De hauts cadres militaires turcs ont annoncé que les combattants étrangers qui luttent aux côtés des YPG seraient combattus comme des « terroristes » et que ce qui pourrait leur arriver serait la responsabilité des gouvernements qui les auraient laissé passer en Syrie. Cette déclaration se fait alors que l’armée turque est rentrée en Syrie et qu’une nouvelle brigade (intégrée à l’IFB), la « Bob Crow Brigade » fait la une des journaux au Royaume-Uni en envoyant des messages à Owen Smith (un candidat à la tête du parti travailliste qui propose de « négocier » avec Daesh), lui disant « Tu veux parler à IS ? Dis ça aux martyrs de Manbij ».

Yasin Aktay (un porte-parole d’AKP) a lui déclaré « Il est difficile de comprendre ce qui pourrait les motiver. Ils sont dans l’illusion qu’ils vont aider à créer un petit état kurde séculaire pro-occidental au cœur des terres islamiques. Ces personnes sont soit motivées par la mentalité croisée, soit ce sont des agents secrets occidentaux qui veulent faire progresser le projet du PYD/YPG. Tous ces discours à propos de combattre Daesh ne font aucun sens« . Si le PYD n’est pas inscrit sur les listes antiterroristes européennes, certains pays -comme l’Espagne- ont choisi de considérer que le PYD était la même organisation que le PKK.

Hier, une série de mouvements kurdes ont annoncé que 50 de leurs membres se mettaient en grève de la faim pour une durée indéterminée jusqu’à ce que l’état turc autorise la tenue d’une réunion avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK qui n’a pas été vu depuis de longs mois. Les mouvements (DTK, DBP, KJA, HDK et HDP) se sont réunis au local d’une organisation parapluie kurde, le DTK (Congrès pour une Société Démocratique) à Amed/Diyarbakir, la « capitale » du Kurdistan turc. Peu après l’annonce, une vingtaine de policiers turcs ont perquisitionné le local, saisissant une banderole réclamant la libération d’Öcalan au balcon, et fouillant chaque pièce une par une. Les policiers ont finalement quitté les lieux vers 00h30.

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Une combattante YJA-Star (la guérilla des femmes du PKK) est décédée en défendant le Camp Makhmour contre une attaque de l’Etat Islamique. Le Camp Makhmour est un camps de réfugiés défendu et administré par le PKK et situé à mi-chemin entre Mossoul et Kirkouk. Le camp avait été créé pour accueillir les Yézidis chassés du Mont Shengal. A l’aube ce matin, deux djihadistes se sont infiltrés dans le camp avec des ceintures d’explosifs, l’un d’eux a réussi à se faire sauter alors que l’autre a pu être abattu par les guérilleros avant de faire sauter sa charge. Deux réfugiés ont été blessés, et une combattante Deniz Binevs a été tuée.

Deniz Binevs

Le quartier général des forces anti-émeutes turques à Cizre n’est plus qu’une carcasse fumante. Le bâtiment a été soufflé ce vendredi par une attaque revendiquée par le PKK. C’est un kamikaze qui a pu introduire une voiture piégée sur les lieux et qui l’a fait exploser, tuant au moins onze policiers. 78 personnes ont été blessées dans l’explosion. La ville de Cizré est située dans la province kurde de Sirnak, frontalière de la Syrie et de l’Irak. Ce quartier général est connu pour avoir vu mourir des centaines de Kurdes emmenés par la police turque.

Les décombres du QG policier

Une attaque à la voiture piégée a dévasté un poste de contrôle de police de Şükürlü, sur l’autoroute reliant Diyarbakir à Batman. Quatre policiers (dont le commandant de l’unité) et deux civils ont été tués, cinq policiers et vingt civils ont été blessés. Le poste de police a été réduit en un tas de décombres par l’explosion qui a creusé un cratère de dix mètre de diamètre et de 5 mètres de profondeur. L’autoroute est coupée à la circulation et une opération de ratissage est cours.

