, nous ont marchés sur les doigts avec leurs bottes après nous avoir accusés d’avoir caché un clou dans une cellule’. Un autre mineur a lui expliqué qu’il avait été contraint de rester debout contre le mur, les mains au-dessus de la tête alors que les policiers le frappaient dans les côtes avec les poings et un bâton. Malgré l’enquête lancée après la fusillade par la police des polices sud-africaine, les policiers impliqués dans les violences n’ont toujours pas été inquiétés, malgré les nombreux témoignages de badauds et de journalistes affirmant que les policiers avaient pourchassés les mineurs avant de les abattre de sang-froid et malgré les diverses plaintes déposées depuis lundi par les mineurs libérés.

Alors que sa condamnation à mort a été commuée en prison à vie il y a quelques mois, le journaliste militant Mumia Abu Jamal est à nouveau victime d’un déni de justice. Le 13 août dernier, dans le plus grand secret (afin de tenter d’empêcher tout recours au prisonnier), la justice fédérale de Pennsylvanie a rendu une ordonnance le condamnant à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Ce type d’ordonnance ne peut être contesté que durant dix jours, mais ni Mumia ni son équipe de défense n’en ont été informés. C’est une juriste qui le défendait dans les années 80 qui a eu connaissance de la décision et a permis à la défense actuelle de déposer en urgence une requête en contestation pour violation flagrante des règles de procédure pénale (non information des parties). Si cette requête devait ne pas aboutir, Mumia serait définitivement privé de son droit au recours lui permettant de solliciter à tout moment une libération conditionnelle, et ce huit mois après l’abandon de tout recours du procureur de Philadelphie contre l’annulation de la sentence de mort par la Cour Suprême des Etats-Unis.