Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Dans un communiqué publié le 21 novembre 2025, les Éditions du Bout de la Ville dénoncent le transfert punitif de Moben, auteur et prisonnier, vers le nouveau quartier de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe (QLCO) après la parution de Mange ta peine, un livre de cuisine décrivant aussi la réalité de l’isolement carcéral (voir ici). Bien que l’ouvrage ait été réalisé via des échanges téléphoniques légaux, l’administration pénitentiaire lui reproche d’avoir contourné le contrôle et l’a aussitôt placé à l’isolement avant son transfert, officiellement justifié par des « risques d’évasion ». Ce transfert va priver Moben de contacts directs avec ses proches et aggrave ses conditions de détention, alors qu’il est en fin de peine. L’éditeur dénonce une décision politique liée à la campagne du gouvernement pour promouvoir les nouveaux quartiers de haute sécurité (voir notre article).

En visite à la prison de La Santé le 21 novembre 2025, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé le plan « zéro portable en prison », inspiré de la législation antimafia italienne et testé dans six établissements avant une généralisation nationale. Doté de 29 millions d’euros, le dispositif prévoit scanners, portiques à ondes, brouilleurs, couverture des cours de promenade et le recrutement de mille agents pénitentiaires pour rendre les prisons « étanches » aux téléphones. Cette offensive s’inscrit dans un durcissement sécuritaire plus large, justifié par la « guerre contre le narcotrafic » et accompagné de projets de prisons de haute sécurité, de création d’une police pénitentiaire et d’opérations répressives accrues (voir notre article).

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Après un nouveau report, le grand procès de Dresde contre sept militant·es antifascistes s’ouvre le 25 novembre 2025 devant la Cour régionale supérieure. L’affaire combine deux volets majeurs de la répression actuelle : d’une part, des accusations liées au « complexe de Budapest », après des affrontements ayant blessé des néonazis en marge d’un rassemblement fasciste à Budapest en janvier 2023, qui ont déjà conduit à une chasse internationale et à de lourdes condamnations, comme celle de la militante Hanna à cinq ans de prison (voir notre article). D’autre part, les prévenus sont accusés d’agressions dans plusieurs villes de Saxe et de Thuringe. Au cœur du dossier se trouve l’utilisation de l’article 129 du code pénal allemand sur la « criminalité organisée », instrument régulièrement utilisé pour criminaliser la gauche révolutionnaire, auquel s’ajoutent des charges comme blessures graves, dégradations ou vol, et même des accusations de tentative de meurtre déjà rejetées dans un précédent procès. Avec 132 audiences prévues jusqu’à l’été 2027, ce procès contre Johann, Paul, Henry, Tobias, Thomas, Melissa et Julian s’annonce comme l’un des plus vastes menés contre des antifascistes depuis des décennies.

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Après l’assassinat de Mehdi Kessaci à Marseille, le gouvernement a durci son discours sécuritaire en qualifiant le narcotrafic de menace « équivalente au terrorisme ». Les ministres de la Justice et de l’Intérieur, respectivement Darmanin et Nuñez, ont annoncé une série de mesures : envoi de renforts supplémentaires de magistrats et de greffiers, intensification des opérations policières dans les quartiers populaires, multiplication des perquisitions en prison — notamment aux Baumettes — et promesse de « nettoyer » les établissements pénitentiaires déjà surpeuplés. Le gouvernement prévoit aussi une hausse massive des extraditions de trafiquants à l’étranger, l’ouverture de nouvelles prisons de haute sécurité, ainsi que le lancement, le 1er janvier, d’un Parquet national anticriminalité organisée (PNACO) doté de moyens renforcés. Le PS a appuyé cette offensive sécuritaire en appelant à une « mobilisation nationale » et à un débat parlementaire sur le narcotrafic. L’ensemble s’inscrit dans un virage répressif accéléré, justifié par la construction du « narcotrafic » comme nouvel ennemi intérieur (voir notre article).

Pour la troisième journée consécutive, l’Université Cheikh Anta Diop est le théâtre de violents affrontements entre étudiants et forces de sécurité, alors que la colère monte face au non-paiement des bourses. Dès l’aube, le campus s’est de nouveau transformé en champ de bataille : tirs massifs de gaz lacrymogènes par les Forces de défense et de sécurité (FDS), barrages, jets de projectiles et regroupements déterminés d’étudiants.

