Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Mercredi 4 septembre, à la veille du 3ème anniversaire de la prise de pouvoir par la junte, une manifestation spontanée a éclaté au au rond-point T8 de Conakry, donnant lieu à des affrontements avec la police. Une femme qui circulait à bord d’une taxi urbain a été touchée par une balle policière et a succombé à ses blessures. Le lendemain, une autre manifestation anti-junte, cette fois-ci prévue, a elle-aussi donné lieu à des affrontements. Mamadou Lamarana Cissé, un jeune de 17 ans y a été tué d’une balle dans la tête alors qu’il fuyait la gendarmerie.

Plusieurs personnes tuées par les forces de l'ordre durant une manifestation contre la junte

Plusieurs personnes tuées par les forces de l’ordre durant une manifestation contre la junte

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Aujourd’hui, 8 septembre 2024, la Central Reserve Police Force (CRPF – agence chargée de la lutte contre l’insurrection Naxaliste) a annoncé qu’elle déployait 4 bataillons (159, 218, 214 et 22ème) dans l’État de Chhattisgarh pour lancer une vaste opération contre la guérilla maoiste. Ces bataillons (comportant chacun environ 1000 agents) proviennent d’autres théâtres où la situation est jugée plus sûre par les autorités. Trois d’entre-eux ont ainsi été retiré du Jharkhand et un du Bihar. Les opérations se dérouleront dans la région de Bastar, à environ 450-500 kilomètres au sud de Raipur.

Combattants maoïstes

La nuit du jeudi 5 au vendredi 6 septembre, onze civils ont été tués, onze autres personnes ont été blessés lors d’une attaque aérienne attribuée à la junte birmane dans la ville de Namkham (État Shan au Myanmar), près de la frontière chinoise. La junte, au pouvoir depuis le coup d’État de 2021, est régulièrement accusée d’être à l’origine de bains de sang lors d’opérations aériennes et terrestres visant à punir des civils soupçonnés de soutenir l’opposition. Mardi, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, avait menacé de lancer des «contre-attaques» visant ses adversaires accusés d’utiliser «des bâtiments administratifs et des civils innocents comme boucliers humains».

Les combattants du TNLA (Ta’ang National Libération Army) ont revendiqué le contrôle de Namkham, ville stratégique située à cinq kilomètres de la frontière avec la province chinoise du Yunnan. L’État Shan est le théâtre de combats intenses entre la junte et ses adversaires, l‘armée a perdu des pans entiers de territoire près de la frontière avec la Chine, au profit d’une alliance de groupes armés de minorités ethniques et des « Forces de défense du peuple » (FDP) qui luttent pour renverser le gouvernement militaire issu du coup d’État. Ces groupes se sont emparés d’un commandement militaire régional et ont pris le contrôle de points de passage frontaliers.

La junte affronte une opposition armée généralisée, elle a annoncé ce 2 septembre que les trois principaux groupes armés issus de minorités ethniques combattant l’armée dans l’État Shan avaient été officiellement classés organisations « terroristes » et ceux qui les soutiennent ou sont en contact sont désormais passible de poursuites judiciaires.

Samedi matin, Amsterdam, les activistes d’Extinction Rebellion (XR) se sont enchaînés aux grilles du tunnel menant à l’entrée du Rijksmuseum. Les militants pour le climat ont déployé vers 8h30 deux grandes banderoles demandant au musée de « Dire non à ING » (Banque Internationale Nederlanden Groep) et « No art on a dead planet » (Pas d’art sur une planète morte). Les activistes protestent contre le sponsoring du musée par la banque ING, un des plus gros moteur de la crise climatique. Selon un porte-parole d’XR: « En acceptant de l’argent d’ING, le musée offre à ce gros pollueur l’occasion de dissimuler son aspect sale derrière des chefs-d’œuvre de l’histoire néerlandaise. Il faut que cela cesse ».

