Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Par une lettre du 24 février 2010, le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire ont à nouveau refusé à l’enseignant Luk Vervaet l’autorisation d’entrée dans les prisons pour y exercer son métier. Cette lettre répondait à la nouvelle demande d’accès introduite par l’employeur de Luk Vervaet. La Cour d’appel de Bruxelles avait jugé, le 27 janvier 2010, que l’État belge aurait dû, avant de retirer l’autorisation, entendre préalablement Luk Vervaet sur cette décision qui risquait de le priver de son travail. La motivation reprise dans la nouvelle lettre de l’administration pénitentiaire et le ministère de la Justice s’assied sur ce jugement et répète mot pour mot la décision initiale: ‘… L’autorisation est refusée pour des raisons de sécurité’.

C’est pourquoi, Luk Vervaet et ses conseils vont devant le Conseil d’État pour obtenir la suspension d’extrême urgence de la décision. L’audience publique aura lieu le jeudi 11 mars à 14 heures dans les bâtiments du Conseil d’Etat – 33, rue de la Science à 1040 Bruxelles.

Ces dernières semaines, les actions répressives violentes des forces de sécurité continuent à cibler la population civile hondurienne, et ce malgré le départ à l’étranger du président déchu Zelaya, victime du putsch du mois de juin dernier. Lors d’une manifestation le 25 février dernier, les policiers reconnus comme faisant partie des ‘escadrons de la mort’ ont menacé ouvertement les militants ainsi que les membres de la sécurité de la manifestation (ce qui prouve l’impunité avec laquelle ils agissent). Le lendemain, ces policiers ont tenté d’enlever un membre actif du Front National de Résistance Populaire (FNRP) présent au rassemblement afin ‘de voir s’il se comporterait en homme, comme il l’avait fait lors de la manifestation’. Le jeune homme a pu prendre la fuite après un violent affrontement avec ses kidnappeurs.

Victime hondurienne des forces de sécurité

Cette histoire n’en est qu’une parmi tant d’autres dans un contexte de violations systématiques des droits de l’homme, allant des assassinats aux tortures en passant par les enlèvements, les viols et les menaces de mort vis à vis de la population hondurienne. Depuis le mois de décembre, les femmes sont encore plus menacées. Certaines militantes dans la capitale ont constaté être continuellement suivies par des voitures sans plaque aux vitres teintées, ces filatures s’ajoutant aux menaces téléphoniques quotidiennes. La semaine dernière, la fille d’un dirigeant du FNRP a été assassinée à son domicile. Mercredi dernier, la juge pour enfants du Honduras Olga Marina Laguna a été tuée à Tegucigalpa par deux hommes armés en plein jour devant plusieurs témoins. Les journalistes sont également les cibles des ‘escadrons de la mort’, qui menacent leur vie tous les jours et ne se privent pas pour les intimider, allant même jusqu’à les chercher à leur domicile et à faire pression sur le voisinage pour obtenir des informations. Aujourd’hui, toutes les personnes ayant travaillé, milité, bref, vécu durant le gouvernement Zelaya sont toujours en danger.

Victime hondurienne des forces de sécurité

Suite à l’agression d’un jeune homme au flashball lors d’une manifestation à Montreuil en juillet 2009 qui lui a valu la perte d’un oeil, la Commission Nationale de Déontologie et de Sécurité (CDNS) a mené l’enquête. Après six mois d’investigations, son rapport a été communiqué cette semaine. Elle y met clairement en cause les forces de l’ordre et critique vivement l’utilisation de cette arme. Elle affirme entre autre que ‘le flashball présente un degré de dangerosité totalement disproportionné en regard des buts en vue desquels il a été conçu’. Elle souhaite également que soient engagées des poursuites disciplinaires à l’encontre du lieutenant et du gardien de la paix en raison des manquements professionnels graves relevés à leur encontre. Elle ‘estime que l’utilisation des flashballs n’était pas indispensable et proportionnée à la menace’ et ‘considère surtout, au vu des témoignages précis recueillis, que le cadre légal d’emploi n’était pas respecté en ce qui concerne les tirs’. La justice ne s’est pas encore prononcée dans le cadre de cette affaire mais le rapport accablant de la CDNS pèsera peut-être dans la balance en faveur de toutes les victimes de ces armes, et peut-être enfin à leur interdiction…

Six des huit Kurdes interpellés jeudi dans le cadre d’une vaste opération policière menée en différents endroits du pays, et soupçonnés d’appartenir à une organisation terroriste, ont vu leur mandat d’arrêt confirmé. Parmi ceux-ci, figurent Remzi Kartal et Zubeyr Aydar, les deux parlementaires leaders du Kongra-Gel, successeur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La chambre du conseil de Bruxelles a confirmé les mandats d’arrêt de cinq inculpés, dont ces deux hommes. Quant à la chambre du conseil de Charleroi, elle a confirmé un mandat d’arrêt. Deux personnes, alors qu’elles ont été libérées sous condition par la chambre du conseil de Bruxelles, seront toutefois maintenues en détention, après appel du parquet fédéral. La chambre des mises en accusation examinera le cas de ces deux personnes dans les quinze jours.

