Une information judiciaire a été ouverte en juillet 2017 pour « association de malfaiteurs », où dix militants antinucléaires sont mis en examen pour divers motifs en lien avec des dégradations commises dans un hôtel et de l’organisation d’une manifestation non déclarée en août 2017 à Bure. Ce dossier s’est révélée être une machine démesurée de renseignement sur le mouvement antinucléaire. Près de 765 numéros de téléphone ont fait l’objet de demandes de vérification d’identité auprès des opérateurs de téléphonie. Au moins 200 autres requêtes ont été faites pour connaître les historiques d’appels, leurs lieux d’émission, les coordonnées bancaires des titulaires d’abonnement, les codes PUK permettant de débloquer un téléphone quand on ne connaît pas son PIN. Au total, 29 personnes et lieux ont été placés sur écoute. Deux militants ont été visés par ces interceptions pendant 330 jours, soit presque un an. Pour plusieurs autres mis en examen, cela dure près de huit mois. Le numéro de la Legal team a été surveillé pendant quatre mois. Si l’on additionne toutes ces séquences, on obtient une durée cumulée de temps passé à écouter les activistes équivalente à plus de seize années ! La plupart de ces personnes ont été écoutées en permanence par une équipe de gendarmes se relayant derrière leurs écrans.

Au total, plus de 85.000 conversations et messages ont été interceptés. Et pas moins de 337 conversations ont été retranscrites sur procès-verbal, auxquelles s’ajoutent quelque 800 messages reproduits par le Centre technique d’assistance (CTA). La ligne téléphonique de l’avocat des antinucléaires, depuis lui aussi mis en examen, a fait l’objet d’une demande de géolocalisation. Deux voitures de militants sont discrètement équipées d’une balise permettant de suivre leurs trajets en temps réel. L’utilisation de la messagerie cryptée Signal empêchant de lire les messages, le téléphone d’une militante est saisi, envoyé au Centre technique d’assistance (CTA), un organisme interministériel spécialisé dans le déchiffrage des données numériques. Le CTA réussit à craquer le mot de passe du téléphone et y retrouve quelque 800 messages non effacés. Les gendarmes ont aussi utilisés des IMSI-catchers, des appareils de surveillance qui récupèrent à distance les identifiants des cartes SIM (les « IMSI ») dans les téléphones portables. A l’occasion d’un rassemblement de soutien aux inculpés, 1.028 IMSI sont interceptés.

Un schéma réalisé par la cellule d’analyse criminelle Anacrim de la gendarmerie nationale (logiciel : Analyst’s notebook), prétend visualiser les liens entre 118 opposants (via leurs numéros de téléphone, des lieux, des événements), une technique, habituellement utilisée pour résoudre des crimes particulièrement graves (tueur en série…). A Bure et dans les villages environnants, les gendarmes interrogent les commerçants et les habitants « aux fins de déterminer précisément les habitudes et lieux de vie des opposants au projet Cigéo les plus radicaux ». Un pharmacien reçoit une réquisition pour fournir l’ordonnance de clients ayant acheté du sérum physiologique. Au total 25 perquisitions ont lieu. La vie privée des militants est passée au tamis de la surveillance policière : commissions rogatoires à la caisse d’allocations familiales, à la direction des impôts, aux agences d’intérim, aux employeurs passés et actuels, à Pôle emploi, aux banques qui gèrent leurs comptes. Pour en savoir plus

Image du type de celles établies par un logiciel Anacrim représentant l’organisation du mouvement anti-Cigeo à Bure

Hier dimanche, les prisonniers de l’unité pénale N° 3 de la prison de Concordia se sont révoltés. L’émeute a commencé dans une salle puis s’est étendue à toutes les salles et les prisonniers ont brulé des matelas. De nombreux coups de feu ont été entendus mais il semble qu’aucun blessé grave ou évadé n’ait été signalé. Les prisonniers exigeaient la mise en place de mesures sanitaires pour les protéger du Coronavirus. La police a encerclé les quartiers avoisinants pour empêcher les proches de se rassembler près de la prison.

Révolte à la prison de Concordia

Révolte à la prison de Concordia

Whole Foods Market, une chaîne de supermarchés biologiques, filiale d’Amazon, emploie 95.000 salariés aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Elle surveille ses magasins pour tuer dans l’œuf toute possibilité de syndicalisation. Sur une carte des États-Unis, 510 points représentent les magasins Whole Foods. Une note est attribuée à chacun d’eux en fonction de la probabilité que leurs employés forment ou rejoignent un syndicat. Les notes les plus hautes sont signalées par des points rouges, ce sont les magasins dont le « risque de syndicalisation » est le plus élevé. Pour ce faire, l’entreprise utilise une vingtaine d’indicateurs parmi lesquels on trouve la « loyauté des employés », le roulement des effectifs, le nombre de fois où la ligne de signalement des ressources humaines a été jointe, la proximité d’un bureau syndical et même « la diversité raciale ». Les facteurs économiques et démographiques locaux tels que le taux de chômage ou encore le pourcentage de familles de la région vivant sous le seuil de pauvreté alimentent également cet indice de risque de syndicalisation. Plus d’infos ici.

