Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris a examiné hier jeudi 26 mars la demande de libération conditionnelle du communiste arabe Georges Ibrahim Abdallah. Elle a mis en délibéré au 5 mai 2009 sa décision. Ce délai de deux ans et trois mois entre le dépôt d’une demande de libération, le 6 février 2007, et la décision de justice en appel illustre parfaitement le traitement judiciaire spécifique que subit Georges Abdallah.

Georges Ibrahim Abdallah est détenu depuis bientôt 25 ans. Et au fil des ans, les lois se durcissent. Depuis la loi sur la rétention de sûreté, les prisonniers condamnés à perpétuité doivent être examinés par une commission pluridisciplinaire chargée de se prononcer sur leur ‘dangerosité’. Elle donne son avis aux juges qui peuvent ne pas en tenir compte. La commission a délibéré le 22 janvier et émis un avis défavorable à sa libération. Selon elle, la dangerosité de Georges Abdallah est démontrée ‘par la force intacte de ses convictions qui peuvent à nouveau, si le contexte politique s’y prêtait, le pousser à se comporter en activiste résolu et implacable.

Le jeudi 12 mars, une occupation pacifique (assemblée générale et conférence de presse) du hall de l’ESC était prévu. Cette action avait pour but de dénoncer la sélection sociale matérialisée par les droits d’entrée exorbitant de cette école (7000€ en licence et 12000€ en master) et la différence flagrante de moyens entre les grandes écoles et l’université. Environ 300 personnes y ont participé et se sont installées dans le hall d’entrée. Après quelques minutes d’occupation, les forces de l’ordre sont arrivées (plus précisément la Brigade Anti-Criminalité) et ont chargé les manifestants sans sommation. Les forces de l’ordre de la B.A.C ont utilisé abusivement des grenades lacrymogènes alors que ils étaient dans un lieu clos, qu’ils ne portaient pas de brassards et que des étudiants de l’ESC (non-manifestants) étaient présents.

Le jeudi 19 mars, journée de mobilisation interprofessionnelle sur toute la France rassemblant 3 millions de personnes dans les rues, a donné lieu à une action de blocage économique et d’auto-réduction organisée par l’université du Mirail. Cette action s’est très bien déroulée jusqu’à l’intervention de la B.A.C et des CRS qui ont chargé à plusieurs reprises sur les manifestants sans sommation avec l’utilisation immédiate de matraques, de grenades assourdissantes et de ‘flash-balls’. Des passants, pris à parti, ont soutenus les manifestants (créations de chaînes de salariés entre les étudiants et la police, prise en charge des blessés dans des commerces environnant,…). C’est à cette occasion qu’un étudiant a été blessé d’un tir à courte portée de ‘flash-ball’ au visage. Son oeil droit a définitivement perdu la vue.

Ce jeudi soir vers 23 heures, une bande a fait irruption dans la salle de sport de l’ULB occupée par les sans-papiers depuis 5 mois, et a menacé des occupants avec des armes. Il y a eu des bagarres, et ce sont les occupants eux-mêmes qui ont dû gérer ce conflit puisque cette partie du site n’est pas gardée par les vigiles de l’ULB. La police est ensuite arrivée et est restée sur place. Aucun médecin ni média ne s’est présenté. Immédiatement, plusieurs occupants ont décidé de fuir cet endroit, de peur d’être de nouveau agressé par cette même bande. D’autres occupants sont restés sous le choc, très affaiblis. Cela fait maintenant 28 jours que les 280 sans-papiers qui occupent la salle de sport de l’ULB sont en grève de la faim. Leur état atteint des limites critiques. Les occupants n’ont jusqu’à présent reçu aucune aide officielle malgré leurs multiples démarches. Ils ont introduit une demande pour obtenir une carte de santé. Sans succès. Ils ont consulté ministères et administrations: aucune réaction. Ils ont contacté MSF, SOS médecins et se sont entendus demander qui paierait les factures de consultations médicales. La salle abrite 11 communautés différentes dont des hommes, des femmes et des enfants. Ils demandent de l’aide: alimentaire, médicale, de protection. Ils demandent la présence des médias pour informer sur leur situation, de plus en plus précaire. Et surtout, ils veulent des papiers.

