Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Vendredi 13 décembre, le ministre de l’intérieur français, Christophe Castaner, a présenté la cellule Demeter de la gendarmerie nationale, chargée de lutter contre les intrusions dans les exploitations agricoles. Le ministre a également annoncé que l’antispécisme serait un des axes prioritaires du renseignement et que la coordination judiciaire au niveau national serait renforcée dans ce domaine afin d’établir des liens entre des faits non-reliés en apparence, pour ensuite constituer des « associations de malfaiteurs ».

Logo antispéciste

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Maryam Mohammadi, Esrine Derkaleh, Nahid Shaqaqi et Akram Nasirian ont chacune été condamnées à 4 ans et 2 mois de prison. Elles étaient accusées notamment de « diffusion de propagande contre l’État, enlèvement du voile et complot contre la sécurité nationale ». Maryam Mohammadi est une ancienne prisonnière politique des années 1980. Elle avait été emprisonnée à l’âge de 14 ans en 1981 et libérée en 1989. Nahid Shaqaqi avait été arrêtée en mai et détenue dans le quartier 209 du ministère du Renseignement pendant plusieurs semaines avant d’être libérée sous caution. Dans le même temps, la 36e chambre de la Cour de révision de Téhéran a prononcé une peine de 4 ans et 5 mois pour la militante civile Rezvaneh Ahmad Khanbeigi qui est emprisonnée depuis le 17 novembre dans le quartier 2A de la prison d’Evine. Par ailleurs, Zohreh Sayyadi a été arrêtée à son domicile dans le canton d’Andicheh, à Téhéran, le mardi 10 décembre 2019. Aucune information n’est disponible sur la raison de son arrestation ou des charges retenues contre elle.

les militantes féministes aujourd'hui emprisonnées

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Les sonnettes intelligentes d’Amazon Ring, font l’objet de controverse depuis qu’il a été révélé que plus de 200 services de police américains pouvaient demander l’accès aux images captées par ces appareils de surveillance domestique sans avoir besoin d’un mandat. La sonnette est installée à la porte d’entrée d’un domicile et se connecte à une application qui permet de voir en direct les images qu’elle capte. Elle peut aussi se connecter à l’application Neighbors d’Amazon, qui est en quelque sorte un média social de quartier où les gens peuvent anonymement publier des vidéos ou des messages au sujet « d’activités suspectes » dans leur coin. L’application communique avec les services de police locaux. On ne sait pas combien de sonnettes Ring ont été vendues, mais Amazon affirme que sa clientèle se chiffre dans les millions. Les services de police américains peuvent demander aux personnes se servant de Ring et de Neighbors de leur fournir des images captées par les sonnettes, et ce, sans mandat.  Amazon offre des rabais sur les produits Ring aux services de police partenaires en plus de donner des formations sur les façons de mieux convaincre les gens de donner leurs images aux forces de l’ordre sans mandat.

Jusqu’en juillet dernier, les services de police avaient aussi accès à une carte qui leur montrait où étaient situées les sonnettes Ring dans leur secteur, cette carte a été supprimée mais il est possible de trouver les emplacements exacts des sonnettes Ring en se servant de données trouvées dans l’application Neighbors. Un chercheur du MIT  qui travaille quant à lui sur une carte globale des États-Unis, a identifié 440 000 caméras réparties sur le territoire américain. Ring n’a pas réfuté la véracité de la carte, réitérant simplement que “seul le contenu qu’un utilisateur Neighbors choisit de partager sur l’application est accessible au public par l’application ou par l’application des forces de l’ordre locale.”Amazon Ring compte aujourd’hui quelques 696 partenariats avec lesdites forces de police et celles-ci ont la possibilité non seulement de consulter les vidéos téléversées dans l’application mais également d’identifier la localisation précise des différents utilisateurs et des personnes apparaissant à l’écran. Une sorte de toile de surveillance invisible, constituée volontairement par des particuliers, et qui est appelée à s’affiner encore. En novembre, la fuite de documents internes à Ring révélaient que la société prévoyait de créer des surveillances de quartier automatisées en incorporant la technologie de reconnaissance faciale dans son réseaux de sonnettes intelligentes. La fonctionnalité donnerait l’alerte lorsque quelqu’un jugé « suspect » apparaît dans le champ des  caméras.

