Le 17 novembre, deux réfugiés politiques de Turquie, Ali Can Albayrak et Huseyin Sahin ont été placés en détention en Grèce, alors qu’ils apportaient une aide à des demandeurs d’asile politiques. Militants du Parti Socialiste des Opprimés (ESP), Albayrak et Şahin ont été arrêtés à plusieurs reprises en Turquie, soumis à des pressions et à des violences, et finalement forcés de fuir à Lesbos. Là, ils luttent pour que les réfugiés, et en particulier les demandeurs d’asile politiques, puissent mener une vie digne en Grèce. C’est pour avoir aidé d’autres réfugiés politiques venus de Turquie que les deux hommes ont été arrêtés puis détenus dans la prison de l’île de Chios.

Banderole de solidarité à Lesbos avec Albayrak et Sahin

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Can Dündar a été condamné à 27 ans de prison. Le journaliste avait été à l’origine des révélations sur les livraisons d’armes d’Ankara à des groupes islamistes en Syrie. Can Dündar, qui vit en exil en Allemagne, a été reconnu coupable d’aide à un groupe terroriste et d’espionnage pour avoir publié en 2015 une enquête, images à l’appui, sur ces livraisons d’armes par les services secrets turcs, dans le quotidien d’opposition Cumhuriyet dont il était le rédacteur en chef.

En mai 2016, Can Dündar, 59 ans, avait été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d’État. Mais ce verdict avait été annulé en 2018 par une haute cour qui a ordonné un nouveau procès contre Can Dündar pour des accusations d’espionnage comportant une peine plus lourde. Dans les attendus du verdict rendu mercredi, le tribunal a précisé que Can Dündar a été condamné à 18 ans et six mois de prison pour « divulgation d’informations confidentielles et espionnage » en lien avec la publication de l’enquête sur les livraisons d’armes, et à huit ans et neuf mois de prison pour « aide à une organisation terroriste », en l’occurrence le réseau du prédicateur Fethullah Gülen.

Can Dündar

 

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Environ 50 personnes, dont le journaliste kurde Nuri Akman, ont été arrêtées lors d’un raid de la police roumaine dans un hôtel de Timisoara le 13 novembre. Les détenus ont été emmenés dans un centre de détention à Timisoara, où leurs empreintes digitales ont été relevées. Cinq jours plus tard, 35 personnes, malgré leur demande d’asile, ont été livrées à la Turquie. Les policiers les ont fait monter de force, en les matraquant, dans l’avion pour la Turquie. Le journaliste Nuri Akman est jugé en raison de ses activités journalistiques en Turquie et risque une centaine d’années de prison. Akman a dû quitter la Turquie en raison de la répression à laquelle il a été confronté et a rejoint la Grèce. Il y a demandé l’asile politique mais, bien qu’il soit resté longtemps dans le pays, le gouvernement grec n’a pas donné de réponse positive à sa demande d’asile. Nuri Akman, Serbest Derin et Lokman Coşkun, attendent toujours à l’aéroport après avoir refusé l’embarquement dans l’avion. L’avocat qui s’est rendu à l’aéroport hier soir n’a pas été autorisé à entrer et aucune information ne lui a été donnée.
 

Du 30 octobre au 9 novembre, plusieurs drones de l’armée turque ont mené des bombardements intensifs dans la région de Dersim contre des unités de la TIKKO (branche armée du TKP/ML). Cumhur Sinan Oktlamaz (Deniz), membre du commandement régional de la TIKKO Dersim, a été tué durant ces attaques. Ces derniers mois, plusieurs membres de cette guérilla maoïste sont tombés au combat face à l’État fasciste turc (voir nos articles ici et ici).

 

Une amende de 10 millions de livres turques (un peu plus d’un million de dollars) a été imposée aux réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram, Twitter, Periscope, Youtube et TikTok, qui n’ont pas nommé un représentant en Turquie avant la date limite légale. La nouvelle loi, entrée en vigueur en octobre en Turqui, (voir notre article) oblige les réseaux sociaux ayant plus d’un million de connexions par jour, tels que Twitter ou Facebook, à déclarer un représentant en Turquie et à respecter les tribunaux lorsqu’ils sont tenus de retirer une publication dans les 48 heures.