Ce qui reste du bâtiment policier

Ce jeudi soir, deux explosions ont frappé la police turque, la première à Mardin a fait quatre mort dans l’explosion d’un véhicule de police, la seconde à Amed/Diyarbakir a tué cinq personnes. Dans les heures qui ont suivi, 17 militants ont été arrêtés au motif d’appartenance à une organisation terroriste, quatre journalistes ont été détenus et les bureaux du HDP à Istanbul ont été (illégalement) perquisitionnés ce vendredi matin. La perquisition a été menée par des équipes ‘antiterroristes’ de l’armée avec l’appui de véhicules blindés et d’un hélicoptère. Le PKK (qui n’a pas revendiqué les deux explosions mais en est accusé) a récemment promis d’amener la guérilla dans les villes autant que dans les montagnes.

Cinq policiers des forces spéciales turques ont été tués par l’explosion d’un IED au passage de leur transport blindé, sur la route de l’aéroport de Bingol (Kurdistan). Entre vendredi et dimanche, 12 soldats turcs avaient été tués dans des combats avec le PKK dans la province de Hakkari (sud-est) et à Ordu, une ville au bord de la mer Noire (nord-est). Vendredi, des combattants du PKK avaient ouvert le feu sur un groupe de soldats qui procédaient à un ratissage. L’attaque avait fait cinq morts et huit blessés, avant que des renforts sécuritaires, terrestres et aériens, ne soient dépêchés sur place. Trois des huit blessés sont décédés le lendemain. Dans les affrontements qui ont suivi, 19 autres soldats ont été blessés, tandis que l’armée revendique la mort de huit guérilleros kurde dans le secteur.

L’attaque survenue dimanche à Ordu, une région où le PKK est peu présent, a causé la mort de trois soldats et en a blessé deux autres. Elle a été revendiquée par le HBDH, qui regroupe des combattants de dix organisations (dont le TKP/ML, le PKK et le MLKP). Il est possible qu’il s’agisse de l’unité de guérilla qui a déjà frappé les forces de la police le 19 juillet (voir notre article). Une vaste opération de ratissage a été menée par les forces spéciales non loin de Mesudiye, où l’accrochage avec l’armée avait eu lieu.

La carcasse du blindé de la police à Bingol

Deux militaires turcs et un civil ont été tués, dans l’attaque par la guérilla kurde d’un poste de gendarmerie de Cevizlik, village de la province de Mardin proche de la frontière syrienne. Les combattants du PKK ont d’abord fait exploser une voiture piégée, avant de mitrailler le poste. L’attaque a également blessé 12 militaires, dont un est dans un état critique. Hier, l’armée turque aurait tué 19 combattants kurdes à Semdinli, dans la province de Hakkari et deux autres à Baskale, dans celle de Van.

L'attaque du poste de gendarmerie de Cevizlik

Des combattants du PKK ont tué vendredi six soldats turcs lors de deux attaques distinctes. C’est lors d’une opération militaro-policière faite vendredi matin à 6h20 (heure locale) pour capturer des membres du PKK dans le quartier Bayir de la commune Derik (province de Mardin), que deux soldats ont été mortellement blessés dans une fusillade. Moins d’une heure plus tard, quatre soldats turcs ont été tués par l’explosion d’IED sur la route Hakkari-Çukurca, près du village Çimenli, dans la province de Hakkarin, dans l’extrême sud-est.

Le lieu de l'embuscade, sur la route Hakkari-Çukurca

Au moins cinq personnes ont été blessées lundi dans une attaque à la voiture piégée visant le palais de justice de la petite ville kurde d’Ovacik. Une violente explosion s’est produite devant le complexe qui abrite aussi les logements des magistrats et d’autre personnels. L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat mais elle est attribuée au PKK.

EDIT: L’action, qui visait non pas directement le palais de justice mais les logements de fonction de son personnel, a été revendiquée par le HBDH (Mouvement Révolutionnaire d’Unité Populaire), qui l’a dédiée au commandant HPG Baran Dersin et ses camarades, tués dans un bombardement le 17 septembre à Ovacik. Le HBDH regroupe le PKK et 9 organisations de la gauche révolutionnaire de Turquie et du Kurdistan (voir notre article).

Le théâtre de l'explosion
Funérailles du commandant Baran Dersin