Les hackers du Chaos Computer Club ont rendu public ce week end un rapport détaillé sur le programme «mouchard» que les enquêteurs allemands implantent sur les disques durs de suspects. Cette application doit théoriquement permettre d’intercepter les conversations téléphoniques passées par des logiciels tels que Skype, comme en a décidé la Cour constitutionnelle fédérale dans un verdict de février 2008. L’utilisation par les forces de sécurité est supposée être réservée aux cas où des vies humaines ou la sécurité de l’État sont menacées, et seulement après le feu vert d’un juge.

En analysant son code source, les hackers ont découvert que l’outil permettait aussi d’enregistrer des sons par le micro, d’activer la webcam, d’archiver les frappes sur le clavier et même d’installer d’autres programmes à distance, voire des preuves falsifiées. D’après le Chaos Computer Club, le logiciel a d’autres travers. Ainsi, son système de commande n’est pas crypté, ce qui pourrait permettre d’en détourner la mission. «Le niveau de sécurité de ce cheval de Troie est comparable au fait de choisir 1234 comme mot de passe», ironise le Chaos Computer Club. Plus grave encore, le logiciel communique avec un serveur situé aux États-Unis, pour brouiller les pistes, ce qui poserait un risque de détournement incalculable.

Lire le rapport du Chaos Computer Club (en anglais)

Allemagne: Analyse d’un logiciel espion policier

Le SIAT (Service Interministériel d’Assistance Technique) est un service top secret de la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire). Celui-ci immatricule l’ensemble des indicateurs du pays. Sa base de données contient environ 1700 codes, soit autant d’informateurs, ainsi que leurs noms, leurs spécialités et le service de police qui les traite. Les rémunérations de ces indics varient: 50€ pour un tuyau sur un étranger en situation irrégulière, 300€ pour un atelier de production clandestin, entre 5000 et 10000€ pour un trafic de stupéfiants,… Pour les affaires de grande envergure, ces primes peuvent aller jusqu’à 100000€. C’est par exemple, ce qui aurait été versé à celui qui a, en 2003, livré Yvan Colonna, accusé d’avoir exécuté le préfet de Corse en 1998.

Le maire de Mandelieue-La-Napoule (Alpes-Maritime) a fait cette semaine une proposition pour augmenter l’efficacité du centre de surveillance urbaine (CSU) de sa commune. En effet, seules 49 personnes ont été interpellées grâce à la vidéo-surveillance au cours de l’année écoulée, chiffre qu’il juge beaucoup trop bas. Quatorze agents travaillent au CSU et visionnent quotidiennement les images de 80 caméras placées sur la voie publique. Pour les inciter à être plus efficaces, le maire a fait une proposition: que tout agent de sécurité de la voie publique qui aura détecté un délinquant ou un criminel et qui aura entraîné une enquête de la gendarmerie qualifiant les faits de crime et délits reçoive une prime d’un euro par personne arrêtée.

Astrid, le réseau de communication des services de secours, est à la merci d’écoutes illégales, selon le site internet spécialisé Data News. Un simple scanner, un laptop et un décodeur permettent d’en intercepter les conversations. Le système Astrid est sécurisé, notamment par un logiciel qui permet de changer rapidement de canal, ce qui rend les écoutes illégales difficiles. Les utilisateur d’Astrid n’ont par ailleurs jamais signalé à ce jour de tentative de hacking.

Les communications de routine ne sont pas nécessairement verrouillées, mais les unités de police spéciales procèdent cependant au cryptage de leurs conversations. Selon Data News, il a été décidé récemment de procéder à un cryptage généralisé des messages, mais cela nécessite l’adaptation de tous les appareils qui utilisent le réseau.

Depuis plusieurs mois, les pays européens travaillent à améliorer leurs techniques pour contrer les groupes anticapitalistes qui se manifestent lors de sommets européens et mondiaux. L’attitude de l’Europe à l’égard de ces manifestants est éloquente. Ils sont devenus la cible d’une surveillance préventive et sont souvent amalgamés aux hooligans présente lors de grands événements sportifs. D’ailleurs, l’idée d’une ‘carte du manifestant’ à l’instar de la ‘carte du supporter’ (qui existe dans de nombreux pays et interdit de stade toute personne liée à un débordement) a déjà été évoquée.

L’objectif des autorités est maintenant de créer une base de données croisée pour cibler les participants réguliers à ces rassemblements anticapitalistes. Aujourd’hui, seuls Europol et SIS permettent de ficher les simples suspects accusés de pouvoir un jour troubler l’ordre public. Mais le Conseil de l’Union a récemment publié un document dans lequel il évoque les ‘travelling violent offenders’ (contrevenants frontaliers violents) et indique à la Commission qu’elle doit, d’ici à 2012, proposer des moyens concrets pour améliorer l’échange d’informations.

