Suite à la mise en place d’un cessez-le-feu en Syrie le mois dernier, des représentants du gouvernement syrien et de la « rébellion » syrienne se sont rencontrés à Astana, dans la capitale du Kazakhstan. Les pourparlers ont commencé ce lundi 23 et s’achèveront ce mardi 24 à midi, ils sont sponsorisés par la Russie, la Turquie, l’ONU et l’Iran. Les rebelles (une quinzaine de groupes, voir image), représentés par le salafiste Mohamed Allouche (Jaysh al Islam, « Armée de l’Islam ») refusent de négocier directement avec le régime et refusent d’aborder d’autres sujets que le cessez-le-feu lors de cette première session. Les principaux groupes islamistes (Daesh et Al Qaida (a.k.a Al Nusra, Fateh Al Sham) sont interdits de conférence. Le groupe salafiste Ahrar Al Sham est également absent de la conférence, ce qui témoigne des tensions entre les factions rebelles.

De leur côté, les YPG ont publié un communiqué pour clarifier qu’ils ne seraient pas liés au discussions puisqu’ils n’y ont tout simplement pas été invités « Nous les Unités de Protection du Peuple, pensons que les entités qui participent et sponsorisent ces pourparlers font partie du problème de départ de la Syrie ». D’autres groupes comme le minoritaire ENKS (Conseil National Kurde en Syrie), l’antenne syrienne du Parti Démocrate du Kurdistan, le parti libéral féodal qui gouverne le Kurdistan irakien autonome, ont quant à eux été invités… Ibrahim Biro est venu y défendre ses troupes, les « Rojava Peshmergas » en demandant à ce qu’ils puissent accéder au Rojava. Il a également prétendu représenter les Kurdes de Syrie.

Si le processus ne capote pas d’ici là, une seconde session se tiendra dès le 8 février.

Les groupes rebelles présents à Astana

Les groupes rebelles présents à Astana

L’OCML VP Toulouse organise une soirée « Red Party » le vendredi 3 février prochain à Toulouse. Elle débutera à 19H30 par la projection d’une interview d’un volontaire français du Bataillon International de Libération (IFB) de retour du Rojava (Kurdistan syrien). Suivi d’un échange sur l’évolution de la guerre en Syrie et sur la campagne de solidarité avec l’IFB. Plus d’infos sur rojava.xyz

Le programme complet ICI

Soirée de solidarité avec le Bataillon International de Libération

Soirée de solidarité avec le Bataillon International de Libération

Communiqué du Bataillon International de Libération

« C’est avec rage, tristesse et fierté que nous confirmons le martyr de Muzaffer Kandemir, connu de nous par son nom de guerre, Doğan Kırefe. Muzaffer a rejoint la Révolution du Rojava depuis Sinop, dans la région de la Mer Noire en Turquie. En tant que communiste, il ne pouvait observer la lutte pour une société juste faire face au fascisme de Daesh sans prendre part à cette lutte. Il a rejoint les Forces Unies pour la Liberté (BÖG) qui venaient alors d’être formées, et a traversé la frontière en Syrie. Des BÖG, il a rejoint des compagnons révolutionnaires venus du monde entier dans note tabur (bataillon), le Bataillon International de Libération (IFB), actuellement déployées dans le cadre de l’Opération « Colère de l’Euphrate », l’offensive finale sur Raqqa, la soi-disant capitale du territoire de l’Etat Islamique. L’IFB et les autres taburs YPG ont rapidement progressé, encerclé, et finalement coincé Raqqa. Daesh lance à présent des attaques désespérées et suicidaires. La première fois, nous avons résisté sans déplorer aucune perte. Mais ce samedi 7 janvier 2017, un assaut bien plus large a été tenté, lors duquel l’ennemi a utilisé non seulement des fusils et des roquettes, mais également des gillets explosifs, dont seuls deux ont explosés. L’un d’eux a tué notre camarade Muzaffer. Malgré cela, nous n’avons pas succombé. Et après de longues heures de la plus lourde bataille que nous ayons vu depuis longtemps, l’ennemi s’est retiré, laissant derrière lui les corps de 18 djihadistes. Nous promettons à Muzaffer et aux peuples du monde entier que nous ne nous laisserons pas dissuader, nous libérerons la ville de Raqqa du fascisme et de la misogynie, tout comme les peuples du monde entier libéreront un jour chaque recoin de la planète. Lorsque ce jour viendra -et il viendra- les noms de Muzaffer Kandemir et de tous les martyrs de cette grande lutte nous accompagneront vers la liberté et l’égalité. Sur ce chemin, Muzaffer vivra à nouveau. Sur ce chemin, il est devenu immortel. Les martyrs sont immortels! Şehîd Namirin! »

