Ce 15 octobre, alors que plusieurs manifestations avaient lieu à Bruxelles contre le Traité TTIP, une équipe de journalistes de la web TV indépendante ZinTV était arrêtée parmi une soixantaine d’autres personnes à la Rue de Spa vers 14h30. Les manifestants ont été emmenés au casernes d’Etterbeek puis ont été relâchés vers 19h30 à la Porte de Hal.

L’un des journalistes, une fois descendu du bus de la police a voulu filmer la descente des militants du véhicule, un policier a alors demandé à ce que la séquence soit supprimée, ce qui fut aussitôt fait. Le policier a remarqué que quelques séquences avaient été filmées dans le bus et a voulu les supprimer également, il a finalement pûrement et simplement détruit toutes les images qui figuraient sur la caméra, se défendant derrière le niveau d’alerte anti-terroriste.

ZinTV a communiqué par rapport à cette destruction de données, rappelant qu’il est autorisé de filmer la police, quelque soit le ‘niveau d’alerte’. La police démontrant en outre son mépris des médias indépendants et du secret professionnel. Les images supprimées contenaient entre autres des scènes où les policiers insultaient les manifestants et du Commissaire Vandersmissen au sommet de sa forme « Vous êtes dans cette situation parce que je l’ai décidé », la bombonne de gaz à la main.

Le kessel rue du Trône

Le kessel rue du Trône

Julian Assange, l’un des fondateurs de Wikileaks et l’un des organisateurs de la plus grande fuite de données confidentielles de l’histoire est depuis 2012 confiné à Londres, dans l’Ambassade d’Equateur, pays qui lui a offert le statut de réfugié politique. Il n’a toutefois jamais pu rejoindre ce pays vu la surveillance colossale dont il fait l’objet. La police attendait en effet 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 devant les portes de l’établissement dans le but de lui passer les menottes aussitôt qu’il serait sortit. Cette surveillance a eu un coût : 17 millions d’euros. Face à ce coup astronomique, la police londonienne a annoncée qu’elle levait la garde permanente devant l’ambassade mais que s’il s’avisait d’en sortir « les policiers londoniens fourniront tous les efforts possibles pour l’arrêter ».

Officiellement, le Royaume-Uni veut arrêter Assange pour des accusations d’agressions sexuelles et de ‘non-port du préservatif’ émises par la Suède. S’il venait à être arrêté, il serait immédiatement extradé vers la Suède et aussitôt ré-extradé vers les Etats-Unis. Si certaines accusations sont à présent prescrites, l’accusation de ‘non-port du préservatif’ (crime propre à la Suède) ne sera prescrite qu’en 2020.

Le bras de fer se poursuit donc entre le Royaume-Uni et l’Equateur, les premiers demandant qu’il soit expulsé de l’ambassade, les seconds demandant l’ouverture d’un corridor diplomatique jusqu’à l’aéroport où il serait exfiltré vers l’Equateur. Julian Assange poursuit ses activités depuis l’ambassade qu’il n’a pas quitté depuis le 19 juin 2012.

Julian Assange à la fenêtre de l’Ambassade d’Equateur à Londres. Archive.

Quelques semaines après qu’une autre personne ait été approchée dans la rue par des policiers qui tentaient de l’intimider, un texte paru sur Indymedia témoigne qu’une autre personne a été approchée par la Sûreté de l’Etat qui recherchait un mouchard dans la lutte contre la maxi-prison. Après avoir tenté de se présenter comme neutre -en séparant les gentils et les méchants opposants- le policier a rapidement sortis les cartes de l’intimidation et du chantage en menaçant le travail et la famille de la personne approchée.

Si ce genre de cas n’est que rarement rapporté, c’est que malheureusement, les personnes qui sont approchées par les services de renseignements n’osent pas toujours en parler. Vous pouvez lire l’entièreté du témoignage sur Indymedia Bruxelles.
D’autres témoignages avaient déjà été publiés sur Indymedia,

en juin 2011 (cliquez pour lire).

en janvier 2013 (cliquez pour lire).

un autre témoignage d’une militante italienne, en janvier 2013.

Sûreté de l’Etat

Sûreté de l’Etat

EDIT : C’est bien entendu de la direction de l’école dont nous parlons quand nous désignons la ‘collaboration de l’école’ et non pas des gens qui y travaillent.

