Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Samedi 24 août au soir, Pavel Durov, fondateur et dirigeant de la messagerie cryptée Telegram, a été arrêté à l’aéroport de Bourget près de Paris. Cette interpellation fait suite à un mandat de l’Ofmin, l’office français chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs qui reproche à Monsieur Durov son refus supposé de modérer les contenus qui passent par la messagerie.

Les chefs d’inculpations vont de l’escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement et à la criminalité organisée en passant par l’apologie du terrorisme et la fraude. Sa garde à vue a été prolongée dimanche soir.

Telegram est dans le viseur des autorités judiciaires européennes depuis quelques années. Pavel Durov, pourtant, assure répondre à chaque demande de suppression de contenu appelant à la violence ou au meurtre. Par ailleurs la plateforme a régulièrement collaboré avec les autorités judiciaires : en 2022, menacé de blocage par la cour suprême du Brésil, Telegram avait notamment accepté de fermer des comptes accusé de désinformation.

Nombre d’experts restent par ailleurs dubitatifs quand à la réelle sécurité offerte par Telegram qui ne crypte, par exemple, pas les messages par défaut.

Bref Signal reste une bien meilleure alternative puisqu’elle n’est tout simplement pas techniquement en mesure de fournir certaines informations utiles aux autorités (voir notre article).

Telegram

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Le régime taliban a instauré le mercredi 21 aout une nouvelle loi qui interdit aux femmes de chanter ou de lire à voix haute en public. L’objectif de cette loi est de « combattre le vice et promouvoir la vertu » selon le gouvernement afghan. La voix d’une femme est considérée comme intime. Le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice (PVPV) est désormais chargé d’appliquer cette loi. Cette nouvelle législation de 35 articles contrôle tous les aspects de la vie des femmes Afghanes, dans une interprétation ultra-rigoriste de la charia (loi islamique).

Les sanctions imposées par la police des mœurs vont de l’avertissement verbal aux menaces, amendes et détentions à la durée variable. La nouvelle loi stipule que les femmes doivent se couvrir le visage et le corps si elles quittent la maison, veiller à ce que leur voix ne soit pas entendue. « L’amitié » avec « un infidèle », à savoir un non-musulman, est proscrite, tout comme l’homosexualité, l’adultère, les jeux d’argent ou prendre le volant sauf dans certaines conditions. Les femmes ont aussi l’interdiction d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

Le chantier de l’autoroute A69 a été la cible de plusieurs incendies ces derniers jours. Face à la ZAD de la «cal-arbre », un coffrage destiné à couler la pile d’un pont a été incendié la nuit de jeudi à vendredi. Les pompiers ont essuyé de nombreux jets de pierre. Vers 1h30 du matin, plusieurs groupes de militants cagoulés ont jeté des pierres sur la zone afin de créer une diversion, contraignant les agents de sécurité à se mettre à l’abri. L’un des groupe à incendié l’ouvrage en lançant plusieurs cocktails molotov. Pompiers et gendarmes sont intervenus, mais ont essuyé de nombreux caillassages. L’incident n’a pas fait de blessé et aucune interpellation n’a eu lieu.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un bungalow est parti en fumée, ainsi qu’un véhicule de la police municipale. Samedi en fin de journée, Les forces de l’ordre ont été déployées pour contrer les opposants, ces dernières ont été confrontées à des tirs de mortiers, de jets de pierres catapultées et de cocktail Molotov. Une cinquantaine de gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène, de grenades désencerclantes et menaces au LBD. Une personne a été interpellée dimanche, suspectée d’avoir attaqué un des agents de sécurité avec «un outil en fer».

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Liège, émeutes de la place Saint-Lambert en mars 2021 (voir ici ), 24 personnes sont poursuivies pour rébellion armée, coups et blessures, outrages à agents, dégradations. Pour rappel, un rassemblement Blacks Live Matter avait lieu pour protester contre l’arrestation musclée et judiciaire d’une femme d’origine africaine, ont suivi des affrontements entre manifestants et policiers, les forces de l’ordre ont été débordées, 36 policiers ont été blessés et 120 personnes ont été interpellées. La première audience du procès des émeutes de la place Saint-Lambert aura lieu le 27 novembre devant le tribunal correctionnel de Liège.

Jeudi 22 aout, le directeur du journal Oise Hebdo a été condamné à une amende pour avoir divulgué, le nom du policier auteur du tir mortel à bout portant qui a couté la vie à Nahel le 27 juin 2023.  Le 6 juillet 2023, peu après les émeutes (voir article ici) qui ont suivi les faits, le journal publie un article comprenant le nom, le lieu de résidence ainsi que la photo du policier incriminé. Le directeur de l’hebdomadaire a été condamné à 4 000 euros d’amende dont 2 000 euros avec sursis, ainsi qu’à verser 1 000 euros au policier au titre du préjudice moral.

L’auteur du coup de feu mortel, a été mis en examen pour meurtre et incarcéré pendant cinq mois, avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. L’enquête sur la mort de Nahel a été clôturée par les juges d’instruction au début d’août.

