Lundi 22 juin, un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg a condamné deux autres militants anarchistes, accusés dans l’affaire « Network », à des peines de prison. Viktor Filinkov a reçu une peine de 7 ans et Yuly Boyarshinov une peine de 5,5 ans dans une colonie pénale. Le juge a également ordonné la destruction des éléments de preuve dans l’affaire. Filinkov et Boyarshinov ont été arrêtés par le Service fédéral de sécurité russe (FSB) en janvier 2018. Filinkov a été torturé au cours de l’enquête afin de lui extorquer des aveux. Les agents du FSB menaçaient également d’aggraver les conditions de détention de Boyarshinov s’il ne coopérait pas à l’enquête.

Les soutiens de Filinkov et de Boyarshinov se sont réunis à l’extérieur et à l’intérieur du tribunal pour manifester leur solidarité. Des chants de « liberté aux prisonniers politiques » et « l’antifascisme n’est pas du terrorisme » ont été scandés dans la salle d’audience lors de la lecture du verdict. Plus de 20 personnes participant à la manifestation ont été arrêtées, y compris trois à quatre personnes qui jouaient du tambour devant le tribunal, un homme qui s’est enchaîné à une clôture et a allumé une fusée éclairante, et Yana Sakhipova, l’épouse de Boyarshinov, qui a été détenue à l’intérieur du tribunal.

La plupart des accusés dans l’affaire Network sont des antifascistes et des anarchistes. Ils sont accusés d’avoir participé à une “communauté terroriste anarchiste” créée en 2015 dans le but de déclencher une “déstabilisation du climat politique dans le pays” en posant des bombes lors des élections présidentielles russes de 2018 et de la Coupe du monde de football. Le Réseau aurait des cellules fonctionnant à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Penza et en Biélorussie. Plus tôt cette année, sept anarchistes russes, également accusés de participation au groupe « Réseau », ont été condamnés pour des infractions terroristes à des peines de prison totalisant 86 années (voir notre article).

Viktor Filinkov et Yuly Boyarshinov

Viktor Filinkov et Yuly Boyarshinov

À Béjaïa, dans le nord-est du pays, la police a empêché des manifestants de se rassembler vendredi en soutien aux dizaines de prisonnier du Hirak, le mouvement populaire de contestation qui a commencé en février 2019 (voir notre article). Près d’une vingtaine de personnes ont été arrêtées, dont deux qui sont en garde à vue dans un commissariat. Ils devait être présenté aujourd’hui devant un juge. La veille, une manifestation s’est tenue à Tigzirt en solidarité avec les prisonniers du Hirak.

Manifestation du Hirak, le 20 décembre à Alger

Vendredi 12 juin, quatre militants du HDP ont été arrêtés dans le district de Ceyhan, dans la province d’Adana. Ils sont accusés d’avoir transmis des colis d’aide aux guérilleros dans les montagnes d’Amanos dans le cadre de la campagne d’aide alimentaire lancée pour aider familles qui en ont besoin suite à la crise du coronavirus. Aujourd’hui, la police turque a perquisitionné plusieurs appartements à Adana et arrêté dix personnes. Les personnes concernées ont été amenées au siège de la police à Adana. L’enquête est menée par le parquet général. On ne sait pas de quoi les personnes arrêtées sont accusées.

Arrestation d'une membre du HDP (archive)

Arrestation d’une membre du HDP (archive)

Écrire « Lal Salam » (slogan communiste en Inde signifiant « salut rouge »), « camarade », télécharger une photo de Lénine sur les réseaux sociaux, ou posséder de la littérature marxiste peut désormais contribuer à vous mettre derrière les barreaux en vertu de la loi sur les activités illégales (UAPA) en Assam. Bittu Sonowal, un militant du Krishak Mukti Sangram Samiti (KMSS), un syndicat de paysans, en a fait l’expérience. L’Agence nationale d’enquête (NIA) a indiqué qu’il avait qualifié certains de ses amis de « camarade » et avait utilisé des mots tels que « Lal Salam » et « Inquilab Zindabad » (longue vie à la révolution), dans un acte d’accusation formulé à son encontre. Dans l’acte d’accusation, déposé le 29 mai, il était également mentionné que Sonowal avait téléchargé une photo de Lénine avec les mots: « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les penderons ».

Bittu Sonowal est un proche collaborateur du leader paysans Akhil Gogoi. Il est emprisonné depuis le 16 décembre 2019 suite à son arrestation lors des énormes manifestations contre la Citizenship Amendment Act (CAA). Akhil Gogoi est quant à lui conseiller du KMSS. Deux proches de Gogoi ont été arrêtés, sous diverses accusations répondant à la loi sur les activités illégales (UAPA) par la NIA. Toute cette campagne judiciaire, orchestrée par la NIA, a pour but de qualifier les dirigeants du KMSS de maoïstes (considérés comme terroristes en Inde).

Bittu Sonowal

Bittu Sonowal

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Jeudi 4 juin, Trois député·es ont été déchu·es de leur immunité parlementaire dont deux, appartenant au HDP (Parti démocratique des peuples), ont été mis en détention. Leyla Güven a été arrêtée à son domicile à Amed alors que Musa Farisoğulları avait déjà été arrêté quelques heures plus tôt. Leyla Güven avait déjà été emprisonnée par le passé et d’ailleurs, elle avait été élue députée du HDP alors qu’elle était encore en prison où elle a mené une grève de la faim de près de 6 mois (voir notre article).