A la fin du mois de septembre, des participants à la bibliothèque anarchiste ‘La Discordia’ à Paris sont rentré dans l’école Montessori car ils se doutaient qu’un dispositif y était placé pour espionner la bibliothèque. Après avoir du exiger un rendez-vous avec la directrice de l’établissement qui finit par reconnaître la présence de l’engin. Après la sortie des classes, ils parviennent à négocier l’accès au cagibi où se trouvait le dispositif, avant de devoir s’en emparer par la force, se rendant compte que ‘tout le monde’ dans le personnel est au courant de son existence et qu’il était placé là depuis -au moins- la seconde semaine du mois de juillet.

Une fois le boitier récupéré, il est démonté et photographié pour pouvoir récolter plus d’informations à son sujet et partager cette découverte. Les photos peuvent être récupérées dans deux fichiers zip disponibles ici et ici. Le boitier renfermait un grand nombre de matériaux sophistiqués : une caméra dont le zoom était contrôlable à distance, des antennes, du matériel réseau destiné à pouvoir regarder et interagir avec le matériel à distance et en direct.

Les participants de la Bibliothèque Discordia rappelle qu’il est important de partager ce genre d’informations lorsqu’elles se révèlent plutôt que de les cacher.

La caméra contenue dans le boitier.

La caméra contenue dans le boitier.

Alors que plusieurs organisations politiques palestiniennes appellent à une Troisième Intifada qui pourrait bien avoir déjà commencée, des images vidéos prisent à Ramallah, en Cisjordanie occupée montrent plusieurs infiltrés parmi un groupe de jeunes palestiniens qui caillassent des véhicules militaires israéliens. Soudainement, quatre des infiltrés sortent des petits pistolets de leurs poches et ouvrent le feu sans distinctions vers les manifestants pendant que leurs collègues arrêtent violemment un Palestinien.

Au moins trois Palestiniens ont été blessés par balle lors de cette opération, dont un très grievemment.

Des infiltrés parmi les lanceurs de pierre ouvrent le feu dans la foule.

Des infiltrés parmi les lanceurs de pierre ouvrent le feu dans la foule.

Ce 2 octobre l’association « Intel Exit » a bombardé de flyers le ‘Dagger Complex’, une installation de la NSA au sud de Francfort qui héberge notamment le Centre Européen de Cryptologie. Les flyers encourageaient les 1.100 employés qui travaillent dans cette base militaire à quitter leur travail. La base participe à l’espionnage de masse, en utilisant entre autres le programe XKeyScore qui avait été révélé par Edward Snowden.

Intel Exit s’était déjà fait remarqué la semaine d’avant en installant des panneaux publicitaires devant des centres d’espionnages aux USA, les panneaux affichaient des phrases comme « Vous vous sentez complice de la surveillance de masse et de la guerre des drones ? » et « Ecoutez votre coeur, pas des appels téléphoniques », en affichant ensuite une solution « Exit Intelligence » (Sortez de l’espionnage). Les activistes d’Intel Exit avaient également prit en photos des installations de la NSA au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, dans le premier cas la police les attendait et les a ensuite harcelé, dans le second des agents de sécurité les ont forcé à effacer les photos.

Si le message d’Intel Exit peut sembler ironique, il est pourtant accompagné d’un défecteur de la NSA devenu whistleblower, Thomas Drake, et de divers psychologues. Sur le site internet officiel, les espions peuvent utiliser un générateur de lettres de démissions. Intel Exit appelle également ses spectateurs a leur présenter de nouvelles façons d’atteindre les espions.

Un drone bombarde un complexe de la NSA avec des flyers.

Un drone bombarde un complexe de la NSA avec des flyers.

Alain Bauer, criminologue et conseiller en sécurité de Sarkozy et Valls (dont il est parrain du fils…), a été entarté ce 3 octobre en sortant d’un colloque où il s’exprimait sur sa spécialité, l’anti-terrorisme. Le double entartage a été revendiqué sur Indymedia Nantes par le ‘Commando Amour & Chantilly’, qui lui reprochait entre-autres d’être l’un des initiateurs de la répression ce qu’il a lui-même contribué à nommer la ‘mouvance anarcho-autonome’, lors du mouvement répressif contre les inculpés de Tarnac.

Alain Bauer entarté à Nantes.

Alain Bauer entarté à Nantes.

Truecrypt était l’une des applications de chiffrement les plus efficaces et les plus populaires à exister. Pourtant, en mai 2014, les développeurs avaient mis la clé sous le paillasson sans donner de motif à l’abandon de ce logiciel. Cette étrange mise à la retraite avait motivé deux audits indépendants de Truecrypt, le code source a donc été relu par deux boites de sécurité informatique qui n’ont pas trouvé de failles importantes, ni de backdoors. Cette situation vient de changer puisque deux failles critiques (de type ‘élévation de privilège’) ont été trouvé par un chercheur du Projet Zéro (Google).

