Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris s’est prononcée mardi 23 pour le maintien en détention de Julien Coupat, incarcéré depuis la mi-novembre dans l’enquête sur des dégradations contre des lignes SNCF. La présidente Brigitte Bliecq a maintenu dans son arrêt les effets du référé-détention pris par le parquet de Paris pour bloquer la remise en liberté de Julien Coupat, estimant que la mise en oeuvre de cette procédure d’urgence pouvait se justifier dans ce dossier. Cette remise en liberté avait été ordonnée par un juge des libertés et de la détention (JLD) à la suite d’une demande déposée par l’avocate du mis en examen, à l’issue d’un interrogatoire devant le juge d’instruction chargé de l’enquête le 12 décembre.

Hier, Yldune Levy, également incarcérée dans cette affaire, a vu sa demande de remise en liberté rejetée, au motif qu’elle n’a pas encore été entendue par le juge d’instruction chargé du dossier.

Interview de l’avocate de Julien Coupat à Libération

Vendredi 20, un symposium était organisé à Bruxelles par les facultés de Droit pénal des universités de Leuven et Maastricht et par le comité T pour réévaluer les lois anti-terroristes actuelles. La rencontre (nous citons): ‘a mis en évidence les risques des violations de libertés civiques causées selon ces lois, bien que leur efficacité spécifique soit dans le doute.‘ Plusieurs orateurs étrangers et belges ont exprimé la critique de ces lois et leur exécution, y compris leur manque d’efficacité. Pendant le symposium, l’ancien numéro 2 du Ministère de la Justice, Claude Debrulle a demandé une révision des lois composant une législation anti-terroriste extrêmement vague et peu claire en Belgique, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne ou en France. Claude Debrulle a vécu la genèse de lois anti-terroristes et leur incorporation à la structure d’Union Européenne après l’attaque du 9/11 aux Etats-Unis et aussi leur incorporation dans la loi belge. A ce moment-là, il avait déjà exprimé la critique des dangers de cette législation et ses abus possibles. Après ses propositions, Marc Verwhilgen, l’ancien Ministre de la Justice a essayé de le priver de ses pouvoirs mais le Conseil d’Etat avait annulé cette décision.

Jeudi 19, les travailleurs du magasin Carrefour de Gosselies (Charleroi) se sont mis en grève pour protester contre le licenciement qu’ils trouvent abusif, de la responsable des ressources humaines. Pour le personnel, la faute de la responsable des ressources humaines s’explique par le manque de clarté au niveau des heures prestées. Pour le travail du dimanche, le personnel a soit un forfait de prestation de 4 heures ou de 8 heures. Le 2 novembre dernier, la personne licenciée a fait 6h30 et a donc renseigné le forfait de 8 heures avec l’accord du directeur du magasin. A la suite de ce constat, la direction a décidé de licencier pour faute grave la responsable des ressources humaines et ce, après 35 ans de carrière. Le personnel ne pouvait accepter cette situation et s’est mis en grève jusqu’à la réintégration de la personne licenciée. Ce mardi 23 au matin, la direction de Carrefour a envoyé un huissier pour menacer d’astreinte les travailleurs qui composaient le piquet de grève. Celui-ci a du être levé, mais la grève continue.

Grève au Carrefour de Gosselies

Grève au Carrefour de Gosselies

Le juge Ismael Brun a envoyé hier en prison, Arkaitz Landaberea et Julen Etxaniz, tandis qu’il laissait en liberté June Vilarrubia. Ils avaient tous trois été arrêtés mardi sous le soupçon de faire du renseignement pour ETA. June a qualifié d »enfer’ authentique les journées où elle est restée dans des mains de la Garde Civile.

June Vilarrubia a indiqué que pendant le temps où elle est restée isolée, les gardes civils lui ont fait ‘la bourse’ (sac plastique sur la tête) à de maintes reprises, et qu’elle s’est évanouie plusieurs fois pendant la pratique de la torture. De même, les gardes civils qui l’ont maintenu captive pendant les deux premiers jours l’ont complètement dévêtue et pratiqué des attouchements sur ses seins et ailleurs. La jeune citoyenne basque a aussi expliqué qu’ils l’ont tirée d’un côté à l’autre d’une pièce par les cheveux. Les gardes civils qui l’interrogeaient lui ont demandés si elle était en période de menstruation, comme elle a répondu négativement, ils lui ont répondu ‘Pas grave, puisque tu vas verser ton sang’. Pendant ces cinq jours dans cette cellule de détention de l’institut militaire, la jeune basque a subit beaucoup de longs interrogatoires non officiels, non pas dans une salle du commissariat mais dans une des cellules du sous-sol.

Nous n’avons à cette heure, aucune information sur le sort réservé à Landaberea et Etxaniz, emprisonnés sur ordre du Juge Moreno. Toutefois le mouvement Pro Amnistia a pu savoir par l’avocat commis d’office qui leur a été assigné, que les deux jeunes basques emprisonnés se trouvaient dans un très mauvais état, à un tel point qu’il a demandé l’application du corpus habeas (visite d’un médecin extérieur… qui est une personne de confiance nommée par la famille), une telle demande faite par un avocat commis d’office est exceptionnelle. L’avocat des prisonniers a aussi sollicité l’application du protocole contre la torture, mais le juge Moreno n’a pas répondu à cette demande, ce qui est un aveu de sa complicité avec la police.

Depuis le début de l’année 2008, 60 témoignages ont apporté la preuve des tortures qui ont été infligées par la Garde Civile contre des citoyens basques.

Depuis 2003, l’Espagne à décidé de rendre ‘invisible’ la dissidence indépendantiste de gauche basque: interdiction de tous les partis, mouvements revendicatifs et actes politiques (manifestations, meetings) organisations de jeunes, de la solidarité avec les prisonniers, illégalisation de toutes listes électorales faisant mention du droit à la souveraineté pour le peuple basque, mais aussi des journaux, radios, des lieux de rencontres militantes sont fermés et les biens sont saisis etc. Le nombre de prisonniers politiques basques en 2008, plus de 750, est à comparer avec les pires années du franquisme. Réprimer toute militance indépendantiste de gauche comme manifestation d’ETA a permis de réprimer des centaines de milliers de citoyens basques. C’est dans ce contexte que deux quotidiens basques ont publiés hier 21 décembre la déclaration de citoyens basques (avec la publication du visage pour quatre d’entre eux) qui exposent que la répression au Pays-Basque les oblige à prendre les armes même s’ils ne le veulent pas… car être inculpés et jugés comme membres de l’ETA sans l’être, alors, disent-ils, c’est mieux de l’être et être jugé pour ce qu’on a fait et non pour ce qu’on n’a pas fait…

Lire la déclaration – format pdf

Document traduit et communiqué par le Comité solidarité basque de Lille. Contact: csblille@aol.com

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Mercredi soir, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le consulat de France à Liège. Lecture publique a été donnée de la lettre rédigée par les parents des inculpés de Tarnac et de la lettre remise en main propre au consul quelques minutes plus tard. Plusieurs dizaines de cartes postales à envoyer aux inculpés ont été écrites et recueillies par le comité organisateur.

N°2 du bulletin des comités de soutien aux inculpés de Tarnac au format pdf

Dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19, une voiture de ISS Cleaning à été incendiée à Schaerbeek. ISS effectue des travaux de nettoyage dans les centres fermés. Le message de revendication indique: ‘De Steenokkerzeel à Athènes, feu aux frontières, feu aux papiers, feu à l’Etat.

Une voiture de police garée devant le commissariat de Saint-Josse a été incendiée la nuit du jeudi 19 au vendredi 20. Le message de revendication indique: ‘Nous ne nous attaquons pas à la police uniquement parce qu’il arrive qu’elle tue, mais pour ce qu’elle est.

La décision-cadre 2008/219/JAI, adoptée le 28 novembre 2008, modifie (en fait: complète) la décision-cadre 2002/475/JAI. Cette nouvelle décision-cadre doit amener les Etats membres de l’U.E. à considérer comme ‘infraction liée aux activités terroristes‘ toute une nouvelle série de comportements, et notamment ‘la provocation publique à commettre une infraction terroriste‘. Les personnes qui diffusent sur l’Internet de la ‘propagande terroriste‘ sont donc passibles de poursuites et de peines d’emprisonnement, dans la mesure où cette diffusion est intentionnelle et assimilable à une ‘provocation publique à commettre une infraction terroriste‘.

Lire le texte de la décision-cadre au format pdf

Un juge s’est prononcé vendredi pour la remise en liberté de Julien Coupat, désigné par le parquet comme ‘chef présumé’ d’un groupe à l’origine de sabotages contre des lignes TGV, qui reste cependant incarcéré en raison d’un appel du parquet. Le juge des libertés et de la détention a signé hier vendredi l’ordonnance de remise en liberté à la suite d’une demande déposée par son avocate à l’issue d’un interrogatoire de Julien Coupat devant le juge d’instruction chargé de l’enquête le 12 décembre. Le jeune homme de 34 ans n’a cependant pas été remis en liberté, le parquet ayant pris un référé-détention contre la décision du JLD. Cet appel pourrait être examiné mardi par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.

La manifestation, organisée à l’initiative d’ATTAC-ULB, a rassemblé une trentaine de personnes, étudiants et militants. Au départ, pas de calicots (mais quatre drapeaux du Bloc-M-L). La manifestation s’est rendue au carrefour de la Chaussée de Wavre et de la rue de la Paix où elle a bloqué quelques minutes la circulation avec un calicot ‘Solidarité avec la Grèce‘. L’important déploiement policier comprenait en particulier des en-civils, dont une demi-douzaine qui ont réalisé un véritable reportage vidéo et photo, allant jusqu’à provoquer des manifestants en les photographiant littéralement sous le nez. Un manifestant a mis sa main sur l’objectif d’un flic qui a crié à l’agression et téléphoné à Pol Bru pour demander du secours! Lequel secours n’est pas venu. Les flics ont également menacé de saisir la voiture qui avait amené le calicot. Tout cela dénote d’une certaine panique, entretenue sans doute par des rapports d’Europol et autres services, qui croient voir poindre un ‘Mai ’68 à Noël…