Le cabinet juridique Asrin, qui se charge de la défense d’Abdullah Öcalan, a lancé un appel au Comité pour la Prévention de la Torture (CPT). Cette appel fait suite aux violations du droit de visite des familles et des avocats d’Öcalan et des trois autres prisonniers de l’ile-prison d’Imrali : Ömer Hayri Konar, Hamili Yildirim et Veysi Aktas. La requête adressée au CPT comprend également une liste d’autres violations de droits dont les prisonniers sont victimes et rappelle que les prisonniers se voient refuser leurs droits les plus fondamentaux : l’accès aux soins, le droit d’être défendu et le droit de communiquer. En mai 2019, à la suite d’un mouvement de grève de la faim massif initié par Leyla Güven, la Turquie avait pourtant annoncé la fin du régime d’isolement imposée à Abdullah Öcalan (voir notre article). Plus d’infos ici.

Abdullah

 

Ces derniers jours, la police turque a doublé la prime promise pour la capture de Bahar Kimyongur qui s’élève désormais à 340 000 euros. Les autorités turques poursuivent ainsi leur acharnement contre ce militant qui figure depuis 2018 sur la liste des personnes les plus recherchée de Turquie (voir notre article). Avant cet ajout à la liste, il avait été les poursuivi et emprisonné dans le cadre de l’affaire DHKP-C. Il avait ensuite été frappé par un mandat d’arrêt international émis par la Turquie en 2006. Le 22 août 2014, Interpol avait officiellement retiré la « notice rouge » le visant.

Prise de parole de Bahar Kimyongür

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Mardi 18 février, dans l’après-midi, un tribunal de Silivri, près d’Istanbul, a acquitté neuf personnes, dont l’homme d’affaire et mécène Osman Kavala, qui étaient accusées de « tentative de renversement du gouvernement » pour avoir soutenu des manifestations antigouvernementales, en 2013, connues sous le nom de « mouvement de Gezi ». Parmi les neuf prévenus, le mécène turc était le seul à avoir été détenu pendant plus de deux ans. Et pour cette accusation, Osman Kavala, connu pour sa défense des monuments historiques et sa promotion du dialogue avec les Arméniens et les Kurdes, risquait la prison à vie. Mais estimant qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes dans ce dossier, le juge l’a acquitté. Le soulagement a été de courte durée. Les responsables du parti au pouvoir ont tweeté leur désapprobation et à la tombée de la nuit, Osman Kavala, a de nouveau été arrêté.  Le bureau du procureur général d’Istanbul a émis un nouveau mandat d’arrêt contre lui, cette fois dans le cadre de l’enquête liée à la tentative de putsch de 2016. Osman Kavala, de fait, était attendu à sa sortie de prison par des enquêteurs. Emmené au siège de la police antiterroriste à Istanbul, il a été placé en garde à vue. De plus, une enquête a été ouverte sur le lien supposé avec les Gülenistes des trois magistrats qui ont prononcé l’acquittement de Kavala…

A une conférence de presse des avocats d'Osman Kavala (2018)

A woman passes in front of a screen featuring jailed businessman and philanthropist Osman Kavala during a press conference of his lawyers on October 31, 2018. – Osman Kavala was arrested a year ago by Turkish authorities and has still to be charged with an offence. (Photo by OZAN KOSE / AFP)

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Mardi 28 janvier, la cour de cassation a rendu son verdict dans le procès anti-PKK. Ce verdict final confirme de non-lieu de la chambre des mises en accusation qui estimait que le PKK ne pouvait pas être considéré comme une organisation terroriste par la Belgique (voir notre article). Il met un terme à une longue saga judiciaire faites de victoires pour les avocats du PKK et d’appels ou de pourvois en cassation par les parquets belges et turcs. Dans ce dossier, le parquet fédéral souhaitait poursuivre au pénal une trentaine de membres du PKK pour infractions terroristes. Ces derniers étaient soupçonnés d’avoir recruté de jeunes Kurdes en Belgique et ailleurs en Europe, d’avoir fabriqué et commercialisé de faux papiers et récolté des fonds dans le but de financer la lutte armée kurde en Turquie. Plus d’infos ici.

Rassemblement solidaire lors d'une des audiences

Rassemblement solidaire lors d’une des audiences

Le 11 janvier, une action de guérilla urbaine revendiquée par l’ « Unité de Vengeance Martyr Sorxwin Roboski » a incendié une usine qui fabrique des vêtements militaires pour l’armée turque dans la zone industrielle PİK Dökümcüler, dans le quartier de Başakşehir, à Istanbul. 8 minibus appartenant à l’usine ont aussi été détruits à la suite de cette action. Au même moment, d’autres combattants ont attaqué une autre usine dans la même zone industrielle. Cette usine fabriquait des équipements pour les véhicules militaires. L’usine, d’une superficie de milliers de mètres carrés, a elle aussi été complètement détruite, ainsi que de de nombreux véhicules appartenant à l’armée. Le propriétaire de l’usine a été exécuté.

