Le gouvernement français a décidé d’alourdir significativement l’arsenal antiterroriste, arguant de la menace djihadiste. Mercredi 9 juillet, le ministre de l’intérieur a présenté en conseil des ministres un projet de loi « renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme ». Le texte allie mesures phares – « interdiction administrative de sortie du territoire » pour les Français qui manifesteraient l’envie de partir combattre en Syrie, création de l’incrimination d’« entreprise individuelle terroriste », renforcement de la répression sur Internet – et mesures plus techniques. Il doit être examiné par les députés de la commission des lois avant la fin juillet. Ce qui était prévu comme quelques dispositions dans un texte global sur la sécurité est devenu un projet à part entière.

Vingt-neuf balles dans une voiture, treize dans une seconde : un expert du FBI a témoigné hier jeudi de l’ampleur du massacre de Bagdad, qui avait fait quatorze morts parmi les civils irakiens en 2007, lors du procès de quatre anciens de la société Blackwater. Ceux-ci comparaissent pour meurtres devant un tribunal fédéral de Washington. Le massacre du 16 septembre 2007, sur la place Nisour de Bagdadavait fait au total 17 morts, des Irakiens non armés, selon l’enquête irakienne (14 selon l’enquête américaine). Dix-huit autres avaient été blessés. Les mercenaires de la société privée Blackwater étaient ce jour-là chargés de protéger un convoi du département d’État. Six d’entre eux avaient déclenché cette tuerie.

Les quatre accusés ont plaidé non coupable. En 2009, un juge américain avait prononcé un non-lieu, car certaines déclarations des accusés juste après la fusillade n’auraient pas dû être utilisées contre eux par le ministère public. Mais deux ans plus tard, une cour d’appel avait rétabli l’inculpation des quatre hommes et le parquet fédéral avait poursuivi l’un d’eux pour assassinat. Un de leurs collègues a plaidé coupable et un autre a bénéficié d’un non-lieu.

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Les bombardements israéliens sur Gaza, qui ont déjà tué 95 Palestiniens, éclipsent la répression qui s’abat depuis le 12 juin sur la Cisjordanie, Jérusalem et la Palestine occupée en 1948. 830 Palestiniens y ont été emprisonnés dans des descentes et des arrestations massives depuis le 12 juin. Il y a maintenant plus de 6000 prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes.

Les attaques et les incursions des occupants dans les villes palestiniennes continuent; 20 Palestiniens ont été victimes de tirs de balles métalliques enrobées de caoutchouc dans le camp de réfugiés d’al-Arroub et plusieurs ont été blessés tôt le 7 juillet quand des soldats ont envahi leur maison. Plusieurs Palestiniens ont subi des tirs à balles réelles à Tulkarem et à al-Khalil (Hébron) au cours de descentes violentes des forces d’occupation. A cela s’ajoutent les exactions des colons: outre le meurtre de l’adolescent brûlé vif le 2 juillet, un colon israélien est passé sur trois ouvriers palestiniens avec sa voiture près de Haïfa le 6 juillet, en tuant deux sur le coup.

Depuis des mois, les accusations de bavure s’enchaînent s’agissant de policiers membres de la zone de Bruxelles-Capitale-Ixelles. Au printemps, le bourgmestre de Bruxelles avait même décidé d’installer des caméras dans les couloirs du commissariat et de modifier les procédures de formation des policiers, en créant des heures de cours de déontologie supplémentaires.

Hier mercredi, deux policiers de la zone de Bruxelles-Capitale et un autre, dépendant de la police fédérale, ont été suspendus. Ils sont accusés d’avoir porté des coups sans raison à un détenu menotté et allongé sur une civière au service des urgences de l’hôpital St-Pierre. Ils avaient en charge son transfert pour raisons médicales. La scène a été filmée à l’insu des policiers. La direction du CHU Saint-Pierre a dénoncé la bavure au parquet de Bruxelles et a joint à sa plainte les images de la présumée bavure. Deux inspecteurs, dont une femme, ont été suspendus par la direction de la police de Bruxelles-Capitale, qui attend les suites de l’instruction pour prendre d’éventuelles sanctions définitives. Un inspecteur de la police fédérale détaché à Bruxelles à l’issue de sa période de formation a également été suspendu.

Lundi matin 7 juillet, au Koweït, s’ouvrait un nouveau procès à l’encontre d’un leader de l’opposition, Musallam al-Barrak. Accusé d’avoir insulté la justice, il a été placé en garde à vue pour 10 jours mercredi dernier, provoquant la colère de ses partisans. Des centaines de personnes ont tenté de se rassembler vers 22h dimanche soir 6 juillet mais très vite, la police koweïtienne les a dispersées à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, avant de poursuivre les manifestants dans les ruelles.