Reconstitution du réseau Ring/Neighbors aux USA

Le 8 juin 2016, deux personnes au visage masqué avaient été filmées en train de poser un engin incendiaire (un réservoir de 5 litres d’essence avec un dispositif d’allumage déclenché par un réveil) devant le distributeur de billets du bureau d’un poste de Gênes. L’engin n’avait pas explosé en raison d’un dysfonctionnement du système d’allumage. Cette action prenait place dans le cadre de la campagne annoncée fin 2015 contre les CPR, les centres fermés italiens.  Les forces spéciales des Carabiniers (les ROS), ont arrêté mardi Giuseppe Bruna, un anarchiste originaire d’Agrigente. La police affirme avoir trouver les traces de son ADN  sur les gants ayant servi à l’action. L’arrestation a été réalisée suivant une ordonnance émise par le juge d’instruction du tribunal de Turin. Giuseppe avait déjà été inquiété par la justice italienne pour l’affaire des colis piégés envoyés aux procureurs dirigeant l’opération « Scripta Manent » contre les anarchistes.

L'intervention des démineurs à Gênes

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Un arrêté publié mercredi 18 décembre au Journal officiel va permettre, voire contraindre (selon les pressions des employeurs) les chauffeurs de bus à ne plus respecter les durées de temps de repos et de conduite. Cet arrêté s’appuie sur le caractère « urgent » de la situation et autorise le dépassement de la durée maximale de conduite journalière dans la limite de deux heures, et le dépassement de la durée maximale de conduite hebdomadaire dans la limite de six heures. Il devrait normalement s’arrêter après le 24 décembre. Selon l’arrêté, le gouvernement a pris cette décision « considérant qu’un mouvement social national perturbe les conditions de circulation sur le réseau routier national dans son ensemble et que ce mouvement engendre de fréquents ralentissements ». Cette « situation, qui constitue un cas d’urgence (…), justifie la mise en œuvre d’une dérogation temporaire aux règles en matière de temps de conduite et de repos ». Deux opérateurs contrôlent aujourd’hui le marché des autocars interurbains, l’Allemand Flixbus et BlaBlaBus, émanation de BlaBlaCar. La seule logique de ce décret est de casser la grève à la SNCF, la RATP, mais aussi dans les centaines d’entreprises de transports par bus. Le gouvernement prend volontairement le risque de provoquer des accidents de transports en commun suite à l’extrême fatigue imposée aux conducteurs.

La grève des chauffeurs de bus en France

Lire l’arrêté

Mercredi 18 décembre, des prisonniers anciens combattants FARC, détenus dans la cour 4 de la prison de La Picota à Bogotá, ont publié une série de revendications dans lesquelles ils demandent à être libérés conformément à l’amnistie négociée dans le cadre de l’accord de paix. Plus de 600 FARC restent, en effet, enfermés dans cette prison et sont menacés de transferts vers une prison étrangère à celle concernée par ces mêmes accords. Ces prisonniers auraient été torturés à de multiples reprises. La Force alternative révolutionnaire commune (le parti politique issus des FARC qui ont rendus les armes) ne reconnaît que 171 de ces prisonniers. Les autres auraient été retirés des listes d’amnistie.

Prisonniers appartenant aux FARC

Prisonniers appartenant aux FARC

Depuis 2015, 15.530 personnes ont été détenues dans les opérations policières contre le Parti Démocratique du Peuple (HDP). Parmi elles, 16 députés du HDP, dont des coprésidents, 7 membres du Comité exécutif central, 21 membres de l’Assemblée du Parti et plus de 750 dirigeants provinciaux et de district (voir notre article). Une manifestation de solidarité aura lieu demain à Bruxelles.

