En février 2009, la police irlandaise a arrêté trois hommes à Letterkenny, dans le Comté de Donegal en Irlande du Nord lors d’un contrôle routier. Dans leur voiture avaient été trouvés une fausse arme, des gants en latex, neuf attaches de câble et des sacs poubelles noirs. Les autorités ayant eu vent d’un complot de ‘tiger kidnapping’ orchestré par les républicains, le trio a immédiatement été accusé d’appartenir à un groupe républicain dissident. Les trois inculpés ont toujours nié faire partie d’une quelconque organisation. Néanmoins, ils ont tous été déclaré coupables ce matin par la Special Criminal Court de Dublin. Le prononcé de la peine aura lieu le 15 décembre. Dans son arrêt, le juge a déclaré qu’il n’avait effectivement pas été établi que les objets retrouvés dans la voiture étaient reliés à un éventuel complot, mais il a ajouté que ces objets rendaient ‘matérielles’ toutes les questions auxquelles les accusés avaient refusé de répondre durant les interrogatoires.

L’Opération de « Retour à la vie », l’assaut des dortoirs où s’étaient barricadés les prisonniers politiques en grève de la faim, avait fait 28 morts dans 20 prisons, et près de 1000 blessés en décembre 2000. Le premier procès de ce massacre a commencé mardi à Istanbul: il concerne 39 anciens conscrits accusés d’avoir tué 12 détenus. Les accusés servaient dans une force paramilitaire qui a transféré des prisonniers politiques de la prison Bayrampasa d’Istanbul à de nouveaux établissements pénitentiaires à cellules d’isolement (les prison de Type F). Vingt-six accusés étaient présents mardi à la première audience. Ils sont également accusés de tentative de meurtre sur 29 autres détenus par le biais d’un recours excessif à la force. Les proches des prisonniers assassinés ont manifesté près du tribunal (photo).

Manifestation devant le palais de justice d’Istanbul

Manifestation devant le palais de justice d'Istanbul

Alfredo Bonanno, 72 ans, figure de l’anarchisme italien, avait été appréhendé pour son implication présumée dans une attaque de banque à Trikala dans le centre du pays. Christos Stratigopoulos, 46 ans, avait été arrêté dans un barrage routier, en possession du butin, 47.000 euros, et d’une arme. Tous deux avaient déjà purgé des peines de prison en Italie à la fin des années 90 pour une série de hold-up.

Après le procès, Alfredo Bonanno a été condamné à quatre ans de prisons, ce qui veut dire qu’en tenant compte du temps déjà passé dedans et de son âge, il a été remis en liberté. Christos Stratigopoulos, qui a lui revendiqué la responsabilité pour l’attaque de la banque a été condamné à huit ans et neuf mois de prisons. Il pourrait sortir à la fin 2011 / début 2012.

Manifestation pour Alfredo Bonanno et Christos Stratigopoulos

Manifestation pour Alfredo Bonanno et Christos Stratigopoulos

Ces trois dernières années, les tribunaux se sont servis de la jurisprudence et de lois antiterroristes rédigées à la hâte et introduites au Code pénal turc en 2005 pour poursuivre en justice les manifestants. Les tribunaux ont décidé que le simple fait d’être présent à une manifestation soutenue par le PKK équivalait à obéir aux ordres du PKK.

Faisant suite aux critiques visant les poursuites engagées à l’encontre d’enfants ayant participé aux manifestations kurdes sur la base d’accusations de terrorisme, le Parlement a amendé ces lois en juillet afin de casser ces condamnations et de mettre un terme aux procès d’enfants devant les tribunaux spécialisés dans les affaires de terrorisme. Toutefois les autres aspects de ces lois demeurent inchangés. Ainsi l’article 220/6 du code pénal turc, qui condamne les crimes commis au nom du PKK et est utilisé pour poursuivre les manifestants en conjonction avec l’article 314/2, qui condamne la participation armée à cette organisation, demeure applicable.

