À l’approche des élections générales qui auront lieu l’année prochaine en Turquie, la coalition islamo-nationaliste au pouvoir multiplie les arrestations au sein des élus et dirigeants du Parti démocratique des Peuples (HDP) dans le but d’affaiblir le parti. Mercredi, un raid policier contre le HDP a conduit ce mercredi matin à l’arrestation de 9 personnes dans la province de Mersin, en Turquie, dont les coprésidents des antennes du parti dans les districts d’Akdeniz, de Yenisehir et de Toroslar. Le parquet général de Mersin a ordonné l’arrestation de douze personnes. Parmi les personnes arrêtées ce mercredi matin, figurent les coprésidents et plusieurs administrateurs des antennes du HDP des districts d’Akdeniz, de Yenisehir et de Toroslar. Elles sont accusées de « propagande pour une organisation terroriste ».

 

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La grande opération d’occupation et de ratissages anti-guérilla lancée au Kurdistan irakien par l’armée turque le 15 avril se heurtent à des difficultés importantes. La guérilla kurde a produit plusieurs vidéos montrant ses combattantes et combattantes infliger des pertes aux unités turques, avec des actions de sniper, des tirs de missile et des embuscades (voir ici ou ici). Les combats sont particulièrement acharnés dans la zone de Medya. Pour atteindre les guérilleros dans les grottes et anfractuosités, les militaires turcs font un usage de plus en plus larges d’armes chimiques interdites par les conventions internationales. Les 7, 8 et 9 décembre, les positions kurdes dans la zone de résistance de Çemço ont ainsi été attaquées avec des armes chimiques des dizaines de fois.

Combattants du PKK munis de masque à gaz

Le demandeur d’asile kurde Mahmut Tat, qui a migré en Suède en 2015, était un membre actif du Parti démocratique des peuples (HDP). Il a été jugé et condamné à six ans et dix mois de prison en Turquie il y a sept ans. « Le terrorisme est mentionné à de nombreuses reprises tout au long de votre dossier. Le PKK est également une organisation terroriste pour nous. La République de Turquie vous a jugé équitablement. Vous êtes une menace pour notre pays et vous ne pouvez pas rester ici », lui ont déclaré les institutions suédoises. Le 22 novembre, elles l’ont placé en détention, puis l’ont emmené au centre de détention de Märsta le 1er décembre, d’où il a été transféré en Turquie.

L’extradition de Tat vers la Turquie a eu lieu au milieu des négociations de l’OTAN entre la Turquie, la Suède et la Finlande. Après l’invasion de l’Ukraine, les deux pays scandinaves ont demandé à adhérer à l’OTAN. Toutefois, Erdoğan avait déclaré qu’il gèlerait le processus d’adhésion si les deux pays ne prenaient pas de mesures contre l’exil politique kurde. Le nouveau Premier ministre suédois, qui s’est récemment rendu à Ankara, a promis de respecter toutes les obligations que son pays a contractées envers la Turquie, notamment l’extradition de dissidents, en échange de l’approbation de la candidature de son pays à l’OTAN. Le parlement suédois a également annoncé un vote le 16 novembre sur des amendements constitutionnels qui pourraient conduire à un renforcement des lois antiterroristes, une autre étape vers le respect des exigences de la Turquie. La Suède accueille une diaspora kurde dont les estimations varient entre 85 000 et 100 000 personnes, soit 1% de la population suédoise.

Les bombardements turcs sur le Rojava se poursuivent, les tirs d’artillerie lourde sur les villages frontaliers s’ajoutant aux raids aériens. En riposte, des roquettes ont été tirées par dessus la frontière et la base de la police turque du district d’Öncüpınar (province de Kilis), a été attaquée. Plusieurs membres des forces de répression ont été tués dans l’attaque. Les combats sont aussi durs dans le canton occupé d’Afrin ou 5 membres de la guérilla kurdes et 7 militaires et policiers turcs ont été tués. Les appels à des manifestations de solidarité se multiplient (voir ici l’appel de riseup4rojava).

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La Turquie a lancé une vague d’attaques aériennes sur le Rojava à 22h00 heure locale samedi soir. Les autorités autonomes kurdes font jusqu’ici état d’au moins 29 morts – 11 civils, 15 soldats syriens, deux gardiens d’un silos de blé et un combattant kurde, mais les pertes pourraient être plus graves. Les frappes ont visé principalement la ville de Kobané (nord) et ses environs, près de la frontière turque, notamment des silos à grains près d’Al-Malikiyah (nord-est) et une centrale électrique située dans une zone sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS).

De nombreuses manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes pour dénoncer les bombardements turcs et la provocation des services secrets turcs voulant faire passer le PKK pour responsable de l’attentat d’Istanbul. A Hambourg, les forces de police ont attaqué la manifestation parce qu’on y brandissait des drapeaux YPG et YPJ dont l’interdiction fait en Allemagne l’objet de nombreux procès (avec des décisions en sens divers).

