Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Rexhino Abazaj, dit Gino, militant antifasciste albanais, est incarcéré à la prison de Fresnes depuis 4 mois et menacé d’extradition vers la Hongrie ( voir article ici ), où il encourt jusqu’à 24 ans de prison. Il est poursuivi dans le cadre de l’affaire dites des « Antifascistes de Budapest » pour des violences lors d’une contre-manifestation face à des néonazis. Ce 12 mars, se tenait une audience pour statuer sur son sort. À la demande de garanties faites par la justice française, les autorités hongroises ont répondu mais de manière incomplète et vague, notamment sur le lieu de détention et les conditions de son procès. La défense met l’accent sur la disproportion des accusations et des moyens déployés contre leur client, soulignant que l’extradition vers la Hongrie exposerait Gino à des conditions de détention « inhumaines et dégradantes ». L’isolement carcéral proposé par la Hongrie pour garantir la sécurité de Gino a été aussi vivement critiqué par la défense, qui y voit un traitement punitif. Après deux heures d’audience, le président de la cour, a annoncé que le délibéré serait rendu le 9 avril. Concernant la demande de mise en liberté de Gino, après deux refus, la cour a jugé la requête recevable et a ordonné une enquête de faisabilité. La décision sur une éventuelle mise en semi-liberté, assortie d’un placement sous bracelet électronique, sera rendue le 26 mars.

Ce 12 février, afin d’empêcher les manifestants anti-austérité d’accéder au Congrès, le gouvernement de Milei a déclenché une répression policière brutale. Des supporters de football organisés ont rejoint les retraités pour leur manifestation hebdomadaire contre les coupes dans les retraites (voir article ici ) c’est l’une des plus grandes mobilisations contre l’austérité jamais organisées dans le pays. Au moins 150 manifestants ont été arrêtés, on dénombre 20 blessés dont un grave. La ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Patricia Bullrich, a annoncé que les détenus encouraient jusqu’à 20 ans de prison. Les lois anti-mafia sont utilisées par le gouvernement pour inculper les manifestants de l’opposition, il considère les groupes de supporters de football de gauche comme des organisations criminelles.

Le samedi 15 mars marque la Journée internationale contre les violences et répressions policières. Comme chaque année, à cette occasion, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes.

A Bruxelles: Manifestation contre les violences et répressions policières, 14 h place du Luxembourg (et non place Fernand Coq comme annoncé dans un premier temps).
A Paris: Commémoration nationale de toutes les personnes tué(e)s par la police en France, de 14H à 18h30, Place du Trocadero.
A Montreal: Manifestation annuelle contre la brutalité policière, à 13h12 à la station Lionel-Groulx (pour qui n’a pas suivi et s’interroge sur l’heure, voir ici).
A Toulouse: Manifestation contre le racisme d’État et la montée du fascisme, 14H place Belfort
A Bordeaux: Marche contre le racisme systémique, les crimes et les violences d’Etat. 14H place de la Bourse
A Lille: Marche contre les violences policières, le racisme et fascisme d’Etat, 12H à Pérenchies (lieu exact à venir)
Et très certainement d’autres…

Le 18 février, la cour d’appel de Bruxelles a reconnu la responsabilité de l’État dans la surpopulation carcérale à Haren et Saint-Gilles. Elle reconnaît l’existence de traitements inhumains et dégradants, fait état de cellules sans chauffage, de problèmes d’insalubrité ou de cuisines fermées plusieurs semaines à Saint-Gilles. L’état a été condamné à verser 2.000 euros par jour et par détenu en excès de la capacité maximale de la prison de Haren et 1.000 euros par constat de traitement dégradant à Saint-Gilles. Malgré les amendes infligées, le mal-être des détenus, lors d’une séance à la Chambre, La ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) a indiqué qu’aucune décision n’avait été prise concernant la date de fermeture de la prison de Saint-Gilles, pourtant prévue pour la fin 2024.

À Kiel et à Lübeck, des policiers se sont présentés aux domiciles de ressortissants kurdes et au centre communautaire kurde de Kiel vers 5h30 du matin ce mercredi 12 mars, ils étaient accompagnés de chiens policiers. Une intervention policière impitoyable, ils ont enfoncé les portes des appartements, saccagé des logements et confisqué les  téléphones portables et des documents écrits. Plusieurs personnes ont été arrêtées, les détenus sont accusés, en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand, d’avoir soutenu et agi en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation reconnue comme « criminelle » en Allemagne. Les accusations portent sur des activités militantes légales, telles que l’appel à manifester, l’organisation d’événements culturels ou la collecte de dons. Le principal interpellé est accusé d’avoir agi en tant que dirigeant régional du PKK.