Parmi les cas cités dans le rapport figurent, notamment, les cas suivants: Un étudiant, Murat Isikirik, purge une peine de six ans et trois mois pour avoir fait le signe de la victoire lors de la procession funéraire de quatre membres du PKK à Diyarbakir en mars 2006 et pour avoir applaudi lors d’une manifestation organisée sur le campus de Dicle, à Diyarbakir, en mars 2007. Mère de six enfants, Vesile Tadik a été condamnée à sept ans de prison pour avoir tenu une banderole portant le slogan « La paix ne peut se faire qu’avec Öcalan », lors d’une manifestation organisée à Kurtalan, Siirt, en décembre 2009. Pour avoir crié « Longue vie au président Öcalan » lors d’une manifestation organisée le même jour à Eruh, Siirt, Medeni Aydin a également été condamné à sept ans de prison. Lors de la même manifestation, Selahattin Erden a été aussi sévèrement puni pour avoir tenu une banderole portant un slogan pro-PKK. Lui aussi est actuellement en prison. Fatma Gökhan, Tufan Yildirim et Feyzi Aslan ont été condamnés à des peines allant de 10 ans et cinq mois à 11 ans et 3 mois pour avoir scandé des slogans, fait le signe de la victoire et jeté des pierres lors de la manifestation du 26 mars 2008 à Diyarbakir. Leurs condamnations pour « crimes commis au nom du PKK », répréhensibles au nom de leur « participation à une organisation armée », ont été confirmées et ils purgeront une peine d’au moins sept ans de prison, un autre procès ayant par ailleurs été initié sur la base de nouvelles accusations portées contre eux suite à l’amendement, en juillet 2010, de la loi sur les manifestations et les rassemblements publics.

Les poursuites judiciaires visant des manifestants font partie de mesures de répression plus vastes prises à l’encontre des partis politiques pro-kurdes légaux. Parmi les prévenus se trouvent plusieurs anciens maires et maires en activité, un célèbre défenseur des droits humains, ainsi que des avocats. Six des maires en activité et un défenseur des droits humains arrêtés en décembre dernier sont toujours en détention. Depuis avril 2009, 53 autres personnes, dont certaines sont avocats, sont détenues. À travers toute la Turquie, environ 1.700 membres de partis sont en détention dans l’attente d’un procès reposant sur des accusations similaires.

Un rassemblement contre les poursuites contre les kurdes aura lieu demain 20 novembre, de 13h a 15 h, à la gare du midi.

Une trentaine de plaintes ont été déposées au commissariat d’Alès entre la mobilisation nationale contre la réforme des retraites du 23 septembre et les nombreuses autres qui ont suivi, à échelle hexagonale ou plus localement, cet automne. Dans le lot, des plaintes pour entrave à la liberté du travail, posées par des commerçants et des parents d’élèves du lycée JBD, d’autres pour dégradations, violences de la part des forces de l’ordre, menaces et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique. En faisant appel aux images prises directement sur place, ou à la vidéo-protection, les policiers ont commencé le travail d’identification.

Mardi, au commissariat d’Alès, les cégétistes étaient nombreux, tracts à la main et drapeau au clair (photo) . Trois militants étaient entendus dans deux affaires différentes. Une syndicaliste était convoquée le matin comme témoin. Les deux autres étaient mis en cause pour dépôt d’immondices sur la voie publique. En représailles après son vote validant la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, deux tonnes de déchets avaient été déversées le 14 octobre devant la permanence du député UMP. Deux agents territoriaux auraient conduit et manœuvré le camion poubelle. En aucun cas, néanmoins, ils n’étaient les instigateurs du mouvement, répète la coordination CGT des territoriaux. Ce jour-là, selon leurs estimations, ils étaient plus de 150 devant la permanence. Un peu moins nombreux hier après-midi en face du commissariat, les camarades venus en soutien demeuraient bien présents. C’est la mairie d’Alès qui a porté plainte, qui estime le préjudice des dégradations à 80.000 €.

