Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4, des policiers étaient en train de patrouiller dans la zone de Falls Road, un quartier républicain de Belfast, quand une grenade a été lancée contre leur Land Rover. Le véhicule s’est éloigné après l’explosion, ses occupants ne sont pas blessés. Cette attaque intervient à quelques jours des élections législatives du 12 décembre au Royaume-Uni centrées sur le Brexit. Un sujet particulièrement sensible pour l’Irlande.

Déploiement policier sur les lieux de l'attaque

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Hier, le groupe Jeunes Révolutionnaires a annoncé la libération de Théo El Ghozzi, ouvrier nantais et militant maoïste. Il était enfermé à Nantes depuis le 22 juillet. Arrêté au motif qu’il n’avait pas respecté le suivi judiciaire d’une condamnation liée au mouvement contre la loi Travail, il avait ensuite été accusé d’avoir tagué l’appartement de François de Rugy (un député connu pour ses détournements de fonds publics). Théo El Ghozzi avait entamé une grève de la faim dès son arrestation pour revendiquer la reconnaissance de son statut de prisonnier politique, son transfert à la prison de Riom, et la libération de tou·tes les prisonniers et prisonnières politiques, particulièrement celle de Georges Ibrahim Abdallah. Des actions de solidarité avaient été menées au Québec, en Irlande, aux États-Unis et en Belgique (voir notre article).

Une affiche pour une manifestation pour la libération de Théo

Jeudi 5 décembre, 55 forces (CRS et gendarmes mobiles) seront déployées à Paris. La France en comptant au total 160, dont, compte tenu des congés et des repos, 120 à 130 opérationnelles à ce moment, la capitale absorbera à elle toute seule la moitié des forces de l’ordre françaises. Parmi ces unités lourdes, quatre seront déployées dès minuit sur le secteur des Champs-Elysées et sept auront pour mission le bouclage de l’Élysée. 16 unités de BRAV (pour Brigades de répression de l’action violente), les équipes mobiles, sont mobilisées, ainsi que 44 équipes « d’agents verbalisateurs » qui auront pour but de remettre des amendes à ceux qui franchiront les zones interdites. Quatre camions de transport des personnes interpellées sont prévus, ainsi que huit monospaces, des unités en charge de signifier leurs droits dans un délai d’une heure aux manifestants arrêtés. Dans les journées « Gilets jaunes » de 2018, la police avait dû relâcher de nombreuses personnes, faute de pouvoir leur notifier leurs droits dans le délai d’une heure. Ce jeudi 5 décembre, la préfecture de police va déployer ses deux canons lanceurs d’eau, plus les quatre canons supplémentaires des CRS et trois drones survoleront le ciel parisien.

Innovation récente, la police parisienne prévoit d’implanter à certains endroits stratégiques, des « caméras tactiques ». Le 16 novembre dernier, la salle de commandement de la Préfecture s’est retrouvée en grande partie « aveugle » place d’Italie, de nombreuses caméras de vidéosurveillance de la place ne répondant plus. Une armoire électrique centralisant l’alimentation des caméras fixes, aux abords de la place, avait été sabotée en cours de manifestation. Ce jeudi 5 décembre, les nouvelles « caméras tactiques », pré-implantées en toute discrétion, devraient permettre à la salle de commandement de toujours surveiller certains points stratégiques, y compris si les caméras fixes sont dégradées ou privées d’alimentation électrique. Ce 5 décembre, la Préfecture parisienne compte déployer son dispositif sous trois sous-commandements : l’un sera en charge de la surveillance de la « zone interdite » et les deux autres au suivi des cortèges syndicaux. La zone interdite de ce jeudi couvre plusieurs périmètres distincts. Le principal va de la porte Maillot à la place de la Concorde sur l’axe des Champs-Elysées, englobant l’Élysée et intégrant la zone Haussmann des grands magasins. Un autre entoure le Trocadéro, le pont d’Iéna, la Tour Eiffel et le Champ-de-Mars. Une troisième zone couvre l’esplanade des Invalides et s’étend à l’Assemblée nationale et à Matignon. Ces périmètres seront interdits à toute manifestation, sous peine d’amende. Pour couvrir ce vaste secteur, la préfecture prévoit l’immobilisation de vingt-neuf unités de CRS ou de gendarmes mobiles, épaulées par six unités de BRAV. Le reste des forces disponibles, soit vingt-six unités lourdes et dix BRAV sont positionnées autour des deux axes de manifestation prévus, rive droite, avec convergence place de la République, et dispersion place de la Nation.