Campagne de soutien à Leyla Güven et aux grévistes de la faim (archive)

Campagne de soutien à Leyla Güven et aux grévistes de la faim (archive)

Quatre personnes ont été arrêtées dimanche 17 mai au soir, par la police, avant d’être déférées au parquet de Bobigny pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences et fabrication d’engins explosifs ». Ces militant·es avaient été filés par des policiers en civil de la Brigade Anticriminalité (BAC), ce qui les a conduit à l’ancienne clinique de la Dhuys située à Bagnolet, face au 46, rue Lénine. Cette clinique fermée, est devenu un squat tenu par la gauche révolutionnaire. Les policiers ont arrêté, dimanche, un couple sortant du squat et l’a placé en garde à vue. La veille, deux autres personnes avaient été arrêtées et également placées en garde à vue. Elles sortaient du même lieu et la police prétend qu’elle était en possession de cocktails Molotov et de mortiers d’artifice. La police prétend que ces engins ont été confectionnés sur place, ou récupérés à l’intérieur.

À l’issue des gardes à vue, les quatre personnes ont été déférées au parquet de Bobigny en vue d’une comparution immédiate à délai différé. Cette nouvelle procédure mise en œuvre depuis un an permet de continuer à enquêter et de placer un mis en cause en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire en se passant du juge d’instruction. Le procureur saisit directement le juge des libertés et de la détention qui statue sur le sort de l’auteur présumé. Le procureur a requis leur détention provisoire.

Quatre personnes arrêtées pour fabrication d'engins explosifs

Quatre personnes arrêtées pour fabrication d’engins explosifs

Les maires élus des 4 municipalités ainsi que les co-maires d’Iğdır, Eylem Çelik et Yaşar Akkuş, les co-maires de Siirt, Berivan Helen Işık et Peymandara Turhan, les co-maires de Baykan, Ramazan Sarsılmaz et Özden Gülmez, les co-maires Kurtalan, Baran Akgül et Esmer Baran ont été arrêtés par la police turque lors de raid effectués aux domiciles des élus HDP. 44 municipalités kurdes sur les 65 remportées par le parti démocratique des peuples (HDP) lors des élections municipales du 31 mars 2019, sont aujourd’hui dirigées par des administrateurs désignés par l’Etat à la place des maires élus. Plus d’infos ici.

Encore 4 maires du HDP arrêtés et remplacés

Patxi Ruiz est en grève de la faim et de la soif depuis trois jours pour réclamer son retour dans le module 8 de la prison de Murcia. Il avait, en effet, été transféré vers un autre module afin de le séparer d’autres prisonniers politiques par un gardien d’extrême-droite qui l’a menacé. Depuis le début de son action aucun médecin n’est venu le voir. Plusieurs autres prisonniers ont manifesté leur solidarité dont trois détenus à la prison de Puerto III qui sont en grève de la faim depuis trois jours. Quatre autres personnes ont entamé une grève de la faim hier après-midi (l’une d’entre elles le fera par intermittence, toutes les 24 heures). Patxi Ruiz est un ancien membre de ETA. Il purge une peine de trente ans de prison pour avoir exécuté, en 1998, un conseillé de l’UPN à la mairie de Pampelune.

EDIT : Il y avait une erreur dans l’article ci-dessus: Patxi Ruíz ne fait pas la grève pour sa libération. Il demande de retourner au quartier 8 de cette prison ou un collectif de prisonniers a été constitué (et dont il est accusé d’être le leader). Il a été transféré et menacé par un gardien d’extrême droite et demande donc à retourner au quartier 8 et de ne plus être agressé ni menacé. Le mouvement de soutien s’étend un peu plus que d’habitude pour un mouvement issu du secteur des prisonniers politiques qui refusent la reddition politique.

 

Patxi Ruiz

Patxi Ruiz

Mardi 12 mai, une émeute s’est déclenchée au Centre de réinsertion sociale de Colima. Les prisonniers exigeaient de mesures de confinement plus efficaces et ont déclenché un incendie. Le mouvement a été réprimé au bout deux heures avec la participation de la police d’État ainsi que des forces fédérales. Des coups de feu ont été entendus et on signale au moins 9 prisonniers blessés. Le même jour, une tentative d’émeute a éclaté à la prison d’État de Chalco, dans l’État de Mexico. Les prisonniers se plaignaient des restrictions imposées aux visites familiales pour empêcher la propagation de Covid-19. Le directeur de la prison, a demandé le soutien du Secrétariat à la sécurité, qui a déployé 200 éléments du groupe spécial qui ne sont finalement pas intervenus. La tentative de révolte a finalement pu être réprimée par les gardiens.

Émeute et tentative d'émeute dans deux prisons du Mexique

Lundi 4 mai, trois cadres du Parti Communiste du Népal (maoïste) clandestin ont été arrêtés dans la municipalité de Mai du district d’Ilam. Les trois prisonniers sont Pushpa Koirala, responsable du district de lam de Sankhuwasabha, Pasang Sherpa cadre du district de Taplejung et Pasang Tamang cadre du district d’Udayapur. Selon la police, ils auraient été arrêtés dans un local contenant 19 détonateurs, une bombe, un tuyau rempli d’explosifs, une grenade, un mètre de cordon explosif, différents engins explosifs improvisés (IED)…

Netra Bikram Chand, dirigeant du Parti Communiste du Népal (maoïste) clandestin

Netra Bikram Chand, dirigeant du Parti Communiste du Népal (maoïste) clandestin