Le premier week-end de novembre s’est tenu la 5e Conférence de Bâle réunissant les groupes engagés dans la construction d’un Secours Rouge International. Ont participé à cette Conférence treize groupes de sept pays. Les délégués, parmi lesquels ceux de notre Secours Rouge, ont discuté des problèmes et perspectives de la création d’une authentique organisation centralisée et transnationale, de l’augmentation de leur degré d’unité théorique et pratique, du choix et de la définition de campagnes communes, de la mise au point de nouveaux outils communs, etc.

Le 31 octobre 2008, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, remettait en mains propres à un habitant de l’Oise le premier passeport nouvelle génération. L’Etat français s’était engagé en avril de la même année, par décret, à délivrer où qu’on se trouve sur le territoire, une pièce d’identité de ce type ‘à partir du 28 juin 2009‘. Il s’agit de transcrire dans la loi française une directive européenne de 2004.

Sauf que la biométrie a ses adversaires, et que ces derniers reprochent à Paris d’avoir fait du zèle. Notamment en exigeant huit empreintes au lieu de seulement deux, comme le prévoit la directive, et en centralisant les données sur quinze ans. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait d’ailleurs donné un avis défaborable il y a un an. Le 5 juin 2008, elle écrivait: ‘Les finalités de simplification administrative et de lutte contre la fraude documentaire ne sauraient à elles seules justifier la création d’un tel fichier, dès lors qu’aucune mesure particulière n’est prévue pour s’assurer de l’authenticité des pièces d’état civil fournies. Ainsi, rien n’interdira de se présenter sous une fausse identité ou une identité usurpée pour obtenir un passeport. La Commission a donc estimé que la conservation dans un fichier central des photographies et des empreintes digitales était disproportionnée au regard des finalités du fichier‘.

Six mois après l’apparition du premier passeport biométrique, la généralisation de cette pièce d’identité en France a du plomb dans l’aile. De plus en plus de maires résistent au gouvernement et aux préfectures. Pas toujours par idéologie, mais… parce que la mesure plomberait le gagne-pain des artisans-photographes de leur ville. Plainte à l’échelle européenne et recours devant le Conseil d’Etat… L’API, association très critique, bataille ainsi contre la permission faites aux municipalités de faire les photos en mairie. Sur les 2.000 mairies où le dispositif était censé entrer en vigueur de façon anticipée, un tiers est déjà réfractaire. Ce 19 mai, l’API affirme ainsi totaliser 650 courriers d’édiles qui refusent de faire les photos en mairie.

En Suisse, le vote sur le passeport biométrique a constitué l’un des scrutins les plus serrés de l’histoire du pays. C’est par 5.504 voix d’écart seulement (pour 1,9 million de votants) que le peuple a dit oui dimanche à un nouveau passeport à puce. Selon les premiers chiffres concernant les votes des suisses de l’étranger a manifestement participé à faire pencher la balance.

Les passeports biométriques ont vu le jour en Belgique vers la fin de l’année 2004, faisant de la Belgique l’un des pays précurseurs dans le domaine. Ces passeports identifiables à leur logo sur la face avant de la couverture possèdent une puce électronique (située dans la couverture arrière du passeport) qui contient des informations personnelles sur le porteu : photo d’identité, signature manuscrite, nom, prénoms, numéro de passeport, sexe, date de naissance, lieu de naissance, lieu d’émission du document, autorité ayant délivré le document, dates d’émission et d’expiration. Cette puce est interrogeable à distance (environ 10cm avec un lecteur disponible dans le commerce) mais le standard émis par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) prévoit l’utilisation de moyens cryptographiques pour protéger l’accès à distance à ces informations. Il faut selon le standard lire les deux lignes codées (Machine Readable Zone) en bas de la première page du passeport pour obtenir l’accès au contenu de la puce électronique. Le but est d’empêcher la lecture des données personnelles à quiconque ne possédant pas le passeport entre les mains.

On se souviendra qu’en Belgique, une équipe de recherche en cryptographie de l’Université Catholique de Louvain a mis au jour de graves faiblesses dans le passeport biométrique belge, le seul type de passeport distribué depuis fin 2004 en Belgique. Les travaux menés à Louvain-la-Neuve durant le mois de mai 2007 ont montré que les passeports belges émis entre fin 2004 et juillet 2006 ne possèdent aucun mécanisme de sécurité pour protéger les informations personnelles contenues dans la puce électronique du passeport. Quant à ceux émis après juillet 2006, ils bénéficient de mécanismes de sécurité, mais ceux-ci se révèlent insuffisants. Cela signifie que quiconque muni d’un petit dispositif électronique de lecture, facile et peu coûteux à se procurer, peut voler le contenu de passeports alors qu’ils sont encore dans la poche de leur victime et, donc, à l’insu de celle-ci. Photo d’identité et signature manuscrite font partie des informations menacées.

Pour en savoir plus sur les défauts des passeports belges

A Genève, huit célèbres juristes parmi lesquels Mary Robinson, l’ancienne présidente irlandaise, ont présentés un rapport sur les violations commises dans le monde au nom de la ‘guerre contre la terreur’ initiée par les Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

Ce travail d’investigation a été mené par Mary Robinson et sept autres personnalités issues des quatre continents, comme Arthur Chaskalon, 1er président de la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud, l’avocate pakistanaise Hina Jilani, représentante spéciale de Ban ki-Moon pour les défenseurs des droits de l’homme ou le suisse Stefan Trechsel, juge au Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie. Mandaté par la Commission internationale de juristes (CIJ) – un réseau mondial de juges, d’avocats et de défenseurs des droits humains basé à Genève – ces juristes ont rédigé un rapport de près de 200 pages, fruit de trois ans d’enquête, de 16 audiences couvrant plus de 40 pays dans toutes les régions du monde avec des dizaines de témoins.

Quelques extraits: ‘Les Etats démocratiques qui avaient coutume de défendre les normes juridiques relatives aux droits de l’homme participent aujourd’hui à l’érosion du droit international en les violant, en se rendant complices de violations perpétrées par d’autres États ou en faisant montre de tolérance à leur égard (…) Les mesures originellement adoptées à titre temporaire sont devenues permanentes et l’interprétation qui est donnée des notions applicables au terrorisme va souvent bien au-delà de l’objectif visé (…) Partout dans le monde, les agences de renseignement ont acquis des pouvoirs grandissants et disposent de nouvelles ressources, sans être pour autant tenues de mieux rendre compte juridiquement et politiquement de leurs actions (…) Pratiquement tous les Etats sont concernés, de même que les organisations internationales (…) Il est urgent de procéder à un examen complet des lois, politiques et pratiques en matière de lutte contre le terrorisme et de prendre des mesures correctives à l’échelle nationale, régionale et internationale.’

Lire le rapport (en anglais)

Mary Robinson à la tribune

Les deux jeunes militants de 15 et 17 ans qui avaient été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur l’action contre l’Union des Banques Suisses (le 17 janvier, une trentaine de personnes avaient lancé des bouteilles de peinture sur le siège de l’UBS à Zurich, cette action était dirigée contre le Forum Economique Mondial de Davos) viennent d’être remis en liberté. Martin, le militant de l’organisation Revolutionarer Aufbau dans l’immeuble duquel la police affirme avoir trouvé des matières incendiaires, est toujours détenu.

Affiche pour Martin

Quatre personnes étaient toujours sous les verrous en début de semaine à Genève, au lendemain de la manifestation non autorisée contre le Forum économique mondial de Davos (WEF). Elles seront dénoncées au juge pour émeute. Trois d’entre elles, dont deux mineurs, devront aussi répondre de violence ou menace contre l’autorité. Une autre est aussi renvoyée devant le juge pour opposition aux actes de l’autorité. Trois des personnes arrêtées sont domiciliées à Genève, la quatrième vient du canton de Zurich. Au début de la manifestation, une trentaine de personnes avaient été arrêtées préventivement. Elles ont toutes été relâchées le jour-même.