Une des deux usines incendiées à Istanbul

 

Depuis 2015, 15.530 personnes ont été détenues dans les opérations policières contre le Parti Démocratique du Peuple (HDP). Parmi elles, 16 députés du HDP, dont des coprésidents, 7 membres du Comité exécutif central, 21 membres de l’Assemblée du Parti et plus de 750 dirigeants provinciaux et de district (voir notre article). Une manifestation de solidarité aura lieu demain à Bruxelles.

Rassemblement de solidarité avec le HDP

 

Mardi 3 décembre, Furkan Sevim, étudiant à l’Université Eskişehir Anadolu, a été condamné à 7 ans et 6 mois de prison pour « appartenance à une organisation armée » et à 2 ans et 3 mois de prison pour « propagande pour une organisation illégale. Il écope donc au total d’une condamnation de 9 ans et 9 mois de prison. Sevim a été arrêté l’année dernière lors d’une descente de police à son domicile suite à une plainte déposée au Centre de communication de la présidence (CİMER) concernant son activité sur les réseaux sociaux. 
Au cours du procès sa possession d’un livre sur Ibrahim Kaypakkaya, d’une casquette avec une étoile, d’une lettre qui lui a été envoyée par des étudiants en détention provisoire ainsi que l’impression d’un discours de Mahir Çayan (co-fondateur du Parti-Front de libération des peuples de Turquie) à l’Université d’Ankara ont été considérés comme des éléments incriminants.
Action du DHKP-C à Istanbul (archive)

Action du DHKP-C à Istanbul (archive)

Depuis 2015, 15.530 personnes ont été détenues dans les opérations policières contre le Parti Démocratique du Peuple (HDP). Parmi elles, 16 députés du HDP, dont des coprésidents, 7 membres du Comité exécutif central, 21 membres de l’Assemblée du Parti et plus de 750 dirigeants provinciaux et de district. En 2019, au moins 1.674 membres et cadres du HDP ont été arrêtés, notamment au cours du processus électoral du 31 mars (750 arrestations). Les principaux procès des anciens coprésidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, se poursuivent. İdris Baluken a été condamné à 16 ans, 8 mois de prison, Çağlar Demirel a été condamné à 7 ans, 6 mois, Abdullah Zeydan à 8 ans, 1 mois, 15 jours et Selma Irmak à 10 ans de prison.

Selahattin Demirtaş militant du HDP condamnés à de la prison ferme (archive)

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La police turque a dispersé par la force, lundi, quelques milliers de manifestantes et manifestants qui défilaient à Istanbul pour demander la « fin de l’impunité » pour les auteurs de violences contre les femmes. Des policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et tiré des balles en plastique pour repousser les manifestants, pour la plupart des femmes, qui tentaient de remonter une avenue au cœur d’Istanbul. Environ 2.000 personnes s’étaient auparavant rassemblées sur une placette non loin, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, brandissant des pancartes demandant « la fin de l’impunité » ou sur lesquelles on pouvait lire les noms de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en Turquie. Après ce rassemblement dans le calme, le cortège a commencé à remonter l’avenue Istiklal, mais a été rapidement bloqué par un mur de boucliers de la police anti-émeutes. Ces dernières semaines, la Turquie a été secouée par plusieurs cas très médiatisée de femmes tuées par des hommes, notamment le meurtre d’Emine Bulut, tuée en public sous les yeux de sa fille de 10 ans par son ex-mari. Un total de 378 femmes ont été tuées en Turquie depuis le début de l’année, selon le groupe de défense des droits des femmes. En 2018, on en comptait 440, contre 121 en 2011.

La répression de la manifestation de lundi

La prison d’Osmaniye, au Sud de la Turquie (au Kurdistan, nommé Bakur) enferme de nombreux prisonniers politiques, régulièrement torturés. Une grève de la faim a commencé le 12 novembre. Les détenus ont envoyé une lettre à la section de la ville d’Adana d’une association de lutte des droits de l’Homme expliquant les raisons de leur protestation. Il dénonce l’état d’urgence toujours en place dans la prison, où des procédures disciplinaires sont en cours depuis le 8 août envers des prisonniers ayant par exemple refusé de se lever lors du décompte journalier. Les prisonniers et leur avocat dénoncent également l’approche raciste, la pratique de l’isolation et le retard dans les traitements médicaux des prisonniers par l’administration pénitentiaire.

grève de la faim des prisonniers politiques d'Osmaniye

Grève de la faim des prisonniers politiques d’Osmaniye

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