Dans l’après-midi du jeudi 4 août, des affrontements ont éclaté entre des manifestants étudiants cagoulés et policiers de l’escadron mobile anti-émeute (Esmad) de la police sur l’avenue Circumvalar, à proximité du campus Macarena de l’université du district. Les manifestants cagoulés ont protesté en guise d' »adieu », selon eux, au gouvernement du président Ivan Duque, qui, ce dimanche 7 août, cessera d’être le président des Colombiens. Les manifestants portaient d’ailleurs une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Chao Duque ». Pendant ce temps, les étudiants du Service national d’apprentissage SENA ont commencé à manifester vers midi, arrivant cet après-midi à l’Avenida Caracas et à la Calle 52 dans une direction sud-nord.

La justice colombienne a reconnu coupable 22 inculpés (19 militaires de la 16e Brigade, un agent des services de renseignement et deux civils) militaires de crime de guerre et crime contre l’humanité pour le meurtre de 303 civils présentés comme des guérilleros tués au combat entre 2005 et 2008. Selon la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), né de l’accord de paix de 2016 avec les FARC, cette pratique dite des « faux positifs » étendue à plusieurs unités militaires entre 2002 et 2008 sous le gouvernement de droite d’Alvaro Uribe, a fait 6402 victimes. Ces exécutions sommaires étaient destinées à gonfler les résultats de l’armée dans la lutte contre les guérillas, notamment celle des FARC. En échange, les soldats bénéficiaient de diverses gratifications. Les 22 inculpés sévissaient dans le département de Casanare (centre). La majorité de leurs 303 victimes étaient des hommes âgés de 18 à 25 ans, mais neuf femmes, des personnes âgées, des personnes souffrant de déficiences cognitives ont été recensées.

 

Mercredi 20 juillet, des affrontements ont eu lieu à Bogota, dans la ville de Kennedy entre des personnes cagoulées et la police anti-émeute à proximité du Transmilenio Portal Américas. Les affrontements ont commencé lorsque des manifestants cagoulés ont bloqué des routes, allumé des feux, et endommagé trois bus de transports municipaux sur l’avenue Ciudad de Cali et l’avenue Villavicencio. La police accuse le groupe de la Primera Línea d’être à l’origine de ce mouvement. Deux personnes ont été arrêtées.

Depuis plusieurs semaines, environ 500 militaires étaient déployés dans le département de Caqueta (sud-ouest) pour localiser Nestor Vera alias “Ivan Mordisco” (à droite sur la photo), qui a récemment pris le commandement de la dissidence après la mort présumée de Miguel Botache Santillana alias « Gentil Duarte » (à gauche sur la photo), le 24 mai dernier au Venezuela.
Nestor Vera a été tué avec neuf autres membres des FARC le 8 juillet, dans un bombardement de l’aviation colombienne. En juillet 2016, quatre mois avant la signature de l’accord de paix, Nestor Vera était devenu le premier chef des FARC à abandonner le processus de paix. Le gouvernement colombien offrait une récompense de 700.000 dollars pour toute information permettant sa localisation.

 

Leider Johany Noscue, alias ‘Mayimbú’, un des commandant de la dissidence des FARC et l’un des hommes les plus recherchés de Colombie, a été abattu par l’armée dans la municipalité de Suárez (Cauca). Quelques jours auparavant, les forces colombiennes ont également tué Ricardo Abel Ayala, alias « Cabuyo », un autre commandant dissident des FARC, dans une zone rurale de la ville de Barbosa. Cabuyo commandait le 36e front des dissidents des FARC. Ayala est devenu célèbre pendant les pourparlers de paix de La Havane lorsqu’il a été choisi pour coordonner un programme pilote de déminage humanitaire. Cependant, lorsque l’accord de paix a été signé en 2016, il a refusé de déposer ses armes.

Ricardo Abel Ayala

Le 9 juin est en Colombie la « Journée de l’étudiant tombé », en commémoration d’une marche d’étudiants qui a eu lieu en juin 1929 en protestation contre le gouvernement responsables du massacre des travailleurs des bananeraies en décembre 1928 (voir ici notre récit de cet événement). Au cours de cette marche, un étudiant en droit de l’Université nationale de Colombie, Gonzalo Bravo, a été tué par un soldat chargé de la sécurité du palais présidentiel. Ce jeudi, des manifestants cagoulés ont investi les locaux de l’Universidad Industrial de Santander à Bucaramanga. Ils ont allumé des fumièges, fait exploser des grenades artisanales et brisé quelques vitres (première photo). A Bogota, les manifestants étudiants de l’Université du district ont investi le campus de la Macarena, bloqué des routes, et se sont affronté aux formes anti-émeutes (seconde photo). D’autres manifestations et heurts ont eu lieu à Medellín, à Narino et à Cali.

Les étudiant.e.s  du Politécnico Jaime Isaza Cadavid, à Medellin, ont manifesté pour dénoncer l’agression sexuelle commise par un professeur sur une étudiante. Ils ont bloqué une avenue, entrainant l’intervention des forces anti-émeutes (ESMAD). Les affrontements s’en sont suivis, amenant notamment à l’incendie d’une moto appartenant à la municipalité. En raison de ces heurts, l’administration de l’école a fait évacuer le personnel enseignant et administratif, les étudiants, les visiteurs et les prestataires de services.

 

Dans l’après-midi du 24 mai à Bogota, les étudiants de l’Universidad Distrital ont organisé un sit-in près du campus de La Macarena, sur l’Avenida Circunvalar et la Calle 28. Ils protestent contre le fait sans eau depuis plusieurs semaines et les salles de classe sont tellement supeuplées qu’il n’est pas possible d’organiser certains cours. La police anti-émeute (ESMAD) est intervenue vers 16H pour les dégager, ce qui a provoqué la résistance des étudiants qui ont caillassés les policiers.

Des affrontements ont eu lieu entre manifestants masqués, policiers municipaux et forces anti-émeutes (ESMAD) ce jeudi après-midi autour du campus Meléndez de l’Universidad del Valle, dans le sud de la ville de Cali. Les manifestants ont notamment utilisés des grenades artisanales. Ayant commencé à 14H, les affrontements ont cessés à 18 heures.

Jeudi, des masses de manifestants ont affronté la police dans plusieurs villes de Colombie pour marquer le premier anniversaire du soulèvement de masse contre le président conservateur sortant Ivan Duque. À Bogota, Medellin et Popayan, des manifestants cagoulés ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et des feux d’artifice sur les agents anti-émeute. La police a répondu par des grenades de désencerclement,, des munitions non létales et des gaz lacrymogènes. Un manifestant a été blessé à l’œil et plusieurs jeunes ont été interpellés à l’Université nationale de Bogota.

Il y a un an, en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement de M. Duque a proposé une augmentation des impôts, déclenchant une vague de troubles sociaux dans tout le pays qui a duré jusqu’en juin. Les routes ont été bloquées et les civils se sont engagés dans des affrontements sanglants avec les forces de sécurité. Selon un rapport des Nations unies, au moins 46 personnes sont mortes dans les affrontements de l’année dernière – 44 civils et deux policiers.