Occupation des sans-papiers à l'ULB
Occupation des sans-papiers à l'ULB
Occupation des sans-papiers à l'ULB

Le tribunal de première instance de Mons, siégeant en référé, a donné aujourd’hui raison aux syndicats dans le conflit qui les opposait au groupe Carrefour, dans l’arrondissement judiciaire de Mons. Le Setca et la CNE avaient introduit une requête en tierce opposition contre une ordonnance en référé prise le 24 octobre par le président du tribunal de première instance de Mons. Cette ordonnance interdisait sous peine d’astreinte d’entraver l’accès au magasin du groupe Carrefour. Ce mercredi, le juge Hiernaux a réformé cette ordonnance, la déclarant irrecevable. Il a tenu à préciser que, même si elle avait été recevable, l’ordonnance aurait été déclarée non fondée. Les syndicats parlent d’une grande victoire pour la défense du droit de grève. Carrefour va faire appel de l’ordonnance du tribunal, a annoncé Lars Vervoort, porte-parole de Carrefour Belgique.

Le militant antifasciste José Ortín Martínez ‘Rafa’, prisonnier politique et membre du Parti Communiste Espagnol reconstitué et des Groupes de Résistance Antifasciste Premier Octobre, est mort ce samedi 21 mars vers 13h, alors qu’il était au parloir avec sa famille dans la prison de Fontcalent (Alicante). ‘Rafa’ avait 63 ans, il semble qu’il soit décédé suite à un infarctus.

Ce militant communiste, né à Madrid dans le quartier prolétaire de San Blas, a commencé à militer dans le PCE(r) en 1975. Arrêté en 1978, il a été torturé de manière barbare puis incarcéré. Après 11 années de prison, il a été remis en liberté en décembre 1989. Cependant, à cause de la constante présence de la police qui l’a soumis à divers épisodes de ‘guerre sale’, il est entré en clandestinité. Nouvellement arrêté en octobre 1995, il est condamné à 72 ans de prison. Au total, il a donc passé 25 ans en prison, toujours en régime de très haute sécurité, supportant toutes sortes de vexations et participant à plus de 10 grèves de la faim, certaines desquelles ont duré plusieurs mois. Tout ceci pourrait être à l’origine de son décès: les tortures, les heures infinies d’isolement, le cachot, les brimades continuelles auxquels sont soumis chaque prisonnier. José Ortín laisse 3 enfants et sa compagne Concha González Rodríguez, elle-même emprisonnée depuis 1995 à cause de son militantisme communiste.

Un étudiant qui participait à la manifestation de Toulouse est à l’hôpital. Un CRS lui a tiré dessus avec son flash ball à moins de 10 mètres de distance: ‘J’y vois tout noir. La rétine est décollée, avec un hématome interne, le plancher orbital fracturé. Le pronostic des médecins est réservé…’ Joan, 25 ans, va subir dans les prochains jours deux interventions délicates, pour tenter de lui sauver l’oeil. Dans le meilleur des cas, il retrouvera un petite partie de sa vision.

Victime d'un flash-ball

L’Etat français vise la mise en place du système ‘HERISSON’ (Habile Extraction du Renseignement d’Intérêt Stratégique à partir de Sources Ouvertes Numérisées): tous les contenus qui transitent sur le web, les chats IRC, les mailings listes, les forums, les réseaux sociaux, les Newsgroups, les flux RSS, les blogs, podcasts, et les systèmes P2P feront l’objet d’une surveillance et d’une analyse approfondie…

Il est calibré ainsi pour accéder à n’importe quel contenu (texte, image, son et vidéo), quel que soit les langages utilisés (HTML, PHP, ASP…) en prenant en compte la problématique des liens ‘cachés’ en extrayant les liens à minima dans les applications flash contenues dans une page, les codes Java Script. ‘HERISSON’ sait aussi collecter et stocker le contenu complet d’un site FTP ou collecter simplement son arborescence, sait télécharger les fichiers disponibles sur un réseau P2P. Il a la capacité de collecter des données via les protocoles: MMS (flux vidéo type Windows Media Player), RSTP (flux vidéo type Real Player), POP3 (messagerie), et donc des e-mails. Pour faire bonne mesure, ‘le système ‘HÉRISSON’ a la capacité de gérer un éventail large, non restreint et évolutif de formats de documents de types: Vidéo (AVI, MPG, MOV, MP4, Real, FLV, OGM …), Audio (WAV, MP3, OGG…), Image (BMP, JPG, TIFF…), Texte (HTML, MHTML, Open Document, Open XML/Microsoft Office, Adobe PS/PDF, Flash).

