Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Bilbao (Pays-Basque espagnol) pour soutenir cinq responsables d’un journal en langue basque, Egunkaria, jugés pour des liens présumés avec ETA. Les manifestants ont défilé dans les rues de Bilbao, le centre financier du Pays-Basque, derrière une large banderole noire et blanche sur laquelle on pouvait lire ‘Liberté pour Egunkaria’. Trois anciens dirigeants du gouvernement régional basque – Juan Jose Ibarretxe, Jose Antonio Ardanza et Carlos Garaikoetxea – de même que plusieurs écrivains basques connus ont pris part à la manifestation

En février 2003, la police espagnole avait fermé le journal Egunkaria – mot qui signifie ‘journal’ en langue basque – et arrêté les cinq responsables de la publication, dont le rédacteur en chef. Leur procès a commencé au début de cette semaine à Madrid devant l’Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole. Selon les autorités espagnoles, Egunkaria a été créé et financé par l’ETA qui s’en servait pour blanchir de l’argent obtenu grâce à des enlèvements et à propager l’idéologie du groupe armé.

Affiche de soutien au journal Egunkaria

Affiche de soutien au journal Egunkaria

L’opposition maoïste appellait à une nouvelle grève générale ce dimanche 20 décembre. Les maoïstes veulent en effet paralyser le pays pour forcer la coalition au pouvoir à reconnaître que le président avait outrepassé ses pouvoirs en mai dernier lorsqu’il avait rappelé à son poste le chef des armées alors que celui-ci venait d’être limogé par le leader maoïste Prachanda, à l’époque Premier ministre. Prachanda avait limogé le chef de l’armée parce qu’il refusait d’incorporer les ex-combattants maoïstes dans l’armée. Les anciens guérilleros, qui ont renoncé à la lutte armée en 2006 et sont désormais majoritaires au parlement, organisent depuis des manifestations contre le président.

Des affrontements ont opposé la police anti-émeutes népalaise et des maoïstes, qui ont également attaqué des véhicules, contraint des magasins à fermer et bloqué des routes dimanche au Népal, paralysé dimanche par la grève générale. Les affrontements ont eu lieu dans deux endroits de Katmandou, la capitale, les manifestants lançant des pierres sur la police, qui a riposté à coups de grenades lacrymogènes et à coups de bâton, a annoncé le porte-parole de la police. Six policiers ont été blessés, dont un grièvement, ainsi qu’une vingtaine de manifestants. Au moins 67 personnes été interpellées dans tout le pays. Les maoïstes ont lancé un mot d’ordre de grève de trois jours.

Notre Secours Rouge a envoyé une délégation au rassemblement organisé par la section belge du Comité des Libertés ce vendredi 18 décembre devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles. Ce rassemblement protestait contre les poursuites de la justice allemande contre la Fédération anatolienne (organisation turque luttant pour les droits politiques et sociaux des immigrés en Europe). Depuis 14 mois, la présidente et deux dirigeants de cette organisation sont soumis à un régime d’isolement intense, ne disposant d’un parloir d’une demi-heure que toutes les deux semaines. En outre, la plupart des membres de leur famille proche sont interdits de visite sous prétexte qu’ils pourraient servir de relais entre les prisonniers et le mouvement politique auquel ils appartiendrait. Aucune date de procès n’a encore été fixée, mais l’on sait qu’ils seront poursuivis en vertu de la loi antiterroriste allemande.

Rassemblement pour la Fédération anatolienne

Rassemblement pour la Fédération anatolienne

Ces dernières semaines, Interpol a publié les ordonnances de jugement de plusieurs dirigeants, membres et sympathisants du Parti Communiste-Ouvrier Hekmatiste, à commencer par Koorosh Modaresi, son secrétaire général. Les militants vivent tous dans d’autres pays. Leurs jugements ont été prononcés par le tribunal et le juge de la République Islamique à Sanandaj. Interpol les a ouvertement déclaré ‘WANTED’ (recherchés), alors que tout militant de l’opposition à la République Islamique est poursuivi par les tribunaux du gouvernement comme ‘terroriste’, ‘saboteur’, ‘rebelle’, et que le système législatif de la République Islamique n’est qu’une machine pour légitimer les meurtres, la terreur et l’exécution de dizaines de milliers d’opposants.