Cinq activistes ont été condamnés à de lourdes peines de prisons pour avoir occupé une usine d’armes à Glasgow. Le 1er juin 2022, des militants de Palestine Action sont montés sur le toit de l’entreprise d’armement Thales (voir notre article) et ont déployé une banderole de soutien au peuple palestinien. Deux activistes sont entrés dans les bâtiments de production en usant de fumigènes qui ont déclenché l’alarme incendie, ils ont ensuite détruit plusieurs armes, les militants restés sur le toit du bâtiment se sont collés au revêtement de celui-ci. Malgré leur nombre, les forces de l’ordre n’ont pas pu les déloger, l’occupation a duré toute la nuit. Trois des militants ont été condamnés à 12 mois de prisons, le quatrième à 14 mois de prison et le dernier à une peine de 16 mois de prison. A ce jour, plus de 40 personnes sont emprisonnées au Royaume-Uni pour avoir apporté leur soutien à la Palestine, 16 d’entre elles sont liées au groupe « Palestine Action », 26 autres au collectif « Just Stop Oil ».

De Paris à Marseille, de nombreux cas de répressions administratives ou judiciaires envers des étudiants ont été dénoncés dans plusieurs campus français, cela fait suite à la grande mobilisation étudiante de soutien à la Palestine au printemps. La direction d’Aix-Marseille Université a engagé des poursuites disciplinaires pour diffamation contre des étudiants qui ont diffusé des tracts dénonçant les partenariats de leurs établissements avec les universités israéliennes. Une relaxe à été prononcée envers l’un des militants mais une plainte a été déposée envers un autre étudiant syndicaliste, ce dernier devra se présenter devant le tribunal correctionnel de Marseille le 4 septembre, il encoure plusieurs milliers d’euros d’amende. A Paris, 25 étudiants sont convoqués en section disciplinaire pour leur soutien au peuple palestinien au sein de leur établissement universitaire.

Une campagne de soutien s’organise contre la répression des soutiens étudiants au peuple palestinien (voir info ici)

En parallèle de la convention du Parti démocrate Américain qui a débuté lundi à Chicago, des manifestants pro-palestiniens ont brièvement ouvert une brèche dans le périmètre de sécurité extérieur de la convention. Prise sous des jets de bouteilles et de gazages au poivre, la police a violament repoussé les manifestants . 20.000 personnes étaient présentes revendiquant la fin du génocide à Gaza et sommant le Parti démocrate à cesser toute aide américaine à Israël.

Ce mardi des manifestants se sont à nouveau rassemblés sous les mêmes revendications que la veille devant le consulat israélien à Chicago. Dès leur arrivée, le département de Police a renforcé la sécurité de la zone, déployant un grand nombre de policiers armés de matraques et d’agents en casques anti-émeute. La police a arrêté et repoussé les manifestants confisquant leurs pancartes et drapeaux alors qu’ils tentaient de former un cortège et de prendre la rue. Des slogans tels que « Le monde entier regarde ! » et « Free Palestine » ont résonné dans de la ville. Au cours des événements, 15 personnes ont été arrêtées, dont trois journalistes.

23  journalistes sont actuellement emprisonnés en Azerbaïdjan, ce pays accueillera la prochaine COP29 (Conférence des Nations unies sur le changement climatique) en novembre. La Fédération Européenne des Journalistes confirme que les arrestations ont eu lieu dans le cadre du travail des reporters. Cette dernière affirme que le régime azerbaïdjanais ne tolère plus  aucune opposition et réprime de plus en plus les reporters indépendants à l’approche de la conférence. La Fédération Européenne des Journalistes a demandé au secrétariat de CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de s’assurer que tous les pays hôtes des COP respectent les droits humains, que les journalistes puissent exercer leur métier en toute liberté. La FEJ mène une campagne en faveur de la libération de six reporters travaillant pour le média indépendant Abzas Media, ces derniers enquêtaient sur la corruption et les violations des droits humains dans ce pays autoritaire. Elle milite en outre pour la libération de 17 autres journalistes détenus.

 

Dans un article, paru aujourd’hui (le 20 août 2024) et basé en grande partie sur des sources policières, on apprend que quelques 50 personnes affiliées à l’extrême gauche font l’objet d’une surveillance de la part des services de police de la Zone Midi (Saint-Gilles, Anderlecht, Forest). Un nombre qui a doublé par rapport à ces 5 dernière années.

Par ailleurs, parmi les personnes figurant sur la liste de l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace) et ayant des opinions d’extrême gauche, presque toutes habitent à Saint-Gilles. Leur nombre exact n’est pas communiqué, mais il s’agit d’une quinzaine de personnes au total, soit 2 % des 650 personnes reprises dans cette liste. Ce chiffre n’aurait pas augmenté de manière significative au cours des dernières années.

Enfin, une formation sera organisée à l’automne 2024, pour aider les forces de la Zone de midi à comprendre et à réagir à la propagation de l’extrême gauche à Bruxelles.

Affaire du 5 juin 2008 (archive)