De nombreuses personnes continuaient à utiliser la dernière version de Trucrypt puisqu’aucune faille n’y avait été découverte. Il est à présent conseillé à ces personnes de changer de programme puisque ces deux failles ne seront pas corrigées dans Truecrypt.

Parmi les nombreux successeurs de Truecrypt, le plus populaire et prometteur semble être Veracrypt, qui a déjà patché les deux failles dans son logiciel.

Les failles ont été patchées par Veracrypt.

Les failles ont été patchées par Veracrypt.

La Ville de Paris va se doter de 165 caméras de vidéosurveillance supplémentaires, qui s’ajouteront aux 1.144 existantes, selon une délibération adoptée ce soir au Conseil de Paris. Ces caméras seront déployées dans des « espaces publics prioritaires » et dans les quartiers de la capitale qui viennent d’être réaménagés: Les Halles (Ier), Paris Rive Gauche (XIIIe), Beaugrenelle (XVe), Clichy-Batignolles (XVIIe), esplanade Nathalie-Sarraute (XVIIIe) et dans le secteur Macdonald (XIXe).

Ces caméras s’ajoutent à celles de la SNCF, de la RATP, des musées, enceintes sportives, etc., si bien que plus de 13.000 caméras peuvent faire l’objet d’un visionnage par la préfecture de police. L’installation des caméras représentera un budget de 5,32 millions d’euros pour la Ville (et plus de six millions pour l’Etat).

Vidéosurveillance à Paris

Vidéosurveillance à Paris

En juillet 2013, au beau milieu des scandales révélés par Edward Snowden, le GCHQ (services de renseignements intérieurs britanniques) se présente au siège de The Guardian, le journal anglais dans lequel étaient publiées toutes les révélations du whistleblower américain à l’époque. Les agents du GCHQ sont venus sur place pour détruire les deux ordinateurs sur lesquels étaient stockés les révélations, le Guardian a finalement accepté (voir l’article que nous avions écrit à l’époque).

En 2014, deux hackers, Mustafa Al-Bassam et Richard Tynan ont visiter les locaux du Guardian pour examiner les restes des deux ordinateurs détruits. Les agents du GCHQ ont détruit chaque endroit où pouvait se trouver de l’information, par le même coup, ils ont révélé tous les endroits où de l’information peut être stockée, mis à part le disque dur. Sur les enregistrements vidéos, on peut voir que des meuleuses, perceuses et des masques sont utilisés, ainsi qu’un démagnétiseur très cher fournit par le GCHQ. Ce que le Guardian avait prit alors pour un pur acte d’autorité serait en fait révélateur. En plus du disque dur, les journalistes ont du détruire les pavés tactiles, les prises d’alimentation, les claviers, les processeurs, les convertisseurs et plus encore dans une opération qui a duré plus de trois heures. Ces manœuvres de destruction ont été standardisées dans un document classifié en 2001 et dévoilées par Wikileaks, elles sont utilisées par les Five Eyes (les services secrets états-uniens, anglais, néo-zélandais, australien et canadien) et censées les protéger contre les « services secrets étrangers, les groupes extrémistes, les journalistes et les criminels ».

Des pièces comme les pavés tactiles des deux Macbook Air détruits peuvent en fait stocker 2Mb d’information, et donc stocker des clés de chiffrement qui peuvent ensuite être uploadées via une mise à jour du firmware. Les services secrets des Five Eyes considèrent donc qu’il est extrêmement difficile d’être certain à 100% qu’un appareil est totalement effacé. S’il était très improbable que les journalistes du Guardian aient stocké des clés de chiffrements dans les pavés tactiles de leur ordinateur, il est en fait assez probable que les agents de renseignements le fassent de leur coté.

Les deux hackers ont demandé à plusieurs marques de PC (comme Dell et HP) s’ils pouvaient développer la façon dont les données sont stockées ailleurs que dans le disque dur, ceux-ci ont refusé de répondre, démontrant à quel point il est difficile de savoir où se trouve les données sur un ordinateur.

Les deux hackers ont présenté le résultat de leurs recherches lors du Chaos Communication Camp il y a quelques semaines, vous pouvez voir la vidéo en anglais ci-dessous.

Un contrôleur d’alimentation détruit lors de l’opération.

Un contrôleur d'alimentation détruit lors de l'opération.