Whole Foods Market

Whole Foods Market

Affrontements samedi soir dans le camp de migrants de Vial sur l’île de Chios où un incendie a été allumé, après l’annonce de la mort d’une réfugiée irakienne habitant le camp. Malade, la demandeuse d’asile âgée de 47 ans avait été hospitalisée dans un hôpital local. Elle a été testée au Civid-19 et le test était négatif selon la grecque. Le camp, prévu pour 1000 personnes, en héberge actuellement 5000. Plusieurs cas de coronavirus ont été signalés dans les camps de réfugiés en Grèce.

L'incendie au camp de Chios

Hier, des émeutes avaient éclaté à Anderlecht suite à la mort d’un jeune dans un contrôle de police (voir notre article). Des cocktails Molotov ont été lancés dont un blessant un policier. Une voiture de police a été encerclée et ses occupant ont fuit le véhicule. Une personne en a alors profiter pour prendre une arme à feu dans la voiture. La scène a été filmée par une caméra de surveillance et la police essaye d’identifier les protagonistes. Vers 20h, la police pensait avoir la situation sous contrôle mais, de nouveaux affrontements avec des jets de pierres sur un commissariat (des vitres ont été brisées) ont éclaté deux heures plus tard. Des rassemblements ont également été signalé à Saint-Gilles (Place Bethléem) ainsi de cocktail Molotov sur le commissariat du Parvis de Saint-Gilles. Au total, plus de 60 personnes ont été arrêtées. Les policiers sont en pleine enquête. Ils analysent notamment les caméras de surveillance afin de pouvoir « leur imputer une infraction ».

Contre le commissariat du Parvis St-Gilles

L’utilisation de drones visant à rappeler aux gens les mesures de confinement ou à disperser des rassemblements a été signalée dans plusieurs partie du monde. C’est notamment le cas à New-York où un drone, équipé de caméras et de haut-parleurs de la société Spencer Gore survole les passant pour leur rappeler de se tenir à distance les uns des autres. L’utilisation de drones opérés par la police est également généralisée dans les principales villes de France ainsi qu’en Espagne à Madrid. C’est également le cas à Bruxelles (voir notre article). Il arrive également que les autorités fassent appel à des robots comme en Tunisie. À Tunis, un robot à l’apparence d’un petit tank rappelle les mesures de confinement et contrôle les autorisations de sortie. Il est contrôlé à distance par la police tunisienne. En Grande-Bretagne c’est un robot à l’apparence de Dalek (un robot issu de la série Dr. Who) qui rappelle les mesures de confinement.

Un robot tunisien contrôlant une attestation de sortie

Un robot tunisien contrôlant une attestation de sortie

Ce vendredi soir, un jeune homme de 19 ans est décédé suite à une course-poursuite avec la police à Cureghem (quartier d’Anderlecht). Selon les dires de la police, la personne est décédée lors d’une collision entre son scooter et la patrouilleuse. Des affrontements ont déjà eu lieu la nuit dernière (une voiture aurait été incendiée). D’autres affrontements ont éclaté à plusieurs endroits entre la Gare du Midi et la Maison Communale d’Anderlecht, cet après-midi, suite à des appels à se rassembler à Clémenceau, qui circulaient sur les réseaux sociaux. Au moins deux véhicules de police ont été endommagés avant d’être abandonnés par leurs occupants, des barricades sont dressées à plusieurs endroits. La police ne reconnaît qu’un groupe d’une cinquantaine de manifestants.

La police a déployé un hélicoptère, une autopompe et au moins un véhicule blindé, ainsi que des lignes anti-émeutes autour du quartier, dispositif toujours en place à l’heure d’écrire ces mots. Il y aurait déjà eu plusieurs blessés et arrestations.

Dernière mise à jour 17h40

Aujourd’hui, une rébellion a éclaté à la prison d’Eleonas à Thèbes, après la mort d’une femme de 35 ans, qui avait été signalée comme présentant tous les  symptômes du Coronavirus. La révolte est partie de l’aile C de la prison et s’est maintenant répandue dans toute la prison, tandis que les forces de police sont présentes en nombre à l’extérieur. Selon les prisonnières, rien n’a encore été fait pour préparer la pandémie malgré les promesses de soulager les prisons surpeuplées. Elles affirment que les hôpitaux n’acceptent pas les patients des prisons et qu’il n’y a pas de médecin à Thèbes. Enfin, elles s’insurgent contre le fait que les groupes vulnérables n’aient pas été libérés. Selon elles, maintenir une telle situation revient à les condamner à mort. La prison de Thèbes est la prison où est enfermée Pola Roupa, militante du groupe armé anarchiste « Lutte Révolutionnaire ». Elle y avait été transférée de force à cause de son rôle dans l’organisation de révoltes de prisonnières à la prison de Korydallos, également à propos du Coronavirus (voir notre article). Pola Roupa a rendu public un document sur la crise sanitaire du coronavirus: voir ici

Pola Roupa