Rattachée au ministère turc de l’Intérieur, et forte d’une histoire de plus de 100 ans, l’institution des « vigiles de quartier » (bekçiler en turc) a été mise en avant cette semaine, lorsque le parlement a approuvé un projet de loi qui lui donne plus de pouvoirs, comparables à ceux de la police du pays. Par exemple, ils pourront désormais s’occuper des vols et des émeutes, une attribution qui était jusqu’alors réservée aux forces de sécurité. Ils pourront également porter des armes à feu et poursuivre, identifier et arrêter des personnes. Les vigiles recevront une formation de 40 heures pour apprendre à se servir de leurs armes à feu. L’entité, qui comprend actuellement plus de 28 000 membres, s’est considérablement développée depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016. La génération actuelle des “vigiles de quartier” est composée en majorité d’hommes ayant des liens avec l’aile jeunesse de l’AKP (le parti du président Erdogan).

Vigiles de quartier en Turquie

Vigiles de quartier en Turquie

La présence de drones israéliens de la firme Elbit a été signalées lors des manifestations contre les crimes policiers aux États-Unis. Elbit fournit une technologie de surveillance pour le mur de l’apartheid israélien qui serpente à travers la Cisjordanie. Le géant des armes a été impliqué dans les principales attaques israéliennes contre la bande de Gaza depuis plus d’une décennie. Elbit commercialise son équipement auprès des gouvernements du monde entier comme « testé au combat » (sur les civils palestiniens). Aux États-Unis, Elbit Systems America conclut un contrat avec le département américain de la Sécurité intérieure pour un mur de surveillance virtuel à la frontière américano-mexicaine. Plus d’infos ici.

Drone Elbit en Palestine occupée

Drone Elbit en Palestine occupée

A l’appel du Comité Vérité et Justice pour Adama, plus de 100.000 personnes se sont rassemblées place de la République à Paris contre le racisme et les violences policières. Au côté de la famille Traoré (voir notre article), plusieurs familles de victimes de crimes policiers étaient également présentes tout comme des soutiens à la libération de Georges Abdallah. Le groupuscule fasciste Génération Identitaire a tenté de déployer une banderole en haut d’un immeuble mais celle-ci a été rapidement déchirée par les habitants de l’immeuble puis enlevée par des militants antifascistes.

Tolérée par la préfecture dans un premier temps, la manifestation a finalement été interdite puis nassée pendant plusieurs heures. Après des tirs de gaz lacrymogènes, plusieurs personnes ont été légèrement blessées.

De nombreux personnes, participant aux rassemblements contre les crimes policiers, craignent des représailles si elles venaient à être identifiées notamment en raison de la surveillance dont elles font l’objet. Les autorités états-uniennes utilisent, en effet tous les moyens à sa disposition pour ficher les manifestant·es, opération de surveillance de la DEA (l’agence anti-drogue), reconnaissance faciale et même un drone Predator (voir notre article).

Plusieurs sites spécialisés ou non ont donc publié des guides et listes de conseils, notamment sur l’usage des smartphones lors des manifestations. Si ces conseils sont assez classiques et sont généralement les mêmes à chaque manifestation, on remarque également, désormais, des indications pour les photos, notamment celles qui ont vocation à être publiées sur les réseaux sociaux.

The Verge donne ainsi quelques techniques assez basiques et accessibles aux possesseurs de smartphones iOS ou Android pour cacher des visages et empêcher qu’ils soient ensuite reconnus. Le site américain précise, par ailleurs, que pour se débarrasser des métadonnées (la localisation, la date de la prise de vue…), le plus simple est de prendre des captures d’écran de ses propres photos et, ensuite, de supprimer les photos originales.

Mais des outils ont également été développés à ces fins. Wired promeut ainsi Image Scrubber, un site (disponible sur ordinateur et mobile) qui promet de supprimer les métadonnées associées à la photo prise, mais également de flouter certaines parties de l’image ou de recouvrir des images. Plus simple encore d’utilisation, un raccourci permet aux utilisateurs d’iPhone de choisir une photo, d’en flouter automatiquement les visages et d’enregistrer une nouvelle version de la photo sans les métadonnées qui y étaient associées jusque-là. Cependant plusieurs réserves sur la sécurité sur cet outil ont été émises. Censr, une application de réalité virtuelle (en bêta) qui fonctionne avec les iPhone XR et suivants, permet quant-à-elle de masquer et pixéliser un visage en temps réel et qui « nettoie » les métadonnées. Signal a également développé un outil permettant de flouter les images (voir notre article).

Le Secours Rouge mène, depuis plusieurs années, une campagne visant à promouvoir une utilisation sécurisée des photos dans les manifestations. Plus d’infos sur cette campagne ici.

Les émeutes, suite à l’assassinat de George Flyod par un policier, se sont poursuivies dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Voici un compte-rendu non-exhaustif des événements. Des émeutes ont notamment été signalée à Aurora, Boston, Chicago, Madison, Miami, New-York, Philadelphie, Phoenix , Santa Monica et Washington. Dans la capitale, un couvre-feu a été décrété dès 23h, ce qui n’a pas découragé les nombreuses personnes venues manifester. Alors que de nombreuses personnes étaient massées devant la Maison Blanche, le président Donald Trump s’est réfugié dans un bunker souterrain. Il y serait resté pendant près d’une heure, escorté par des agents des services secrets. La Maison Blanche a éteint ses lumières, ce qui n’est jamais arrivé depuis 1889. Le capitole était quant-à-lui noyé dans les fumées des feux et des lacrymogènes et « l’Église des présidents » en face de la Maison Blanche a été incendiée. Une banque a été saccagée à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. À Minneapolis, un camion a foncé sur une foule de manifestant·es assemblé·es sur l’autoroute I-35. À Philadelphie, des dizaines de voitures de police ont été détruites, brûlées ou utilisées comme voitures béliers contre d’autre voitures de police. Le président Trump accuse des groupes de gauche d’être responsable des manifestations et a annoncé son intention de déclarer le mouvement antifa comme organisation terroriste.

