Mercredi 20 juillet, des affrontements ont eu lieu à Bogota, dans la ville de Kennedy entre des personnes cagoulées et la police anti-émeute à proximité du Transmilenio Portal Américas. Les affrontements ont commencé lorsque des manifestants cagoulés ont bloqué des routes, allumé des feux, et endommagé trois bus de transports municipaux sur l’avenue Ciudad de Cali et l’avenue Villavicencio. La police accuse le groupe de la Primera Línea d’être à l’origine de ce mouvement. Deux personnes ont été arrêtées.

Depuis plusieurs semaines, environ 500 militaires étaient déployés dans le département de Caqueta (sud-ouest) pour localiser Nestor Vera alias “Ivan Mordisco” (à droite sur la photo), qui a récemment pris le commandement de la dissidence après la mort présumée de Miguel Botache Santillana alias « Gentil Duarte » (à gauche sur la photo), le 24 mai dernier au Venezuela.
Nestor Vera a été tué avec neuf autres membres des FARC le 8 juillet, dans un bombardement de l’aviation colombienne. En juillet 2016, quatre mois avant la signature de l’accord de paix, Nestor Vera était devenu le premier chef des FARC à abandonner le processus de paix. Le gouvernement colombien offrait une récompense de 700.000 dollars pour toute information permettant sa localisation.

 

Leider Johany Noscue, alias ‘Mayimbú’, un des commandant de la dissidence des FARC et l’un des hommes les plus recherchés de Colombie, a été abattu par l’armée dans la municipalité de Suárez (Cauca). Quelques jours auparavant, les forces colombiennes ont également tué Ricardo Abel Ayala, alias « Cabuyo », un autre commandant dissident des FARC, dans une zone rurale de la ville de Barbosa. Cabuyo commandait le 36e front des dissidents des FARC. Ayala est devenu célèbre pendant les pourparlers de paix de La Havane lorsqu’il a été choisi pour coordonner un programme pilote de déminage humanitaire. Cependant, lorsque l’accord de paix a été signé en 2016, il a refusé de déposer ses armes.

Ricardo Abel Ayala

Le 9 juin est en Colombie la « Journée de l’étudiant tombé », en commémoration d’une marche d’étudiants qui a eu lieu en juin 1929 en protestation contre le gouvernement responsables du massacre des travailleurs des bananeraies en décembre 1928 (voir ici notre récit de cet événement). Au cours de cette marche, un étudiant en droit de l’Université nationale de Colombie, Gonzalo Bravo, a été tué par un soldat chargé de la sécurité du palais présidentiel. Ce jeudi, des manifestants cagoulés ont investi les locaux de l’Universidad Industrial de Santander à Bucaramanga. Ils ont allumé des fumièges, fait exploser des grenades artisanales et brisé quelques vitres (première photo). A Bogota, les manifestants étudiants de l’Université du district ont investi le campus de la Macarena, bloqué des routes, et se sont affronté aux formes anti-émeutes (seconde photo). D’autres manifestations et heurts ont eu lieu à Medellín, à Narino et à Cali.

Les étudiant.e.s  du Politécnico Jaime Isaza Cadavid, à Medellin, ont manifesté pour dénoncer l’agression sexuelle commise par un professeur sur une étudiante. Ils ont bloqué une avenue, entrainant l’intervention des forces anti-émeutes (ESMAD). Les affrontements s’en sont suivis, amenant notamment à l’incendie d’une moto appartenant à la municipalité. En raison de ces heurts, l’administration de l’école a fait évacuer le personnel enseignant et administratif, les étudiants, les visiteurs et les prestataires de services.

 

Dans l’après-midi du 24 mai à Bogota, les étudiants de l’Universidad Distrital ont organisé un sit-in près du campus de La Macarena, sur l’Avenida Circunvalar et la Calle 28. Ils protestent contre le fait sans eau depuis plusieurs semaines et les salles de classe sont tellement supeuplées qu’il n’est pas possible d’organiser certains cours. La police anti-émeute (ESMAD) est intervenue vers 16H pour les dégager, ce qui a provoqué la résistance des étudiants qui ont caillassés les policiers.

Des affrontements ont eu lieu entre manifestants masqués, policiers municipaux et forces anti-émeutes (ESMAD) ce jeudi après-midi autour du campus Meléndez de l’Universidad del Valle, dans le sud de la ville de Cali. Les manifestants ont notamment utilisés des grenades artisanales. Ayant commencé à 14H, les affrontements ont cessés à 18 heures.

Jeudi, des masses de manifestants ont affronté la police dans plusieurs villes de Colombie pour marquer le premier anniversaire du soulèvement de masse contre le président conservateur sortant Ivan Duque. À Bogota, Medellin et Popayan, des manifestants cagoulés ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et des feux d’artifice sur les agents anti-émeute. La police a répondu par des grenades de désencerclement,, des munitions non létales et des gaz lacrymogènes. Un manifestant a été blessé à l’œil et plusieurs jeunes ont été interpellés à l’Université nationale de Bogota.

Il y a un an, en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement de M. Duque a proposé une augmentation des impôts, déclenchant une vague de troubles sociaux dans tout le pays qui a duré jusqu’en juin. Les routes ont été bloquées et les civils se sont engagés dans des affrontements sanglants avec les forces de sécurité. Selon un rapport des Nations unies, au moins 46 personnes sont mortes dans les affrontements de l’année dernière – 44 civils et deux policiers.

Dix anciens militaires aujourd’hui à la retraite ont reconnu mardi 26 avril leur participation dans les enlèvements et meurtres de sang-froid de 120 jeunes en 2007 et 2008 en Colombie pour les présenter ensuite comme des membres des guérillas communiste opérant dans la zone. Ces aveux se sont déroulés lors d’une audience par la Juridiction spéciale pour la paix (JEP). Un général, quatre colonels, cinq militaires, tous retraités, et un civil ont reconnu leur participation dans les enlèvements et meurtres de sang-froid de 120 jeunes de la ville d’Ocaña, pour les présenter ensuite comme des membres des guérillas.

Pour la plupart âgés de 25 à 35 ans, les victimes étaient des paysans séquestrés ou des jeunes trompés par des promesses de travail. Ils étaient ensuite assassinés dans une ferme voisine de la caserne d’Ocaña ou alentour. Une pratique motivée par la politique de l’armée consistant à comptabiliser les corps pour gonfler ses résultats dans la lutte contre les guérillas. En échange, les soldats recevaient primes, permissions, promotions et médailles. Selon la JEP, quelque 6 400 civils ont été exécutés entre 2002 et 2008 en échange d’avantages pour les militaires. À ce jour, une vingtaine d’entre eux ont reconnu leur responsabilité dans ces crimes. Le haut commandement militaire et l’ex-président de droite Alvaro Uribe (2002-2008), alors à la tête du pays, ont toujours parlé de « cas isolés ».

Mardi en début d’après-midi, de jeunes manifestants cagoulés ont bloqué la rue Barranquilla à proximité de l’Université d’Antioquia, au nord de Medellin, ils y ont jeté quelques grenades artisanales. Les forces anti-émeutes, les ESMAD , sont arrivées et des affrontements ont eu lieu jusqu’aux portes aux portes de Barranquilla. Les autorités de l’université ont suspendu les activités académiques, culturelles, sportives et administratives, et ont également ordonné à la communauté éducative de quitter les lieux pour éviter tout risque.