Si elles ne se conforment pas à ces exigences, les plateformes peuvent être sanctionnées par des amendes , une interdiction des revenus publicitaires et une réduction significative de leur bande passante. En outre, elles doivent assumer la responsabilité des « dommages causés » si elles ne retirent pas le contenu dans les 24 heures suivant une décision de justice. De plus, ces réseaux sociaux doivent s’assurer que les données des utilisateurs turcs sont stockées sur un serveur situé en Turquie, un aspect qui a été controversé en raison des craintes que cela puisse faciliter l’accès de la police turque à des données confidentielles. L’année dernière, la Turquie a bloqué l’accès à 408 000 sites web et a forcé la suppression de 40.000 tweets, 10.000 vidéos Youtube et 6.200 publications sur Facebook. Wikipédia, fermé pendant trois ans, n’a été rendu accessible qu’après un avis de la Cour constitutionnelle.

Un jeune prisonnier kurde est mort, selon sa famille, des suites des tortures qu’il a subies dans une prison de la province de Kırıkkale, en Anatolie centrale. Serkan Tumay, originaire de la province de Bitlis, purgeait une peine de deux ans. Tumay avait été gravement maltraité par les gardiens de la prison de type F de Kırıkkale il y a environ un mois, et que ceux-ci lui avaient notamment cogné la tête contre le mur. Suite à ces violences, le victime aurait eu plusieurs fractures aux os et au crâne. La famille de Tumay suppose qu’il s’agissait de représailles des gardiens, car le jeune homme de 27 ans avait dénoncé à plusieurs reprises les conditions de détention inhumaines dans la prison de haute sécurité, notamment de la brutalité du personnel pénitentiaire. Après que les proches de Serkan Tumay aient été informés des récents mauvais traitements qu’il avait subis, Hakan Tumay, un frère du défunt, a fait une réclamation auprès du procureur général de Manisa qui a transmis un rapport aux autorités concernées à Kırıkkale. La famille a été informée, dimanche 18 octobre, du décès de Serkan survenu la veille. La famille du défunt a porté plainte contre l’administration pénitentiaire de Kirikkale pour torture ayant entraîné la mort. Ses parents, Hasibe et Kazım Tumay, ont appelé à la solidarité.

Serkan Tumay

Samedi 10 octobre, plusieurs organisations de l’immigration de Turquie (AGEB, BİR-KAR, ADHK, AvEG-Kon et KCDK-E) ont organisé une manifestation devant une institution européenne à Strasbourg pour dénoncer le fait que la Turquie refuse de remettre les corps de 4 combattants du TKP/ML TIKKO tombés martyrs récemment (voir nos articles ici et ici). Derrière plusieurs banderoles arborant le slogan « Remettez les corps, arrêtez la torture », les manifestants ont scandé des slogans dénonçant le fascisme en Turquie.

Manifestation à Strasbourg.

Ali Kemal Yılmaz (Özgür) et Gökçe Kurban (Asmin), deux combattants du TKP/ML TIKKO, auraient été tués lors de bombardements de l’armée turque près de la ville de Ovacık dans la région de Dersim au début du mois d’octobre. Les corps étant impossible à identifier en raison de l’intensité de l’attaque, les familles des deux guérilleros ont réalisé des prélèvements ADN afin de procéder aux identifications. 

Guérilleros du TKP/ML - TIKKO

Guérilleros du TKP/ML – TIKKO

Abdullah Öcalan, ainsi que Ömer Hayri Konar, Veysi Aktaş et Hamili Yıldırım, détenus sur l’île-prison d’Imrali, se sont vus imposer une interdiction officielle de visite, alors qu’ils sont soumis à un isolement aggravé depuis des années. À la demande du procureur de Bursa, la juridiction d’exécution des peines de Bursa a émis une interdiction de visite de six mois pour Öcalan et ses trois codétenus, dans la prison d’Imrali. La décision aurait été prise le 23 septembre. Les avocats d’Öcalan avaient pu rencontrer leur client le 2 mai 2019 pour la première fois en huit ans. Quatre autres visites avaient ensuite été autorisées pars les autorités turques, entre mai et août 2019. Depuis, toutes les demandes de visite soumises par les avocats d’Öcalan, 107 au total, sont restées sans réponse.

Pénitentier d'Imrali