Pour dénoncer le massacre commis par le régime Erdogan à Cizre, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de Turquie le 8 février à l’appel du Bloc de la Paix et d’organisations syndicales. A Istanbul et à Izmir, les forces de police ont violemment réprimé les manifestations. On compte une trentaine d’arrestations et de nombreux blessés à Istanbul et 49 arrestations à Izmir.
Dans la province quasi-autonome du Kurdistan irakien (KRG), le « Parti Démocratique du Kurdistan », dirigé par le clan Barzani règne sur le pétrole et sur le territoire. Depuis quelques mois, le KRG s’embourbe dans une crise économique malgré les millions de pétrodollars que la région est censée produire. Notamment, les fonctionnaires, ambulanciers, etc… avaient cessés d’être payés pendant des mois. Le gouvernement a présenté la semaine dernière un « plan » censé réinjecter 10 milliards de pétrodollars dans l’économie kurdo-irakienne. Ce plan ne semble pas convaincre tout le monde, et de nombreuses personnes se demandent où disparaît le pétrole, si ce n’est dans les poches du président Massoud Barzani.
Ce matin, une manifestation qui demandait à ce que les rapports sur l’exportation pétrolière soient publiés à été dispersée à Kirkuk.
Peu après midi hier lundi, environ 150 militants kurdes ont tenté de manifester devant la représentation consulaire turque située avenue de Lamballe (XVIe). Bloqués au niveau des quais de Seine, certains des manifestants — qui avaient déclaré leur rassemblement à la préfecture de police à la dernière minute — ont tenté un passage en force. Les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène pour les disperser. Dix-sept des manifestants ont été interpellés.
La police zurichoise a utilisé gaz lacrymogène et balles en caoutchouc pour disperser une manifestation non autorisée lundi devant le consulat de Turquie à Zurich. Les manifestants s’étaient rassemblés vers 16h00 devant le consulat. Ils protestaient contre la situation au Kurdistan. Certains ont jeté des pierres, des drapeaux et d’autres objets contre le bâtiment du consulat. Six personnes ont été interpellées. Une centaine de personnes étaient encore présentes hier en début de soirée, malgré un ultimatum de la police.
Jeudi 4 février, les autorités danoises ont confisqué le passeport de Joanna Palani, jeune femme d’origine kurde iranienne. De retour d’Irak et de Syrie, où elle a combattu au sein des YPJ, elle est accusée de « menacer la sécurité nationale ». Une nouvelle loi, entrée en application en mars dernier, permet à la police de confisquer les passeports et d’interdire la sortie du territoire au nom de la « lutte contre le terrorisme ».
Joanna Palani lors d’une manifestation à Copenhague
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté hier dimanche 7 février devant les bureau de l’ONU à Erbil (Kurdistan d’Irak) pour dénoncer l’intervention militaire du régime d’Erdogan au Kurdistan. Les manifestants demandaient aussi la fermeture des bases militaires turques au Kurdistan d’Irak. Les forces de répression de Barzani, dirigeant féodal de la région autonome kurde d’Irak qui a noué de lucratives relations avec la Turquie, ont ouvert le feu pour disperser les manifestants. Selon les témoins, on compte plusieurs blessés.
Après avoir visité le Chili et le Pérou, le président turc Erdogan termine sa tournée sud-américaine par une visite en Equateur où il espère voir les accords commerciaux qui s’élèvent actuellement à 200 millions de dollars par an passer à 500 millions, voir à un milliard, entre les deux pays.
De nombreux manifestants se sont rassemblés dans la capitale équatorienne, Quito, pour protester contre la guerre menée par l’état turc contre les provinces kurdes du sud-est de la Turquie, contre le soutien de l’état turc aux factions islamistes en Syrie, et contre la collaboration économique entre l’Equateur et la Turquie. Des cordons de police anti-émeute protégeaient le trajet d’Erdogan. Et lorsque Diego Vintimilla, avocat présent parmi les manifestants, a réussi à s’approcher, il s’est fait attaquer par un garde personnel de ce dernier, lui fracturant le nez.
Plusieurs femmes ont réussi à rentrer dans la salle ou Erdogan faisait une conférence « masterclass » et on chanté des slogans avant de se faire copieusement tabasser elles aussi. La partie encourageante de cette histoire est que, à part ces manifestantes, les policiers et les gardes du corps, la salle était pratiquement vide, et le masterclass boycotté. Ce qui n’a pas empêché le président équatorien, Correa, d’annoncer que les relations diplomatiques, commerciales, culturelles, techniques et scientifiques entre les deux pays avaient été renforcées , et d’envoyer son ministre des finances visiter la Turquie à la fin du mois.
Depuis 14 jours, 31 personnes sont emprisonnées dans la cave d’un building où elles s’étaient réfugiées face aux attaques de l’armée turque. 7 d’entre-elles sont décédées, 15 autres sont blessées. Les ambulances qui osent s’approcher pour leur venir en aide sont également attaquées par l’armée. Les espoirs s’amenuisent puisque aucune nouvelle n’a été reçue depuis cinq jours et que les secours ne peuvent s’approcher à moins de 300m.
Une situation identique pourrait avoir lieu dans le même quartier de la ville assiégée de Cizré. 37 personnes sont enfermées au premier étage d’un immeuble cerné par l’armée turque. Plusieurs d’entre-eux sont blessés, l’armée turque renvoie les ambulances qui tentent d’approcher.
Par ce procédé de « couvre-feu » (Cizré et Sur entrent dans leur 54ème jour de ce régime) l’état turc punit et réprime les villes rebelles du Bakuré, massacrant à coups d’artilleries lourdes, de snipers et de tanks des centaines de civils des villes insurgées. Les troupes de guérillas YPS et YDG-H résistent à l’agression turque en construisant des barricades, en creusant des tranchées et en s’attaquant à l’occupant.
L’armée et la police ont lancé en décembre une vaste offensive dans le district de Sur et dans plusieurs autres villes, sous couvre-feu total, pour réduire l’insurrection de la jeunesse kurde qui ont levé des barricades et creusé des tranchées. L’offensive des forces turques pour reprendre le contrôle du district est extrêmement brutale, n’hésitant pas à faire usage de tirs d’artillerie en zone urbaine. Près de 200 civils kurdes ont ainsi été tués. Dans le district historique de Sur, à Diyarbakir, le couvre-feu en place depuis le 2 décembre a été étendu à cinq quartiers supplémentaires et à une rue pour permettre aux forces de l’ordre de reprendre le contrôle de la ville. Un couvre-feu règne depuis près de 50 jours dans la ville de Cizre, alors que celui qui visait la ville de Silopi a été levé partiellement la semaine dernière.
Quatre soldats turcs ont été tués mercredi lors de violents affrontements avec des combattants du PKK à Diyarbakir, où un couvre-feu controversé a encore été renforcé. Les combats ont éclaté dans le district de Sur, lorsque des hommes du PKK ont ouvert le feu sur des soldats avec des armes automatiques et des lance-roquettes. Trois soldats ont été tués et six autre blessés, un quatrième soldat est décédé plus tard de ses blessures à l’hôpital.