La guérilla du PKK a tendu une embuscade aux forces de sécurité turques dans la localité d’Idil dans la province de Sirnak, près de la frontière syrienne, vers 23h30. Un IED a exposé au passage d’un convoi de véhicules blindés des forces spéciales de la police, tuant trois policiers et blessant quatre autres. Ankara a aussi lancé il y a un mois une vaste offensive pour déloger des insurgés kurdes qui ont érigé des barricades dans plusieurs villes sous couvre-feu, notamment à Cizre et Silopi, dans cette province de Sirnak. De même, dans la sous-préfecture Yenişehir de Diyarbakır, un groupe de guérillero ont attaqué à l’aide de lance-roquettes un véhicule blindé de police en circulation. Les forces de sécurité revendiquant la mort de 19 insurgés lors des opérations toujours en cours à Sirnak et Diyarbakır. Toujours à Sirnak, un enfant a été tué par un tir de police.

Le lieu de l'embuscade

Les autorités turques ont procédé, vendredi 15 janvier, aux arrestations d’une vingtaine d’universitaires ayant signé une déclaration critiquant les opérations militaires au Kurdistan, et appelant à la levée du couvre-feu dans cette région. Le texte, rendu public le 11 janvier, a été signé par un millier de personnalités, dont Noam Chomsky, ainsi qu’une soixantaine d’universitaires français. Sept autres signataires sont recherchés pour ce que le gouvernement turc considère comme de la « propagande terroriste ». Une dizaine d’universités ont parallèlement engagé des poursuites disciplinaires contre plus de soixante autres professeurs ou chercheurs.

« Le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité et en particulier l’interdiction de la torture et des mauvais traitements garanti par la Constitution et par les conventions internationales a été violé », affirme la déclaration. « Nous demandons que l’État cesse son massacre délibéré ». Suite à cet appel, des enquêtes judiciaires ont été ouvertes jeudi pour « propagande terroriste », « insulte aux institutions et à la République turque » et « incitation à violer la loi ». Le président Erdogan et le Premier ministre Davutoglu ont dénoncé cette pétition, parlant de « soutien au terrorisme ».

Opération militaire turque au Kurdistan

Jitse A, un ancien militaire néerlandais soupçonné d’avoir combattu aux coté des YPG/YPJ en Syrie a été arrêté ce vendredi aux Pays-Bas. Il a été relâché le jour, le tribunal a saisi son passeport pour l’empêcher de retourner au Rojava. L’homme de 47 ans avait parlé de son engagement contre l’Etat Islamique sur Facebook. Il pourrait être inculpé de « meurtre » s’il s’avérait qu’il a tué un ou plusieurs djihadistes.

Le tribunal a fait la différence entre les militaires néerlandais qui combattent au coté des peshmergas irakiens (Peshmergas-KDP) dans le cadre de l’OTAN et les combattants qui rejoignent individuellement la lutte des YPG/YPJ. Le parquet néerlandais a également brandit « l’étude » mensongère réalisée par Amnesty International il y a quelques semaines à charge des forces démocratiques kurdes en Syrie.

Six personnes ont été tuées et 39 blessées jeudi au Kurdistan dans une attaque à la voiture piégée, dans la nuit de mercredi à jeudi, contre le complexe de la police de Cinar, située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Diyarbakir. Deux personnes ont été tuées dans l’explosion de la voiture piégée et quatre autres, dont un bébé, ont péri dans l’effondrement d’un bâtiment adjacent réservé au logement des policiers et de leurs familles. Après l’explosion du véhicule piégé, une groupe de guérilleros a attaqué le complexe au lance-roquettes et à l’arme automatique, déclenchant une riposte des forces de sécurité.

Le complexe de police de Cinar

Notre dossier sur le Kurdistan, qui reprend des notes sur les organisations politiques dans les quatre parties du Kurdistan vient d’être largement mis à jour. Les changements concernent principalement le Rojava. Mais d’autres changements concernant le Bakuré ont également été faits (Notamment, le YDG-H qui est devenu YPS).

Voir le dossier « Notes sur le Kurdistan ».

Drapeau du PKK.

Depuis plus d’une semaine, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD, alliance formée par les YPG) progressent dans la province d’Alep vers la ville de Manbij. Deux villages (Sakawiyah et Tal Aresh) ont été libérés dans la périphérie de cette ville de 100.000 habitants, 15 djihadistes membres de l’Etat islamique ont ainsi été abattus. Les forces démocratiques sont actuellement concentrées sur le quartier de « Little London » devenu célèbre ces derniers jours dans la presse mainstream pour son importante « communauté » britannique islamiste. Au moins une centaine de djihadistes anglais occupent cette ville aux cotés de l’Etat Islamique. On ignore pour le moment combien de combattants QSD ont été tués ces derniers jours, mais le nombre est probablement élevé: la ville de Manbij est un enjeu extrêmement important pour Daesh qui pourrait perdre toutes ces positions dans la province d’Alep et toutes ces frontières avec la Turquie. Au moins six quartiers-généraux QSD ont ainsi été attaqués par les islamistes.

Sur le front de Raqqa (qui s’étend entre les capitales du Rojava et de l’Etat Islamique) 16 djihadistes ont été tués par les Forces Démocratiques.

Un blindé kurde aux portes de

Cette vidéo de « Bakur Revolt » (Bakuré= Kurdistan Nord) résume les 6 derniers mois au travers d’une courte vidéo. Depuis le 20 juillet dernier, date de l’attentat de Suruç qui a débouché sur le retour à la guerre entre le PKK et l’état turc, les divers attentats islamistes ainsi que l’agression militaire turque ont fait 405 morts jusqu’au 10 janvier 2016.

405 civils tués par l'Etat turc et l'Etat islamique en 6 mois en Turquie.

La Confédération des Immigrés Opprimés d’Europe (AvEG-Kon) et l’Union des Femmes Socialistes (SKB) tiendront une permanence de soutien à la résistance du peuple kurde contre l’agression turque.

Ces permanences auront lieu les 13-14-15 janvier de 10h à 16h à la Place du Luxembourg, à Bruxelles.

Belgique/Kurdistan: Permanences de soutien au peuple kurde sur la Place du Luxembourg du 13 au 15 janvier

Plus de 10.000 personnes, en majorité kurdes, ont manifesté samedi à Paris pour réclamer justice trois ans jour pour jour après l’assassinat de Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du PKK, Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans dans la capitale française et dénoncer les crimes du régime turc contre les Kurdes. La manifestation a eu lieu entre la gare du Nord et la place de la Bastille. A la fin de la manifestation, une très violente rixe a éclaté entre plusieurs manifestants et provocateur. Pour dégager celui-ci qui commençait à se faire rosser, des policiers sont intervenus et l’un d’eux a tirer à deux reprises en l’air pour éloigner les manifestants et exfiltrer le provocateur. Il n’y a pas eu d’interpellation.

La manifestation kurde à Paris

Lors d’un raid effectué par la police turque ce matin dans une habitation de la ville de Van (Anatolie Orientale), 12 personnes agées de 18 à 25 ans ont été tuées d’une balle dans la tête sauf un qui l’a été d’une balle dans l’estomac. Seule une kalachnikov a été saisie par la police.

Le procureur a demandé à ce que les corps soient transférés à Malatya pour des « raisons de sécurité ». Ces dernières semaines, les tensions se sont cristallisées -entre autres- autour de la récupération des corps des personnes tuées par la police par leurs familles. C’est par exemple le cas à Şırnak, Silopi et Cizre.

Des images de l'éxécution à Van.