Quelques centaines de Kurdes étaient présents hier devant le palais de justice de Bruxelles pour manifester leur soutien aux inculpés. Notre Secours Rouge a assuré une présence solidaire.

La répression continue de frapper les membres des familles des dirigeants communistes clandestins aux Philippines. Michele Adelantar, 17 ans, est la fille d’un des cadres du Parti Communiste des Philippines et de la Nouvelle Armée Populaire. Elle a été enlevée et placée en détention le 3 février dernier à San Jose de Buan, Samar de L’Ouest par les troupes du 34ème Bataillon d’Infanterie simplement parce qu’elle était l’enfant d’un cadre du CPP-NP. Elle a été placée en garde à vue militaire, mais plus tard transférée au Département de Protection Sociale et du Développement.

L’histoire a des précédents: les militaires s’en sont déjà pris aux parents de membres et de dirigeants de la résistance. Ils ont ainsi violé Rebelyn, la fille de Leoncio ‘Ka Parago’ Pitao.

Alors que continue l’offensive de sécurité du gouvernement contre les maoïstes, les groupes pour les droits civils et les citoyens affirment que l’étiquetage d’une personne en tant que maoïste est de plus en plus utilisée comme une tactique par les agences de sécurité pour faire taire les voix critiques et pour les empêcher d’évoquer les questions d’expropriations forcées des tribaux ou des agriculteurs, ou des violations des droits de l’homme par les forces de sécurité.

Les groupes pour les droits humains travaillant dans les états touchés par les naxalites du Jharkhand, du Chhattisgarh et de l’Andhra Pradesh ainsi que dans l’Uttar Pradesh, Delhi et le Maharashtra déclarent que plusieurs de leurs militants sont appelés maoïstes et sont soit harcelés soit arrêtés. La dernière affaire de ce type, signalent-ils, est l’arrestation du membre exécutif du People’s Union for Civil Liberties (Union Populaire pour les Libertés Civiles) de l’état d’Uttar Pradesh, Seema Azad, qui avait déposé une plainte pour Litiges d’Intérêts Publics à la Cour Suprême dans le but de diriger le gouvernement d’Etat à faire évacuer les forces de sécurité stationnées dans une cinquantaine d’écoles.

Il y a plusieurs exemples de la police arrêtant les militants et les surnommant maoïstes dans l’état due Chhattisgarh. Ont notamment été arrêtés le réalisateur de documentaires Ajay TG, l’avocat Satyendra Kumar Chombey et le journaliste Sai Reddy. Le secrétaire général de l’Andhra Pradesh Civil Liberties Commission (Commission pour les Libertés Civiles de l’Andhra Pradesh) S Seshaiah a déclaré qu’un des co-secrétaires de la APCLC a été retenu en vertu de le Loi de Sécurité Publique et de la Loi de Prévention des Activités Illégales pour avoir protesté contre les viols de femmes tribales par les paramilitaires engagés dans les opérations anti-maoïstes.

Hier mardi, Jamal Saberi, militant du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, a été arrêté par la police de l’immigration au Japon. Ils est menacé d’une expulsion prochaine vers l’Iran. Il va sans dire que la liberté, si ce n’est la vie de Jamal Saberi serait gravement en danger en cas d’expulsion vers l’Iran qui a fait placer le PCOI sur les listes d’Interpol.

Ulser Pillpa Paitán, 23 ans, alias ‘Camrade Johnny’, a été arrêté dans la ville de Huanta, dans la région andine d’Ayacucho, durant l’opération policière ‘Genesis 2010’. Il serait le responsable politique de la guérilla maoïste dans le département d’Ayacucho. Trois autres personnes auraient été arrêtées.

Mardi passé, deux autres responsables du Parti Communiste du Pérou avaient été arrêtés dans le sud de la région d’Ayacucho. Percy Cartolin Sinchi Tuyo avait été arrêtée à Huanta et Miguel Angel Abad à Huamanga.

L’armée colombienne a fait échouer une attaque des FARC contre Orlando Beltran, candidat aux élections législatives et ancien prisonnier des FARC. Les militaires ont désamorcé deux charges de 50 kg d’explosifs placées sur les bas-côtés de la route allant de la ville de Neiva au village de Vegalarga. Un membre des FARC a été arrêté.