Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Mercredi 9 avril, une étude du «Défenseur des droits» dénonce une «politique institutionnelle» menée en région parisienne afin d’évincer les jeunes issus de l’immigration et des milieux populaires de l’espace public. Plusieurs commissariats les considèrent comme «indésirables». Une chercheuse co-autrice du rapport, Magda Boutros, a repéré la consigne «évincer les indésirables» dans un rapport d’enquête. De 2013 à 2015, les policiers ont sélectionné, quotidiennement, dans un logiciel : «Perturbateurs – indésirables» comme motif d’intervention. Les personnes qualifiées d’«indésirables» sont majoritairement des hommes jeunes originaires de l’immigration, principalement subsaharienne et nord-africaine. Sans incivilité ou délit, la police procède à des contrôles d’identité qui ont pour but de les faire disparaître de l’espace public. Dans les rapports de ces interventions ont pourra lire : «Nous sommes en présence d’une dizaine d’indésirables, rien à signaler». Ces pratiques mènent à des situations de harcèlement policier et renforcent l’exclusion sociale.

Début avril, un étudiant de l’école d’ingénieurs INSA Toulouse a été convoqué par la police dans le cadre d’une enquête sur le mouvement de solidarité avec la Palestine sur le campus. Plusieurs organisations, dont le Secours Rouge, ont publié un communiqué pour dénoncer la situation : lire la déclaration unitaire

 

Dix prisonniers révolutionnaires sont en grève de la faim illimitée dans les prisons turques pour dénoncer l’isolement carcéral (en particulier dans les prisons de type S, Y et R), les transferts forcés et exiger de meilleures conditions de détention. De nombreuses actions sont organisées partout en Europe pour les soutenir, notamment des grèves de la faim de personnes solidaires.

• Sercan Ahmet Arslan : en grève de la faim depuis le 18/10/2024
• Serkan Onur Yılmaz : en grève de la faim depuis le 09/12/2024
• Mulla Zincir : en grève de la faim depuis le 12/12/2024
• Bakican Işık : en grève de la faim depuis le 18/12/2024
• Yurdagül Gümüş : en grève de la faim depuis le 30/12/2024
• Mithat Öztürk : en grève de la faim depuis le 11/02/2025
• Hasan Ali Akgün : en grève de la faim depuis le 17/02/2025
• Ali Aracı : en grève de la faim depuis le 17/02/2025
• Ayberk Demirdöğen : en grève de la faim depuis le 10/03/2025
• Fikret Akar : en grève de la faim depuis le 29/03/2025

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: ,

La police a fait usage, à plusieurs reprises, mardi soir, de canons à eau et de gaz lacrymogènes lors d’une manifestation pro-palestinienne devant l’ambassade d’Israël à Bruxelles. Environ 300 personnes étaient présentes et ont condamné les actes de violence et les bombardements d’Israël sur Gaza. Ils ont également demandé une réponse internationale plus énergique pour mettre fin au génocide. L’atmosphère était tendue, en voyant l’important dispositif policier mis en place autour de l’ambassade, ils ont scandé des slogans tels que « Police Complice ».  Peu avant la mobilisation, la police a procédé à des contrôles d’identité aux abords de l’ambassade et dans les transports en commun qui mènaient au lieu de rassemblement. A 19h15, les manifestants se sont dirigés vers le Bois de la Cambre, où un cordon de police et les canons à eau les attendaient. Les manifestants ont alors bloqué la route et tenté d’allumer un feu sur la chaussée. Les protestataires ont tenté de franchir la ligne de maintien des forces de l’ordre, ces derniers ont riposté avec des gaz lacrymogènes et utilisé les canons à eau pour les disperser. Une charge violente de la police a mis fin au rassemblement vers 19h45. Un manifestant souffre d’une blessure importante à la jambe.

Ce mercredi 9 avril, condamnation de 5 militants d’Extinction Rébellion pour “dégradation ou détérioration de bien d’autrui commise en réunion”, une action qui s’est déroulée le 10 janvier. Les militants avaient aspergé de peinture des SUV et la porte d’un garage pour dénoncer l’impact environnemental de ces voitures, les SUV sont la deuxième plus grosse source de pollution derrière l’aviation civile. Des tags avaient été inscrits, on pouvait y lire: “Plus gros, plus dangereux, plus polluants”, ou “pollution de riches”. Durant leurs gardes à vue, tous ont gardé le silence, trois d’entre eux continueront de faire pendant l’audience. Un autre a refusé que la police prélève son ADN, ce qui lui vaut un chef d’inculpation supplémentaire. Ils ont été condamnés à 1 500 euros d’amende dont 1 000 avec sursis et à 2 000 euros d’amende dont 1 000 avec sursis pour celui qui a refusé le prélèvement ADN.