Doğan Kırefe

Doğan Kırefe

Il y a un an, la police perquisitionnait 11 endroits pour arrêter 9 membres présumés du PKK ». Il s’agissait en réalité de membres du PML(RC) (Parti Marxiste Leniniste – Reconstruction Révolutionnaire), l’une des seules organisations européennes à avoir fait le choix d’afficher publiquement sa participation à la lutte armée au Rojava contre Daesh dans le Bataillon International de Libération, elle a depuis été interdite. Ce 27 janvier, cela fera un an depuis que ces internationalistes ont été arrêtés. Une manifestation aura lieu le 27 à 18h, Place de Calao à Madrid. Elle sera suivie d’un concert de soutien destiné à financer les frais de justice. D’autres actions, discussions, soirées de soutien auront lieu en Espagne.

Concert de soutien aux internationalistes

Concert de soutien aux internationalistes

Les autorités turques et russes, représentant respectivement les rebelles et le régime, sont arrivées à un accord de cessez le feu « total » dans « tout le pays ». Concrètement, il y a trois accords: un premier signifie la trêve entre le gouvernement syrien et la rébellion, un second prévoit les conditions (la Russie et la Turquie sont garantes, le cessez-le-feu ne compte pas pour les zones contrôlées par Daesh, les groupes rebelles doivent signer l’accord,…), le troisième prévoit que si le cessez-le-feu tient jusque là, de véritables négociations de paix seront entamées dans quelques semaines au Kazakhstan. Pour l’heure, sept groupes rebelles (représentant selon le département de la défense russe 60.000 combattants) ont signé l’accord, il s’agit de:

  • Faylaq al-Sham (islamiste, Fateh Halab)
  • Ahrar al-Sham (salafiste, Fateh Halab)
  • Jaysh al-Islam (salafiste)
  • Thuwar al-Sham (Fateh Halab, censé avoir été dissout)
  • Jaysh al-Mujahideen (islamiste, Fateh Halab, censé faire partie du septième groupe de la liste, Jabhat al Sham)
  • Jaysh Idlib (structure récente, active aux côtés de la Turquie dans l’opération Euphrates Shield, un groupe a déjà fait scission pour rejoindre Jabhat Fateh al Sham, l’ex-Al Qaeda et Al-Nusra)
  • Jabhat al Sham (Front du Levant, alliance islamiste comprise dans Fateh Halab).

La définition des « terroristes » qui sont exclus de l’accord est très vague, surtout quand on voit ceux qui sont censés ne pas l’être. Il est confirmé que Daesh et Jabhat Fateh al Sham (anciennement Jabhat al Nusra, section syrienne d’Al Qaeda) sont exclus de l’accord. La liste du Conseil de Sécurité des Nations Unies (sur laquelle le PKK n’est pas inscrit) pourrait être utilisée, mais cela n’a pas été confirmé. La question des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) et de leur principale composante, les YPG/YPJ, reste pour l’heure floue, puisque la Turquie s’y réfère rarement autrement qu’en les appelant PKK. Saleh Moslem, président du PYD (branche politiques des YPG), a annoncé que le PYD n’avait pas été invité à participer à la trêve.