Grève le 5 décembre en France

 

Jaime Padilla, 72 ans, a été appréhendé par des officiers de police et des soldats au Centre médical Cardinal Santos. Padilla, également connu sous ses pseudonymes Ka Delio et Ka Diego, dirige le bureau d’information du Parti communiste des Philippines (PCP). Une prime de 4,4 millions de pesos était offerte à qui permettait son arrestation. Rey Rafa, 30 ans; Jefren Banjawan, 26 ans, et Kay Ann Trogon, 27 ans, qui se trouvaient dans la chambre d’hôpital avec Padilla, ont aussi été arrêtés. Padilla s’était présenté à la clinique sous le nom de Jesus Capili pour suivre un traitement contre l’hypertension artérielle.

Jaime Padilla,

 

Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, la répression contre le mouvement social n’a cessé de s’intensifier. Dés lors l’armement des forces de police et de gendarmerie également. En décembre dernier, le gouvernement avait déjà commandé 450 « super flash-ball » et 1280 LBD 40. Six mois plus tard, en juin, c’est 40.000 grenades de désencerclement et 25 millions de … cartouches de fusil d’assaut qui sont commandées. Aujourd’hui, ce sont 1450 exemplaires de LBD que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, vient de commander. Et ce alors que ces véritables armes à mutiler ont blessé plusieurs centaines de Gilets jaunes, et éborgné plus d’une vingtaine d’entre eux.

Un premier marché, d’une valeur de 727 450 euros, a été attribué au groupe Rivolier pour la fourniture de 180 lanceurs à six coups et leur équipement. Le second marché a été remporté par Alsetex, qui devra fournir 1 280 lanceurs de balles de défense mono-coup, apprend-on sur BFMTV, pour 1,638 million d’euros. L’usine sarthoise produira aussi 270 lanceurs à quatre coups et 180 lanceurs à six coups. Alsetex est l’usine qui avait fourni la commande de 40 000 grenades de désencerclement en juin. Si Alsetex se définit comme le « leader des produits pour la gestion démocratique des foules  », les armes qu’elle produit sont utilisées pour étouffer, dans le sang, différents processus politiques. En 2013, une étude a révélé que cette dernière avait fourni des grenades lacrymogènes pour réprimer la révolte au Bahreïn, qui auraient fait 43 morts. L’entreprise est également connue pour produire les grenades OF F1, le modèle qui a tué Rémi Fraisse, et les GLI-F4 qui ont amputé plusieurs personnes ces derniers mois.

LBD

 

 

Le 25 novembre dernier, alors que l’Iran est frappé depuis une semaine par un mouvement de contestation après une hausse du prix de l’essence, un député de la ville de Mahshahr s’est écrié en pleine séance du parlement : « Voici la question du peuple monsieur Rohani : qu’avez-vous fait que l’ignoble shah n’a pas fait ? ». Il a violemment été pris à partie par d’autres députés, dont l’un n’hésite pas à lui saisir le cou et à l’étrangler. Peuplée de 120 000 habitants, la ville de Mahshahr, adossée au plus grand complexe pétrochimique du pays, a été le théâtre d’importantes manifestations. Elle est située dans la province du Khouzestan, qui renferme les principales réserves pétrolières du pays. Malgré ses immenses ressources, cette région abrite l’une des populations les plus pauvres d’Iran, notamment sa minorité arabe/sunnite victime de discrimination de la part du pouvoir persan/chiite. D’après le ministre iranien de l’Intérieur, Abdol Reza Rahmani Fazli, pas moins de 18 villes du Khouzestan ont été le théâtre d’émeutes contre le pouvoir iranien.