Après 30 ans de cavale, Peter Krauth et Thomas Walter du K.O.M.I.T.E.E. sont de retour en Allemagne. Le K.O.M.I.T.E.E. était une organisation clandestine de la gauche révolutionnaire qui avait incendié un bâtiment de l’Armée allemande à Bad Freienwalde en raison de la complicité de l’Allemagne dans le génocide au Kurdistan. En 1995, une patrouille de police avait surpris plusieurs militants du groupe en train de placer une charge de 120kg d’explosif dans un centre de détention pour sans-papier en construction à Berlin-Grünau. Les militants parviennent à s’échapper mais laissent des traces permettant d’identifier trois d’entre eux. Après une longue chasse à l’homme, Ils trouvent refuge au Venezuela où les enquêteurs allemands retrouvent leur trace mais le pays, au lieu de les livrer à l’Allemagne, leur a accordé l’asile politique (voir notre article).

Bernhard Heidbreder est mort d’un cancer en exil (voir notre article) Kauth et Walter, âgés de 65 et 62 ans,  sont rentrés en Allemagne via l’Espagne cette semaine. Ils ont largement dépassé le délai de prescription de 20 ans qui s’applique à  ce dont ils sont été accusés, mais une manœuvre du parquet fédéral a porté leur délai de prescription à 40 ans. Un membre de leur équipe de défense prévoit une peine légère, étant donné que les faits reprochés ont eu lieu il y a très longtemps et que l’explosion n’a pas eu lieu. Les deux militants semblent plus disposés à purger une courte peine de prison qu’à s’engager dans une longue procédure judiciaire.

Sindre est un activiste suédois pour les droits des animaux. En octobre 2003, il avait été condamné à des soins psychiatriques médico-légaux forcés, pour une durée indéterminée et à payer 10000 couronnes suédoises [un peu moins de 1000 euros] de dommages et intérêts. Cette condamnation fait suite à un procès pour des actions de 2021, contre l’éleveur d’animaux à fourrures Niklas Pettersson, un élevage maintenant fermé suite à des années d’actions. Sindre qui avait nié être l’auteur de l’action, avait été arrêté immédiatement après le procès et enfermé, sans une date de sortie. S’il n’avait pas été condamné à des soins psychiatriques médico-légaux, sa peine de prison aurait été de quatre mois. Au lieu de cela, il a été enfermé dans un établissement psychiatrique médico-légal pendant presque un an et demi.

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Ce mercredi 12 mars, l’administration Trump a changé les règles de séjours des Canadiens qui restent plus de 30 jours aux Etats-Unis. Ils vont devoir s’enregistrer auprès des autorités et déposer leurs empreintes digitales. Cette règle a été annoncée le jour de l’imposition par l’administration Trump de nouveaux droits de douane contre le Canada. Selon un document du ministère de la Sécurité intérieure, elle doit prendre effet à partir du 11 avril.

Le matin du dimanche 9 mars, de violents affrontements sont survenus entre les forces de l’ordre et une trentaine de personnes à Païta. La situation était très tendue au col de la Pirogue. Des habitants provenant de la tribu de Saint-Laurent avaient pris possession de la RT1, route qui relie Nouméa à l’aéroport de Tontouta, empêchant toutes circulations. Un véhicule de la gendarmerie a voulu forcer le passage et a été la cible de jets de pierres. Ils ont appelés des renforts sur la zone mais la situation a mené à de violents face-à-faces entre les militaires et les manifestants. Les forces de l’ordre ont fait usage de LBD (lanceurs de balles de défense) et de grenades lacrymogènes pour repousser les habitants vers la tribu et réouvrir la route, qui a été fermée à la circulation pendant une demi-heure. Quatre gendarmes ont été légèrement blessés par les jets de pierres.

Le bourgmestre de Charleroi Thomas Dermine (PS) a contacté différents industriels, dont John Cockerill, et le ministre de la Défense Théo Francken ( N-VA ) pour leur proposer une partie de l’ancien site de Caterpillar à Gosselies ( Charleroi ) qui pourrait constituer une option stratégique pour accueillir la production de matériel de défense, tels que des chars ou autres équipements militaires. Outre le site d’Audi à Forest ( voir article ici ), les responsables de John Cockerill iront visiter les anciennes usines de Caterpillar dans le but d’examiner la faisabilité d’y installer une ligne de production de véhicules légers blindés.