Le système s’attaque aussi bien au web qu’aux radios et aux TV. Ainsi, les langues des documents audio devant être identifiées dans le système ‘HÉRISSON’ sont au moins le français, l’anglais, l’arabe, le russe, le farsi, l’espagnol, l’allemand, le chinois mandarin, l’italien, le serbo-croate, l’hindi, le japonais, le coréen, le turc, l’ukrainien, l’hébreu, l’urdu, l’albanais et le macédonien. Pour les images, ‘HÉRISSON’ permet l’accès aux caractéristiques brutes et aux métadonnées d’une image, comme le type et les caractéristiques d’encodage, la résolution, le taux de compression, les champs EXIF, les statistiques usuelles liées à l’image histogramme, moments centrés, … et note aussi la provenance de l’image (URL pour les images obtenues via Internet) et éventuellement le nom du photographe. ‘HÉRISSON’ reconnaît les images transformées et lorsqu’une photographie a subi des transformations (rotations, changement d’échelle, compression, modification des contrastes,…), il sait reconnaître l’image originale parmi les images qui en sont issues. ‘HÉRISSON’ permet la détection et classification d’objets contenus dans une image (personne, véhicule, meuble…). ‘HÉRISSON’ permet la détection et l’identification de personnes dans une vidéo.

Une fois la masse de données stockées, l’exploitation se fait avec une fonction de recherche avancée (ou multicritère) qui permet à minima de préciser une combinaison booléenne des paramètres suivants: date (avec intervalle), taille (avec un intervalle), type de document (texte, image, graphique, vidéo, audio), format de fichier, URL d’origine. Auxquelles s’ajoutent les propriétés du contenu: l’exclusion de mot, une expression exacte, la combinaison booléenne entre les mots-clés, les mots commençant par une chaîne de caractères donnée, distance entre les mots dans le texte, expression régulière, localisation dans la page (titre / corps de texte), une écriture phonétique, une orthographe approchée, dans une page (URL) précise, dans les pages contenant un lien précis.

‘HÉRISSON’ en est au stade du démonstrateur, il faudra quelques années encore avant que ce programme ne soit opérationnel.

Mercredi 18 mars, jour des manifestations pour la cause des sans-papiers, un des occupants de l’ULB, Caner Altintas, s’est rendu au CGRA pour consulter son dossier de demande d’asile. Il n’en est pas revenu. Caner est kurde, il a 26 ans. Il milite depuis plusieurs années au sein du PKK et du MLKP (parti marxiste). Il a quitté la Turquie en raison de la répression qui pouvait s’abattre sur lui à tout moment. En Europe, il a continué son activité militante, notamment en écrivant des articles pour la presse du PKK ou du MLKP. Pour ces raisons, Caner a déposé une demande d’asile, d’abord en Allemagne, puis en Belgique. Il est également occupant de l’ULB (et du 133 chaussée d’Ixelles) depuis le début, et a participé activement à la lutte dans ce cadre.

Mercredi, il s’est présenté à 8h au CGRA pour consulter son dossier. Après 3h d’attente, on l’a fait entrer dans un bureau. C’est là qu’on lui a notifié son expulsion, d’abord vers l’Allemagne. On l’a ensuite fait sortir par une autre porte, et descendre dans un garage où fourgonnette et policiers l’attendaient. Caner a été conduit au centre fermé 127bis. Depuis, il est dans l’attente. Il doit rencontrer son avocat ce matin. Des amis lui ont rendu visite samedi matin et dimanche soir. Le mois dernier, un autre militant kurde avait été arrêté et enfermé. Il a été expulsé vers l’Allemagne, et depuis lors, ses amis ont perdu sa trace. Ce lundi, il a été notifié à Caner qu’il serait expulsé vers Munich demain mardi à 7h du matin. Il faut que plusieurs personnes soient présentes à l’aéroport pour informer les passagers de cette déportation (si vous pouvez venir à l’aéroport demain à 5h du matin, contactez Sara au 0485/97.40.41). Caner est décidé à ne pas accepter l’expulsion. Il refusera d’embarquer, mais nous ne pouvons que redouter la nature des pressions qui seront exercées sur lui demain matin.