Le ministre a précisé que le principal axe reliant la ville de Mahshahr à Bandar Emam, le plus grand complexe pétrochimique du pays, avait été bloqué par les contestataires pendant trois jours, avant que les forces de sécurité ne reprennent le contrôle. Les pasdarans ont été massivement déployés sur place le lundi 18 novembre dernier, après l’échec des forces de sécurité régulières à déloger les contestataires. Les gardiens de la révolution, en pénétrant dans la ville de Shahrak Chamran, au nord de Mahshahr, ont tiré à balles réelles, et sans sommation, sur les manifestants qui bloquaient une intersection, faisant plusieurs victimes. Plusieurs dizaines (entre 40 et 100 manifestants) ont été abattus dans un marais par les gardiens de la révolution iraniens.  Un opposant à ouvert le feu sur les pasdarans, blessant l’un d’eux.

Défilé des pasdarans

Le 14 décembre, un appel à une journée internationale d’action a été lancé par les campagnes Rise Up 4 Rojava, Women Defend Rojava et Defend Rojava. La journée se déroulera sous le slogan « Ensemble contre le fascisme et le patriarcat! – Défendons ensemble la révolution du Rojava ».

L’appel en français.

Solidarité avec le Rojava

La police a convoqué une dizaine de Gilets Jaunes de Liège qui doivent être entendu·es cette semaine. Certain·es sont soupçonné·es d’association de malfaiteurs, d’autres d’entrave méchante à la circulation. Concrètement, les Gilets Jaunes sont accusé·es d’avoir entravé la circulation sur le parking d’une aire d’autoroute et d’avoir dégradé deux poteaux. D’autres sont également poursuivi·es pour « association de malfaiteurs » et certain·es ont été convoqué·es plusieurs fois sur un laps de temps très court.

Plusieurs Gilets Jaunes de Liège convoqué·es par la police

Plusieurs Gilets Jaunes de Liège convoqué·es par la police

 

Les soldats israéliens ont abattu vendredi après-midi  Fahed el-Astal, âgé de 16 ans, et blessé légèrement un autre adolescent près de la barrière de la frontière. L’adolescent qui manifestait à l’est de la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière, a reçu une balle dans le ventre et est décédé peu après son arrivée à l’hôpital. Le Hamas ayant annulé pour la troisième semaine consécutive la manifestation hebdomadaire, le jeune Palestinien tué participait à un rassemblement indépendant.

Manifestants à Gaza

 

 

La région forestière d’Abujhmarh est depuis 40 ans un foyer de l’insurrection maoïste en Inde. Principalement peuplée par les tribus autochtones Abujhmar, vaste de 4 000 km², la région n’a jamais été cartographiée et l’administration civile indienne n’y existe pas: c’est le Parti communiste indien (maoïste) qui en a le contrôle. L’Armée de guérilla de la libération du peuple (PLGA) s’est donné les moyens de défendre la région, en bloquant les communications et en plaçant à l’avance des IED pouvant être mis à feu à l’arrivée des forces gouvernementales. C’est dans cette région que, pour la première fois depuis dix ans, les forces de sécurité indiennes ont mené une opération de contre-guérilla. La cible était un campement occupé par environ 70 à 80 maoïstes dans la région de Maad. Les combats ont duré deux jours, vendredi et samedi. Des armes à feu, des munitions et de grandes quantités d’explosifs ont été trouvées par les commandos C-60 de la police de Gadchiroli, ainsi que du matériel de formation, des publications, de la nourriture et d’autres objets. Les maoïstes ont laissés le corps de deux d’entre eux sur le terrain.

Un partie du matériel saisi par les forces de sécurité

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