Statewatch, un organisme britannique, révèle par ailleurs trois projets actuellement en cours d’élaboration pour développer la coopération policière. ECRIS (European Criminal Records Information System) qui sera un ‘super casier judiciaire européen’ contenant toutes les personnes ayant déjà été condamnées à des crimes et délits, mais qui pourrait rapidement s’étendre aux condamnations civiles et administratives. EPRIS (European Police Records Index System) qui sera une passerelle commune pour que chaque organe policier national puisse piocher dans les bases des autres états membres. IXP (Information Exchange Platform for Law Enforcement Authorities) sera également une passerelle mais dont la portée sera plus étendue. Elle donnera accès à tous les fichiers gérés par les organes supranationaux européens: Europol, mais aussi les fichiers des douanes, de Frontex (sorte d’agence de l’immigration), le fichier biométrique d’Eurodac (demandeurs d’asile),…

Pendant dix mois, deux scanners corporels ont été testés par la police fédérale à l’aéroport de Hambourg et ont contrôlé 809 000 passagers. Le bilan à l’issue de cette période n’est pas favorable et le ministre allemand de l’Intérieur a décidé de les retirer. Dans 54% des cas en effet, des alarmes se sont déclenchées à mauvais escient, contraignant alors les agents de sûreté à effecteur un nouveau contrôle. Celui-ci est d’autant plus délicat qu’une suspicion pèse alors sur le passager. Fermetures éclairs, œillets de ceinture, vêtements plissés, bottes sont mal identifiés par le scanner corporel.

De plus, un tel taux d’erreurs annule les gains en fluidité qu’est censée apporter cette génération d’appareils, par ailleurs très coûteux. Autre souci, la communauté scientifique s’avoue incapable de dire si ces appareils faisant appel aux ondes millimétriques présentent un danger pour la santé.

Allemagne: Abandon des scanners corporels

Dans le cadre du projet européen ADDPRIV consacré à la vidéo-surveillance, des chercheurs de l’université de Kingston sont actuellement en train de développer un système de caméras CCTV (closed-circuit television) ‘intelligentes’. Ce dernier utilise une intelligence artificielle afin de reconnaître certains types de comportements spécifiques et est capable de suivre une personne sur de multiples caméras. Le fonctionnement est le suivant: un ordinateur apprend à reconnaître certains comportements qualifiés de ‘événements détonateurs’. Lorsqu’un événement de ce genre est repéré par l’ordinateur, le logiciel rassemble les séquences vidéo d’avant et d’après l’incident pour enregistrer l’historique complet des mouvements de la personne suivie. Par exemple, si une vitre est brisée en ville, le système pourra remonter pour trouver qui l’a cassée, et ensuite retracer ses pas afin de trouver quand et où il est entré en ville. Il pourra également découvrir où la personne est partie après avoir agi. Et au final, reconstituer tout le parcours de cette dernière.

Caméras CCTV

Caméras CCTV

A partir de 2012, l’aéroport de Zaventem va tester un système de contrôle de sécurité des passagers imaginé par l’IATA (association internationale du transport aérien). Ce dernier est basé sur un procédé du tri des personnes qui seront séparées en trois catégories: passagers ‘connus’, ‘normaux’ et ‘à sécurité renforcée’. Suivant son statut, chaque voyageur se verra soumis à un contrôle différencié. Le passager ‘connu’ (officiel, haut fonctionnaire,…) se contentera de passer sous le portique de détecteur à métaux. Le passage ‘normal’ passera sous le portique et au ‘full-body’ scanner, appareil qui ‘voit’ sous les vêtements. Enfin, le passager ‘à sécurité renforcée’ devra passer sous le portique, au scanner, enlever ses chaussures et subir un contrôle anti-explosif. La catégorisation des voyageurs se fera par une estimation du risque réalisée par le gouvernement avant leur arrivée à l’aéroport. En Belgique, elle sera réalisée sur base de données personnelles et de la destination. Une fois ‘trié’, le passager se verra apposer sa catégorie via une puce où celle-ci sera mémorisée, et jointe à son passeport ou un autre document de voyage.

Projet-pilote de tri des passagers

Projet-pilote de tri des passagers

La technologie de reconnaissance faciale étant envisagée pour sécuriser les Jeux Olympiques qui se tiendront à Londres l’année prochaine. Des officiers de police alimentent de photographies des suspects des émeutes le programme nouvellement mis à jour pour Scotland Yard dans cette perspective.

Depuis le début du mois de juillet, la police de Santa Cruz utilise un nouveau logiciel dans le cadre d’une expérience qui va s’étaler sur six mois. Objectif: maintenir l’ordre de manière prédictive. Le logiciel est basé sur des modèles de prédiction des répliques de tremblements de terre. Il génère des projections sur les zones et les fenêtres de temps où des actions risquent d’être commises grâce à l’analyse des bases de données des autorités. Celles-ci sont mises à jour quotidiennement et le logiciel recalcule régulièrement ses projections. Selon les autorités, les prédictions de ‘Compsat’, c’est son nom, permet des ‘visites ciblées’ des patrouilles qui se rendent sur les lieux désignés par le programme. Si la phase de test s’avère concluante, le système devrait être étendu à d’autres villes. Rappelons que ‘Compsat’ n’est pas le premier logiciel de ce type et que d’autres villes testent déjà des dispositifs similaires.