Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Jessica Reznicek est une travailleuse catholique, militante écologiste qui milite contre les grands projets de l’industrie pétrolière depuis 2000. En 2011, elle a aussi participé au mouvement Occupy Wall Street et a été expulsée d’Israël après avoir aidé des Palestiniens à planter des oliviers dans les territoires occupés. Elle est s’est engagée contre le chantier du Dakota Access Pipeline (DAPL) au printemps 2016, se faisant arrêter plusieurs fois pour des actions de type « lock-on ». Le DAPL est un danger pour les cours d’eau du Midwest et une menace pour l’eau potable de millions de Nord-Américains. Son chantier a été entrepris alors qu’il n’avait pas reçu les permis appropriés et il a déjà connu cinq accidents avec fuite de pétrole au cours des six premiers mois de 2017.

En novembre 2016 et mai 2017, Reznicek et une autre membre des Catholic Worker, Ruby Montoya ont saboté le chantier à plusieurs reprises en incendiant des engins ou en perçant des sections d’oléoduc au chalumeau oxyacétylénique. Elles ont tenu une conférence de presse pour dénoncer le DAPL et revendiquer leurs sabotages. Reznicek a été inculpée en 2019 de neuf chefs d’accusation criminels fédéraux, y compris 11 incendies. Après son inculpation, elle a exprimé le regret de ne pas avoir fait plus pour essayer d’arrêter l’oléoduc. Reznicek a plaidé coupable d’un seul chef d’accusation, celui de « conspiration en vue d’endommager une installation énergétique », et a été condamnée l’année passée à trois ans d’incarcération, trois ans de surveillance fédérale par la suite et l’obligation de verser à l’exploitant du pipeline Energy Transfer 3,2 millions de dollars de dédommagement. Mais le juge du district sud de l’Iowa a pu appliquer une disposition anti-terroriste à sa peine, transformant trois ans de prison en huit ans! Reznicek a fait appel contre cette application et le terrible précédent juridique qu’il crée. L’appel vient d’être rejeté.

Dossier(s): Amérique du Nord

Le 14 juillet, Hamid Nouri a été condamné à Stockholm à la prison à perpétuité pour « violations criminelles et flagrantes des lois internationales » – léquivalent de crimes de guerre – et « meurtres intentionnels ». Âgé de 60 ans, Hamid Nouri avait été arrêté en Suède en 2019, alors qu’il voyageait d’Iran en Suède pour rendre visite à des proches. Des militants iraniens en exil avaient préparé un dossier contre lui, révélant son rôle dans les exécutions en masse de prisonniers politiques à la fin de la guerre Iran-Irak.

Nouri a été membre des gardiens de la révolution avant de devenir un employé du ministère de la justice. Lors de la vague d’exécutions de prisonniers politiques de 1988, Hamid Nouri officiait comme représentant du procureur dans la prison de Gohardacht, dans la ville de Karadj, proche de Téhéran. L’identité de Nouri a été révélée au grand jour après qu’un prisonnier qu’il battait impitoyablement a vu sa carte d’identité lorsqu’elle a glissé de sa poche pendant l’agression. Le détenu l’a vue sous son bandeau et a publié, des années plus tard, des détails sur le rôle de Nouri dans la torture de prisonniers, dans un livre relatant ce qu’il avait vécu. Le procès de Nouri a des implications pour le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi, qui est connu pour avoir participé au grand massacre de 1988.

voir ici notre dossier sur le massacre des prisonniers de 1988

Pendaison en masse à Tabriz, été 1988

 

Dossier(s): Monde arabe et Iran

Mardi, des palestiniens ont été blessés lorsque des colons les ont attaqués dans la ville de Hawara, au sud de Naplouse ainsi que des forces d’occupation ont pris d’assaut un village au sud-est de Tubas, et ont commencé à photographier les maisons des citoyens du côté est du village. Le « Conseil de colonisation » a récemment intensifié ses violations dans les régions du nord de la vallée du Jourdain: il photographie les bâtiments et en notifie leur démolition, et saisit du matériel et des véhicules.