Pour pouvoir lutter contre la surpopulation carcérale, la ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) veut transférer les détenus en situation irrégulière vers des centres fermés de l’Office des étrangers (OE). On dénombre plus de 13.000 détenus dans les prisons belges pour une capacité maximale de 11.000 places, une surpopulation carcérale inacceptable, l’ÉTat belge a été condamnée à plusieurs reprises pour cela (voir notre article). Un détenu sur trois n’est pas détenteur d’un permis de séjour légal en Belgique. Le gouvernement fédéral planche sur des transferts pénitentiaires à l’étranger, le Kosovo est cité, mais, il veut aussi faire appel aux centres fermés, des accords sont en cours d’élaboration. Ceux-ci peuvent accueillir 515 personnes, une capacité qui sera augmentée de 400 places supplémentaires dans les années à venir. Le gouvernement veut pouvoir expulser les détenus en situation irrégulière. L’Office des étrangers souligne que les centres fermés ne constituent pas une solution de rechange à la prison, «dans un centre fermé, ne peut être placée en rétention administrative, que les personnes en attente d’un rapatriement. Cette période est limitée à quatre mois maximum».

Mercredi 9 avril, les autorités israéliennes ont arrêté Raja Eghbarieh à son domicile à Umm al-Fahm ce matin. Cela fait suite à une manifestation contre le genocide à Gaza, qui s’est déroulée samedi à l’entrée de la ville. Principal leader du mouvement de la gauche palestinienne « Abna Al Balad » dans les territoires de 48, il a été arrêté et emprisonné à de nombreuses reprises ( voir article ici )

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Rexhino Abazaj, dit Gino, poursuivi pour sa participation présumée à une manifestation contre l’extrême droite à Budapest en février 2023, ne sera pas extradé. Ce mercredi 9 avril, la justice française a rejeté la demande hongroise, elle pointe les risques de traitements inhumains et les atteintes aux droits fondamentaux. Dès sa sortie de la salle d’audience, Gino fait état de son soulagement alors que la centaine de ses soutiens l’acclame. Visiblement ému, il rappelle qu’il a encore des camarades italiens et allemands qui sont recherchés par le régime de Viktor Orbán. Il appelle aussi à ne pas oublier les autres militants poursuivis, notamment Maja, antifa non-binaire emprisonnée en Hongrie dans des conditions très difficiles et lui dédie cette victoire (voir notre article). En refusant d’extrader Gino vers la Hongrie, la justice française envoie un signal fort, cette décision pourrait faire jurisprudence pour d’autres militants poursuivis à travers l’Europe pour leurs engagements antifascistes.

Afin, de repérer les éléments de langage des fonctionnaires hostiles à Trump et Musk, le Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE) utilise l’IA (Intelligence artificielle). Le Département a « massivement » utilisé le chatbot Grok AI de Musk dans le cadre de son travail de réduction des effectifs de l’administration fédérale. Le DOGE a recours à l’application Signal pour assurer ses communications, ce qui pourrait violer les règles fédérales sur la tenue de dossiers, car les messages peuvent être configurés pour disparaître après un certain temps. L’utilisation de l’IA et de Signal renforce les inquiétudes, le Département opère avec une transparence limitée et Elon Musk ou l’administration Trump pourraient utiliser les informations recueillies pour promouvoir leurs propres intérêts ou pour s’en prendre à des cibles politiques.

À l’Agence de protection de l’environnement (EPA), certains responsables ont été informés que l’équipe de Musk déployait l’IA pour surveiller les travailleurs, en analysant leurs éléments de langage dans les communications considérées comme hostiles à Trump ou à Musk. L’EPA, qui applique des lois telles que le Clean Air Act (diminution du smog et de pollution de l’air en général ) et œuvre à la protection de l’environnement, fait l’objet d’un examen minutieux. Le DOGE utilise aussi l’IA pour surveiller les applications et les logiciels de communication, notamment Microsoft Teams, qui est largement utilisé pour les appels et les chats virtuels.

Le DOGE est décrit par Musk comme une technologique qui vise à rendre le gouvernement fédéral américain plus « efficace » en ciblant le gaspillage, la fraude et les abus. Les Démocrates affirment que Musk et Trump purgent le gouvernement des fonctionnaires non partisans et installent des fonctionnaires loyaux qui fermeraient les yeux sur la corruption. De nombreux républicains et indépendants critiquent également les actions du DOGE.

Ce mardi 8 avril, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Christian Tein, qui contestait sa détention provisoire en métropole. Il a été arrêté et incarcéré au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin) depuis juin 2024 (voir article ici). Christian Tein est mis en examen pour sept chefs d’accusation : complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme et participation à une association de malfaiteurs lors du soulèvement en Kanaky en 2024 (article ici). En octobre, la Cour de cassation avait annulé une première décision de placement en détention dans l’hexagone, suite au recours à sa comparution par visioconférence et la tenue des débats à huis clos (notre article ici). Lors de sa parution devant la chambre criminelle de la Cour de cassation, mardi 8 avril, l’avocat général a demandé le rejet du pourvoi, il estime que le recours à la visioconférence était justifié par un « risque grave de troubles à l’ordre public », et que la procédure n’avait pas porté atteinte aux droits de la défense. Christian Tein a toujours nié avoir appelé à commettre des violences et se présente comme un « prisonnier politique ».