Rassemblement de solidarité avec le HDP

 

Gaël Quirante, dirigeant syndical de Sud PTT 92, passait en procès mercredi 18 décembre suite à des plaintes de cadres de La Poste pour des faits de « violence » (voir notre article). Accompagné de plus de 300 manifestants et de nombreuses personnalités devant les portes du tribunal de Nanterre, Gaël a finalement été condamné à 3 mois de prison avec sursis (et une mise à l’épreuve de 5 ans) ainsi qu’à 269€ d’amende à La Poste, 1000€ d’amende pour préjudice moral d’une cadre et 700€ d’amende de préjudice moral pour une autre cadre. Le leader syndical a annoncé à la sortie du tribunal qu’il a immédiatement interjeté appel et que son syndicat continuera à se battre sur tous les terrains, judiciaires comme dans la rue ou l’entreprise.

https://www.facebook.com/1407940982847628/posts/2193030661005319/

La manifestation de soutien se rendant au tribunal.

Le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS), qui dépend du Ministère de la Défense et s’occupe du renseignement militaire, ainsi que la Sûreté de l’État (VSSE), dépendante du Ministère de la Justice, ont recours à trois catégories de « méthodes de renseignement » :
Les méthodes ordinaires (identifier l’utilisateur d’un réseau de télécommunication ou d’une carte prépayée);
Les méthodes spécifiques (observer quelqu’un dans un lieu public, connaître l’auteur et le destinataire et la durée d’un appel téléphonique, obtenir les données de localisation d’un opérateur ou d’un service, etc.);
Les méthodes exceptionnelles (observer quelqu’un dans un lieu non public, ouvrir son courrier, surveiller son compte en banque, écouter et enregistrer des communications)

Pour procéder à une méthode dite « exceptionnelle », une autorisation est nécessaire. Elle est délivrée par une commission administrative, la Commission BIM. Deux principes interviennent dans l’octroi d’une telle autorisation : le principe de proportionnalité (la fin justifie-t-elle les moyens ?), et le principe de subsidiarité (existe-t-il un autre moyen de parvenir au même but ?). Le comité R a également son mot à dire. S’il constate la moindre irrégularité pendant l’utilisation d’une méthode dite « particulière » (spécifique ou exceptionnelle), il a la possibilité de suspendre toute opération en cours. Le nombre de méthodes particulières a effectivement augmenté ces cinq dernières années. En 2018, 2445 méthodes particulières ont été mises en place selon le rapport du Comité R. Cela représente une augmentation de plus de 25 % par rapport à 2017, et de 80% par rapport à 2013.

Usage des méathodes particulières de recherche

 

Samedi, un caporal de l’armée gouvernementale a été tué et deux autres soldats ont été blessés lors d’un combat avec les combattants de la NPA dans la région d’Echague (province d’Isabela). Ces militaires, qui appartenaient au 86e Bataillon d’Infanterie, avaient été envoyés à Barangay Villa Rey à Echague après avoir reçu des informations sur la présence présumée de maoïstes. Dimanche, des éléments combinés du 31e Bataillon d’infanterie, de la 91e Compagnie de Division Reconnaissance Divisionnaire et des forces provinciales du Sorsogon ont ouvert le feu sur des maoïstes à Barangay Tugas vers 5h50 du matin. Les échanges de tirs avaient duré une heure et trente minutes avant que les guérilleros ne se retirent, laissant quatre corps sur le terrain. L’un d’eux a pu être identifié: il s’agit de Robert Estiller, alias « Cindy » ou « Meo », commandant de Sentro De Grabidad (SDG), Larangan 2, Komiteng Probinsya 3 du Comité régional du Parti de Bicol (BRPC). Le BRPC opérerait dans les villes de Bulan, Irosin, Matnog, Magallanes, Castilla et Juban, à Sorsogon.

Combattants de la NPA