Mumia Abu Jamal a subi une opération de la cataracte à l’œil gauche il y a quelques jours. L’opération semble avoir réussi. Prisonnier politique depuis 43 ans aux États-Unis, ses soutiens appellent à rester vigilants et à accentuer la pression sur les autorités. Celles-ci doivent également opérer son œil droit et enfin offrir à Mumia une alimentation et un traitement adaptés à son diabète. En effet, il est victime de négligence médicale depuis de nombreuses années (voir notre article). Il a récemment publié un message afin de remercier ses soutiens :
Chers amis, frères, camarades, sympathisants, et enfin, ma famille. J’ai hésité à parler de mes problèmes de vue. Certains ne comprendront peut-être pas pourquoi, mais être en prison exige d’éviter à tout prix tout signe de faiblesse. Ces institutions, contrairement à beaucoup d’autres dans la société, sont fortement dominées par les hommes et donc « sensibilisées au genre » d’une manière qui n’est pas celle de la société. Les faibles sont la proie des autres. J’ai donc gardé le silence. Je suis resté silencieux, persuadé qu’une fois l’enquête terminée et qu’il serait clair que le problème était réel, j’obtiendrais une réponse assez rapide. J’avais tort ! J’avais tort, pour ainsi dire. J’ai eu droit à une évaluation après une autre.
Ce n’est qu’après être sorti et avoir revu ces évaluations précédentes auprès d’un ophtalmologue réputé que j’ai commencé à progresser. Et même alors, c’était extrêmement lent. Je ne pouvais plus lire, écrire ni voir autre chose que les gros titres des journaux ; ils n’étaient plus qu’une explosion floue de couleurs à la télévision.
La « télévision » est désormais ma radio. Je suis dans cette situation depuis plus de huit mois. Je ne l’aurais jamais imaginé, mais nous en sommes là. Nous aurions dû agir plus vite et plus tôt, mais ces circonstances et l’analyse de l’évaluation que je vous ai présentée nous ont incités à agir.
Veuillez m’excuser pour le retard. Merci de votre patience, mais la nôtre est à bout. Nous travaillons, nous avançons, nous essayons de résoudre la situation, et j’espère qu’il n’est pas trop tard. Sept ou huit mois dans l’ombre et l’obscurité, c’est trop.
Non pas avec peur, mais avec amour…