Situation au 24 décembre

Situation au 24 décembre

Ce 20 décembre, le Bataillon International de Libération (IFB) a repoussé une attaque de Daesh. Les djihadistes se sont rapprochés de la base sous couvert du mauvais temps et des vêtements sombres. Ils ont attaqué à l’aide de kalachnikovs, de mitrailleuses lourdes bixie, de rpg biswing et se sont même suffisamment approché pour lancer des grenades. Heureusement, les internationalistes ont remarqué leur présence et se sont défendu de trois points: une équipe sur le toit, une autre au deuxième étage, alors qu’une troisième engageait l’ennemi au sol. Après avoir vidé de nombreux chargeurs (7 pour certains combattants, soit 210 balles), Daesh a été mis en fuite. Aucun internationaliste n’a été blessé ou tué dans l’attaque. Participez à la campagne de financement de pansements hémostatiques pour les révolutionnaires au Rojava sur rojava.xyz

20 décembre, attaque de Daesh repoussée

20 décembre, attaque de Daesh repoussée

L’offensive lancées par les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) se poursuit dans la province de Raqqah. Suivant l’usage militaire habituel des YPG/YPJ, trois fronts avaient été ouverts le 6 novembre dernier, afin d’encercler la capitale de Daesh. Les QSD ont d’abord concentré l’offensive sur le front nord pendant deux semaines, avant de concentrer les forces sur le front nord-ouest ces 10 derniers jours dans une seconde phase de l’opération « Colère de l’Euphrate » qui vise à libérer la ville de Raqqah. La seconde phase a libéré une quantité invraisemblable de territoire: avançant jusqu’au Lac el-Assad, libérant 97 villages. Sur ce front, les troupes sont à présent au niveau de Raqqah, à 60km à l’ouest.

Progrès des QSD dans la province de Raqqah.

Progrès des QSD dans la province de Raqqah.

Le champs de bataille syrien est aujourd’hui divisé en quatre principaux camps. Celui du régime et de ses alliés, celui des YPG/YPJ et de leurs alliés réunis dans les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), celui de l’Etat Islamique, et enfin celui de ce qu’on appelle « l’Armée Syrienne Libre ». Dans le cadre de notre dossier « Notes sur le Kurdistan », nous publions donc cette explication.

Un autre dossier, consacré cette fois aux Forces Démocratiques Syriennes (QSD), la coalition qui entoure les YPG/YPJ sera bientôt publié.

Lire notre dossier « Que sont « l’Armée Syrienne Libre » et la rébellion syrienne ? »

Des militants accompagnés des drapeaux de l’ASL, du Front Islamique et du Front Al Nusra

Des militants accompagnés des drapeaux de l'ASL, du Front Islamique et du Front Al Nusra

Le prisonnier politique Kurde Syrien Mostafa Ali Ahmad, originaire de la ville de Kobane, a été transféré le 23 novembre dernier dernier vers le Quartier du centre de détention réservé aux étrangers de la prison centrale d’Orumiyeh en Iran, où il avait purgé une peine d’emprisonnement de 11 ans et 6 mois pour son appartenance présumée au PKK. Il a été transféré le 27 depuis ce Centre vers l’aéroport Imam Khomeini de Téhéran pour être déporté vers la Syrie. Des responsables de l’administration pénitentiaire iranienne ont annoncé à Mostafa Ali Ahmad qu’il serait déporté vers Damas parce que le gouvernement syrien exigeait son extradition après qu’il ait fini de terminer de purger sa peine de prison en Iran.

Les forces de sécurité iraniennes avaient arrêté Mostafa Ali Ahmad en juillet 2005 dans village près d’Orumiyeh. Après cette arrestation il avait été immédiatement transféré dans un centre de détention secret des service de renseignements des Gardiens de la Révolution de la ville Orumiyeh, où il a été interrogé et torturé pendant plus d’un mois. Quelques mois plus tard, une branche de la Cour du « Tribunal Révolutionnaire » d’Orumiyeh l’avait fait condamner à mort pour des accusations d’appartenance au PKK. Mostafa Ali Ahmad avait appel de la décision et son affaire avait été renvoyée devant la Cour suprême Iranienne qui avait finalement commuée la peine initiale, en une peine de 11 ans de prison.

Mostafa Ali Ahmad,

Mostafa Ali Ahmad,