Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 9 août 2020, la commission électorale biélorusse proclamait la réélection d’Alexandre Loukachenko pour un sixième mandat consécutif à la présidence du pays, avec plus de 80% des voix. Un résultat immédiatement contesté par l’ensemble de l’opposition. C’est le début d’une année de manifestations et de répression avec une violence démesurée à l’égard des manifestants. Face à cette violence, l’opposition organise des manifestation pacifique.Mais même lorsque ce sont les retraités ou les handicapés qui organisent une manifestation, les forces de l’ordre interviennent violemment.

Le bilan de la répression est lourd : environ 35.000 arrestations, des milliers de personnes parties en exil, une dizaine de morts avérées et des milliers de cas de torture dans les centres de détention. Il en résulte que, depuis décembre 2020, il n’y a plus de manifestation de masse à Minsk. Le mécontentement prend d’autres formes, plus discrètes, avec des petites manifestations dans les quartiers par exemple, où les gens cachent leurs visages. Les arrestations frappent aussi les médias indépendants, les syndicalistes, et jusqu’au-delà des frontières comme on l’a vu pour l’affaire de l’avion Ryanair détourné ou plus récemment avec la découverte du corps d’un jeune opposant à Kiev, où il s’était réfugié.

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Le 23 avril dernier, Dimitris Chatzivasileiadis, jugé par contumace, avait été condamné à 16 ans de prison pour un braquage et une participation à l’Organisation d’Autodéfense Révolutionnaire (voir notre article). Deux autres anarchistes avaient écopés dans le même procès de 19 et 10 ans. Dimitris Chatzivasileiadis s’est fait arrêter à Thessalonique ce lundi 9 août.

Armes de l’Organisation d’Autodéfense Révolutionnaire

 

 

 

Au moins 131 prisons ont été construites depuis le coup d’État du 15 juillet 2016, regroupant des opposants au pouvoir. Une centaine d’autres est envisagée. Parmi elles, un complexe géant, qui doit voir le jour près de Bursa, au nord. Sa capacité de 15 000 détenus est comparable à celle de Rikers Island, le plus grand pénitencier américain. À titre d’exemple, la plus grande prison de France, Fleury-Mérogis, a été conçue pour accueillir 2 855 détenus. Le rythme des constructions a, depuis 2016, doublé par rapport aux quatre années précédant le coup d’État avorté. La taille de chaque centre pénitentiaire a même augmenté. Ils sont désormais 50 % plus grands, un étage supplémentaire ayant été rajouté au modèle classique en Turquie des blocs de prison à deux étages. La population carcérale en Turquie est passée sur la même période de 180 000 à près de 300 000 personnes, d’après les statistiques officielles du ministère de la justice. Et ce, malgré deux amnisties générales et la libération de 190 000 prisonniers non-politiques depuis 2016, afin de faire de la place dans les prisons.

Le gouvernement a utilisé ses pouvoirs extraordinaires conférés par l’État d’urgence décidé à la suite du coup d’État avorté, pour faciliter juridiquement et financièrement la construction de prisons. Un décret a ainsi abrogé l’obligation de faire apparaître ces dépenses dans le budget annuel de l’État. Un autre a étendu les zones constructibles aux pâturages. Au moins vingt provinces étaient concernées par des projets de construction de nouvelles prisons. On estime à plus de 1,1 milliard d’euros le coût total de ces programmes.

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags:

Une vague de manifestations de masse avait éclaté au début de 2020 appelant à une réforme politique et constitutionnelle en Thaïlande, ainsi qu’à des changements dans le rôle de la monarchie du pays, et s’était heurtées à une répression policière sévère (voir nos articles ici, ici et ici. Cependant, ces manifestations ont été en grande partie suspendues lorsque le gouvernement a introduit une interdiction des manifestations sous prétexte de pandémie.

Des milliers de manifestants se sont une nouvelle fois rassemblés dans la ville pour manifester et comme la semaine passée (voir notre article) un grand nombre de policiers anti-émeutes ont été déployés pour disperser la foule en tirant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Certains manifestants ont lancé des pierres et d’autres projectiles sur les agents, jonchant les rues de débris. Deux guérites de police ont également été incendiées. Des vidéos montrent des dizaines de policiers armés frappant des manifestants au sol. Au moins six manifestants avaient été arrêtés. On ne sait pas combien de manifestants ont été blessés.

Les autorités saoudiennes ont au cours des six derniers mois intensifié la persécution des opposants, après une accalmie observée pendant la période de présidence par l’Arabie saoudite du G20 l’an dernier. Abdulrahman al Sadhan, un travailleur humanitaire a été condamné par le Tribunal pénal spécial, la juridiction antiterroriste saoudienne, à une peine de 20 ans d’emprisonnement à cause d’un simple tweet dans lequel il avait critiqué la politique économique du pays. Dans trois cas au moins, des personnes qui avaient déjà purgé de longues peines d’emprisonnement infligées à cause d’activités militantes pacifiques ont été de nouveau arrêtées et de nouveau condamnées dans le cadre de nouvelles affaires, ou ont vu leur peine alourdie. Dans de nombreux cas, les personnes accusées sont détenues au secret et à l’isolement pendant plusieurs mois d’affilée et privées d’accès à des avocats. Le tribunal condamne régulièrement des personnes à de lourdes peines d’emprisonnement, voire à la peine de mort, à la suite de condamnations basées sur d’aveux arrachés au moyen de la torture.