La police néerlandaise a d’abord demandé aux activistes de se déplacer pour mener leur action à un autre endroit, sur la Museumplein, les manifestants ont refusé de bouger. Les forces de l’ordre ont donc entrepris de briser les liens utilisés par les activistes pour s’enchaîner. Une vingtaine de militants ont été interpellées.

La répression des personnes soutenant la Palestine et opposées au génocide à Gaza continue de sévir en Europe. Voici des exemples récents qui se sont déroulés en France :

Jeudi 5 septembre, Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation dont elle a été témoin a été perquisitionnée et placée en garde à vue. La raison de cette arrestation ? Elle s’était opposée à la tenue à Paris, du Salon de l’immobilier Israélien (qui propose entre-autre à la vente des biens dans la partie de la Palestine occupée suite à la guerre de 6 six jours). Elle a été libérée le lendemain. On ignore s’il y aura des suites à cette procédure.

En avril, un agent de sécurité lui avait confisqué un drapeau palestinien lors d’un match de football auquel assistait Emmanuel Macron. Elle voulait lui remettre un témoignage collectif rédigé par plusieurs médecins sur les horreurs de Gaza et lui faire part de l’urgence d’un cessez-le-feu.

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n'a cessé de dénoncer les crimes de l'armée d'occupation

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation

 

La répression n’est pas que policière, mais peut aussi être administrative et/ou sociale : 

Benoît Huou, professeur de mathématique à la Toulouse School of Economics a été suspendu à titre conservatoire après avoir appelé au boycott d’Israël. Il avait évoqué, dans un de ses cours du 3 septembre, un courrier de lecteurs de la revue « The Lancet » qui évaluait, au début de juillet, à 186 000 le nombre de Palestiniens assassinés par l’armée israélienne.

« La situation n’a pas commencé le 7 octobre, et il est malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement est le Hamas », avait poursuivi Benoît Huou, appelant au boycott d’Israël. « Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé le 7 octobre, mais rien, absolument rien ne justifie de massacrer une population civile comme c’est en train de se passer », a ajouté l’enseignant tout en dénonçant le soutien tacite du gouvernement français. Ces déclarations lui ont valu une suspension à titre conservatoire dès le lendemain.

Sylvie Retailleau, ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a personnellement demandé à ce que des sanctions soient prises.

L’armée belge (appelée « La Défense ») vient de lancer une vaste campagne pour recruter 4500 personnes pour 2025. Elle recherche 2500 militaires (1250 soldats et matelots, 950 sous-officiers et 300 officiers) tandis que 1050 postes (dont certains à temps partiel) seront ouverts aux réservistes. Surtout, en 2025, la Défense engagera 960 civils (tels que des experts IT ou en ressources humaines), un record pour cette législature. Cette campagne de recrutement est dans l’air du temps, puisque les armées de l’OTAN prévoient d’augmenter sensiblement leurs effectifs (voir notre article). Notons que malgré ses multiples campagnes de recrutement au fil des ans, l’armée n’a toujours pas réussi à combler son important nombre de postes vacants.

Soldats de l'armée belge (La Défense)

Soldats de l’armée belge (La Défense)

Ce 6 septembre, à la demande du parquet général, le tribunal pénal d’Izmir a décidé d’interdire et de confisquer tous les livres «Les filles de Kobani: L’histoire de la rébellion – Courage et justice» écrit par la journaliste-auteure américaine Gayle Tzemach Lemmon en 2016. Le livre contient des souvenirs, des récits des femmes qui luttent contre l’Etat islamique (DAECH / ISIS) à Kobané et «La couleur pourpre de la politique kurde» compilé par Gültan Kisanak (voir article ici) en 2018, recueil d’écrits de vingt-deux femmes politiques kurdes emprisonnées en Turquie. Il explore les défis personnels et collectifs auxquels sont confrontées les femmes kurdes dans un système patriarcal et anti-kurde ainsi que leurs convictions politiques inspirées des mouvements anticapitalistes et socialistes en Turquie. Les 2 livres ont été saisis le 6 octobre 2023 lors de l’arrestation et de la perquisition au domicile Berna Çelik ancienne coprésidente provinciale d’Izmir du Parti démocratique des peuples (HDP). Selon le bureau du procureur «Il est entendu que les livres contiennent de la propagande terroriste de l’organisation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)».

