Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Dimanche 5 avril, les combattant·es maoïstes opérant dans les districts de Malkangiri et Koraput d’Odisha ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral en solidarité avec la lutte contre le Coronavirus. Le Parti communiste indien (maoïste), a ainsi déclaré que la guérilla suspendait ses actions offensives pour le moment mais se défendrait en cas d’attaque. Par ailleurs les combattant·es avaient déjà pris des mesures de distanciation sociale afin d’éviter d’infecter la population présente sur son territoire. Le cessez-le-feu vise a permettre l’accès sans entrave aux services médicaux d’urgences qui doivent intervenir dans ces districts.

Rassemblement de la guérilla

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Le régime marocain a décidé ce dimanche de libérer 5.654 détenus mais en excluant les prisonniers politiques (à l’exception d’islamistes). Les détenus graciés ont officiellement été sélectionnés selon «leur âge, leur état de santé, la durée de leur détention et leur bonne conduite». Il s’est avéré qu’aucun prisonnier politique n’est parmi les 5.654 libérés, notamment les détenus du mouvement du Rif. Même ceux qui ne leur reste qu’un mois à purger. Parmi les 5.654 détenus libérés figurent 50 détenus salafistes, théoriciens et prêcheurs de la Salafiya Jihadiya.

Prison au Maroc

Aujourd’hui, une manifestation de soutien aux prisonniers s’est tenue devant la prison de Saint-Gilles. Une trentaine de personnes sont arrivées avec des mégaphones et ont commencé à crier « Libérez les prisonniers! » et « Solidarité avec les prisonniers ». Elles ont du partir après 5 minutes afin de ne pas être arrêté.e.s par la police. Cette manifestation a permis également de soutenir les proches des prisonniers qui, à ce moment-là, étaient en train de faire la file pour livrer leur colis de linge, les visites étant interdites. Bien que l’action se soit passée Saint-Gilles, elle était adressée à toutes les personnes incarcérées dans toutes les prisons du pays.

Prison de Saint-Gilles

La pandémie de Covid-19 n’empêche pas la justice algérienne de punir militants du « Hirak »: une figure de la contestation a écopé lundi d’un an de prison ferme, et d’autres risquent de lourdes peines alors que le mouvement est en suspens. Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement-Actions-Jeunesse (RAJ), une association citoyenne à la pointe du mouvement (« Hirak ») populaire antirégime, a été condamné pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». L’universitaire de 39 ans est en détention provisoire à la prison d’El Harrach à Alger depuis son arrestation le 10 octobre, alors qu’il participait à un sit-in de soutien aux détenus d’opinion. Quant au militant Karim Tabbou, une figure emblématique de la contestation, déjà condamné à un an de prison ferme, il doit comparaître le 27 avril dans un autre procès, accusé cette fois d' »atteinteau moral de l’armée ». Si le président Abdelmadjid Tebboune a gracié la semaine dernière plus de 5.000 prisonniers, cette mesure de clémence n’a bénéficié à aucun des 44 détenus du « Hirak ».

Manifestation du Hirak (archives)

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Entre les 2 et 4 avril 2020, de jeunes insurgés d’Ispahan, Chiraz, Kerman, Karadj et Chahriar, ont attaqué des locaux des Bassidj. Les Bassidj (« Force de mobilisation de la résistance ») sont une force paramilitaire iranienne fondée par l’ayatollah Khomeini en novembre 1979, utilisée pour réprimer les oppositions. Aux premières heures du 4 avril, à Karadj et à Chiraz, des centres du Bassidj, ont été dévorés par les flammes. A l’aube du 3 avril, à Ispahan, de jeunes insurgés ont mis le feu au centre du Bassidj de la ville. Le 2 avril, ce sont les centres du Bassidj à Chiraz et à Kerman qui ont été incendiés. Durant cette période, de jeunes rebelles ont aussi brûlé des portraits de Khamenei dans plusieurs villes, notamment à Téhéran, Chahriar, Alborz, Pardisse, Andimechk, Khorramabad, Ispahan, Machad, Chiraz et Kerman. Ils ont aussi recouvert les murs de ces villes de slogans contre Khamenei et les dirigeants de ce régime, parmi ces slogans un «virus du guide suprême, tu assassines le peuple» bien senti.

Miliciens Bassidj en tenue anti-émeute

Samedi 4 avril, des prisonniers, exclus de la loi d’application de remise en liberté suite à la pandémie du coronavirus, ont manifesté hier soir dans une prison de la ville kurde de Batman. Les prisonniers ont incendié au moins deux quartiers et crié «rébellion» et d’autres slogans. Peu après le début des émeutes, des ambulances et des pompiers ont été envoyés à la prison qui, à l’extérieur, était entourée de policiers anti-émeutes et de policiers des opérations spéciales. Lorsque la nouvelle de l’émeute s’est répandue dans la ville, des parents inquiets se sont rendus à la prison et y ont attendu jusqu’aux dernières heures de la nuit pour demander aux autorités de faire une déclaration (qui n’a pas été faite) et soutenir leurs proches. La mutinerie a finalement été réprimée (notamment à l’aide de gaz lacrymogène) et les quelques 650 prisonniers révoltés ont été déportés dans d’autres prisons.

Mutinerie à la prison de Batman

Mutinerie à la prison de Batman

 

Ce samedi 4 avril, le corps d’Helin Bölek, décédée le 3 avril (voir notre article), devait être transporté de la « maison de la résistance » à Küçük Armutlu, où Ibrahim Gökçek et elle menaient leur grève de la faim à Cemevi, lieu de culte alévi à Okmeydani. À Nurtepe (quartier d’Okmeydani), le convoi avec le cercueil a été bloqué par la police, celle-ci exigeant que le corps soit transféré directement au cimetière de Feriköy. Les conducteurs du convoi, les proches et les avocats de Helin Bölek ont tous été arrêtés. Toutes les routes d’accès au Cemevi et au centre culturel Idil à Okmeydani ont été fermées par la police dans la matinée. Des centaines de personnes sont malgré tout arrivées devant le Cemevi protestant contre le blocus de la police et chantant des chansons de Grup Yorum avant de poursuivre vers le cimetière. Face à la police les empêchant d’entrer dans le cimetière, le cortège organisera un sit-in qui sera vite attaqué par la police avec entre autre des gaz lacrymogènes. De nombreuses personnes seront arrêtés à ce moment-là.

Arrestation le jour des obsèques d'Helin Bölek

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: