Le mardi 8 mars, qui marquait la Journée internationale de la femme, plusieurs manifestations ont emprunté les principales avenues de la région métropolitaine de Santiago du Chili. Des affrontements ont opposés les manifestantes aux Carabineros dans le centre-ville, dans le secteur d’Alameda et Morandé. D’autres affrontements ont eu lieu à la même occasion en Colombie, à Medellin. Une manifestation défilant le long de l’Avenida Oriental a été attaquée par les ESMAD, les forces anti-émeutes. Les policiers ont lancés des bombes assourdissantes pour disperser la marche.

Mais les affrontements les plus nombreux et les plus violents (des dizaines de blessées) ont eu lieu au Mexique. Il y a eu des heurts dans les villes de Mexico, Oaxaca, Michoacan, Morelia, Guadalajara, Tlaxcala et Puebla. Dans la capitale, où ont défilé plus de 20000 femmes, les autorités avaient mis en place un dispositif de sécurité composé de 1 700 femmes policiers et ont érigé une vaste clôture métallique autour du Palais national du Mexique pour le protéger des manifestantes. C’est là que les affrontements ont commencé, lors des tentatives des manifestants de rompre les clôtures pour s’approcher du palais présidentiel.

 

Les habitants installés dans une propriété du quartier Totumo de Necoclí (Antioquia) ont occupés le 1er mars la route qui relie la municipalité à Turbo en signe de protestation contre la décision d’un juge de restitution des terres d’expulser 142 familles qui y vivent. Les manifestants ont bloqué la route à l’aide de bâtons, de pierres, de pneus et de feux, et leur résistance a amené à la suspension de l’opération. Les policiers se sont réfugiés dans le commissariat de Totumo. Le jugement de la Chambre civile spécialisée dans la restitution des terres de la Haute Cour d’Antioquia du 20 mai 2019 a ordonné la remise des 40 hectares à un propriétaire  qui a dû abandonner ses terres en raison des menaces des guérillas. Les occupants revendiquent le droit d’y vivre, car ils affirment que le terrain a été acquis légalement et qu’ils sont là depuis 30 ans.

La Cour suprême du Pérou a confirmé mercredi la condamnation à perpétuité prononcée par un tribunal national à l’encontre des dirigeants du Parti Communiste du Pérou dit « Sentier lumineux », dont son président Abimael Guzman, est décédé en septembre de l’année dernière après avoir été emprisonné pendant près de trois décennies (voir notre article). La décision a été prise par la Chambre pénale permanente de la Cour suprême pour le délit de « terrorisme aggravé », en référence à l’attaque à la voiture piégée qui, en 1992, a fait 25 morts et 155 blessés dans le quartier chic de Miraflores, à Lima. La sentence concerne Elena Yparraguirre, Óscar Ramírez, María Pantoja, Laura Zambrano, Florentino Cerón, Florindo Flores, Edmundo Cox, Osmán Morote et Margot Liendo.

Le jugement a confirmé que les condamnés devront payer une réparation civile et a déclaré nul et non avenu l’acquittement pour trafic illicite de stupéfiants, ordonnant qu’un nouveau procès pour cette accusation ait lieu « dès que possible ». La condamnation à perpétuité de la direction du PCP-SL avait été prononcée en septembre 2018 par l’Audience nationale pénale (voir notre article). Toutefois, ce tribunal a acquitté les accusés du délit de trafic illicite de stupéfiants pour financer leurs activités, une décision dont le bureau du procureur a annoncé qu’il ferait appel.

Au procès de 2018

 

Des manifestants masqués ont érigés des barricades sur les artères devant l’Universidad del Valle, au sud de la ville de Cali. Un blocage a eu lieu à l’angle de la Calle 5 et de la Carrera 94, à la hauteur de Meléndez. La circulation sur la route de Pasoancho a aussi été bloquée pendant une grande partie de l’après-midi de vendredi. Les manifestants ont affronté la polices avec des grenades artisanales. Les forces antiémeutes (Esmad) et la police métropolitaine a fini par reprendre le contrôle.

La police a affronté vendredi des manifestants antifascistes masqués et cagoulés devant un hôtel accueillant une réunion internationale d’organisations d’extrême droite. Cette réunion de représentants du parti espagnol Vox et de groupes d’extrême droite de Colombie, du Pérou, de Cuba, du Venezuela et du Chili, a attiré une contre manifestation. Les antifas ont jeté des pierres et des poubelles sur l’hôtel accueillant le « Forum de Madrid », se heurtant à la police anti-émeute postée à l’extérieur qui a tiré des grenades assourdissantes. De nombreuses vitres de l’hôtel ont été brisées et la police a arrêté plusieurs manifestants. Un des thèmes déclarés du Forum de Madrid était précisément de « lutter contre le communisme » en Amérique latine.

 

Une nouvelle journée de protestations a eu lieu hier vendredi à Santiago, dans le secteur de la Plaza Baquedano, où la circulation a été déviée et les stations de métro fermées. Parmi les incidents, l’attaque, par un groupe de manifestants cagoulés, d’un commerce, l’Antigua Fuente, dont le propriétaire avait utiliser pistolet à air comprimé pour tirer des plombs sur une précédente manifestation. Les manifestants ont aussi érigé des barricades et affronté la police.

Le commerce ciblé

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Vendredi a vu une nouvelle journée de manifestations et d’affrontements à Santiago, sur la Plaza Italia et ses environs, comme souvent depuis la flambée de contestation sociale d’octobre 2019. Les manifestants se sont rassemblés sous des banderoles exigeant la libération des « prisonniers de la révolte », d’autres se référant au projet de loi d’amnistie en cours de discussion au Congrès et au deuxième anniversaire de la mort de Jorge Mora, alias « Neco », écrasé par un camion des Carabiniers. Des affrontements ont eu lieu. Deux bus ont été incendiés à Pudahuel: des manifestants cagoulés, ont forcé les passagers et les conducteurs des deux engins à descendre, puis y ont mis le feu. Deux personnes ont été arrêtées.

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La demande d’asile de Peter Krauth et Thomas Walter a été reconnue par la CONARE, la commission vénézuélienne pour les réfugiés. Les deux internationalistes recherchés en Allemagne pour « terrorisme » ont ainsi droit à un droit de séjour illimité au Venezuela. Pour la première fois depuis leur fuite d’Allemagne en 1995, ils peuvent désormais vivre sans être arrêtés et extradés vers l’Allemagne. un troisième accusé, Bernd Heidbreder, était décédé en mai 2021 (voir notre article). Les trois internationalistes étaient recherchés pour leur appartenance au groupe K.O.M.I.T.E.E. qui a incendié en 1994 un bâtiment de l’armée allemande en raison du soutien par l’Allemagne de la guerre menée par la Turquie contre les Kurdes. En 1995, une patrouille de police avait surpris plusieurs militants du groupe en train de placer 120kg d’explosif dans un centre de détention pour sans-papier en construction à Berlin-Grünau. Ces actions auraient être prescrits en 2016, mais une manœuvre du parquet fédéral a porté leur délai de prescription à 40 ans.

Peter Krauth et Thomas Walter ont déclaré: « On peut considérer comme un peu de justice historique le fait que ce soient nous qui, justement, avons lutté dans les années 90 pour le droit d’asile des réfugiés du Tricontinent, bénéficions maintenant nous-mêmes de ce droit dans le Tricontinent. Nous l’apprécions. Et en tant que personnes concernées, qui ont vécu pendant des décennies l’absence de droits et l’insécurité permanente que les sans-papiers subissent quotidiennement partout dans le monde, nous voulons profiter de l’annonce de notre propre sécurité acquise pour lancer un appel passionné à tous ceux qui ont le privilège de vivre à l’intérieur de la forteresse Europe : défendez ceux qui fuient des gouvernements tyranniques de quelque couleur que ce soit, des persécutions en raison de leur différence ou tout simplement des conditions insupportables, et qui cherchent protection auprès de vous ! N’oubliez jamais que la prospérité européenne repose en grande partie sur la misère d’autres régions du monde. Prenez fait et cause pour les plus faibles ! Engagez-vous pour le droit de rester pour tous! »

 

En novembre 2020, une bombe explose dans le commissariat de Talca. En mai 2021, dans le cadre d’une grande opération policière diligentée par un des parquets de la région de Santiago, qui, entre autres, supervise toutes les affaires d’explosions à caractère terroriste, la police a réussi à capturer Luis et Ignacio Avaca (voir notre article). Les deux anarchistes – des frères jumeaux – ont été amené à la prison de Talca, puis transférés à Rancagua. Les deux frère ont obtenu une procédure pénale abrégée, dans le cadre de la loi antiterroriste, c’est-à-dire à assumer leur responsabilité en échange d’une peine convenue avec le Parquet. C’est ainsi qu’ils ont assumé la responsabilité de l’action et obtenu d’être condamnés à 3 ans, une peine qu’ils continueront à purger sous forme de régime de restriction de liberté à l’extérieur.

L’arrestation des frères Avaca

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Euclides España, connu sous le pseudonyme de Jhonier, un des principaux commandants des FARC dissidentes qui avait refusé les termes du l’accord de 2016, a été tué dans une opération menée par l’armée avec l’appui de la police dans la municipalité de Tacueyo, dans le département du Cauca. Le gouvernement colombien avait promis une récompense de 755.000 dollars (environ 667.000 euros) à qui permettrait de localiser Jhonier, qui était également recherché par les Etats-Unis. Environ 5.000 combattants ont rejeté l’accord de paix signé en novembre 2016, qui a conduit au désarmement d’environ 13.000 guérilleros.

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