 

Dossier(s): Monde arabe et Iran

Suite à l’échec des négociations, amorcées avec les autorités universitaires, les étudiants sortants de l’Université Julius Nyerere de Kankan ont manifesté lundi 18 juillet contre le nouveau système de notation. Ils ont bloqué durant toute la matinée les quatre grandes entrées de l’université et perturbé la circulation au centre-ville. Les autorités universitaires ont fait appel aux forces de l’ordre, qui sont intervenues violemment pour disperser les manifestants à coups de gaz lacrymogène. Pendant plus de 3 heures, le centre-ville de Kankan a été paralysé par des jets de pierres des étudiants d’un côté, et des tirs de gaz lacrymogène par les agents des forces de l’autre. Des véhicules appartenant aux corps professoral et aux encadreurs ont été caillassés. Les vitres de certains locaux universitaires ont été aussi brisées. Tous les carrefours menant au campus ont été barricadés.

La descente du convoi du préfet sur les lieux n’a fait que mettre de l’huile sur le feu. Pendant une quinzaine de minutes, Aziz Diop n’a pas pu convaincre les étudiants de dégager les barricades. Le préfet s’est fait huer par les manifestants avec des slogans du genre : « préfet zéro, préfet zéro ». Les agents ont fini par prendre le dessus sur les manifestants, et les barricades ont été levées. Le tout sur fond d’interpellation de plusieurs étudiants par les forces de l’ordre.

Dossier(s): Afrique

Une section de la guérilla maoïste, qui serait à l’origine de l’attaque aux mines terrestres qui a fait sept blessés parmi les soldats à Mapanas, dans le nord de Samar, le 5 juillet dernier, était traquée par les soldats de la 801e brigade d’infanterie. Ceux-ci ont utilisé des drones et ont finalement accroché les maoïstes à Barangay Libertad (San Jorge, Samar), mercredi. Trois membres de la Nouvelle Armée Populaire ont été tués et l’armée a récupéré sur le terrain trois fusils d’assaut M16, un AK47, un fusil de chasse et des mines antipersonnel.

Le patrouilleur Mark Monge, membre du bataillon régional de la force mobile (RMFB), circulait avec d’autres policiers lorsqu’ils ont rencontré samedi matin au moins 10 guérilleros maoïstes dans les limites du barangay San Nicolas (San Jose de Buan) et du barangay Mabuhay (Gandara). Une fusillade s’en est suivie entre les deux groupes et le patrouilleur a été tué.

Au moins 20 policiers ont été blessés dimanche dans le sud de l’Inde alors qu’ils tentaient d’empêcher une foule de brûler des bus stationnés dans l’enceinte d’une école après le suicide d’une étudiante. Les manifestants ont pénétré de force dans le campus de l’école dans le district de Kallakurichi, dans le sud de l’État du Tamil Nadu, et ont mis le feu à des bus scolaires et à des véhicules de police alors qu’ils réclamaient justice pour la mort de l’étudiante. L’adolescente a été retrouvée morte dans le foyer de l’école privée mercredi. Elle aurait laissé une lettre de suicide dans laquelle elle nommait deux enseignants et déclarait qu’ils l’avaient torturée, elle et d’autres élèves, en les forçant à étudier tout le temps. Les parents et les manifestants ont exigé une enquête indépendante sur l’incident.

Dossier(s): Inde-Népal

La société conceptrice de sonnettes intelligentes Ring, propriété d’Amazon, s’est associée à plus de 2 000 agences de police et à près de 500 services de pompiers, soit un chiffre multiplié par cinq par rapport à 2009. Toutes ces entités sont à même de demander des données de surveillance à Amazon, qui se garde le droit d’y répondre favorablement selon la situation (voir notre article). Mais dans ce cadre, Ring a fourni des images de surveillance aux forces de l’ordre, sans mandat ni consentement des propriétaires desdites sonnettes, à onze reprises au cours de l’année 2022. Par ailleurs, Ring a refusé de s’engager à ce que les sonnettes intelligentes n’exploitent jamais la technologie de reconnaissance vocale intégrée aux produits et a refusé l’arrêt automatique de l’enregistrement audio par défaut lorsqu’une séquence vidéo est enregistrée.