La nuit de mardi à mercredi aurait cependant été globalement plus calme, après une journée de grandes manifestations. Toutefois quelques éléments sont à signaler, tels que l’utilisation de parapluies en première ligne comme à Hong Kong, des manifestations à cheval ou encore l’utilisation de plots et de bouteilles pour contrer les gaz lacrymogènes. Des manifestations massives ont également éclaté un peu partout de nuit malgré les couvre feu. Enfin si l’armée n’est pas encore intervenue, un bataillon de police militaire en service actif, composé de 200 à 250 militaires s’est déployé lundi à Washington, DC. À New York, les soignant·es sont sorti·es pour applaudir les manifestant·es de Black Lives Matter. À Dallas, la police a demandé aux habitant·es de dénoncer tout comportement répréhensible sur l’application « iWatch Dallas ». Mais au lieu de recevoir des vidéos de manifestants en action, elle a été inondée de vidéos de K-pop, au point que l’application est devenue temporairement indisponible. Il s’agit d’une attaque par déni de service (ou DDoS) orchestrée manuellement depuis les réseaux sociaux.

Manifestant·es à cheval aux États-Unis

Manifestant·es à cheval aux États-Unis

Jeudi 28 mai, la cagnotte de soutien au financement du film Fedayin, le combat de Georges Abdallah a été fermée par le site lepotcommun.fr sans aucune explication. Plus de 8000€ récoltés, qui permettaient de boucler le budget de ce projet, ont été renvoyés aux donateurs. Pour rappel, ce film a pour but de mettre la lumière sur l’engagement et le parcours de Georges Abdallah, communiste libanais emprisonné en France depuis 1984 et qui dénonce l’acharnement politico-judiciaire qu’il subit depuis plus de 35 ans (voir notre article). La plateforme lepotcommun.fr rejoint ainsi avec Leetchi, la liste des plateforme qui bloquent les cagnottes de solidarité politique (voir notre article). Évitez Leetchi et lepotcommun.fr !

Une nouvelle cagnotte est ouverte! (voir ici)

Nous invitons ceux qui ont été remboursé par lepotcommun à y reverser leur don, et ceux qui n’avaient pas encore contribué à le faire, même très modestement, tant pour permettre la réalisation de ce film que pour mettre en échec les manoeuvres visant à l’empêcher de voir le jour.

 

Fedayin, le combat de Georges Abdallah

Fedayin, le combat de Georges Abdallah

La 4e nuit de révolte suite à la mort de George Floyd a marqué un net embrasement de la colère partout aux États-Unis. À Washington, la maison blanche à été prise pour cible. Les manifestant·es ont monté des barricades et jeter des projectiles sur les forces de sécurités. À New York, plusieurs affrontements avec la police, souvent à main nue ont été signalé. Plusieurs voitures et camion de la police ont été brûlés. De nombreuses personnes ont été arrêtées à tel point qu’un bus de la ville a du être réquisitionné. Le chauffeur du bus a cependant refusé de le conduire et d’aider la police. À Atlanta, le siège de CNN a été pris d’assaut. De nombreux véhicules de police ont été incendiés. À Los Angeles : de nombreux policiers ont été frappé par les manifestant·es. À Detroit : un jeune homme de 19 ans a été tué par une personne ayant ouvert le feu sur les manifestant·es. À Minneapolis : malgré l’arrivée de l’armée, encore les affrontements continuent. Les manifestants ont réussi a entrer dans le poste de police où travaillait le meurtrier de George Floyd. Ils l’ont saccagé et laisser un message sur les murs « et maintenant, vous nous entendez ? ».

Plus d’infos ici.

Quatrième nuit de révolte aux États-Unis

Quatrième nuit de révolte aux États-Unis

Hier, les habitant·es de Minneapolis sont descendus à plusieurs milliers dans les rues pour protester contre le meurtre de George Floyd par la police (voir notre article). Des voitures de police avaient été détruites et le commissariat pris pour cible. Des manifestant·es avaient également encerclé la maison du meurtrier. Celui-ci avait commandé plusieurs fois des repas depuis chez lui de peur de sortir mais les livreurs avaient systématiquement refusé de le livrer. Aujourd’hui, les habitant·es révolté·es sont à nouveau descendus dans les rues. Le commissariat et des voitures de police ont, à nouveau, été attaqués tandis que des manifestant·es scandaient des slogans réclamant l’abolition de la police. Des caméras de surveillance ont également été attaquées à la tronçonneuse. Par ailleurs, plusieurs bâtiments ont été incendiés, des pillages massifs de grandes surfaces ont eu lieu. Les policiers, dépassé ont tiré à plusieurs reprises des grenades lacrymogènes et flashbang depuis les toits des immeubles. Ils ont également utilisé des balles en caoutchouc. La garde nationale a également été déployée tandis que des des milices d’extrême droite armées de fusils d’assaut ont fait leur apparition. On signale des mouvements de révoltes ont également été signalé dans d’autres villes comme Los Angeles.

Deuxième jour de révolte à Minneapolis

Deuxième jour de révolte à Minneapolis