La plainte collective de parents d’adolescents violentés par la police à la suite de la manifestation du 24 janvier dernier à Bruxelles (voir notre article) n’a pas été acceptée par le juge d’instruction mardi. Le juge d’instruction, saisi à la suite d’une première plainte déposée avec constitution de partie civile, a estimé qu’il devait être saisi par le procureur du roi en ce qui concerne les autres plaintes. Il ne les a donc pas actées mardi, a expliqué mercredi Me Patricia Van Der Smissen, conseil de parents d’adolescents victimes. « Nous demandons donc maintenant au procureur du roi de recevoir ces nouvelles plaintes et de confier l’enquête au même juge d’instruction », a-t-elle ajouté. « Nous refusons de déposer plainte séparément. La balle est dans le camp du procureur du roi », a pour sa part expliqué Me Selma Benkhelifa, représentant d’autres parents dans cette affaire.

Arrestations le 24 janvier

La police fédérale a mené ce matin environ 200 perquisitions, dont une vingtaine renforcée avec les unités spéciales, visant le crime organisé lors d’une intervention coordonnée au plus haut niveau policier et judiciaire. On dénombrerait au moins 10 arrestations. Dans le viseur : des utilisateurs de téléphones sécurisés de la marque SKY ECC. Le prix annuel d’une licence pour l’un de leurs appareils est affiché à €2.200. Il s’agit d’un concurrent d’EncroChat dont les téléphones avaient été hackés par les polices françaises et néerlandaises (voir notre article), ce qui donne une piste sur les méthodes utilisées par la police belge. L’enquête durait depuis fin 2019, sous la direction des parquets fédéral et anversois et a mobilisé les enquêteurs de la Computer Crime Unit.

Ces méthodes posent des questions légales puisque les preuves ont été recueillies massivement sur bases de suspicions liées à l’utilisation d’un moyen de communication sécurisée afin d’y rechercher des actes potentiellement délictueux, ce qui pourrait rendre les éléments irrecevables en justice.

Ces affaires ont fait connaître médiatiquement les sociétés de « cryptophones », qui proposent des smartphones soi-disant sécurisés pour des abonnements aux prix mirobolants. Comme l’affaire Encrochat l’avait démontré, ce genre de scénario offre une surface d’attaque très large à la police (code-source fermé, accès physique possible aux serveurs, pressions directes sur les employés ou directeurs de ces sociétés, etc.)

La protection des communications vue par SKY ECC

La protection des communications vue par SKY ECC

En réaction à la gestion catastrophique de l’épidémie de COVID-19 par les autorités belges, plusieurs actions et cortèges de braises ont eu lieu à Liège depuis novembre 2020. Trois cortèges ont été violemment réprimés – avant, pendant ou après – par la police : nasse et identification de centaines de personnes sur le pont de St Léonard, intimidations et arrestations préventives, humiliations et vices de procédure au commissariat, ouvertures d’enquêtes, visites à domiciles et convocations, transactions pénales (250 euros à payer pour éviter un procès), …. et tout cela pour une simple présence à une manifestation. Ce sont plus ou moins 400 personnes qui pourraient recevoir une telle amende de 250 euros, soit un total de 100 000 euros !

Une cagnotte de solidarité a été lancée pour récolter ces 100 000 euros: voir ici
– Si les autorités optent classent sans suite ces transactions pénales et les poursuites judiciaires, une partie l’argent récolté sera consacré aux frais déjà encourus, et la quasi entièreté à soutenir ceux et celles qui devraient l’être depuis le départ, les personnes pour qui et avec qui nous nous solidarisons (personnes sans abri, sans papiers, travailleuses du sexe, mères isolées…).
– Si la logique répressive perdure, l’argent sera consacré à soutenir les personnes les plus fragilisées par cette répression.

Un groupe de parents de mineurs arrêtés par la police le 24 janvier dernier, à la manifestation contre la justice de classe, et quelques adultes également arrêtés se sont constitués partie civile mardi. Ils souhaitent que les agents qui ont procédé aux arrestations soient identifiés et punis pour leur comportement ce jour-là. Il s’agit de 10 familles se présentant comme co-victimes dans un dossier ouvert initialement par Alexandre Pycke. Son fils Simon, âgé de 16 ans, avait été arrêté le 24 janvier alors que la police évacuait les alentours de la Gare Centrale à Bruxelles, procédant aux arrestations de 245 personnes. Ce père est désormais le porte-parole du Collectif des parents contre les violences policières du 24 janvier, et a introduit cette plainte pour éviter que le dossier ne soit classé sans suite. Le Comité P a reçu 16 plaintes visant le comportement des agents ce jour-là. Le centre interfédéral pour l’égalité des chances Unia s’est aussi constitué partie civile.