Le tribunal a ordonné le rappel de tous les livres vendus jusqu’à présent. La culture Kurde est plus que jamais dans le collimateur du gouvernement turc.

Le 7 octobre prochain, le tribunal d’application des peines tiendra audience à Lannemezan pour statuer sur la demande de libération conditionnelle (assortie d’une expulsion) déposée il y a plus d’un an par l’avocat de Georges Abdallah. Cette audience décisive actera, à quelques jours près, les 40 années de détention. 40 années de détention après une condamnation prononcée à la suite d’un montage politico-policier et un premier avocat trahissant son client en œuvrant pour les services secrets, 40 années de détention malgré la fin de sa peine de sûreté il y a 25 ans, 40 années de détention alors que par deux fois ses demandes de libération ont été acceptées en première instance… puis rejetées sur appel du parquet aux ordres du pouvoir. Georges Abdallah a déjà déposé neuf demandes de libération. La dernière, datant de 2012, ayant été acceptée… sous condition de la signature par le ministre de l’Intérieur d’un arrêté d’expulsion, ce que E. Valls (comme ses successeurs) a refusé de faire.

La campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah a lancé un appel pour un mois international d’action, du 7 septembre au 7 octobre, appel co-signé par le Secours Rouge International.

Un groupe de militants et Greta Thunberg ont été arrêtés mercredi 4 septembre après avoir occupé un bâtiment de l’université de Copenhague pour appeler au boycott des universités israéliennes. La militante plus connue pour son engagement envers la planète est apparue alors qu’elle était escortée par la police à la sortie de l’occupation portant un keffieh sur les épaules.  La police accuse les étudiants d’avoir forcé l’entrée du bâtiment et d’en avoir bloqué les accès. Greta Thunberg a publié sur Instagram des photos de la police anti-émeute entrant dans un bâtiment où le groupe « Les Etudiants contre l’occupation » manifestait.

Le collectif  « Les Etudiants contre l’occupation » s’est exprimé sur Instagram: « Pendant que la situation en Palestine se dégrade, l’université de Copenhague continue de coopérer avec les institutions académiques en Israël . Nous occupons  les locaux de l’administration centrale de l’université avec une demande : un boycott académique tout de suite ». Des mouvements pro-palestiniens ont mis en place des occupations dans des universités aux Etats-Unis et en Europe depuis le printemps pour protester contre les bombardements de Gaza et l’occupation des territoires palestiniens.

Au moins 6 personnes ont été arrêtées dont Greta Thunberg.

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Mercredi 4 septembre, des affrontements ont eu lieu en Argentine entre les forces de sécurité et les retraités soutenus par des organisations sociales de gauche lors d’une manifestation pour rejeter le veto total du président Javier Milei, veto qui affecte directement l’augmentation des retraites pourtant récemment votée par le Congrès de la nation. À 15h00, le gouvernement a mis en place une grande opération de police pour faire respecter le protocole anti-manifestation. La situation à proximité du Congrès est devenue tendue, les forces de sécurité ont essayé de contenir les manifestants alors qu’ils poursuivaient leur marche vers la Plaza de Mayo. Les premiers affrontements ont commencé vers 16h00, des bousculades, des poursuites et des matraquages ont eu lieu lorsque les manifestants ont essayé de franchir le cordon de police. Les forces de l’ordre ont alors tenté d’évacuer les rues, donnant des coups de boucliers et de bâtons, des manifestants se sont défendus à coups de pancartes, d’autres ont mis le feu à un conteneur au milieu des affrontements, la police a répondu par des lancés de gaz lacrymogènes.

La répression de la manifestation a fait 27 blessés dont 8 journalistes, 2 personnes ont été hospitalisées.