Manifestation du PCOH

Koorosh Modaresi

Manifestation du PCOH
Koorosh Modaresi

En mai 2008, des policiers du monde entier, dont des Français, sont invités par Microsoft, pour découvrir, dans les locaux de Microsoft, à Redmond, COFEE (Computer Online Forensic Evidence Extractor), un outil permettant d’aider les forces de l’ordre a mettre à mal les sécurités installées dans Windows Vista. Un stage de luxe qui regroupe le FBI, Interpol, l’armée. Parmi les ‘cours’, comment récupérer des preuves sous Hotmail ou sous Windows. Parmi les possibilités, le programme COFEE.

Le matériel est simple, une clé USB et un programme capable de trouver différentes données cachées sur un disque dur. Un programme aux 150 commandes qui permet de retrouver toutes données liées à une affaire en un temps record. Décryptage des mots de passe, analyse des activités sur la toile, et cela par un policier qui n’a plus besoin d’être un expert. Bref, rien de révolutionnaire, ce type d’outil existait depuis longtemps mais Microsoft semble avoir réuni tout ce petit monde sous le même programme. Des milliers de clés de ce type sont déjà en action dans 15 polices de par le monde. Microsoft les offre. ‘Nous investissons beaucoup de temps et d’argent dans la mise au point de ces nouveaux outils, mais notre but n’est pas d’en tirer des profits en argent. Nous le faisons afin de nous assurer qu’Internet demeure un endroit sécurisé‘ confiait Brad Smith, de chez Microsoft. A noter que cette clé permet de passer outre le chiffrement ‘Bitlocker’ mis en place par Microsoft dans Windows Vista. Il suffit aux enquêteurs de brancher la clé sur la machine allumée du suspect pour utiliser l’un des 150 outils mis à disposition avec COFEE. En moins de 30 minutes, la clé enregistre les données dites ‘sensibles’ pour les enquêteurs.

Début novembre, un fichier archive circulait sur le net avec, à l’intérieur, une image de COFEE. Colmatée depuis, la fuite finit de se répandre sur Internet. Mais le mal est fait. Si la diffusion de l’utilitaire a été bloquée, des pirates en ont profité pour développer une contre-application qui permettait de se débarrasser des ‘trous’ exploités par COFEE et qu’ils ont nommée DECAF (Detect and Eliminate Computer Assisted Forensics). Téléchargeable sur leur site decafme.org, cette application s’adressait à des utilisateurs avancés. Yahoo en avait parlé. Mais le 18 décembre, un petit message intitulé Gamer Over sur le site de DECAF, nous apprend que le but était simplement d’attirer l’attention du public sur la sécurité et que les versions téléchargées sont désormais inopérantes…

Logo de DECAF

Logo de DECAF

C’est aujourd’hui que la cour d’appel de Paris devait examiner la demande de levée de contrôle judiciaire des dix inculpés dans l’affaire de Tarnac. Ces derniers avaient annoncé il y a quelques semaines avoir pris la décision de ne plus se plier à leurs obligations liées à ce contrôle et avaient saisi la cour d’appel de Paris pour qu’elles soient annulées. La chambre de l’instruction a finalement décidé d’alléger ces conditions, ne maintenant effective que l’interdiction pour les co-inculpés de se voir. ‘L’étau judiciaire dont ils dénonçaient le caractère inique est allégé, mais notre réaction est mitigée car est maintenue l’interdiction de communiquer entre eux. C’est un désaveu pour le parquet général qui avait requis le maintien des mesures de contrôle judiciaire‘ a déclaré un des avocats.

La semaine dernière, le Parti pour une société démocratique (DTP) était dissout par la cour constitutionnelle turque pour collusion avec le PKK. De nombreuses manifestations très violentes se sont déroulées suite à cette décision un peu partout dans le pays. Mercredi, devant le bureau du parti kurde, à Dolapdere, à 50 mètres d’un commissariat gardé par un véhicule blindé, l’enseigne DTP a été décrochée. Mais les élus et les militants kurdes, dont la combativité n’est en rien entamée, avaient depuis plusieurs mois anticipé la manoeuvre, et déposé les statuts d’une nouvelle formation politique. L’enseigne du parti dissout a donc immédiatement été remplacée par celle de son successeur: le Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP). Pour la sixième fois depuis vingt ans et après plusieurs interdictions par la justice turque pour des liens supposés avec le PKK, le mouvement politique renaît sous un autre nom.