Arrestations le 24 janvier

Mercredi 3 mars vers 7h45, des policiers ont investi le premier étage de l’Hôtel Flambeau, un squat accueillant des personnes transmigrantes. Ils ont demandé à ce qu’on leur indique la chambre d’un occupant, située au premier étage, afin d’y effectuer une perquisition. Devant le refus des occupant·es, les policiers ont menacé de fouiller l’ensemble du bâtiment. Les occupant·es ont donc finalement obtempéré. L’occupant visé par la perquisition a été arrêté près de la région d’Anvers et est accusé de « trafic d’êtres humains ». Comme il avait sur lui la clé de l’Hôtel, les agents ont pu rentrer facilement. D’après Getting the voice out, ces dernières semaines, plus d’une centaine de personnes transmigrantes ont été arrêtées sous prétexte qu’ils se livreraient à du trafic d’êtres humaines. Cette accusation vise en réalité des personnes qui s’entraident pour passer les frontières (par exemple : un migrant qui ferme la porte d’un camion dans lesquels d’autres migrants se sont introduits). Plus d’infos ici.

l'Hotel Flambeau

l’Hôtel Flambeau

Dimanche 28 février, à Bruxelles, une action a eu lieu en soutien à la militante féministe Khitam Saafin, ainsi qu’à tou·te·s les prisonnier·es incarcéré·es par le régime israélien. Une banderole a été déployée devant l’ambassade israélienne et ses soldats, et la façade a été taguée de messages « BDS ». Khitam Saafin est la présidente de l’Union des comités de femmes palestiniennes. Elle a été condamnée par une cour militaire israélienne à 4 mois de détention administrative après avoir été arrêtée avec 6 autres militant·es palestinien·nes le 2 novembre dernier (voir notre article). Ce n’était pas la première fois ; elle avait déjà été arrêtée par les forces d’occupation israélienne en 2017 et condamnée à 3 mois de détention administrative (voir notre article). Plus d’infos ici.

Action de solidarité avec Khitam Saafin, prisonnière féministe palestinienne

Action de solidarité avec Khitam Saafin, prisonnière féministe palestinienne

Une cinquième ouverture de bâtiment vient d’avoir lieu dans le cadre de la Campagne de Réquisitions Solidaires. Plus de 200 personnes viennent d’investir l’ancien Hospice Pacheco, appartenant au CPAS de Bruxelles-ville et vide depuis 4 ans. Le bâtiment est situé rue du Grand Hospice 7, 1000 Bruxelles. La campagne appelle a un soutien devant le bâtiment.

21h20: L’ensemble des personnes arrêtées (38) administrativement ont été libérées. Il y aurait 2 ou 3 arrestations judiciaires.
20h50: Une quarantaine de personnes auraient été arrêtées. Après contrôle des identités et photos, elles sont actuellement relâchées au fur et à mesure.
19h45: Arrestations en cours.
19h30: Un certain nombre de personnes ont réussi à sortir du bâtiment.
19h10: La police est entrée en nombre par l’arrière du bâtiment.et commence à embarquer les occupants.
19h05: La brigade canine est arrivée en renfort et s’est mise en place devant les portes du bâtiment.
18h15: Un fourgon de police est arrivé sur les lieux.
18h05: La police vient d’arriver devant le bâtiment.
18h: Une manifestation de soutien se rassemble devant le bâtiment.

Ancien Hospice Pacheco - Campagne de Réquisitions Solidaires

Comparitech a publié une étude analysant et classant ce que font 96 pays de la biométrie. Chaque pays a été noté sur 31 points au total. Les scores faibles indiquent une utilisation extensive et invasive de la biométrie et/ou de la surveillance, et un score élevé signifie qu’il existe de meilleures restrictions et des réglementations. La Chine occupe la première place de ce classement et serait donc le pire pays en matière d’usage et de protection des données. La Belgique est classée onzième. Une position moyenne : la Belgique use effectivement de données biométriques de façon limitée, mais cet usage se fait en l’absence d’une loi protégeant la confidentialité des données.

Ainsi l’existence des passeports biométriques, mais aussi bientôt de cartes d’identité qui seront flanquées d’une empreinte digitale. Plus de 53.000 de ces nouvelles cartes ont été délivrées en 2020. La protection juridique contre la collecte des données biométriques (notamment via le RGPD) limite les risques d’atteinte aux droits fondamentaux des individus, mais le recours à la reconnaissance faciale n’est pas interdit. Une expérience a été menée à l’aéroport de Zaventem, qui a été temporairement stoppée par l’Organe de contrôle de l’information policière non en raison des risques pour le respect de la vie privée des individus, mais en raison de l’absence de base légale adéquate. Les services de police ont affirmé étudier cet avis pour pouvoir y répondre, sous-entendant qu’ils souhaitent avoir recours à cette technologie. Voir ici l’étude comparative

Le passeport belge biométrique

Quarante-six personnes sans papiers, dont 17 enfants, risquent d’être expulsées d’un bâtiment appartenant à la FGTB, dans le quartier du Sablon à Bruxelles. La FGTB a introduit une requête unilatérale et obtenu une ordonnance d’expulsion et les habitant·es ont reçu la signification d’expulsion mardi, les sommant de quitter les lieux dans les huit jours. Pour justifier cette expulsion , la FGTB avance comme argument ’la nécessité absolue’ car la vente du bâtiment est imminente. Il y a effectivement un compromis de vente signé avec la société immobilière Citadel, qui a le projet de faire des appartements de luxe. Les habitant·es souhaitent rester dans les bâtiment jusqu’en juin afin d’y passer l’hiver et d’éviter de se retrouver dans la rue alors que l’épidémie de Coronavirus fait toujours rage.