Un tribunal de la province de Sirnak (sud-est) a condamné ce jeudi 25 personnes à diverses peines de prison pour avoir participé le 21 octobre 2008 à une manifestation en soutien à Abdhllah Ocalan, le leader du PKK, actuellement détenu à l’isolement. Le tribunal a prononcé des peines allant de sept à huit ans d’emprisonnement pour ‘participation à une manifestation illégale’ et ‘propagande d’une organisation terroriste’. Parmi les condamnés, deux journalistes kurdes présents ce jour-là à titre professionnel.

Ce samedi, à Strasbourg, plusieurs milliers de Kurdes ont manifester pour réclamer un Kurdistan indépendant et la libération de l’ex-leader du PKK, Abdullah Ocalan. Ce dernier purge une peine de prison à perpétuité depuis 1999 à la suite d’un procès jugé inéquitable par de nombreux observateurs internationaux. Des familles venues de Suisse, de Belgique, d’Allemagne, des Pays-Bas,… ont défilé dans les rues de la ville au départ de la gare avant de se réunir en début d’après-midi pour un pique-nique géant et des prises de parole. Les nombreux calicots affichaient, ‘Liberté pour Ocalan’, ‘Kurdistan autonome’ ou encore ‘A bas le régime fasciste en Turquie’.

Manifestation kurde à Strasbourg

Manifestation kurde à Strasbourg

Au moins 32 corps de militants présumés du PKK tués par les forces de sécurité, ensevelis anonymement dans une fosse du cimetière d’Asri (province de Elazig) ont été découverts. Certaines victimes étaient encore habillées, et leurs familles n’avaient pas été informées du décès qui semblent remonter aux années ’90. Dans les registres du cimetière, les corps n’ont pas été enregistrés nommément. Par contre, un fonctionnaire a marqué chacun d’eux du terme ‘terroriste’, suivi du lieu où il a été tué et quand il a été enterré.

Depuis le mois d’octobre, 151 personnes accusées d’entretenir des relations avec le PKK sont jugées à Diyarbakir, parmi lesquelles douze maires élus, membres du BDP (Peace and Democracy Party). Les accusations retenues sont l’adhésion à un groupe armé illégal, la diffusion de sa propagande, la perturbation de l’intégrité territoriale de la Turquie et la tenue de meetings publics illégaux. Ce jeudi, le procès a repris, les vacances judiciaires étant terminées.

A l’appel du BDP et du DKT (Democratic Society Congress – organisation qui chapeaute plusieurs groupes pro-kurdes), des centaines de personnes s’étaient rassemblées sur une place publique proche du tribunal pour dénoncer, entre autre, l’interdiction faite aux accusés de se défendre dans leur propre langue. La foule pacifique a dansé, scandé des slogans et écouté des discours avant de se mettre en marche vers le tribunal, encadrée comme il se doit par un cordon policier. Petit à petit, la tension est montée entre de petits groupes de manifestants et les forces de l’ordre, et à l’arrivée devant le tribunal, ces dernières ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes. Ceux-ci ont entrainé la fuite d’une grande partie des manifestants. D’autres y ont répondu par des jets de pierres, de pétards et de cocktails Molotovs. Les affrontements ne se sont calmés qu’en fin d’après-midi. Malgré que la police ait été toujours présente en force, les manifestants sont restés sur place et ont chanté en attendant la fin de l’audience.

Manifestation en marge du procès à Diyarbakir

Manifestation en marge du procès à Diyarbakir

Emine Demir a été rédactrice en chef du quotidien de langue kurde Azadiya Welat (Indépendance de la Patrie). Créé en 1994, le journal a régulièrement été la cible d’actions judiciaires, les autorités le considérant comme le porte-parole du PKK. Emine Demir a été condamnée aujourd’hui par un tribunal de Diyarbakir pour avoir fait la propagande d’une organisation terroriste. Accusée d’avoir « diffusé et commis des crimes au nom du PKK » dans 84 articles distincts du quotidien entre 2008 et 2009, le tribunal l’a condamnée à un an et six mois de prison par article, ce qui équivaut à 138 années au total. Un mandat d’arrêt a été prononcé à son encontre, alors qu’elle n’était pas présente à l’audience (elle comparaissait libre). En mai déjà, un autre ancien rédacteur du journal avait écopé de 166,5 années de prison. Selon les juges, il aurait « diffusé la propagande d’une organisation terroriste » à 103 occasions. Trois mois plus tôt, le rédacteur en chef de l’époque a été condamné à 21 ans d’emprisonnement pour les mêmes raisons.

Deux militants du PKK ont été tués lundi soir au cours d’une fusillade avec les forces de police dans la province de Mardin. Un troisième homme a également été blessé et immédiatement placé en détention. Il n’y a eu aucune victime dans le camp de la police, qui a lancé dès hier soir une vaste opération militaire dans la région afin de capturer les autres guérilleros impliqués dans le combat.

Ce samedi, une fusillade a éclaté dans la province de Batman (sud-est du pays) lorsqu’un groupe de membres présumés du PKK a été encerclé par une patrouille de l’armée turque. Lorsque les soldats ont exigés qu’ils se rendent, les présumés guérilléros ont répondu par des tirs. L’un d’eux est décédé au cours de cet échange de coups de feu. Alors que le PKK a annoncé qu’il prolongeait son cessez-le-feu déclaré le 13 août dernier, le gouvernement turc avait déclaré que l’armée et la police n’interviendrait que s’il estimait que sa sécurité était en danger.

En août dernier, les autorités danoises avaient gelé dix comptes bancaires appartenant à la chaîne de télévision Roj TV. Après cinq ans d’enquête, elles avaient conclu que la chaîne kurde, émettant vers 68 pays en Europe et en Asie, diffusait de la propagande du PKK et avaient donc saisi ses actifs. En octobre, la cour d’appel avait exigé que ces comptes, contenant plus de 40.000 € soient débloqués. Cette décision a été confirmée aujourd’hui, le juge déclarant que le gel de comptes bancaires contrevient aux lois européennes pour la liberté d’expression.

Ce mardi, les autorités françaises ont interpellé six personnes qu’elles suspectent d’être membres du PKK. Selon la police, ces arrestations qui ont eu lieu à Marseille ont été effectuées dans le cadre d’une enquête menée par un juge antiterroriste à Paris. Ce dernier examine actuellement le financement suspecté illégal du groupe. Il suspecte également ces six personnes, dont ‘un membre du important du PKK au niveau européen’, d’entretenir des liens avec des sections situées en Belgique, en Allemagne et en Italie. La police française dispose maintenant de 96 heures pour les interroger, avant de devoir soit les relâcher, soit les inculper.

Depuis le 30 juin 2009, le rédacteur en chef du quotidien turc ‘Milliyet’ Hasan Cakalkurt et un de ses journalistes Namik Durukan sont en procès pour avoir publié un article dans lequel ils donnaient la parole à Duran Kalkan, un des leaders du PKK. Celui-ci y affirmait entre autre que le PKK ne déposerait pas les armes, même s’il y avait une amnistie générale. Les eux journalistes ont immédiatement été accusés pour ‘avoir fait la propagande d’une organisation terroriste’. Mercredi, le procureur a requis 7,5 années d’emprisonnement pour chacun d’eux, déclarant qu’ils avaient été passivement impliqués dans un crime. Finalement, la Cour a déclaré hier qu’aucun élément criminel de propagande pour une organisation terroriste n’avait été trouvé dans l’article, et a acquitté les deux journalistes après plus d’un an de procédure.