Blouse de protection, masque à gaz, lunettes, voilà comment était équipée une cinquantaine de sympathisants d’Extinction Rébellion venue interpeller le préfet devant la préfecture des Bouches-du-Rhône à Marseille, le 10 avril. Ils alertent sur la situation de la décharge illégale de Saint-Chamas (photo), et demandent le retrait des 13 000 tonnes de déchets encore présent sur place depuis l’incendie qui a eu lieu fin 2021. Quelques minutes après le début du rassemblement, les forces de l’ordre sont intervenues et ont interpellé 14 personnes, pour participation à une manifestation avec le visage dissimulé, indique la préfecture de police.

Le 26 décembre 2021, un énorme incendie s’était déclaré sur le site d’une décharge illégale à Saint-Chamas. Il avait duré six semaines et des moyens importants avaient été déployés. Depuis, des monticules de matériaux brulés reposent toujours sur cet entrepôt. Des pneus, du bois, plastique jonchent le sol. Au total, 12 800 tonnes, dont l’évacuation est estimée à 3 millions d’euros. Entre le 11 décembre 2023 et le 5 janvier 2024, 1 200 tonnes ont été retirées, représentant 8% de la surface totale. Initialement, le site était destiné au tri des déchets, mais le site avait accumulé en toute illégalité près de 30 000 m³ de déchets d’activité économique.

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Après l’expulsion de Firaz Korkmaz,le 29 mars et Mehmet Kopal, le 9 avril (voir nos articles ici et ici), un troisième militant kurde est sur le point de se faire expulser. Le matin du 12 avril, Serhat Gültekin, un réfugié et militant kurde de 27 ans, a été emmené dans un centre de détention à l’aéroport de Paris, en France. Il devrait être expulsé vers la Turquie, où il risque une lourde peine de prison. Serhat Gültekin aurait demandé la protection de la France, invoquant les persécutions subies en Turquie pour ses activités politiques. Après un premier rejet de sa demande d’asile, une nouvelle demande avait été déposée lui délivrant une attestation de demandeur d’asile le 27 novembre 2023. Un mois plus tard, Serhat Gültekin reçoit une obligation de quitter le territoire français, au motif qu’il n’aurait pas demandé de titre de séjour.

Le 25 février, deux militants kurdes, Firaz Korkmaz et Mehmet Kopal, étaient arrêtés à Strasbourg, au cours d’une manifestation devant le Conseil de l’Europe en soutien à Abdullah Öcalan.Les deux militants, enfermés en Centre de Rétention, se sont vu notifier une obligation de quitter le territoire alors que les deux sont menacés d’emprisonnement et de torture en Turquie. Le 29 mars Firaz Korkmaz a été expulsé vers l’État turc et arrêté directement. Des heurts avaient eu lieu à l’aéroport lors de son expulsion (voir article ici). Ce mercredi 9 avril, la France a finalement expulsé Mehmet Kopal qui, lui aussi, a été immédiatement arrêté par la police turque.

Ce lundi 8 avril, 17 personnes ont été arrêtées en Normandie et Ile de France dans une opération menée par la Sous-Direction-Anti-Terroriste. Une partie d’entre elles a été emmenée dans les locaux de Levallois-Perret. Ces arrestations font suite à la campagne d’actions contre Lafarge et le monde du béton initiée par plus de 200 organisations écologistes, syndicales, luttes locales contre l’artificialisation des terres et comités locaux des Soulèvements de la terre. Cette campagne avait mobilisé des milliers de personnes et abouti du 9 au 12 décembre 2023 à une cinquantaine d’actions simultanées. Des occupations, blocages, happenings, rassemblements, désarmements sur des dizaines de sites Lafarge et autres centrales à béton sont survenus majoritairement en France mais aussi en Suisse, en Belgique ou en Allemagne. La vague d’arrestations d’aujourd’hui vise l’intervention, durant une dizaine de minutes, d’une centaine de personnes sur un site Lafarge à Val-de-Reuil avec de la peinture et de la mousse expansive. Déjà trois rassemblements de soutien sont organisés : à Rouen mardi à 18h devant le palais de justice ainsi qu’à Levallois-Perret devant les locaux de la SDAT et à Caen devant la préfecture. Un appel est lancé à des rassemblements et des manifestations de soutien partout en France et dans le monde.

 

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Mercredi 3 avril, le conseil de ministres a prononcé en France la dissolution de la Défense Collective (DefCo), un collectif rennais qui lutte contre la répression et vient en aide aux personnes inquiétées par la justice. Le soir même, la préfecture d’Ille-et-Vilaine a pris un arrêté pour interdire tout rassemblement. Même chose hier jeudi soir, mais cette fois, une centaine de manifestants se sont rassemblé place Saint-Anne, pour protester contre la dissolution. Les nombreuses forces de l’ordre déployées dans le centre-ville ont empêché tout regroupement (photo). Certains ont tenté de déployer une banderole, d’autres d’improviser une prise de parole. À chaque fois, CRS et gendarmes mobiles ont dispersé la foule. Dix interpellations. Vingt-six personnes ont refusé de décliner leur identité lors d’un contrôle, elles ont été conduites au commissariat.