Un tribunal spécial du Chhattisgarh a acquitté les 121 accusés arrêtés par la police de l’État dans le cadre de l’embuscade maoïste de Burkapal en 2017 à Sukma, dans laquelle 25 paramilitaires de la CRPF avaient été tués (voir nos articles ici et ici). Le tribunal spécial, qui a prononcé le jugement vendredi, a déclaré que l’accusation n’a pas pu prouver que les accusés, des tribaux qui étaient derrière les barreaux depuis près de cinq ans, étaient soit sur les lieux de l’incident, soit en possession d’armes ou d’explosifs, soit même membres du PCI(maoïste). « Il est donc clair que l’accusation n’a pas réussi à prouver ses arguments contre les accusés au-delà de tout doute raisonnable », a déclaré la cour du juge Dipak Kumar Deshlahare en acquittant tous les accusés.

L’embuscade de Burkapal s’était produite alors qu’une équipe de 70 soldats du 74e bataillon de la CRPF était partie assurer la sécurité de la construction d’une route à Burkapal, à Sukma, le 24 avril 2017. À la suite de cette embuscade, la police du Chhattisgarh avait raflé 121 tribaux de différents villages de la région. Tous ont été arrêtés en 2017 et sont restés en prison jusqu’à vendredi. Un accusé s’est avéré être mineur, tandis qu’un autre est mort en détention.

 

Dossier(s): Inde-Népal

Condamné en 2009 à douze ans et demi de prison, le militant altermondialiste Vincenzo Vecchi faisait partie des « dix de Gênes », lourdement condamnés pour les affrontements lors du G8 en 2001. Réfugié en Bretagne, il avait été arrêté en août 2019 à Rochefort-en-Terre, en vertu de mandats d’arrêt européens (MAE) émis par l’Italie. Depuis l’Italie réclame son extradition. La justice française s’y était opposé, mettant en cause la proportionnalité du MAE. Vincenzo Vecchi avait été libéré en novembre 2019 par la Cour d’appel de Rennes (voir notre article). Par la suite, la cour d’appel d’Angers avait refusé en novembre 2020 d’exécuter le MAE au motif que la peine principale de dix ans de prison, encourue pour « dévastation et pillage » (introduite dans le code pénal italien sous Mussolini), n’avait pas d’équivalent en France (voir notre article).

En janvier 2021, la Cour de cassation française avait saisi la justice européenne (la CJUE) sur la double incrimination et la proportionnalité du mandat d’arrêt européen (MAE) visant M. Vecchi. Ce MAE servant normalement à lutter contre le terrorisme et le grand banditisme. Une audience s’était tenue en janvier à Luxembourg. Ce jeudi 14 juillet, la CJUE estime qu’« une correspondance parfaite n’est pas requise entre les éléments constitutifs de l’infraction concernée dans l’État membre d’émission et dans l’État membre d’exécution » du mandat. Selon la CJUE, en outre, « il ne revient pas à l’autorité judiciaire d’exécution, dans le cadre de l’appréciation de ladite condition, d’évaluer la peine prononcée dans l’État membre d’émission au regard du principe de proportionnalité des peines ». Comme l’expose l’avocate française de Vincenzo Vecchi: « Cela veut dire que la Cour de justice, qui interprète les textes européens, vient de dire que les règles de collaboration européennes sont considérées comme supérieures aux principes fondamentaux du droit ». Prochain épisode devant la Cour de cassation à Paris.

Vincenzo à sa sortie de la prison de Rennes

 

Depuis plusieurs semaines, environ 500 militaires étaient déployés dans le département de Caqueta (sud-ouest) pour localiser Nestor Vera alias “Ivan Mordisco” (à droite sur la photo), qui a récemment pris le commandement de la dissidence après la mort présumée de Miguel Botache Santillana alias « Gentil Duarte » (à gauche sur la photo), le 24 mai dernier au Venezuela.
Nestor Vera a été tué avec neuf autres membres des FARC le 8 juillet, dans un bombardement de l’aviation colombienne. En juillet 2016, quatre mois avant la signature de l’accord de paix, Nestor Vera était devenu le premier chef des FARC à abandonner le processus de paix. Le gouvernement colombien offrait une récompense de 700.000 dollars pour toute information permettant sa localisation.

 

Dossier(s): Amérique Latine