La police technique et scientifique a pu identifier l’an dernier 1.709 empreintes digitales et palmaires prélevées sur des lieux de crimes et délits. Il s’agit d’une progression de 71 % par rapport à 2009 due, pour l’essentiel, à l’acquisition en 2010 d’un nouveau système de comparaison d’empreintes numérisées et palmaires, baptisé Apfis. Ce système a notamment permis d’exploiter d’anciennes traces palmaires – laissées par la paume des mains – restées non identifiées. En 2009, alors que les comparaisons étaient encore effectuées manuellement, les empreintes particulières ne représentaient que 2 % du total des identifications, en 2010, elles en ont représenté 23 %.

Sur les scènes de crime ou de délit, le prélèvement des empreintes des doigts et des paumes est effectué par un policier soit à l’aide d’une fiche à l’encre qui est ensuite numérisée, soit via un « livescan » : un appareil qui permet de prendre les empreintes d’un suspect de manière numérique et d’envoyer directement une fiche dactyloscopique dans la banque de données du Service d’identification judiciaire. Plus de 140 zones de police sont d’ores et déjà équipées de cet appareil. Le nombre de fiches dactyloscopiques insérées dans le système APFIS est passé de 643.000 en 2009 à 720.000 en 2010.

Selon des chiffres publiés ce jeudi, la sûreté de l’état a déjà fait usage à 417 reprises des nouvelles méthodes de recherche avalisées par la loi sur les Méthodes Particulières de Recherches entrée en vigueur en septembre 2011 et appliquée depuis le mois de février dernier. Concrètement, en trois mois, la sûreté a donc utilisé 385 fois les méthodes de recherches spécifiques et 32 fois les méthodes de recherches exceptionnelles (la loi les distingue dans son texte). Rappelons que ces MPR permettent l’utilisation de moyens extrêmements intrusifs dans le cadre d’une enquête: caméras cachées (jusque dans les domiciles), écoutes téléphoniques, interception des mails, infiltrations, filatures,…

Trois communes bruxelloises (Schaerbeek, Saint-Josse et Evere) viennent de prendre la décision d’acheter 127 caméras de surveillance intelligente d’ici à 2014. Celles-ci dispose d’un système VCA, pour ‘Video Content Analyse’, qui permet de détecter tout ce qui est considéré par les forces de l’ordre comme une situation anormale. A la moindre alerte, la caméra enverra un signal sonore au central pour signaler le problème. Selon l’endroit où elles seront installées, ces caméras disposeront de différentes fonctions permettant, par exemple, de détecter des mouvements, des bruits inhabituels, des comportements ‘suspects’, des tags,… L’objectif de ce dispositif, dont le coût s’élève à plus de six millions d’euros, est d’augmenter le nombre de policiers sur le terrain en diminuant le nombre de ceux affectés à la surveillance. Un tiers de ces nouvelles caméras devraient déjà être mises en place avant la fin de l’année.

Europol, qui emploie 700 personnes dans son siège aux Pays-Bas,se distingue d’Interpol, par sa structure de renseignement sur « chaque activité criminelle et terroriste sérieuse en Europe ». Les renseignements, qui proviennent des polices des 27 nations de l’UE et de pays partenaires tels que l’Australie, le Canada, les USA et la Norvège. Les renseignements sont traités par plus de 100 analystes criminologues, utilisant des logiciels avancés pour identifier des nouveaux modèles criminels. Le traitement des renseignements par Europol est une question sensible. Lorsque l’agence était en projet, un parlementaire européen l’avait décrit comme une police secrète aux vastes pouvoirs en dehors de tout du contrôle démocratique. Europol est unique parmi les agences de l’UE quant à sa capacité de rassembler des données personnelles des vies privées de masses de citoyens en Europe. Europol est à l’origine de 12.000 arrestations par an (les arrestations étant opérées par les polices nationales).

Rob Wainwright (qui travaillait précédemment aux services secrets antiterroristes britanniques), directeur d’Europol, dit Europol s’est impliquée dans « le travail de contreterrorisme de première ligne » avec un nouvel accord UE-USA qui donne la responsabilité à l’agence de vérifier que des demandes américaines de données financières du réseau bancaire SWIFT satisfont aux conditions légales. Mais le système européen pour suivre à la trace le financement de terroriste dépend du système US, et le directeur d’Europol demande que les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne développent un système européen.