France: Premières procédures judiciaires à Alès

Deux ans de prison, 4500 euros d’amende et le retrait de six points sur son permis de conduire pour entrave à la circulation, c’est la peine encourue par Gilles Frapper un militant poitevin de Sud-Éducation.
Il a participé le 26 octobre dernier à une action de blocage de la zone commerciale de Poitiers-Sud (photo) dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites. Convoqué le 8 novembre dernier au commissariat de Poitiers, la police lui a signifié ce procès-verbal. Il est accusé de ne pas avoir évacué son véhicule alors que l’ordre de dispersion avait été donné. La version du syndicaliste est différente, il affirme avoir obéi à cet ordre. Le dossier va être transmis prochainement au procureur de la République de Poitiers.

France: Vers un procès contre un syndicaliste de Poitiers

Noé Chambon est paysagiste à Paris et Joachim Devillers, étudiant en musicologie à la Sorbonne. Le 16 octobre, ils ont défilé contre le projet du gouvernement sur les retraites. La manifestation dispersée, ils s’attardent place de la Nation. Des jeunes jettent des bouteilles sur les forces de l’ordre qui encerclent progressivement le groupe. «On a fini par rentrer dans une bouche de métro, raconte Joachim. Arrivé sur le quai, j’entends derrière moi quelqu’un qui crie : “Ils arrivent !” Je me retourne, je vois un militant CGT qui court, du coup je cours aussi. Et je me retrouve par terre, menotté dans le dos : le militant était en fait un policier avec un autocollant CGT.» Noé et Joachim sont emmenés en garde à vue. Ils en sortiront une cinquantaine d’heures plus tard, pour gagner les cellules du dépôt du Palais de justice, où ils passent encore près de dix heures. Convocation chez le procureur, puis direction le juge des libertés et de la détention (JLD), qui leur notifie le contrôle judiciaire : obligation de pointer chaque semaine au commissariat et interdiction… de paraître dans une manifestation.

Ils comparaissaient hier. Selon leur avocate : «Un contrôle judiciaire peut interdire de se livrer à certaines “activités de nature professionnelle ou sociale”. Aller au cinéma est une activité sociale, mais la manifestation n’en est pas une ! Manifester, c’est l’exercice d’un droit politique reconnu et protégé par la Constitution ! On a voulu faire un exemple, intimider. Je vous demande un contre-exemple pour ces jeunes qui commencent leur vie citoyenne.» Le contrôle judiciaire «ne peut être ordonné qu’à titre de sûreté». Pour éviter, notamment, que les prévenus prennent la fuite avant la date de leur procès. Mais dans ce cas «Cette mesure est inadaptée, démesurée.» Sur ce point, la représentante du parquet à l’audience contredit ses confrères parquetiers et JLD, et le procureur refuse l’affrontement et déclare qu’il s’en remet «à la sagesse de la cour.»

Le cas de Noé et Joachim n’est pas isolé. Un autre manifestant arrêté, âgé de 30 ans et vivant à Paris, a eu pour obligation d’habiter chez sa mère, en banlieue, et de ne pas retourner dans la capitale avant son procès. «Il s’agit surtout de l’empêcher de participer au mouvement social », estime l’avocate. Il y a aussi l’histoire de Franck Breuil, 47 ans. Scénographe et décorateur télé, il a été interpellé «sur les marches de l’opéra de la Bastille», pour jet de bouteille. Lui aussi conteste. Après une vingtaine d’heures de garde à vue, il a été convoqué par le procureur et transféré au dépôt. «C’est toujours la même chose : “jet de bouteille”, prétendus “rébellions ou outrages”. En réalité, on attrape ceux qui courent moins vite que les autres», conclut l’avocate.