Depuis l’arrestation le 2 juillet de Musallam al-Barrak, ancien syndicaliste et député, les manifestations ont donné lieu chaque soir à des heurts avec la police. Outre la libération de l’opposant le plus populaire du Koweït, c’est une purge du ministère de la Justice que les jeunes manifestants réclament. Musallam al-Barrak est accusé d’insulte à la Cour suprême et à son président. Lors d’un rassemblement le 10 juin, il avait dénoncé l’inaction de la justice et accusé de hauts responsables d’avoir détourné plus de 50 milliards de dollars de fonds publics dans des banques étrangères. Parmi eux, figurent des membres de la famille princière dont l’ancien Premier ministre. Pour appuyer ses propos, il avait diffusé devant des centaines de personnes les extraits de comptes bancaires sur un grand écran. Des accusations corroborées par un autre membre de la famille princière en rivalité dans la succession à l’émir. Musallam al-Barrak fait l’objet de dizaines d’autres poursuites pour insulte ou diffamation, au point qu’il ne peut assister à lui seul à toutes les auditions.

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Le principal dirigeant maoïste du Kerala, Sinoj alias Ramesan, a été tué dans des circonstances troubles. Selon la police, il a été tué le 16 juin dans une explosion accidentelle d’une fabrique clandestine d’explosifs à la frontière de Karnataka-Andhra, et a été enterré par ses camarades.

Sinoj était un personnage très respecté au sein du mouvement maoïste. Il avait été arrêté en juin 2009 à Wayanad, mais avait profité d’une libération sous caution pour rejoindre la clandestinité. Commandant dans la guérilla du PCI(m), Sinoj était un expert dans la science militaire. Il était présent dans le camp maoïste de Subramania dans le nord du Karnataka, lors du raid des forces anti-naxalite en septembre 2012. C’est à une manoeuvre habile de Sinoj que la guérilla a évité une défaite. Il était dernièrement membre du Comité du PCI(m) pour l’état du Kerala.

De nouveaux incidents ont éclaté mercredi 9 juillet entre des grévistes et des policiers. 220 ouvriers appartenant au syndicat de la métallurgie, Numsa, ont cessé le travail il y a neuf jours pour demander des augmentations de salaire. Treize personnes appartenant au syndicat de la métallurgie, Numsa, ont été arrêtées ce mercredi. Ces syndicalistes sont accusés d’avoir mis à sac une petite entreprise dans la région de Rustenberg. Depuis une semaine, des incidents violents ont éclaté un peu partout dans le pays, notamment dans la zone industrielle à l’est de Johannesburg. A chaque fois, des groupes de grévistes s’attaquent à des entreprises pour les obliger à fermer. Au total, 110 syndicalistes ont été arrêtés en une semaine. L’un d’eux avec une arme à feu.

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Suite du feuilleton de cet été sur le site du Secours rouge, qui passe en revue quelques grands éléments de la culture politique anti-répression : causes célèbres, symboles connus, mobilisations historiques, événements fondateurs. Pour cet épisode: La grande évasion de 49 prisonniers politiques, essentiellement du FPMR, de la prison centrale de Santiago du Chili le 30 janvier 1990.

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Malgré le fait que la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a jugé que le ministère de la Sécurité publique n’a pas prouvé qu’il ait été l’instigateur d’actes terroristes, le militant iranien Djaber Kalibi s’est quand même vu ordonner une mesure d’expulsion par le commissaire chargé d’entendre sa cause. Il a donc quitté le Canada pour retourner en France (dont il détient la nationalité), laissant ses deux belles-filles à Montréal où elles poursuivent leurs études. La lutte se poursuit néanmoins pour lui permettre de revenir au Canada et de poursuivre les démarches pour obtenir la résidence permanente. Une demande en ce sens sera bientôt soumise au ministre de l’Immigration qui seul détient désormais le pouvoir de lever l’interdiction de séjour.

Djaber Kalibi est un militant communiste d’origine iranienne, qui a vécu au Canada pendant neuf ans avant d’en être récemment expulsé. En juillet 2013, alors qu’il revenait d’un voyage en France, les autorités lui ont confisqué son passeport et l’ont avisé qu’il était désormais interdit de séjour au Canada. Son « crime » ? Avoir soutenu le renversement du régime islamiste il y a de ça une trentaine d’années, alors qu’il vivait en France. Le délit pour lequel il a été condamné à quatre ans de prison en 1986 étant punissable de plus de 10 années d’emprisonnement s’il avait été commis au Canada, la mesure d’expulsion devenait donc automatique.

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