Le 9 février, une opération policière dans les locaux de l’asbl Globe Aroma a débouché sur l’emprisonnement de deux sans-papiers dont un militant syndical. Cette opération étant survenue le lendemain du refus des visites domiciliaires, elle prenait clairement un caractère politique. Ce raid dans une asbl le jour même d’un vernissage en présence d’autorités politiques, sonnait comme une réponse politico-policière au vote de la veille. L’instrumentalisation politique de la situation des sans-papiers par la N-VA et consorts, faisant appel aux pires sentiments égoïstes et xénophobes, s’accompagne d’une escalade policière et judiciaire :
• Ainsi la gravité du meurtre de la petite Mawda est à ce point minimisé que le message aux policiers est clair : continuez à tirer sur des véhicules pleins de gens désarmés, ce sont des réfugiés, leur vie ne vaut pas grand chose.
• Ainsi la poursuite pour « organisation criminelle » et « traite d’être humain » de deux journalistes apolitiques qui, par pur soucis humanitaire, aidaient les sans-papiers, établit que non seulement il est criminel d’essayer de fuir son pays en guerre pour offrir un avenir meilleur à ses enfants (criminel au point qu’on ne peut se considérer comme victime si on tue votre enfant dans vos bras) mais qu’il est aussi criminel d’apporter une aide désintéressée à ces migrants.
Un « vent favorable » nous informe que, dans le cas de l’affaire de Mounir Tahir, le syndicaliste sans-papiers arrêté au Globe Aroma, l’OCAM avait rendu un avis défavorable à la libération sous prétexte, notamment, qu’en tant que membre du Secours Rouge, Mounir Tahir représentait un danger. Nous sommes extrêmement flattés d’être considérés comme un danger par la racaille policière et judiciaire, valets et boucliers des élites qui pillent et exploitent la société. Nous espérons un jour être à la hauteur d’une telle réputation. Mais nous devons aussi dire que nous ignorions jusqu’à l’existence de Mounir Tahir avant son arrestation. S’il a côtoyé un de nous dans une manifestation ou ailleurs c’est pure coïncidence. Nous sommes suffisamment fliqués pour être certains que les polices n’ignorent pas que Mounir Tahir est étranger à notre collectif. Et avoir versé cette « affirmation » au dossier n’est qu’une vulgaire provocation qui couronne celle de la rafle au Globe Aroma.
Sans rien connaître de lui que ce qui a été communiqué par ses camarades et amis, nous affirmons notre solidarité avec Mounir Tahir. Nous lui exprimons nos regrets de ce que notre action ait été instrumentalisée contre lui. Nous exprimons aux structures policières et judiciaires tout notre mépris pour leurs mensonges et leur acharnement contre les sans-papiers, leurs représentants et leurs amis.
Secours Rouge de Belgique
section belge du Secours Rouge International
Bruxelles, juin 2018
Edit 18h: Jiyed et Mounir viennent d’être libérés.