France: Premières comparutions pour les manifestations contre la loi sur les retraites

Le train « Castor » transportant 120 tonnes de déchets nucléaires, traités dans l’État Français et renvoyés dans l’État Allemand pour être ensuite enfouis, a été perturbé dans sa progression par différents groupes de militants anti-nucléaire en France et en Allemagne.

Au niveau de Caen, le vendredi 5 novembre, des militants se sont attachés avec un tube sur les rails et s’y sont cadenassés, pour retarder le convoi. Les force de l’ordre les ont violemment délogé ces manifestants : l’un d’eux a eu les tendons de la main gauche sectionnés, les deux autres ont été brûlés au 3e degré par les meuleuses. Ces sont trois militants qui ont donc été blessés lors de cette opération policière. A leur sortie de l’hôpital, deux d’entre eux ont été placés en garde en vue avec d’autre militants présents au moment des faits.

Ces militants vont être poursuivis le 8 décembre prochain devant le tribunal correctionnel de Caen pour « délit d’entrave à la circulation ferroviaire ». Le parquet requiert leur placement sous contrôle judiciaire et ils doivent s’acquitter collectivement de 15 000 € de caution pour «garantir les réparations civiles» avant le 15 novembre. Une « Association Pour la Solidarité et l’Aide Juridique » a été constituée (6 cours des alliés 35000 – Rennes, ou CACENDR 15 septembre 1944 54320 Maxeville)

France: Militants « anti-CASTOR » appelés à comparaître

Arnaldo Otegi, ancien porte-parole de Batasuna, a comparu hier devant la plus haute instance pénale Audience Nationale dans le cadre d’un nouveau procès pour ‘apologie au terrorisme’. En mars 2010, il avait déjà été condamné à deux ans de prison sous le même chef d’accusation dans un dossier distinct, un hommage en 2005 à un membre de l’ETA en prison. Cette fois, les autorités l’accusent d’avoir fait ‘l’apologie du terrorisme’ durant un meeting organisé en novembre 2004 devant 15.000 personnes à San-Sebastian. Le parquet lui reproche notamment d’avoir autorisé la projection de vidéos rendant hommage à des chefs historiques de l’ETA (de l’époque de la résistance anti-franquiste!). Otegi, présent à l’audience, n’a accepté de répondre qu’aux questions de son avocate et à nié les faits. Ce procès doit se tenir jusque vendredi, et le jugement sera mis en délibéré. Otegi risque 18 mois de prison supplémentaires dans le cadre de cette affaire.

Otegi à son procès

Otegi à son procès

La régularité de la condamnation à mort en 1982 de Mumia Abu Jamal a donc été à nouveau examinée mardi par une cour d’appel qui peut décider de rétablir la peine capitale ou bien de convoquer un nouveau jury. Lors d’une audience très technique mardi, la cour d’appel fédérale de Philadelphie (Pennsylvanie, est) a écouté les parties contester ou approuver la suspension de sa condamnation à mort qu’elle avait elle-même prononcée en 2008.

La Pennsylvanie ayant déposé un recours contre cette suspension devant la Cour suprême et obtenu gain de cause devant elle, la cour d’appel de Philadelphie doit décider maintenant si elle maintient ou si elle modifie sa décision. Le fond du dossier porte sur une erreur dans les consignes données au jury dans l’attribution de la peine de mort ou d’une peine de prison à vie qui a pu influencer leur décision à l’époque du procès.

A la sortie de l’audience, selon plusieurs témoins, les soutiens de Mumia Abu Jamal, dont son avocate, ont exprimé leur optimisme. Les différents tribunaux et jusqu’à la Cour suprême ayant refusé de remettre en cause la culpabilité du condamné, la question ne porte que sur la peine capitale ou la perpétuité réelle. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la mort en prison pour Mumia. Environ 500 personnes s’étaient rassemblées devant le palais de justice pour demander la libération du condamné.

Mumia Abu Jamal

Mumia Abu Jamal