Le directeur de d’Europol appelle aussi à la création d’une institution européenne coordonnant les luttes nationales contre la cyber-criminalité. Les gouvernements se sont déjà mis d’accord sur le principe d’un nouveau centre de lutte contre la cyber-criminalité et le directeur d’Europol espère que ce centre sera installé dans son agence.

UE: Nouvelles perspectives pour EUROPOL

En février 2011, les Anonymes, collectif de hackers apparu suite aux poursuites contre WikiLeaks a pénétré le réseau interne de HBGary Federal, spécialiste de la sécurité informatique. Le patron de cette société américaine qui menaçait de révéler l’identité de certains membres des Anonymes. Les hackers mettent la main sur près de 70.000 e-mails, pour la plupart confidentiels, échangés entre les dirigeants de HBGary et certains de leurs clients, parmi lesquels le FBI, la NSA, le gouvernement fédéral américain, l’armée, Interpol et diverses sociétés privées.

Les Anonymes ont découvert que HBGary avait pris part activement à l’élaboration d’une stratégie visant à identifier, à diviser et à décrédibiliser l’organisation de Julian Assange, et à attaquer ses soutiens institutionnels. Le plan, élaboré en partenariat avec les sociétés Palantir et Berico, répondait à une requête d’avocats mandaté par la Bank of America, alors aux abois, en prévision de la diffusion par WikiLeaks de documents censés prouver de sérieuses malversations.

Les mails internes de HBGary fait également mention de plusieurs projets de développement de malwares, notamment des rootkits et autres backdoors exploitant des failles non publiées vendues à prix d’or, en collaboration avec Général Dynamics, sous contrat avec la Défense américaine. On apprend également que HBGary faisait partie du programme InfraGard, un partenariat entre le FBI et le secteur privé dédié à la protection des infrastructures vitales contre la menace terroriste. Dans les documents révélés: l’appel d’offres de l’US Air Force portant sur un logiciel destiné à faciliter l’infiltration et la surveillance des réseaux sociaux. Plus spécifiquement, le logiciel devrait permettre à un seul employé de créer et de gérer plusieurs fausses identités.

Le logo des Anonymes

Le logo des Anonymes

Plus de 20 sociétés actives en France, dont Google, Facebook, PriceMinister, Dailymotion ou encore eBay, regroupées dans l’Association française des services internet communautaires (ASIC), ont déposé mercredi 6 avril un recours devant le Conseil d’Etat contre le décret de conservation des données de connexion par les hébergeurs.

Ce décret impose aux sites d’e-commerce, plateformes de vidéos/musique en ligne ou gestionnaires de boîtes e-mail de conserver identifiant et mot de passe, et (s’ils ont été collectés) nom et prénom, adresse postale, pseudonyme, adresse e-mail et numéro de téléphone de l’internaute. L’ASIC conteste notamment que ce décret va plus loin que la loi et impose de conserver des éléments qui vont au-delà de l’identification de l’internaute, notamment les mots de passe. Les informations doivent être conservées pendant un an et peuvent leur être réclamées dans le cadre d’enquêtes de la police, de la gendarmerie, de la répression des fraudes, de la douane, du fisc ou encore de l’Urssaf. Ce délai de conservation va exploser puisque le décret prévoit que le compteur d’un an soit remis à zéro dès que l’internaute modifie ou supprime des informations.

Publié début mars dans le cadre de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN), ce décret vise à permettre aux services de lutte anti-terroriste de pouvoir identifier facilement tout internaute qui publierait des informations sur une plate-forme. Le décret, prêt depuis 2004, n’a été publié que maintenant, quelques semaines avant la création du Conseil national du numérique, après l’adoption de la Loppsi. Le Conseil d’Etat a 9 à 12 mois pour examiner ce recours.

La Commission de l’Union Européenne fait un rapport sur le premier examen de la mise en oeuvre de l’Accord entre l’UE et les USA sur le traitement et le transfert de données financières de l’UE aux États-Unis dans le cadre du « Programme de Dépistage de Finance Terroriste », six mois après l’entrée en vigueur de cet Accord. Cet examen s’est attaché à vérifier si tous les éléments de l’Accord ont été correctement mis en place, plutôt que d’évaluer l’efficacité de Accord, considérant que la période écoulée était trop courte pour une telle évaluation.

Le rapport en .pdf et en anglais

L’armée américaine est actuellement en train de développer un logiciel qui lui permettra de manipuler secrètement les sites des médias sociaux en utilisant de faux ‘personnages’ en ligne pour influencer les conversations sur internet et diffuser de la propagande pro-américaine.

