Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

L’Université Paris-Nanterre a récemment empêché la tenue d’une table ronde consacrée à une « approche historique et pédagogique de la Palestine », pourtant déposée dans les délais par la FSE et EMF, qui avaient même modifié le panel pour répondre aux demandes de l’établissement. Plusieurs organisations du campus dénoncent le recours à la prétendue « neutralité » universitaire pour filtrer les discours autorisés et faire taire les voix critiques, en particulier celles exprimant leur soutien au peuple palestinien.

Au moins 90 personnes ont été interpellées samedi 22 novembre à Londres lors d’une manifestation en soutien à Palestine Action, un groupe interdit depuis juillet après son inscription sur la liste des organisations considérées comme “terroristes” au Royaume-Uni (voir notre article). Le rassemblement, organisé par le collectif Defend Our Juries à Tavistock Square, visait à dénoncer cette interdiction. Des participants ont été interpellés pour avoir brandi des pancartes considérées comme un soutien à l’organisation proscrite. Plus de 2000 personnes ont été interpellées pour des motifs similaires depuis le mois de juillet dernier. Les arrestations interviennent à l’approche d’un examen judiciaire prévu du 25 au 27 novembre, qui pourrait remettre en cause la qualification de Palestine Action comme « groupe terroriste ».

À l’Université Polytechnique des Hauts-de-France de Valenciennes, la présidence de l’établissement a invalidé la liste pour le Conseil d’Administration de la Coordination Étudiante aux élections aux conseils centraux. Des étudiants de cette organisation syndicale de gauche rapportent également avoir été expulsés de plusieurs bâtiments alors qu’ils distribuaient des tracts durant la campagne. Cette situation survient quelques semaines après que l’Union Étudiante a été confrontée à une décision similaire de la présidence d’Avignon Université (voir notre article).

Ayberk Demirdögen, engagé dans une grève de la faim illimitée, connait une forte dégradation de son état de santé, évoquant des symptômes compatibles avec une possible crise cardiaque, dont pertes de connaissance, douleurs thoraciques, troubles respiratoires et baisse sévère du pouls. Ses soutiens indiquent qu’il a été inconscient plusieurs heures et souffre de problèmes de sommeil depuis plusieurs jours, bien que ses constantes vitales se soient récemment stabilisées. Ils affirment que les autorités turques n’ont pas répondu à ses demandes concernant des transferts et le droit à des visites, tandis qu’ils appellent à développer la solidarité avec les différents prisonniers en grève de la faim contre les prisons de type puits (voir notre article).

Dossier(s): Turquie-Kurdistan

L’autrice italienne Elena Mistrello raconte avoir été arrêtée à son arrivée à Toulouse, où elle devait participer au festival BD Colomiers, puis immédiatement renvoyée vers Milan sur ordre des autorités françaises, informée qu’elle serait considérée comme une « menace grave pour l’ordre public » et frappée d’une interdiction d’entrée. Malgré la présentation de son invitation professionnelle, ses explications n’ont pas été prises en compte et le motif de ce refus n’a pas été explicité.

L’imam Jamil Al-Amin, figure du mouvement des droits civiques et leader musulman américain, est décédé en détention. Ancien président du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et ministre de la Justice du Black Panther Party, il purgeait une peine de prison à vie depuis 2002. Atteint d’un très grave cancer qui s’est développé en raison de la politique de négligence médicale de l’administration pénitentiaire, ses soutiens appelaient récemment à intensifier la solidarité (voir notre article). Dimanche 23 novembre 2025, ses proches ont annoncé son décès et mis en avant son engagement de toute une vie au service des communautés africaine-américaines.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 2025 à Ixelles, une personne nommée T. a été interpellée et accusée d’avoir tenté d’incendier trois véhicules de police (voir notre article). Un juge d’instruction l’a mise en examen pour incendie volontaire nocturne, et une perquisition à son domicile a conduit à la saisie de matériel numérique ainsi que de divers documents. T. a été placée sous mandat d’arrêt et transférée à la prison de Haren le 12 novembre, puis sa détention préventive a été confirmée par la chambre du conseil le 14 novembre, tandis que l’enquête se poursuit.

Un second échange international antimilitariste s’est tenu à Hambourg en novembre 2025, réunissant des militants de plusieurs pays pour réfléchir aux luttes contre la militarisation et le service militaire. Vendredi 21 novembre, cinq militant·e·s anarchistes arrivant de Milan ont été arrêtés par la police fédérale allemande dès leur sortie de l’avion à l’aéroport de Hambourg. Ils ont été contrôlés, interrogés sur la rencontre et sur leurs activités anarchistes. Face à leur refus de coopérer, et après plusieurs heures, il leur a été notifié qu’ils seraient refoulés. Après avoir passé la nuit au poste de police, la police fédérale a modifié leur réservation de vol pour le lendemain matin. Leurs documents ont été remis au pilote et ils ont été renvoyés en Italie, où ils ont été accueillis par la police italienne et relâchés. Les documents remis aux militants justifiaient leur interpellation par leur échange contre un service militaire et leur rejet du militarisme au cours de l’année précédente.

Après avoir obtenu le statut de réfugié en Belgique, Husam a été libéré après environ 50 jours passés en centre fermé, où il avait été placé à la suite de son arrestation le 29 septembre lors d’une manifestation à la Bourse. Son cas s’inscrit dans une série d’interpellations visant des personnes participant à des actions de solidarité avec la Palestine, au cours desquelles onze Palestiniens ont été arrêtés et huit envoyés en centres fermés malgré des procédures d’asile en cours. Parmi ces huit personnes, seuls Fathi Alhams, Ali Abu Taha et Mahmoud Abu Hadayed y sont encore détenus, tandis que deux ont été renvoyées en Grèce et qu’une autre, Mahmoud Faraj Allah, est décédée au centre 127bis (voir notre article).

Ahmad Salem, Palestinien de 24 ans né dans le camp de réfugiés d’al-Baddawi au Liban, est emprisonné en Italie depuis plus de six mois après avoir appelé, dans une vidéo de huit minutes, à la mobilisation contre le génocide à Gaza, à un soulèvement en Cisjordanie et à des manifestations au Liban. Arrivé en Italie pour demander l’asile, son téléphone a été saisi lors de son audition, et il a été accusé d’« incitation à commettre un crime » et d’« auto-formation en vue du terrorisme ». Les autorités italiennes l’ont présenté comme un « jihadiste », en s’appuyant sur quelques phrases sorties de leur contexte et sur des vidéos de la résistance palestinienne déjà largement diffusées par les médias italiens et ne contenant aucun contenu technique. Malgré cela, Ahmad est détenu en régime de haute sécurité à Rossano Calabro dans l’attente de son procès ; ses avocats ont saisi la Cour de cassation et contestent la constitutionnalité de l’article 270 qui étend la criminalisation des discours. Ce cas n’est pas isolé, comme en témoigne la situation d’Anan Yaeesh, Ali Irar et Mansour Doghmosh (voir notre article).

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