Policiers en Arabie saoudite

En Turquie, 95 000 hectares sont partis en fumée. Le président Erdogan s’est rendu tardivement sur le front des incendies à bord d’un bus escorté par la police. Il a parlé aux victimes à travers un mégaphone, et leur a jeté des sachets de thé depuis la porte ouverte de son bus. Le fait est que la Turquie n’a pas les moyens de faire face à ces incendies. Elle n’a pas d’avion bombardier d’eau en état de fonctionner. Les Turcs ont alors lancé sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #HelpTurkey, un appel à l’aide internationale. Avec 2,5 millions de retweets, c’est une humiliation pour le président Erdogan qui a lancé un nouveau hashtag, #StrongTurkey (Turquie forte) et fait ouvrir par le bureau du procureur une enquête. Celle-ci doit déterminer si les tweets autour de #HelpTurkey ont eu pour intention de « créer de l’anxiété, de la peur et de la panique au sein de la population, et d’humilier le gouvernement turc ». Enfin, les chaînes de télévision turques n’ont plus le droit de diffuser en direct les images des incendies, sous peine d’amende.

Incendie dans le district de Marmaris, en Turquie

Au 5 août, 15 Palestiniens poursuivaient leur grève de la faim dans les prisons israéliennes, 14 d’entre eux protestant contre leur détention administrative – emprisonnement sans inculpation ni procès – et un, Mohammed Nuwarra, protestant contre son maintien en isolement. Le 5 août, deux détenus ont rejoint la grève de la faim : Akram al-Fasfous, qui a rejoint son frère, Kayed al-Fasfous, en grève de la faim depuis 22 jours. Leur autre frère, Mahmoud al-Fasfous, également emprisonné sans inculpation ni procès, a suspendu sa grève de la faim plus tôt dans la journée de jeudi après une grave détérioration de son état de santé. Amjad Nammoura, de Dura près d’al-Khalil, a également rejoint la grève de la faim jeudi pour protester contre sa détention administrative.

Auparavant, trois prisonniers palestiniens ont suspendu leur grève de la faim : Alaa el-Din Ali et Maher Dalaysheh, tous deux réfugiés palestiniens du camp de Jalazone près de Ramallah, et Guevara Nammoura, joueur de football professionnel palestinien qui a concouru dans l’équipe nationale palestinienne. Ali et Dalaysheh ont suspendu leur grève après un accord visant à fixer une date de fin de leur détention administrative. Nammoura a également suspendu sa grève après un accord pour mettre fin à sa détention administrative devant le tribunal militaire israélien le 5 août. Si le tribunal militaire d’occupation a confirmé sa détention le 5 août, la réduisant à trois mois au lieu de quatre, il n’a pu être vérifié s’il s’agissait d’un ordre définitif, ce qui laisse ouverte la possibilité que l’ordre de détention soit renouvelé.

Une série de grèves de solidarité tournantes a été annoncée, les premiers participants étant Bara’a Issa d’Anata à Jérusalem, Taha al-Tarwa de Taffouh à al-Khalil, Malik al-Sa’ada de Halhoul et Qasim Masalmeh de Beit Awwa, tous détenus à la prison de Ramon. Les forces d’occupation israéliennes ont intensifié leur répression à l’encontre des grévistes de la faim, notamment en les plaçant en isolement, en prenant d’assaut et en saccageant leurs cellules, et en les transférant à plusieurs reprises d’une prison à l’autre.

Même si la contestation a faibli ces derniers mois en raison de la riposte judiciaire des autorités et de la pandémie, des manifestations sporadiques continuent d’être organisées en Thaïlande. La police a tiré samedi du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre des manifestants à Bangkok qui demandent une réforme politique et une meilleure gestion de l’épidémie de Covid-19. Les manifestants critiquent la lenteur de la campagne vaccinale : moins de 4,5 millions des 70 millions de Thaïlandais ont reçu deux injections. Ils demandent aux autorités d’utiliser des vaccins à ARN messager plutôt que le Sinovac chinois, jugé moins efficace contre le variant Delta. Ils réclament aussi la démission du chef du gouvernement issu d’un coup d’Etat en 2014 et légitimé par des élections controversées cinq ans plus tard, ainsi qu’une réforme en profondeur de la monarchie. En tête de leurs revendications, l’abolition de l’article sur la lèse-majesté qui punit de jusqu’à 15 ans de prison les diffamations, critiques et insultes envers le roi et sa famille.

Trois blessés du côté des étudiants, c’est le bilan des affrontements du jeudi matin 5 août, entre pensionnaires de l’Université Alioune Diop de Bambey et les forces de l’ordre. Les affrontements, faits de jets de pierres et de tirs de grenades lacrymogènes, ont éclatés lorsque les étudiants, après avoir décrété 96 heures de grève, ont barré la route nationale n°3 et brûlé des pneus, bloquant la circulation. Réclamant de meilleures conditions de vie, les grévistes dénoncent notament la mauvaise qualité de l’alimentation.

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Des organisations populaires ont manifesté devant la municipalité de Lomas de Zamora. Un groupe a tenté d’entrer de force dans le bâtiment, ce qui a débouché sur une confrontation avec la police de Buenos Aires. Les policiers ont tenté de disperser les manifestants avec des balles en caoutchouc tandis que les manifestants jetaient des pierres et brisaient des vitres. Certains manifestants ont réussi à pénétrer de force dans le conseil municipal tandis que d’autres boutait le feu dans le hall central. La majorité des manifestants appartenaient au Mouvement Teresa Rodríguez (MTR) et revendiquaient des emplois, des travaux publics dans les quartiers populaires, l’amélioration du système de santé publique et le financement des cuisines populaires.