Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Christian Tein a quitté, ce jeudi 12 juin en soirée, la prison de Mulhouse-Lutterbach. Le leader indépendantiste kanak y était détenu depuis près d’un an dans le cadre de l’enquête sur les révoltes en kanaky au printemps 2024 (nos articles ici et ici). Libéré sous contrôle judiciaire, il a interdiction de se rendre en Kanaky et de contacter d’autres protagonistes. Le 3 juin, la cour d’appel de Paris avait ordonné la mise en liberté de trois autres militants indépendantistes incarcérés dans l’Hexagone, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama, Erwan Waetheane, et confirmé celle d’un quatrième, Steeve Unë (article ici). Les juges ont estimé qu’à ce stade de la procédure, il n’était pas démontré que Christian Tein ou d’autres responsables de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) mis en examen auraient préparé un attroupement armé ou un groupement violent.


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Ce sont dans des prisons de type S, de type Y et de haute sécurité, appelées en Turquie « de type puits », que sont enfermés les prisonniers politiques. Elles sont basées sur le régime d’isolement, célèbres pour les conditions carcérales difficiles et les violations des droits des prisonniers. Elles doivent leur appellation au fait que les fenêtres, étroitement grillagées, donnent sur un espace muré, et que la courte promenade quotidienne se fait dans un espace étroit entouré de hauts murs.  Depuis 2021, 51 prisons de ce type ont été construites et un programme de construction de 21 nouvelles prisons de ce type doit s’achever cette année.

Dans ces prisons sont détenus des prisonniers politiques kurdes, mais aussi des opposants turcs, et notamment des militants de la gauche résistant au régime fasciste. Parmi ces prisonniers, 40 membres du Parti Socialiste des Opprimés, de l’Assemblée des Femmes Socialistes et de la Fédération des Associations des Jeunes Socialistes arrêtés le 14 janvier. Ces prisonniers et prisonnières ont entamé une grève de la faim. En solidarité, des grèves de la faim tournantes ont lieu dans plusieurs villes européennes — actuellement à Bruxelles.

Alors que des milliers de citoyens venus de 52 pays s’apprêtent à entamer une marche pacifique de 48 km vers la bande de Gaza pour réclamer un couloir humanitaire, des dizaines de participants sont  retenus, expulsés ou interrogés au Caire. Hier jeudi 12 juin, ils avaient rendez-vous au Caire pour poursuivre vers Gaza. Mais à la veille du départ, des dizaines de membres des délégations étrangères, ont été actuellement retenus à l’aéroport du Caire – voire expulsés manu militari. Au moins une dizaine de Français et 34 Algériens auraient déjà été expulsés ainsi que des Marocains, des Turcs et de Jordaniens.

Une descente de police a également eu lieu dans un hôtel du centre-ville de la capitale égyptienne, le Down Town, où séjournaient des membres de la délégation française. Une seconde intervention aurait eu lieu dans un autre établissement. Les agissements des autorités égyptiennes montrent la vieille complicité l’Égypte avec Israël et les États-Unis contre la résistance palestinienne. Les prochaines 24 heures seront décisives.

Le procès en appel du leader syndicaliste et enseignant Ghislain Dugarry Assi s’est tenu mercredi 11 juin. Il avait été condamné en première instance à deux ans de prison ferme pour « coalition d’agent public » et « entrave au fonctionnement du service public ». Lors de l’audience, les débats se sont focalisés sur l’exercice du droit syndical.  Ghislain Dugarry Assi a comparu libre. Il bénéficie d’une liberté conditionnelle depuis près d’un mois. L’enseignant avait été arrêté dans la nuit du 2 au 3 avril par des hommes armés qui ont défoncé la porte d’entrée. Aucune convocation ou mandat d’arrêt n’avait été délivré au préalable. La justice lui reproche… d’avoir incité à la grève en distribuant des tracts pendant les heures de cours. Ghislain Dugarry Assi a affirmé l’avoir fait dans le cadre des quinze heures payées pour l’exercice des droits syndicaux. Le délibéré a été fixé au 16 juillet.

 

En moins de 24 heures, 19 attaques à l’explosif ont été réalisées dans plusieurs régions de la Colombie, ciblant principalement les forces de sécurité. 14 attaques avaient déjà été enregistrées mardi matin entre 4h00 et 9h00. Deux d’entre elles auraient impliqué des voitures piégées, une autre une moto chargée d’explosifs. Tous les actes recensés visent des postes de police ou des membres des forces de l’ordre. Ces attaques surviennent quelques jours après la tentative d’assassinat du sénateur Miguel Uribe, pris pour cible par balles. L’état-major central des FARC (la principale dissidence des FARC) a revendiqué cette offensive. Le groupe dénonce notamment la présence militaire américaine en Colombie, qu’il accuse d’être positionnée en vue d’un plan de déstabilisation du Venezuela.

EDIT: Ce sont au total 24 attaques, sous forme de fusillades, d’explosions de drones ou de voitures et motos piégées. Cette attaques ont fait sept morts et 28 blessés.

À l’appel de plus d’une trentaine d’organisations, une manifestation contre le génocide en cours en Palestine, mais aussi en soutien à Georges Abdallah et la criminalisation de la solidarité, est organisée ce mardi 17 juin dès 18H30 au départ du métro Jean Jaurès à Toulouse. Celle-ci est organisée alors qu’une audience décisive pour la libération du communiste libanais se tiendra à la Cour d’Appel de Paris le 19 juin prochain (voir l’appel unitaire).