 

Les 5 et 20 juin derniers, des centaines de policiers et gendarmes investissent appartements, maisons et villages aux quatre coins de la France. 35 personnes sont perquisitionnées et placées en garde à vue : les unes dans le cadre d’une instruction judiciaire pour l’occupation de l’usine Lafarge de Bouc-Bel-Air le 10 décembre 2022 (photo), les autres dans celui d’une procédure lancée suite à la manifestation du 25 mars à Sainte-Soline contre les méga-bassines. De nouvelles arrestations ont eu lieu le 28 novembre dans l’affaire Bouc-Bel-Air, menées de nouveau par la Sous-Direction-Anti-Terroriste. Ces deux nouvelles mises en examen s’ajoutent aux deux autres de juillet dernier. Ce 5 avril à partir de 9H30 aura lieu au tribunal d’Aix-en-Provence l’audience en vue de la mise en examen de deux personnes arrêtées au début de l’été dernier dans le cadre de l’affaire Lafarge. Un appel à un rassemblement au tribunal a été lancé pour ce jour là.

Alors que la répression syndicale et militante prend une ampleur inédite en France depuis le mouvement contre la réforme des retraites, un ensemble de syndicats concernés par la répression ont décidé d’appeler à une première réunion de coordination pour s’organiser face à la répression patronale. En décembre, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, alertait sur une répression d’ampleur avec plus de 1 000 syndicalistes poursuivis en justice, dont 400 énergéticiens et 17 secrétaires généraux (voir notre article). Et cette répression se poursuit. Jeudi dernier, un an de prison avec sursis était requis à l’encontre du secrétaire de l’UD CGT 59, jugé pour « apologie du terrorisme » à la suite d’un tract en soutien à la Palestine. Quelques jours auparavant, suite à la convocation de Nicolas, travailleur chez Safran au Havre, accusé de « harcèlement » envers sa direction, près de 300 personnes se sont rassemblées sur le site de Safran pour dénoncer la répression patronale.

Pour riposter à cette offensive, plus d’une dizaine de syndicats dont la CGT Roissy, Sud Rail Alsace, la CGT Total Energies Normandie, FO Fnac Paris, ou encore Sud Aérien, tous concernés par la répression, appellent à une première réunion de coordination pour ne pas se contenter d’une défense individuelle et isolée. Cette première réunion de coordination aura le 7 avril. Pour s’y inscrire et connaître les modalités de participation, envoyer un mail à stoprepressionsyndicale@gmail.com

Le gouvernement français a demandé aux autorités belges une contribution militaire à la sécurisation des Jeux olympiques de Paris. La Défense belge a étudié la participation et conclu qu’une contribution est envisageable dans le cadre du Plan opérations 2024. Les militaires belges seraient surtout appelés à mener des missions dans le domaine de la recherche et de la neutralisation d’engins explosifs (la Défense belge dispose d’une expertise particulière dans le domaine du déminage terrestre et naval).  Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront du 26 juillet au 11 août, suivis des Jeux paralympiques, organisés du 28 août au 8 septembre. Cette annonce arrive après l’annonce d’une contribution de militaires polonais à la sécurisation de ces JO (voir notre article).

 

Le militant kurde Firaz Kokmaz, 24 ans, en situation irrégulière en France depuis 4 ans, faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) et devait être escorté par l’Unité nationale d’éloignement (Unesi) jusqu’à son vol vers Istanbul. Une manifestation a eu lieu dans l’aéroport pour tenter d’empêcher cette expulsion. Parmi les manifestants, des proches, des sympathisants à la cause kurde, des représentants du Conseil démocratique kurde en France et quatre élus communistes. L’opposition à l’expulsion a tourné à l’affrontement près du local des policiers avant de se propager à l’aérogare. Le mouvement de soutien contestait cette expulsion en raison des risques d’emprisonnement et de torture auxquels le militant allait être confronté à son retour. Firaz a finalement été conduit de force à bord et a en effet été incarcéré dès son arrivée sur le sol turc.

Pour assurer la sécurité des JO de Paris, 17 000 agents de sécurité privés seront mobilisés, de même que 45 000 policiers et gendarmes. Le ministère des Armées sera également sollicité, avec environ 20 000 soldats de l’armée de Terre. Et c’est sans compter sur l’appui que fournira l’armée de l’Air & de l’Espace pour sécuriser l’espace aérien. Même la Marine nationale mettra en oeuvre des navires hauturiers et des aéronefs pour assurer une première couche de protection au large. Ce dispositif a-t-il été jugé insuffisant ? Aujourd’hui 28 mars, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, le ministre polonais de la Défense, a déclaré que « Les forces armées polonaises rejoindront la coalition internationale mise en place par la France pour soutenir les préparatifs et la sécurité des Jeux olympiques d’été de 2024. Une task force composée de nos soldats, dont des maîtres-chiens, sera envoyée à Paris. Sa mission principale consistera à mener des activités liées à la détection d’explosifs et à la lutte contre les menaces terroristes ».