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Le 19 novembre 2025, le Tribunal constitutionnel allemand a jugé illégale la perquisition menée en janvier 2023 contre Radio Dreyeckland à Freiburg, estimant qu’elle portait atteinte à la liberté de la presse et de diffusion. L’opération visait des journalistes ainsi que les locaux de la station après la publication d’une brève contenant un lien vers un ancien archivage public de la plateforme contestataire linksunten.indymedia, que le parquet présentait comme une « soutien à une organisation interdite ». Les perquisitions, fondées sur des soupçons jugés trop vagues, avaient permis la saisie de matériel et illustré la manière dont un média critique peut devenir la cible de la répression.

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Les 14 et 15 novembre, des actions coordonnées ont été menées dans plusieurs villes européennes pour soutenir les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim contre l’isolement dans les prisons de type puits en Turquie (voir notre article), alors que les états de santé d’Ayberk Demirdögen, en grève depuis 250 jours, et ceux de Serkan Onur Yilmaz et Fikret Akar, également en grève depuis de nombreux mois, sont très critiques. Des rassemblements ont eu lieu devant les ambassades et consulats de Turquie à Bruxelles, Athènes, Paris, Marseille, Cologne, Vienne et Londres, ainsi qu’une action de tractage et un sit-in à Göteborg, témoignant d’une solidarité croissante face au risque imminent pour la vie des grévistes de la faim.

Le procès de Daniela Klette, ex-membre présumée de la Fraction Armée Rouge (RAF), a connu un tournant inattendu lorsque le tribunal de Verden a accepté la demande du parquet d’abandonner cinq chefs d’accusation, faute de témoignages fiables après des décennies. Cette décision pourrait avancer la fin du procès au printemps 2026, alors que des audiences étaient initialement prévues jusqu’à l’automne de la même année. Depuis mars 2025, Klette est jugée pour une série d’attaques commises entre 1999 et 2016, mais l’accusation reconnaît que des témoins âgés ou malades ne peuvent plus se souvenir clairement des faits, et que leurs souvenirs sont parfois influencés par des médias ou d’autres témoignages.

Cette réduction des charges vise aussi à accélérer la procédure, car de nouvelles poursuites devraient être engagées en 2026. La justice fédérale prépare en effet un second procès, cette fois pour des actions attribuées à la RAF au début des années 1990, dont des attaques contre l’ambassade américaine à Bonn, la prison de Weiterstadt et un centre informatique de la Deutsche Bank. Ce nouveau procès est attendu à l’automne 2026.

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SELDA, une organisation d’anciens prisonniers politiques de la dictature Marcos, dénonce la décision récente de la Cour suprême des États-Unis autorisant le gouvernement philippin à prendre le contrôle de 40 millions de dollars de fonds mal acquis de Marcos, déposés chez Merrill Lynch sous le nom d’une société écran panaméenne. Bien que la justice américaine et philippine ait déjà reconnu l’origine frauduleuse de ces avoirs, les victimes de la loi martiale — qui avaient remporté en 1992 un procès civil de 2 milliards de dollars contre la famille Marcos — voient dans ce jugement un nouveau revers. Le porte-parole de SELDA, Bonifacio Ilagan, accuse l’administration Marcos Jr. de vouloir verrouiller l’accès à ces fonds et d’alimenter un schéma inquiétant d’effacement des affaires de corruption visant le clan. Évoquant la torture, les disparitions et les décennies de quête de justice, il rappelle que ces sommes représentent plus que des chiffres : elles incarnent des vies brisées. Malgré la décision américaine, SELDA affirme qu’elle poursuivra son combat pour la réparation et la responsabilisation des auteurs des violations sous la loi martiale.

La soirée d’hier co-organisée à Saint-Gilles par le PCP, School of the revolution, C3, l’UPB et notre Secours rouge autour de la projection de To kill a war machine a été l’occasion pour l’assistance d’une cinquantaine de personnes de répondre à l’appel des proches de Palestine Action à écrire à leurs prisonnier·es (photo). Nous relayons ici les informations pour continuer à répondre à cet appel : Adresses et conseils