Un millier d’opposants au Forum économique mondial de Davos (WEF) étaient présents ce samedi à Genève en milieu d’après-midi. Les manifestants se sont réunis samedi vers 14h00 malgré l’interdiction décrétée par le canton. Après une succession de discours hostiles au WEF et à l’interdiction de la manifestation elle-même, les organisateurs ont tenté d’obtenir une autorisation de dernière minute pour défiler. En vain. Parmi les orateurs figurait l’ancien conseiller national, écrivain et ex-rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation Jean Ziegler. Il a été applaudi en dénonçant le ‘bal des vampires’ de Davos.

Les organisateurs ont alors appelé à la dispersion. La majorité des manifestants ont obtempéré. Ils étaient près d’un millier vers 15h. Une demi-heure plus tard, ils n’étaient plus que deux cents. Ces derniers ont fait face aux policiers. Ils ont jeté des bouteilles. La police a tiré du gaz lacrymogène, créant la confusion. Les manifestants ont ensuite reflués et se sont divisés en petits groupes, tandis que la police effectuait d’autres tirs de gaz. Une trentaine de personnes auraient été interpellées puis relâchées. Vers 17h, la police tentait toujours d’encercler les derniers groupes de manifestants.

Nombreux et renforcés des troupes bernoises et d’autres cantons romands, les policiers étaient cantonnés depuis samedi matin sur le quartier de la gare de Cornavin, les zones marchandes de la rive gauche et le quartier des banques. Ils procédaient à des contrôles d’identité au hasard. Certains passagers en provenance de la Suisse alémanique ont été examinés en descendant du train.

Manifestation anti-WEF

Mardi 27, la Police Criminelle Fédérale suisse a effectué à Zürich plusieurs perquisitions dans la gauche révolutionnaire. Martin, un militant de l’organisation Revolutionare Aufbau, a été placé sous mandat d’arrêt. La police affirme avoir trouvé du matériel pouvant servir à la fabrication d’engins incendiaires. La police fédérale a transmis le dossier à la police cantonale de Zürich. Deux jeunes militants de 15 et 17 ans ont en outre été arrêtés dans le cadre d’une enquête sur une action contre l’Union des Banques Suisses. Le 17 janvier, une trentaine de personnes avaient lancé des bouteilles de peinture sur le siège de l’UBS à Zürich. Ils avaient également mis le feu aux pneus de quelques limousines du quartier. Ces actions prennent place dans le cadre de la campagne contre le Forum Economique Mondial de Davos.

Vidéo de l’action contre l’UBS à Zürich:

Siège de l'UBS

Le Conseil d’Etat a décidé hier d’interdire le rassemblement contre le Forum économique de Davos prévu à Genève le 31 janvier. Une décision ‘saluée par la majorité des partis’. Les opposants au World Economic Forum (WEF) sont désormais fixés: ils ne seront pas autorisés à manifester à Genève le 31 janvier. Le ministre Laurent Moutinot, à la tête des Institutions, a annoncé hier qu’il s’était résolu, avec l’appui du Conseil d’Etat, à suivre le préavis négatif de la police, ‘en raison du risque avéré de trouble à l’ordre public’. Et à mettre sur pied un dispositif policier équivalant à ce qui aurait été prévu en cas d’autorisation.

Le ministre a égrené les raisons qui expliquent le veto gouvernemental: ‘La personne qui a signé la demande pour la manifestation ne nous paraît pas en mesure de garantir le respect d’un itinéraire et la tenue d’un service d’ordre. Nous avons aussi entendu d’autres personnes qui nous ont dit: ‘Nos affiches illustrent l’apologie d’une certaine violence, car c’est une façon de nous exprimer’. Nous ne sommes donc pas face à un mouvement populaire qui veut se faire entendre, mais face à des gens qui veulent casser.‘ Les manifestations anti-WEF sont un rendez-vous militant de première importance pour la gauche révolutionnaire en Suisse.

Manif anti-WEF