Vingt-deux membres de l’Association des avocats progressistes (ÇHD) et du Bureau juridique du peuple (HHB) ont été condamnés à différentes peines de prison par la 18e chambre de la cour d’assises d’Istanbul, lors de l’audience tenue vendredi dans le complexe pénitentiaire de Silivri. Le tribunal a indiqué que sa décision pouvait faire l’objet d’un recours, non pas auprès de la Cour régionale de justice, mais auprès de la Cour de cassation. Les avocats ont été condamnés aux peines suivantes :
Selçuk Kozağaçlı : 12 ans de prison pour « participation à une organisation terroriste », plus 1 an pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».
Barkın Timtik : 12 ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » et 9 ans et 8 mois pour « propagande ».
Oya Aslan : 10 ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » et 6 ans pour « propagande ».
Taylan Tanay, Betül Vangölü Kozağaçlı, Güçlü Sevimli et Gülvin Aydın : 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». L’annonce du verdict pour « propagande » a été reportée.
Güray Dağ, Efkan Bolaç, Serkan Arıkanoğlu, Mümin Özgür Gider, Metin Narin, Sevgi Sönmez, Alper Tunga Saral, Rahim Yılmaz et Selda Yılmaz : 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ».
Özgür Yılmaz : 1 an de prison pour « propagande », Özgür Yılmaz faisant déjà l’objet d’une condamnation définitive pour « participation à une organisation terroriste », ce chef d’accusation a été abandonné dans cette affaire.
Şükriye Erden : L’annonce du verdict pour « propagande » a été reportée. Şükriye Erden ayant déjà été condamnée pour « participation à une organisation terroriste », cette charge a été abandonnée dans ce procès).
Naciye Demir : L’annonce du verdict pour « propagande » a été reportée.
Les dossiers des accusés Zeki Rüzgar et Günay Dağ ont été dissociés.
Les charges contre Ebru Timtik, avocate décédée en prison en août 2020, après 238 jours de grève de la faim, ont été abandonnées.

L’affaire ÇHD consiste en deux affaires distinctes qui ont été fusionnées. Après le premier procès devant la 37e chambre de la cour d’assises d’Istanbul, la Cour de cassation a annulé les verdicts prononcés à l’encontre de quatre avocats. Elle a confirmé en revanche les condamnation prononcées contre les autres avocats: Özgür Yılmaz, 13 ans et 6 mois de prison ; Behiç Aşçı, 12 ans ; Şükriye Erden, 12 ans ; Engin Gökoğlu, 10 ans et 6 mois ; Aytaç Ünsal, 10 ans et 6 mois ; Süleyman Gökten, 10 ans et 6 mois ; Aycan Çiçek, 9 ans ; Naciye Demir, 9 ans. Le tribunal local avait condamné Ezgi Çakır, avocate des accusés, à 8 ans de prison. La Cour de cassation a jugé que Çakır aurait dû être condamnée pour avoir « aidé sciemment et volontairement l’organisation. » 

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Hier mardi à La Haye, une manifestation a eu lieu pour dénoncer l’utilisation par la Turquie d’armes chimiques au Kurdistan irakien. Les manifestant exigeaient que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye, enquête et cette utilisation. Certains manifestants avaient revêtu des combinaisons de protection blanches. Des centaines de manifestants ont marché dans le centre de la ville de La Haye mais à la fin de la manifestation, certains ont voulu marcher vers l’ambassade de Turquie. L’unité mobile de la police est alors brutalement intervenue, avec de la cavalerie et des chiens. Cela a provoqué un dur affrontement, certains manifestants ont été blessés, ayant été battus ou écrasés par des chevaux. Douze personnes ont été arrêtées pour violence contre la police.

 

Le leader kurde Abdullah Öcalan s’est vu imposer une nouvelle interdiction de visite de six mois, après que l’interdiction de visite imposée le 13 avril ait pris fin le 18 octobre. Après le 18 octobre, les avocats du leader kurde, qui avaient demandé à rendre visite à leur client au juge d’exécution des peines de Bursa, ont été informés qu’il n’y avait « aucune interdiction de visite ». Mais le 26 octobre, ils n’ont pas pu rendre visite à leur client, le juge ayant déclaré qu’Öcalan avait reçu une nouvelle interdiction de visite de six mois, qui est devenue définitive le 21 octobre. Les avocats ont annoncé qu’ils feraient appel et demandent à rencontrer le leader kurde deux fois par semaine. Cependant, leurs demandes sont systématiquement laissées sans réponse. Dans certains cas, ce sont des mois plus tard que les avocats apprennent que des mesures disciplinaires ont été prises contre Öcalan.

Ce jeudi matin, 20 octobre, environ 200 personnes se sont rassemblées pour dénoncer l’emploi d’armes chimiques par l’armée turque contre la guérilla au Kurdistan irakien. Les personnes se sont fait nasser place du Luxembourg, près de la Commission européenne. Les forces de l’ordre ont utilisé matraques et gaz lacrymogènes. Au moins une personne a été blessée.

Récemment, des vidéos ont commencé à circuler montrant l’agonie de combattant.es kurdes suites aux attaques aux armes chimiques utilisées par l’armée turque. Depuis plusieurs années, le mouvement kurde dénonce l’utilisation de ces armes chimiques dans les régions du Kurdistan irakien où sont situées les guérillas kurdes. Malgré les preuves d’utilisation d’armes chimiques, l’OPCW (l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) est toujours restée silencieuse face à ces attaques.

 

Le Parlement turc a adopté jeudi soir une loi sur la désinformation à l’approche des élections générales de juin 2023, prévoyant jusqu’à trois ans de prison pour la divulgation “d’informations fausses ou trompeuses”. Outre les journaux, radios, télévisions, la loi vise les réseaux sociaux et les sites internet auxquels il sera demandé de dénoncer et de livrer les informations personnelles de leurs usagers accusés de propagation de fausses nouvelles. Débattus depuis début octobre, les 40 articles du texte adoptés jeudi soir, officiellement baptisé “loi sur la presse”, ont fait l’objet de nombreux amendements déposés (en vain) par l’opposition qui dénonce pour sa part une loi de censure. L’article 29, en particulier, prévoit des peines de prison de un à trois ans pour “propagation d’informations fausses ou trompeuses contraires à la sécurité intérieure et extérieure du pays et susceptibles de porter atteinte à la santé publique, de troubler l’ordre public, de répandre la peur ou la panique au sein de la population”. Ce texte avait été déposé en mai par les députés AKP, le parti du président Erdogan, qui briguera un nouveau mandat en juin 2023.