De la même manière, des délégations du Secours Rouge International venant de Belgique, d’Italie, de France et de Suisse participeront à la manifestation nationale pour la libération de Georges Abdallah ce samedi 14 juin à Paris au départ de Place de la République à 14H (voir notre appel).

Nairobi a été secouée, jeudi 12 juin, par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Plusieurs centaines de protestataires ont marché dans le centre-ville pour demander justice pour Albert Ojwang, un jeune homme décédé en détention le week-end dernier ( notre article ici ). La police se retrouve sous le feu des critiques pour avoir présenté des faits contraire à ceux mis en évidence par l’autopsie du corps d’Albert Ojwang. Les médecins légistes ont relevé sur la victime des blessures « infligées par une force externe », la police a soutenu que celui-ci se serait cognée la tête contre le mur de sa cellule. Face aux manifestants, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes, plusieurs personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc. Deux voitures ont été incendiées et des pierres lancées.

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En Inde, un dispositif controversé est censé aider à la résolution de certaines affaires policières : le Brain Electrical Oscillation Signature profiling (BEOS) ou « profilage de la signature des oscillations électriques cérébrales ». Les policiers équipent le suspect à l’aide d’un casque à électroencéphalogramme (EEG) et le soumettent à l’écoute de courtes phrases en lien avec le crime. En enregistrant l’activité cérébrale de l’individu, les enquêteurs espèrent assister à l’activation de certaines zones du cerveau permettant de révéler un souvenir et donc, une « connaissance expérientielle » du crime.

La méthode permet en théorie d’analyser plusieurs types d’ondes cérébrales reflétant l’activation de réseaux neuronaux en lien avec la mémoire autobiographique. Autrement dit, il s’agit de savoir si le suspect a réellement vécu le fait qui lui est reproché. Les recours au BEOS se comptent par centaines et ce, depuis son apparition en Inde au début des années 2000 sous l’impulsion du psychologue clinicien Champadi Raman Mukundan et sa société Axxonet. Or, bien que le fruit de cette méthode ne soit pas recevable comme preuve directe depuis 2010 et la parution d’un arrêt de la Cour suprême du pays, l’influence sur les décisions de justice est bien présente. De plus, le BEOS a tendance à dépasser les frontières indiennes depuis quelques années.

Pourtant, le protocole de la méthode est assez lunaire. En effet, le BEOS implique l’écoute par le suspect de phrases énoncées par les enquêteurs eux-mêmes, se basant sur leur propre version des faits. Or, il existe un fort risque d’orienter la perception de l’individu et surtout, d’induire chez ce dernier une charge émotionnelle capable d’influer sur son activité cérébrale. Il n’existe aucune preuve que la « connaissance expérientielle » relève d’un vrai souvenir ou d’une confusion mentale. La possibilité de lire électriquement un souvenir est douteuse. Aucun protocole n’encadre la phase de création et d’écoute des fameuses phrases prononcées par les enquêteurs. Surtout, aucune étude digne de ce nom n’a fait l’objet d’une publication dans une quelconque revue scientifique.

L’oléoduc EACOP prévoit de mesurer environ 1.400 km de long, allant du Parc national Murchison Falls en Ouganda, jusqu’au port de Tanga en Tanzanie, pour acheminer du pétrole des 400 puits ougandais de Tilenga et Kingfisher jusqu’à la mer, où il pourra être vendu à l’international. Il est estimé que 246.000 barils de pétrole couleront chaque jour dans cet oléoduc, pendant les 25 années d’exploitation prévues. Ce projet est porté par les gouvernements de l’Ouganda, de la Tanzanie, ainsi que TotalEnergies et la China National Offshore Oil Corporation. 100.000 personnes ont été expropriées et lésées dans l’opération (les indemnités étant bien inférieures à la valeur des terres exprorpiées).

En Ouganda, les protestations, pourtant pacifiques, sont réprimées. Une centaine de personnes ont été arrêtées et menacées par la justice, pour avoir participé à des manifestations. Le 21 mai, 9 personnes ont été arrêtées pour avoir manifesté devant la banque KCB. Elles doivent faire face à l’accusion de « nuisances publiques ». Le 4 juin, Stephen Kwikiriza, figure de proue du mouvement d’opposition à l’EACOP, a été enlevé par des militaires. Il a été amené de poste militaire en poste militaire pendant une semaine pour y être passé à tabac, avant d’être jeté, mal en point, au bord d’un route, il y a deux jours.

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Le centre-ville était de nouveau sous couvre-feu mercredi soir. De nouvelles manifestations se sont déroulées, mercredi 11 juin, contre la politique migratoire de Donald Trump dans plusieurs quartiers de Los Angeles où l’administration Trump a déployé des membres de la garde nationale et des marines.( notre article icî ) Dans le quartier de Downtown, des affrontements ont éclaté en fin d’après-midi avec la police, peu avant que débute une deuxième soirée de couvre-feu ( article ici ). 17 personnes avaient été arrêtées dans la nuit de mardi à mercredi pour avoir enfreint ce dernier. Au total, la police de Los Angeles a interpellé 400 personnes depuis samedi.