Une société californienne s’est vue attribuer un contrat avec le United States Central Command (Centcom), qui surveille les opérations armées américaines au Moyen Orient et en Asie centrale, pour développer ce qui est décrit comme un ‘service de gestion de personnages en ligne’ qui permettra à un militaire américain de contrôler jusqu’à dix identités basées dans le monde entier. Le système permettra à l’armée américaine de créer un faux consensus dans les conversations en ligne, d’empêcher l’expression d’opinions gênantes et d’étouffer les commentaires ou les compte-rendus qui ne correspondent pas à ses propres objectifs. La découverte que l’armée américaine développe de fausses personnalités en ligne va inévitablement inciter d’autres gouvernements, mais aussi des sociétés privées et des organisations non-gouvernementales à faire la même chose. Le contrat de Centcom stipule que chaque faux personnages en ligne doit avoir un background convaincant, une histoire avec des détails à l’appui et que jusqu’à cinquante contrôleurs basés aux Etats-Unis devront être capables de diriger les fausses identités depuis leurs postes de travail sans craindre d’être découverts par des adversaires avertis. Une fois développé, ce logiciel permettra au personnel de service américain, travaillant 24 heures sur 24 à un endroit, de réagir aux conversations en ligne qui apparaissent avec un nombre illimité de messages, de posts sur des blogs et des forums de discussion et d’autres interventions coordonnées. Le contrat de Centcom exige la fourniture d’un ‘serveur privé virtuel’ situé aux Etats-Unis pour chaque contrôleur, ainsi que d’autres ayant l’air d’être à l’étranger pour donner l’impression que les faux personnages sont des personnes réelles dans différentes parties du monde. Ce contrat fait partie d’un programme plus large intitulé Operation Earnest Voice initialement développé en Irak comme une arme de guerre psychologique contre la présence en ligne de l’ennemi. L’objectif avoué de cette nouvelle technologie pour les Etats-Unis est de priver leurs adversaires de leurs repaires et de contrer leurs idéologies et leur propagande.

En réaction aux attentats du 11 septembre 2001, le parlement européen avait acheté en 2005 six scanners corporels, pour un montant de 725.730 €, qui devaient être installés à Bruxelles et Strasbourg. Ils n’ont jamais été utilisés, et sont restés stockés, sur leurs palettes, dans un entrepôt désaffecté. Les eurodéputés auraient en effet protesté face à ce qu’ils considéraient comme une atteinte à leur vie privée.

C’est une eurodéputée britannique qui a redécouvert les scanners abandonnés, déplorant non seulement le gaspillage de l’argent public, mais également la perception biaisée que se font les eurodéputés de la sécurité : “S’ils sont suffisamment bons pour être utilisés sur les citoyens dans les aéroports, pourquoi ne le seraient-ils pas aussi sur les eurodéputés ?” Cette affaire intervient alors même que les eurodéputés ont demandé à la commission européenne d’envisager la généralisation des scanners corporels dans tous les aéroports européens.

scanner corporel

scanner corporel

La loi sur la sécurité intérieure Loppsi 2, votée au début du mois de février a été évaluée par le Conseil constitutionnel à la demande de certains partis de l’opposition et collectifs. Ce dernier en a censuré treize dispositions, notamment celles portant sur la vidéosurveillance et celle sur l’emploi judiciaire des polices municipales en appui de la police nationale. Sur le plan de la vidéosurveillance, le Conseil a accepté l’extension des dispositifs prévue par la loi, mais a censuré la possibilité de les exploiter par des personnes de droits privé. S’il veut poursuivre cette extension, le gouvernement ne pourra dès lors reposer que sur des personnes publiques, tant au niveau matériel, que des effectifs ou des investissement, autrement dit sur les collectivités territoriales ou l’Etat. Or, cet axe de la Loppsi 2 était présenté comme un moyen majeur de renforcer le dispositif répressif sans que cela n’en coûte à l’Etat, tout comme celui de l’emploi des polices municipales. Celui-ci impliquait d’offrir la possibilité aux policiers municipaux de procéder à des contrôles d’identités, ce que le Conseil a également déclaré irrégulier. D’autres dispositions telles que la possibilité d’aménager des salles d’audiences au sein des centres de rétention administrative, la possibilité pour un préfet de procéder à l’évacuation forcée de terrains occupés illégalement sans demander l’avis du propriétaire, la possibilité d’étendre aux mineurs les peines planchers,… ont été jugées inconstitutionnelles.