Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Ce 6 septembre, à la demande du parquet général, le tribunal pénal d’Izmir a décidé d’interdire et de confisquer tous les livres «Les filles de Kobani: L’histoire de la rébellion – Courage et justice» écrit par la journaliste-auteure américaine Gayle Tzemach Lemmon en 2016. Le livre contient des souvenirs, des récits des femmes qui luttent contre l’Etat islamique (DAECH / ISIS) à Kobané et «La couleur pourpre de la politique kurde» compilé par Gültan Kisanak (voir article ici) en 2018, recueil d’écrits de vingt-deux femmes politiques kurdes emprisonnées en Turquie. Il explore les défis personnels et collectifs auxquels sont confrontées les femmes kurdes dans un système patriarcal et anti-kurde ainsi que leurs convictions politiques inspirées des mouvements anticapitalistes et socialistes en Turquie. Les 2 livres ont été saisis le 6 octobre 2023 lors de l’arrestation et de la perquisition au domicile Berna Çelik ancienne coprésidente provinciale d’Izmir du Parti démocratique des peuples (HDP). Selon le bureau du procureur «Il est entendu que les livres contiennent de la propagande terroriste de l’organisation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)».

Le tribunal a ordonné le rappel de tous les livres vendus jusqu’à présent. La culture Kurde est plus que jamais dans le collimateur du gouvernement turc.

Le 7 octobre prochain, le tribunal d’application des peines tiendra audience à Lannemezan pour statuer sur la demande de libération conditionnelle (assortie d’une expulsion) déposée il y a plus d’un an par l’avocat de Georges Abdallah. Cette audience décisive actera, à quelques jours près, les 40 années de détention. 40 années de détention après une condamnation prononcée à la suite d’un montage politico-policier et un premier avocat trahissant son client en œuvrant pour les services secrets, 40 années de détention malgré la fin de sa peine de sûreté il y a 25 ans, 40 années de détention alors que par deux fois ses demandes de libération ont été acceptées en première instance… puis rejetées sur appel du parquet aux ordres du pouvoir. Georges Abdallah a déjà déposé neuf demandes de libération. La dernière, datant de 2012, ayant été acceptée… sous condition de la signature par le ministre de l’Intérieur d’un arrêté d’expulsion, ce que E. Valls (comme ses successeurs) a refusé de faire.

La campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah a lancé un appel pour un mois international d’action, du 7 septembre au 7 octobre, appel co-signé par le Secours Rouge International.

Un groupe de militants et Greta Thunberg ont été arrêtés mercredi 4 septembre après avoir occupé un bâtiment de l’université de Copenhague pour appeler au boycott des universités israéliennes. La militante plus connue pour son engagement envers la planète est apparue alors qu’elle était escortée par la police à la sortie de l’occupation portant un keffieh sur les épaules.  La police accuse les étudiants d’avoir forcé l’entrée du bâtiment et d’en avoir bloqué les accès. Greta Thunberg a publié sur Instagram des photos de la police anti-émeute entrant dans un bâtiment où le groupe « Les Etudiants contre l’occupation » manifestait.

Le collectif  « Les Etudiants contre l’occupation » s’est exprimé sur Instagram: « Pendant que la situation en Palestine se dégrade, l’université de Copenhague continue de coopérer avec les institutions académiques en Israël . Nous occupons  les locaux de l’administration centrale de l’université avec une demande : un boycott académique tout de suite ». Des mouvements pro-palestiniens ont mis en place des occupations dans des universités aux Etats-Unis et en Europe depuis le printemps pour protester contre les bombardements de Gaza et l’occupation des territoires palestiniens.

Au moins 6 personnes ont été arrêtées dont Greta Thunberg.

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Mercredi 4 septembre, des affrontements ont eu lieu en Argentine entre les forces de sécurité et les retraités soutenus par des organisations sociales de gauche lors d’une manifestation pour rejeter le veto total du président Javier Milei, veto qui affecte directement l’augmentation des retraites pourtant récemment votée par le Congrès de la nation. À 15h00, le gouvernement a mis en place une grande opération de police pour faire respecter le protocole anti-manifestation. La situation à proximité du Congrès est devenue tendue, les forces de sécurité ont essayé de contenir les manifestants alors qu’ils poursuivaient leur marche vers la Plaza de Mayo. Les premiers affrontements ont commencé vers 16h00, des bousculades, des poursuites et des matraquages ont eu lieu lorsque les manifestants ont essayé de franchir le cordon de police. Les forces de l’ordre ont alors tenté d’évacuer les rues, donnant des coups de boucliers et de bâtons, des manifestants se sont défendus à coups de pancartes, d’autres ont mis le feu à un conteneur au milieu des affrontements, la police a répondu par des lancés de gaz lacrymogènes.

La répression de la manifestation a fait 27 blessés dont 8 journalistes, 2 personnes ont été hospitalisées.

Neuf maoïstes ont été tués mardi 3 septembre dans un état du centre de l’Inde lors d’échanges de tirs avec la police. Les forces de sécurité continuent de fouiller la forêt à la recherche d’armes et de combattants communistes. Les maoïstes mènent la guérilla ayant fait des dizaines de milliers de morts depuis 1967 et affirment se battre pour les pauvres des zones rurales. Mi-juillet, douze combattants avaient été tués dans la région de Gadchiroli, l’un des dizaines foyers maoïstes des districts de l’est et de l’ouest de l’Inde. Des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité sont déployés pour combattre la guérilla dans le « Corridor rouge », où les maoïstes sont en position dominante.

Vie chère en Martinique, dimanche 1er septembre, 700 manifestants se sont rassemblés à l’appel du collectif  «Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes »(RPPRAC). Le collectif revendique la baisse des prix pratiqués sur l’île soient alignés sur ceux de la métropole. Quinze ans après les grèves générales contre la vie chère, la population martiniquaise est de nouveau de la rue. Ce 1er juillet, un ultimatum avait été lancé par le RPPRAC afin de faire baisser le prix de 2500 produits de première nécessité. Deux mois plus tard, l’ultimatum est sans effet, rendez-vous était fixé devant un grand centre commercial de Fort-De-france.

En début de journée, Rodrigue Petitot, président du RPPRAC a été arrêté et mis en garde à vue, suspecté de participation avec une dizaine d’autres personnes cagoulés à une tentative de vol de bus. En réaction à cette arrestation, les manifestants se sont dirigés vers le port de Fort-De-France où ils ont bloqué ses accès principaux et un terminal à conteneurs. Dans la nuit, un véhicule a été incendié et plusieurs poubelles ont été réduite en cendre. Des opérations de gendarmerie et de police sont menées à Fort-de-France pour libérer les accès des ronds-points bloqués. 5 camions de gendarmes mobiles sont arrivés en renfort de Guadeloupe et se sont déployés sur le terrain. Rodrigue Petitot dit « Le R » a été libéré en fin de journée.

Les agences fédérales ATF et FBI, ainsi que le Bureau d’enquête de Géorgie et les unités d’enquête sur les incendies criminels des villes de DeKalb et d’Atlanta enquêtent sur un incendie criminel présumé à Atlanta mercredi matin 14 août, contre un chantier de construction d’une entreprise précédemment ciblée en raison de son rôle dans la construction d’un centre de formation de la police géant: Cop City. L’incendie s’est produit sur Memorial Drive, et les deux engins de chantier incendiés vers 2h du matin appartenaient à l’entreprise Brent Scarborough and Company. Le chef de la police d’Atlanta (APD) a offert une prime de 200 000 dollars pour toute information permettant l’arrestation des responsables de l’attaque.

Lors de sa dernière mise à jour publique sur le centre de formation de la police, le maire d’Atlanta Andre Dickens a déclaré que 10 millions de dollars de dégâts avaient été causés dans la région métropolitaine d’Atlanta lors d’attaques contre des entreprises contractantes et contre des chantiers de Cop City. Les autorités municipales ont estimé que le mouvement d’opposition avait, par les dégâts et les retards induits, fait grimper le coût du projet Cop City, de 90 à près de 110 millions de dollars.

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La dernière audience de l’activiste kurde Kenan Ayaz a eu lieu le 2 septembre au tribunal d’État de Hambourg. Ayaz a été condamné à 4 ans et 3 mois de prison. Ayaz a été arrêté à l’aéroport de Larnaca à Chypre en mars 2023 sur la base d’un mandat d’arrêt européen demandé par la Cour fédérale de justice et extradé vers l’Allemagne au début du mois de juin. Depuis lors, il est détenu à la maison d’arrêt de Holstenglacis à Hambourg dans des conditions de détention plus strictes. Avant l’audience, un rassemblement de solidarité a été organisé devant le bâtiment du tribunal. Lors de l’audience finale, le tribunal a déclaré que Kenan Ayaz était condamné à 4 ans et 3 mois de prison pour avoir prétendument assumé des responsabilités de haut niveau au sein du PKK entre 2018-2019. L’avocat de Kenan Ayaz a déclaré qu’il ferait appel dans la semaine.

Tôt le matin du 23 mai 2024, la police ont perquisitionné en même temps trois appartements à Bruxelles et Amsterdam. Des supports de données (ordinateurs, téléphones, disques durs, clés USB, appareils photo), des outils et des publications anarchistes ont été saisis. Personne n’a été arrêté.e. Les trois anarchistes perquisitionnés sont visé.es par une enquête menée par le parquet général de Munich, pour « constitution d’une organisation criminelle (art. 129), incendie volontaire, perturbation d’ activités publiques, sabotage avec finalité de subversion de l’ordre démocratique ». Plus précisément, ils/elles sont soupçonné.es d’avoir formé un présumé « groupe anarchiste-extrémiste de gauche » responsable à l’été de 2022 de l’incendie d’enrouleurs de câbles, de camions et d’engins de chantier à Munich et de l’incendie d’engins de chantier, à Schrobenhausen, en Bavière (photo). Plusieurs « arrêts européens d’enquête » indiquent une coopération du parquet général de Munich avec la justice néerlandaise, belge et française, qui a lieu depuis au moins septembre 2023.

Alors que le génocide se poursuit à Gaza (40 786 morts, dont une majorité d’enfants et de femmes et des milliers de victimes encore sous les décombre), les forcces d’occupation israéliennes attaque le camp de réfugié de Tulkarem, en Cisjordanie. Le camp connaît désormais un état de siège sévère depuis toutes ses entrées et routes qui y mènent, notant que les forces d’occupation ont déployé des tireurs d’élite sur toutes les zones exposées, et tirent sur quiconque bouge. Les bulldozers des forces d’occupation détruisaient et sabotaient les infrastructures restantes et les biens des habitants, incluant des services et les écoles à l’entrée principale nord, ainsi que les quartiers d’Al-Balawneh, Al-Ghanim, Qaqoun, Al- Murabba’a, Al-Hamam et le centre du camp. Le passage au bulldozer a créé de hautes barrières de terre faites d’asphalte et de pierres, ce qui a entraîné la fermeture de routes. Les forces d’occupation ont détruit les lignes électriques alimentant le camp, provoquant une panne de courant en plus de la coupure d’eau. Les militaires encerclent les hôpitaux et filtrent les arrivants, bloquant les ambulances.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: